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Législatives 2007 : Le verdict final

Publié le mardi 29 mai 2007 à 08h35min

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Idrissa Traoré, président du Conseil constitutionnel

Après l’équipe de Moussa Michel Tapsoba qui a prononcé le 12 mai dernier, dans la salle des banquets de Ouaga 2000, les résultats provisoires des législatives 2007, celle d’Idrissa Traoré, président du Conseil constitutionnel, a livré le verdict final du scrutin.

C’était hier 28 mai, dans la salle d’audience de la haute juridiction sise côté est de la Place de la nation. Par le nombre de députés obtenus, la décision finale du Conseil constitutionnel concorde avec la proclamation faite par la CENI, à la seule différence que dans de nombreux bureaux de vote, le scrutin a été annulé par la juridiction chargée du respect de la constitutionnalité des lois au Burkina Faso.

Ils étaient tous là dans leur toge, une tenue d’apparat aux couleurs du drapeau national. Ils, ce sont les membres du Conseil constitutionnel au grand complet : Alimata Oui, Salifou Sampebgo, Benoît Kambou, Filiga Michel Sawadogo, Hado Paul Zabré, Abdouramane Boly, Elisabeth Monique Yoni, Jean Baptiste Ilboudo.

Au milieu de ces juges constitutionnels et face à l’auditoire, celui qui jouait le rôle de maître de cérémonie, Idrissa Traoré, le président du Conseil constitutionnel. Parmi les invités et VIP, on pouvait noter la présence de Roch Marc Christian Kaboré, président de l’Assemblée nationale, et Moussa Michel Tapsoba, le patron de la CENI.

Dans le public assistant à cette audience solennelle, un nombre imposant de représentants de partis politiques, d’agents de sécurité et d’hommes de médias qui, pour l’occasion, avaient déployé la grande artillerie.

Voici planté le décor de la proclamation définitive des résultats des législatives 2007 qui s’est tenue hier au Conseil constitutionnel. Seulement, à écouter les différents « proclamateurs » qui se sont succédé au présidium, les résultats finaux concordent avec ceux de la CENI, qui avait déjà fait la proclamation de ses résultats provisoires le 12 mars 2007.

Le CDP conserve définitivement ses 73 députés. Il est suivi, à bonne distance, de l’ADF-RDA (14 sièges), de l’UPR (5), de l’UNIR/MS (4) et de la CFD/B (3).

A propos du RDB, du PDP/PS et du PDS, on peut dire que c’est « RAS », autrement dit, « rien à signaler », car chacune de ces formations conserve ses deux sièges à l’hémicycle. Comme précédemment annoncé dans la presse et par la CENI, il n’y a pas eu de changement à l’horizon pour le PAI, le PAREN, l’UDPS et le RPC qui s’en tirent, chacun, avec un député.

Pendant la proclamation, les invités présents ont surtout remarqué que dans certains bureaux de vote, les scrutins avaient été annulés par le Conseil constitutionnel.

Les manquements suivants ont été cités : absence de procès- verbaux ou procès-verbaux non signés, enveloppes non parvenues, bulletins de vote d’une circonscription utilisés dans une autre, incohérence flagrante entre les chiffres, etc.

Parmi les cas cités, il y a l’exemple du bureau de vote n°1 dans la préfecture de Poa, province du Boulkiemdé, où le dépouillement s’était déroulé à huis clos. Annulation également dans un village de la Tapoa, à cause de la présence non autorisée du chef dans le bureau de vote.

A signaler d’autre part l’annulation des scrutins dans certains arrondissements de la capitale pour enveloppes non parvenues. Il s’agit de Baskuy, secteur 3, bureau n° 4 ; secteur 8, bureau n°5 ; secteur 9, bureau n°25. Dans l’arrondissement de Boulmiougou, c’est les bureaux n°25 et 29 du secteur 16 ; les bureaux n°82, 91 et 95 du secteur 17, ainsi que le bureau n°29 du secteur 19, qui ont été sanctionnés.

Ajoutons que l’institution dirigée par Idrissa Traoré a fait quelques recommandations pour la bonne tenue des scrutins à venir. Il s’agit surtout de la formation des représentants de partis politiques dans les bureaux de vote, de l’amélioration des conditions matérielles pendant les différents scrutins et de la question récurrente de la qualité de l’encre indélébile.

Le Conseil constitutionnel a aussi suggéré l’institution d’une carte d’électeur comportant la photographie du votant. Une idée qui semble avoir visiblement conquis le cœur de l’auditoire présent à cette proclamation officielle définitive. A son évocation, il a suffi de voir les uns et les autres opiner de la tête pour s’en convaincre.

In fine, on peut noter que la proclamation par le Conseil constitutionnel s’est tenue dans une bonne ambiance et l’humeur était à la petite rigolade de temps en temps, surtout face aux orateurs du jour dont les petites erreurs de lecture contribuaient à détendre l’atmosphère.

A la décharge de ces derniers , il faut reconnaître que ce n’est pas tous les jours que l’on doit réaliser une prestation du genre, face à un aussi important auditoire. Il faudrait donc être indulgent avec ces juges vêtus de leurs toges ornées d’une pèlerine d’hermine, et qui suaient à grosses gouttes pendant leur lecture.

Maintenant que les résultats définitifs sont proclamés, les futurs députés de la 4e législature peuvent sabler une fois de plus le champagne, en attendant leur entrée officielle au sein de l’hémicycle. Mais qu’ils n’oublient surtout pas qu’ils ont été élus pour défendre les intérêts de leurs électeurs. Ils doivent avoir cette évidence à l’esprit pendant les cinq années à venir, sinon, gare au retour du bâton.

Issa K. Barry

H. Marie Ouédraogo

L’Observateur

P.-S.

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Vos commentaires

  • Le 30 mai 2007 à 00:12, par KGB En réponse à : > Législatives 2007 : Le verdict SEMI-final

    Pourquoi personne ne parle de sanction ??? C’est bien beau d’annuler, d’invalider et tout le reste... Si on est "dans un pays normal" tout ne peut s’arreter la. Il faut aller plus loin et anticiper pour demain (une election en cachant une autre). C’est vrai, les gens disent qu’il est difficile de sanctionner en matiere de fraude electorale parce que le plus souvent on n’a pas de coupables ou de preuves... Mais franchement on ne doit pas laisser partir des gens qui ont le culot, contre toute regle constitutionnelle, de depouiller a huit-clos ou qui ont été payés pour signer des proces verbaux et ne qui l’ont pas fait. Autant dire qu’il n’ya aucun risque d’etre fraudeur electoral au Burkina Faso.

    Une Republique ne peut pas payer des gens pour faire un travail aussi sensible (il s’agit de l’avenir du pays) et se contenter de simple Annulations et autres Reprises... Si quelqu’un ne fait pas son devoir (ou ne le fait pas selon la loi) pour lequel il s’est engagé, il faut qu’il soit severement puni et prive definitivement de toute possibilité d’etre dans l’organisation d’elections a l’avenir. Pourquoi laisser ce meme type qui n’a pas signé aujourd’hui un proces verbal avoir la possibilité d’etre demain dans une autre commission...

    Si la cours constitutionnelle est fiable, elle n’a pas besoin d’attendre les plaintes des partis avant d’agir. Elle peut et doit nous retrouver et sanctionner au MOINS les auteurs de :

    - Proces Verbaux non signes
    - Absence de proces verbal
    - Enveloppes non parvenues
    - Depouillement a huit-clos

    Franchement quel est le role de la Cour Constitutionnelle ici ? Simplement de dire que telle ou telle action est illegale et laisser les auteurs partir ??? Decidement beaucoup de gens ne font pas leur devoir dans ce pays.
    A cette allure on va contacter Me Kere quelque part en France pour porter, au nom du peuple, plainte contre la Cours Constitutionnelle qui ne fait pas son travail. Euh, qui va trancher ???

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