LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Le Projet Ziga : Au-delà de l’eau potable

Publié le mardi 29 mai 2007 à 07h24min

PARTAGER :                          

Au-delà du ravitaillement de la ville de Ouagadougou en eau potable, Ziga est également une source de revenus pour les populations de ladite localité.

Moussa Ilboudo a la soixantaine bien sonnée. Perché sur sa grosse moto (qu’il a acquise grâce au Projet Ziga), il veille avec les membres de son groupement, la sécurité du barrage. Une activité qu’il mène dit-il, à cœur joie. "Je n’avais jamais rêvé avoir une telle monture. Grâce au Projet Ziga, j’ai un bon moyen de déplacement. Il me permet de faire nuit et jour, avec les autres populations et les animaux de souiller l’eau.

Cette activité, je la mène avec enthousiasme". M. Ilboudo est le président du Groupement de gestion de la zone humide du barrage de Ziga, composé d’environ 300 membres avec au moins 200 femmes. Cette unité de gestion a été mise en place par les responsables du projet. En effet, la construction du barrage n’a pas été sans dommages pour les populations voire pour l’environnement. Le site a abrité quatre forêts classées d’une superficie d’environ 8 872,5 hectares. Et 8 549 âmes habitaient dans les villages environnant ces forêts.

Pour installer le lit du barrage, il a fallu déboiser les forêts et déguerpir les populations. Que faire pour convaincre et mettre en confiance les populations à quitter les lieux ? Une solution fut vite trouvée.
Le déboisement est alors confié aux paysans. Et c’est à coup de machettes et de coupe-coupe que les braves paysans ont défriché les 8 872,5 ha ; ceci à coup de millions (280 millions de francs CFA). La confiance s’étant installée, les autorités ont mis en place un plan dit Plan gouvernemental d’atténuation des impacts environnementaux (PGAIE).

Ceci, en vue d’aider les populations déplacées à se réinstaller tout en créant des conditions favorables au milieu. Une série de quatre activités a été initiée et a permis aux populations d’améliorer leurs revenus. Il s’agit du Plan d’atténuation des impacts biophysiques (PAIB) et du Plan de restauration des revenus (PRR), du Plan de construction des infrastructures rurales (PCIR), de celui du recasement et d’indemnisation des populations affectées (PRIPA) et du Plan d’atténuation des impacts sur la santé (PAIS).

Ziga, un projet salutaire

Ces plans ont permis le recasement et l’indemnisation des populations affectées, la construction d’infrastructures sanitaires (équipements compris). Ils ont contribué à faire de la fertilisation organique, de l’aménagement des bas-fonds, du développement de l’embouche de la promotion de l’apiculture, de la protection de l’environnement, une réalité. A cela s’ajoutent les activités génératrices de revenus pour les femmes et la promotion de la pêche et de la maraîchéculture.

Albert Zongo est maraîchéculteur, il exploite depuis trois ans avec d’autres producteurs, 7 hectares de périmètres aménagés. Ils y cultivent de façon rotative les oignons (en saison sèche) et le maïs (en saison pluvieuse).
Une activité génératrice de revenus pour ces producteurs qui disent être comblés.

"La seule culture de l’oignon nous permet d’avoir chacun au moins 50 000 F CFA par récolte. Une somme que personne n’avait jamais eue avant le Projet Ziga", confie M. Zongo. Pour lui, la maraîchéculture pourrait mieux se porter à Ziga, si le manque d’eau n’était pas récurrent. Une préoccupation d’ailleurs partagée par les responsables du projet.

"Le manque d’eau est vraiment une réalité, un handicap pour le développement de la maraîchéculture. Deux motos-pompes suffiraient à juguler le problème. Cela est déjà inscrit dans notre programme et nous allons nous atteler à la résolution de la question", rassure l’ingénieur agroforestier à la Maîtrise d’ouvrage de Ziga (MOZ).

Outre la maraîchéculture avec les 103 hectares aménagés subdivisés en 1 038 parcelles exploitées par 948 producteurs, la MOZ a mis à la disposition des populations, une filière pêche. Elle est l’activité la plus importante du projet et produit deux types de poisson : le poisson marchand (de grande taille) et celui de petite taille et de taille intermédiaire. Elle permet aux producteurs de faire des bénéfices à moindre coût et d’améliorer leurs menus alimentaires.

En effet, les petits poissons sont frits et vendus dans des petits sachets à 25 et 50 F CFA à la population, par les femmes du groupement de gestion de la zone humide du barrage de Ziga. Appelé protéinette, ce poisson frit apporte un peu de protéines aux consommateurs. "Il fallait appartenir à une certaine classe sociale pour consommer le poisson. Aujourd’hui avec 25 ou 50 francs, on relève le goût de la sauce", confie Moussa Ilboudo. Ainsi avec 25 étangs de 400 m2 chacun, la pisciculture à Ziga a produit à la mi-campagne de cette année, 5 tonnes de poisson.

Les producteurs comptent faire de la pisciculture, un leitmotiv pour le développement socioéconomique de la région. Pour ce faire, ils ont, eux-mêmes, creusé d’autres étangs. La MOZ, pour accompagner leur abnégation, envisage de construire 25 autres étangs en vue de conduire la production annuelle à 16 tonnes de poisson d’ici à 2009.

Aline Verlaine KABORE

Sdiwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)