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Développement socio-économique du Burkina : Démocratiser davantage les fruits de la croissance

Publié le vendredi 25 mai 2007 à 07h38min

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En l’espace d’un trimestre, le gouvernement burkinbè a pris une série de mesures qui méritent d’être saluées. La toute première de ces mesures sociales est l’augmentation de 5% des salaires des fonctionnaires annoncées par le Premier ministre dans son discours sur l’état de la Nation le 9 avril dernier.

La seconde est le réaménagement à la hausse des bourses, des prêts et des aides octroyés aux étudiants burkinabè. Cette décision a été rendue publique à l’issue des travaux du Conseil des ministres le 16 mai. Elle est la réponse à une des vieilles revendications de l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB). C’est une revendication née au lendemain de la dévaluation du F CFA en 1994.

Il convient de signaler également au nombre des mesures tendant à décrisper le climat social, particulièrement à l’université, le doublement à partir de la rentrée prochaine du nombre des boursiers de l’Etat et la création d’un second campus à Kossodo. La déconcentration de l’université va coûter 2,3 milliards de nos francs.

Dans l’intervalle, des réajustements d’indemnités sont décidés au profit de diverses catégories de fonctionnaires. Ces efforts du gouvernement sont à saluer encore à leur juste valeur au moment où le pays sort d’élections législatives que le CDP a largement gagnées. Donc, selon une logique généralement en cours en Afrique, dans un tel contexte, rien n’oblige un pouvoir à accéder à des revendications sociales. Absolument rien. Avec arrogance, il se drape de la légitimité sortie des urnes, même si parfois les méthodes utilisées pour y arriver sont des plus contestées.

Ils sont nombreux à s’interroger sur les raisons de cette subite générosité d’un gouvernement qui, en même temps qu’il ne cesse de vanter les performances de l’économie burkinabè en terme de croissance, répète invariablement que les caisses de l’Etat sont désespérement vides. D’où vient cette manne qui lui permet aujourd’hui de jeter un regard de comisération sur la misère des travailleurs et des étudiants ? La critique principale qu’on lui retournait chaque fois qu’il parlait de croissance était la suivante : "On ne mange pas la croissance, fût-elle à deux chiffres".

Le devoir de tout bon gouvernement est d’oeuvrer pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de sa population. C’est pourquoi, tout en se félicitant de ces mesures, il y a lieu d’encourager le gouvernement à aller de l’avant, à faire davantage pour partager les fruits de la croissance au niveau des masses paysannes, la population silencieuse, par exemple en facilitant l’écoulement des productions du monde rural, en obtenant des prix rémunérateurs pour les cotonculteurs et en facilitant l’éclosion d’autres filières. Comme les gens de la rue le disent : "il faut démocratiser danvantage le partage, parce que, c’est assez mais c’est pas arrivé".

D’où vient cette manne ? On n’aura peut-être pas une réponse à cette question. Mais, peu importe, cette générosité est peut-être le résultat d’une gestion responsable des ressources nationales, ce qui est de loin la chose la plus commune au Pays des hommes intègres, voire, sous les tropiques. Mais plus que le résultat d’une bonne gestion, il est la preuve d’une volonté des gouvernants à être de plus en plus à l’écoute des préoccupations des gouvernés. Ce n’est pas bon pour un pouvoir d’agir sous la contrainte, comme on l’a vu à la fin de l’année dernière et au début de cette année. Il se dégage dans ce cas, l’impression d’un gouvernement irresponsable qui ne s’exécute que quand il a le couteau à la gorge.

Pour éviter de s’exécuter sous la pression des tensions sociales, il n’y a qu’un seul et unique moyen : instaurer un dialogue continu avec toutes les composantes du corps social. Le dialogue permet de dégager des perspectives et de faire de la prospective. Ce sont les marques d’un gouvernement responsable et les preuves d’une bonne gouvernance.

Les mesures sociales prises par le gouvernement que d’aucuns appellent " des largesses subites" en faveur des travailleurs et des étudiants pourraient s’expliquer par le fait qu’après le renouvellement des institutions républicaines, le Président du Faso ait décidé d’entamer sous un nouveau signe la seconde année de son quinquennat. D’autres personnes avancent l’explication suivante : le Congrès pour la démocratie et le progrès, le parti présidentiel a remporté largement (même très largement) les législatives, au point que les contestations ne manquent pas. Alors, le pouvoir, c’est-à-dire le CDP, prend ces mesures pour apaiser le mécontentement d’une partie des masses.

Mais on ne peut pas refuser de croire aussi que les décisions qui viennent d’être prises l’ont été de bonne foi. Se mettre à l’écoute des populations, c’est en fait les respecter.

"Le Fou

Le Pays

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