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Côte d’Ivoire : Le président Compaoré bientôt à Yamoussoukro

Publié le lundi 28 mai 2007 à 08h36min

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Guillaume Soro et Blaise Compaoré

Le chef de l’Etat burkinabè, Blaise Compaoré se rendra très bientôt à Yamoussoukro, capitale politique de la Côte d’Ivoire. L’information a été donnée samedi 26 mai 2007 à Ouagadougou par le Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro, au terme d’une visite de 24 heures au Burkina.

24 heures, autrement dit un jour. C’est le temps qu’aura duré le séjour du Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro au Burkina Faso. « Je suis heureux de l’accueil chaleureux qui m’a été réservé par le gouvernement burkinabè ». C’est le sentiment de M. Soro qui reprenait son avion ce samedi 26 mai pour Abidjan. En tout cas, son séjour burkinabè aura été bien rempli.

Arrivé vendredi en fin de matinée dans la capitale burkinabè, le chef du gouvernement ivoirien a eu plusieurs entretiens avec le chef de l’Etat burkinabè sur le processus de paix dans son pays. Il a rencontré son homologue burkinabè, Paramanga Ernest Yonli et discuté avec le ministre Djibrill Bassolé, principal assistant du président Compaoré dans le dialogue direct interivoirien. Accueilli vendredi à sa descente d’avion par l’ensemble du gouvernement burkinabè qui avait à sa tête, son chef, M. Yonli, M. Soro a d’abord précisé à l’aéroport qu’il est venu faire le point de la situation politique de son pays aux autorités burkinabè.

« Je viens en visite officielle pour voir le Premier ministre burkinabè afin d’échanger sur l’état de la coopération avec ce pays frère » a déclaré au salon d’honneur de l’aéroport M. Soro. « Naturellement, vous imaginez bien que je profiterai pour faire le point de la situation politique dans mon pays. Le Burkina Faso a abrité les négociations qui ont abouti à la signature de l’accord politique de Ouagadougou que nous sommes en train de mettre en œuvre en Côte d’Ivoire pour une sortie de crise, pour une paix pérenne, durable.

Ce sera l’occasion pour moi de faire le point avec les plus hautes autorités du Burkina », a-t-il par ailleurs déclaré. Avant de rencontrer le chef de l’Etat burkinabè pour lui faire le point, M. Soro s’est dit optimiste pour son pays. « ...Nous sommes optimiste. Les deux signataires ont décidé de mettre en œuvre l’Accord (du 4 mars) et c’est dans ce cadre d’ailleurs que je me retrouve à diriger le gouvernement ivoirien.

Des choses ont été faites et bien faites. D’autres restent encore à faire et nous voulons, en venant ici, faire le point et solliciter encore le soutien du gouvernement burkinabè, du Président de la République pour aider à encourager les Ivoiriens à faire beaucoup plus dans le sens de la paix », a-t-il poursuivi.

Une trentaine de minutes après, le secrétaire général des Forces nouvelles (FN) devenu Premier ministre était reçu par le président du Faso, M. Blaise Compaoré au palais présidentiel de Koulouba. C’est la première fois que les deux hommes vont s’entretenir officiellement à Ouagadougou depuis que le second est devenu chef de gouvernement le 7 avril dernier.

La feuille de route de Soro

Accompagné uniquement de ses plus proches collaborateurs, notamment Jean Claude Kouassi, le directeur de cabinet, Alain Lobognon et Méité Sindou, conseillers en communication, M. Soro est ressorti quelques minutes après pour faire une brève déclaration à la presse avant de retourner pour poursuivre son entretien avec le chef de l’Etat.

« J’ai expliqué au Président (Compaoré, ndlr) que l’Accord politique de Ouagadougou est en marche, et que les Ivoiriens considèrent que la paix est possible en Côte d’Ivoire », a souligné M. Soro. « Nous sommes venus donner cette note d’espoir au président Compaoré, qui nous a encouragé et s’est réjoui des progrès notables enregistrés dans le sens de la sortie de crise en Côte d`Ivoire », a ajouté le Premier ministre.

Il a exhorté le président Compaoré à poursuivre ses missions de « bons offices » pour aider les Ivoiriens « à surmonter les quelques difficultés qui pourraient se poser tout le long du processus de paix ». Interrogé sur les problèmes des grades qui se posent aussi bien chez les forces loyalistes que chez les ex-rebelles, M. Soro a déclaré que la réforme de l’armée ivoirienne prévoyant la réunification des deux forces militaires est « en cours de résolution ». « Nul doute, une solution définitive sera trouvée afin que nous puissions procéder rapidement à la réunification des deux armées ».

Selon son directeur de communication, Alain Lobognon, M. Soro a fait au président Compaoré un point détaillé sur les avancées de l’Accord de paix conclu le 4 mars dernier à Ouagadougou. Il a notamment relevé le retour progressif du calme et de la sérénité à Abidjan et dans le reste du pays, la formation de son gouvernement, la mise en place du Centre de commandement intégré (CCI), le démantèlement de la Zone de confiance qui a été confiée maintenant aux Forces de défense et de sécurité (FDS, loyalistes) et aux Forces armées des Forces nouvelles (FAFN).

« Il lui a aussi parlé du début du démantèlement des milices ». On se rappellera à ce sujet, que le 19 mai dernier, 1027 miliciens pro-Gbagbo ont remis à Guiglo (à l’Ouest d’Abidjan) leurs armes au chef de l’Etat ivoirien en présence du représentant spécial par intérim de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), Abou Moussa.

Par ailleurs, M. Lobognon a précisé que le président Compaoré a reçu la feuille de route adoptée jeudi dernier en conseil des ministres par le gouvernement pour l’application effective de l’Accord de paix. Subdivisée en huit volets, cette feuille de route prévoit que l’Accord entrera dans sa phase d’exécution dès le mois de juin avec notamment la reprise des audiences foraines « simultanément au Nord et au Sud » et la poursuite du processus de désarmement. Un « brasier symbolique des armes » auquel assistera le président Gbagbo et le Premier ministre Soro aura lieu aussi bien à Bouaké, fief des ex-rebelles qu’à Duékoué en zone loyaliste, a précisé M. Lobognon.

« Le facilitateur, qui est en même temps président du Cadre permanent de concertation (CPC) viendra constater les progrès réalisés sur le terrain » a-t-il précisé. Aucune date officielle n’a été cependant fournie sur cette visite tant attendue. Mais selon une source proche de la présidence burkinabè, elle pourrait avoir lieu en juin. « Il s’agit d’encourager les Ivoiriens à aller vers la paix. Le président, durant les négociations, a demandé aux uns et aux autres de mettre les intérêts de la Côte d’Ivoire en avant.

Je crois que c’est ce message d’amour qu’il leur apportera », a indiqué cette source sous couvert de l’anonymat. Après la réunion du Comité d’évaluation et d’accompagnement (CEA) qui s’est tenu le 11 mai dernier à Ouagadougou, Blaise Compaoré se rendra à Yamoussoukro, pour présider le CPC qui regroupe outre le président Gbagbo et le Premier ministre Soro, l’ancien chef de l’Etat ivoirien, Henri Konan Bédié et l’ex Premier ministre, Alassane Dramane Ouattara. Au terme de l’Accord du 4 mars, ces deux derniers ont rang de présidents d’institution.

A Ouagadougou, le Premier ministre ivoirien a montré que les choses avancent bien malgré quelques retards. On peut dire que l’appel du président Compaoré qui, lors de la session du CEA, avait "fortement exhorté" les deux parties "à activer" la mise en oeuvre de certains points du processus de paix, notamment le redéploiement de l’administration, l’organisation des audiences foraines, le démantèlement des milices, le regroupement des combattants et le stockage des armes n’est pas superfétatoire.

Ollo Romaric HIEN


Soro dans le vif du sujet

Le week-end dernier, le Premier ministre ivoirien Soro était à Ouagadougou pour "évaluer" la coopération ivoiro-burkinabè et "faire le point de la situation politique" de son pays avec les plus hautes autorités burkinabè.Et Soro avait précisé que si les ivoiriens "ont repris confiance" après la signature de l’Accord politique de Ouagadougou, il reste à "consolider et à conforter les acquis".

Derrière ce langage convenu, on perçoit que des "choses" et pas des moindres restent à parfaire, afin que les difficultés qualifiées jusque-là "d’insurmontables" ne soient des empêchements dirimants au retour de la paix en Côte d’Ivoire. Au premier rang de ces travaux d’hercule du gouvernement Soro, l’identification des populations qui commence début juin.

Du gouvernement de "transition" d’Alassane Dramane Ouattra au début des années 90 avec sa fameuse carte de séjour à l’actuel exécutif ivoirien qui veut mettre les audiences foraines en œuvre, l’identification "claire et précise" des ivoiriens a toujours posé problème. Et, l’Accord de Ouagadougou ne s’y est pas trompé qui a indiqué que ce défaut "constitue une œuvre de conflits".

Laquelle devrait disparaître avec la relance des audiences foraines d’établissement de jugements supplétifs d’actes de naissance. Avec le demantèlement des milices qui se poursuit tant bien que mal, les "nuisances" du passé (certaines milices avaient empêché des audiences foraines de se tenir) ne seront plus de mise, ce qui n’incline pas à un optimisme béat.

Les populations ivoiriennes sont en effet tellement "imbriquées" pour ne pas dire "mélangées", qu’il apparaît impossible de distinguer le faux du vrai : "S’il y a des Koffi au Togo, est-ce qu’il n’ y a pas de Konan au Ghana" avait chanté l’artiste. Attention donc au délit de patronyme tout comme à celui de faciès qui ont été cause de nombreuses exactions ayant fait le lit de la crise ivoiro-ivoirienne.

On se rappelle des massacres de Tabou I et de Tabou II dans les années 1999-2000 au cours desquels des "vrais-faux" ivoiriens ou des "faux- vrais" ivoiriens avaient payé un lourd tribut. Jusqu’à présent, cette zone "bruit" de rancœurs mal digérées avec une sorte de paix armée où chacun dort d’un œil. Et, que dire du charnier de Yopougon en 2000 où le contentieux politique a donné prétexte à des règlements de compte éthniques ? Avec la perte ou la destruction des registres d’état civil dans certaines villes, l’opération devient plus délicate.

Les juristes, les politiques et plus généralement les ivoiriens sauront-ils se mettre au diapason de cette délicatesse pour privilégier la citoyenneté plus que la nationalité ? Le sentiment d’appartenance à une nation et la volonté de préservation de ses intérêts les plus nobles nous semblent plus importants que le nombrilisme frileux qui hypothèque la construction de bien d’Etats-Nation en Afrique. L’identité culturelle de la Côte d’Ivoire étant plurielle, la prise en compte de cette donne facilitera bien de choses. Car, la situation est tellement volatile qu’une petite étincelle peut rallumer le feu.

On a vu qu’au cours du démantèlement des milices, certains "généraux" se sont volatilisés avec la cagnotte de leurs troupes. De même, la frontière ivoiro-libérienne est le théâtre de westerns urbains avec des gangs qui font la loi et rackettent les populations. Quand on sait que les regroupements des combattants et le stockage des armes ne sont pas terminés, il ne sert à rien de trop tirer sur la corde d’un nationalisme de mauvais aloi.

En promettant de se rendre prochainement en Côte d’Ivoire, le facilitateur Blaise Compaoré a pris la mesure du problème. Son engagement et son soutien fermes aideront beaucoup les ivoiriens à aller dans le sens de la paix. Le mois de juin constituera donc une étape capitale dans la résolution de la crise ivoirienne.

Boubacar SY

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 28 mai 2007 à 12:24 En réponse à : > Côte d’Ivoire : Le président Compaoré bientôt à Yamoussoukro

    "le secrétaire général des Forces nouvelles (FN) devenu Premier ministre était reçu par le président du Faso, M. Blaise Compaoré au palais présidentiel de Koulouba".

    Est ce vrai que le palais presidentiel de Ouagadougou s’appelle PALAIS DE KOULOUBA ? S’il y a erreur il faut la corriger le plus tot possible. A ma connaissance, le nouveau palais n’est situe pas sur un Koulou (Colline), Mieux il n’y a aucune grande colline (Koulou-BA). Bien au contraire !
    Au Mali c’est tout a fait different : le palais est bel et bien situe sur une grande colline (Koulou-ba) — sinon la plus plus grande colline.
    Merci

    • Le 28 mai 2007 à 19:31, par Krimo En réponse à : > Côte d’Ivoire : Le président Compaoré bientôt à Yamoussoukro

      Cher ami, ’’Koulouba’’ est le nom d’un quartier de quartier de Ouagadougou où est situé l’ancien palais présidentiel à ne pas confondre avec celui du Mali qui tire son nom de la colline où il est errigé.
      Merci de bien le noter.

    • Le 28 mai 2007 à 23:19, par Traoré En réponse à : > Côte d’Ivoire : Le président Compaoré bientôt à Yamoussoukro

      Mon gars, Il y a deux palais au Faso. L’ancien palais de la colonisation, se trouve bel et bien à Koulouba. C’est le nom d’un des vieux quartier de Ouagadougou. Cela n’a rien à voir avec une colline ou une montagne. Le nouveau palais (celui des hommes intègres) se trouve à KOSSIAM le nom d’un petit village devenu quartier de Ouaga.

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