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Campagne cotonnière 2007-2008 : Baisse du prix du kg, augmentation du prix des intrants

Publié le samedi 19 mai 2007 à 08h52min

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Oury, localité située à une trentaine de kilomètres de Boromo a accueilli mardi 15 mai 2007, un forum de lancement de la campagne cotonnière 2007-2008. A cette occasion, la SOFITEX a annoncé la baisse du prix au kg du coton et l’augmentation de celui des intrants.

"Ce que nous allons vous annoncer n’est pas facile à dire, et croyez-nous, ce n’est pas de gaieté de cœur que nous le faisons. Pour la campagne 2007-2008, le 1er choix du coton sera acheté aux producteurs à 145F CFA/kg contre 165 F CFA/kg la campagne précédente et le 2e choix à 120F CFA/Kg".

A l’annonce de cette nouvelle par le directeur commercial de la Société burkinabè des fibres textiles (SOFITEX), M. Augustin Zagré aux cotonculteurs du département e Oury présents au forum, on entendait voler les mouches pendant une dizaine de secondes. Après ce calme apparent, certains participants se sont retirés qui, pour prendre une bouffée d’air, qui, pour fumer une cigarette, tant la pilule était difficile à avaler. Et ce n’était pas tout.

Augustin Zagré de la SOFITEX

Dans le même temps, M. Zagré a laissé entendre que les prix des intrants ont connu une hausse. L’angrais et l’urée qui étaient de 12 400 F CFA la campagne précédente, coûteront pour cette présente campagne respectivement 15 485 F CFA et 16 720 F CFA. L’insecticide passe de 4040 F à 4 362 F. Du coup, le coût de production à l’hectare passe de 73 840 F à 89 347 F. Le bénéfice à l’hectare qui était d’environ 60 000 F chute de près de la moitié. Cette situation, de l’avis de M. Ousmane Ouédraogo, chef de service suivi-évaluation, ne réjouit guère la SOFITEX.

Mais "au regard des difficultés que rencontre la société, la situation ne peut être autre", a-t-il dit. En effet, nombre de difficultés émaillent le fonctionnement de la SOFITEX depuis près de trois ans. Les subventions des pays riches, le coût des intrants, l’arrimage défavorable du franc CFA à l’euro ont contribué à plonger les indicateurs de la société dans le rouge.

A cela, s’ajoute le retrait de DAGRIS, actionnaire à 34% du financement de la SOFITEX, fragilisant la filière.

Les producteurs accusent la SOFITEX

Sans passer par quatre chemins, les cotonculteurs du département de Oury ont exprimé leur mécontentement, mais aussi leur peur face à la "décadence" de la filière coton. "Si nous étions contents, vous seriez venus voir des plants de coton parce que cette année la pluie s’est installée plus tôt", a lancé Oumar Ira.

Mais ce qui a laissé encore plus perplexe les producteurs, c’est que selon eux, malgré les difficultés que rencontre la SOFITEX, le train de vie des travailleurs de la société n’a pas changé. "La filière se porte mal, mais on a l’impression que les paysans supportent seuls les charges parce que rien n’a changé dans le train de vie des travailleurs", a martelé Oumar Ira. Et Seydou Gnessien de renchérir avec une métaphore : "la situation des cotonculteurs est semblable a une vache maigre qui allaite une vache grasse".

Et pourtant, selon M. Zagré, des mesures ont été prises pour réduire au maximum les dépenses de la SOFITEX. A ce titre, on peut citer la réduction des dépenses de voyage, la réduction des appels téléphoniques, la suppression de certaines primes équivalant à un mois de salaire, etc. M. Zagré a par ailleurs expliqué que la conjoncture n’est pas propre au Burkina Faso seul.
Elle touche tous les pays francophones. Cependant, il n’y a pas de raisons de désespérer.

Il y a de l’espoir

Plus de deux millions de Burkinabè tirent leurs ressources du secteur cotonnier qui représente à lui seul 70% des recettes d’exportation. Au regard de cette donne, les acteurs et partenaires de la filière font des pieds et des mains pour la sortir de l’ornière. Pour cela, le gouvernement, suite au retrait de la société DAGRIS de la filière s’est proposé de supporter les parts de celle-ci en plus de sa part qui est de 35% mais aussi celle des paysans qui ont 30% des actions.

Au titre des efforts, on peut également citer l’acceptation des banquiers de rééchelonner la dette de la SOFITEX qui est de 44 milliards sur cinq (5) ans afin de permettre à la filière de survivre. Au regard de ces efforts, M. Zagré dira que la SOFITEX est certes malade, mais elle n’est pas mourante. Il a alors exhorté les producteurs à s’investir davantage pour redonner à la filière ses lettres de noblesse.

Sortir le maximum de coton sur le minimum de surface, bien gérer les groupements de producteurs de coton (GPC), travailler à ce que le coton burkinabè soit toujours le meilleur sur le marché international sont entre autres conseils que M. Ousmane Ouédraogo a prodigués aux paysans. Pour leur part, les responsables de la SOFITEX ont dit qu’ils vont travailler à extirper ce sentiment de peur du monde des cotonculteurs. Ils ont en outre mis en garde les producteurs contre les détracteurs qui viendront pour les démobiliser. "Ne vous laissez pas flatter par les gens qui viendront vous dire que le coton ne se mange pas. Si vous laissez tomber le coton, vous serez la risée des gens. Que Dieu nous en garde !", a-t-il conclu. Pour la présente campagne, la SOFITEX escompte atteindre 600 000 tonnes pour l’ensemble du pays.

P. Pauline YAMEOGO

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 19 mai 2007 à 17:14, par Le paysan(qui ne semera jamais une graine de coton !!!) En réponse à : > Campagne cotonnière 2007-2008 : Baisse du prix du kg, augmentation du prix des intrants

    Eh oui ! le coton ne se mange pas !!!... et tout flatteur vit au depens de celui qui l’ecoute !
    Malgré les crises que connait la filiere du coton, il se trouve des gens qui poussent nos pauvres parents a conyinuer a le cultiver.

    Un vieux de Djibo me disait il y a une anné environ que dans sa tendre enfance, le coton etait cultivé beaucoup au nord...qui est actuellement desertique.
    Lorsque vous empruntez l’axe Ouaga-Bobo, tout est desolation que ce soit a gauche ou a droite. Le sahel est en train de s’installer dans les regions cotonnieres ! Si le grand sud et le grand ouest s’y mettent ( je suis triste pour l’est), nous ne laisserons a nos pauvres et innocents descendants que le desert ! tout le territoire sera comme le grand nord.
    La culture du coton est un cercle infernale et ne profite qu’aux autres-suivez mon regard- Les paysans qui s’y adonnent ne peuvent plus faire marche arriere meme si vous leur proposé cent(100) frcs le kilo. Ils sont pris dans une sorte de piege.
    J’invite haut et fort les paysans a s’adonner aux autres cultures afin de sortir de ce cercle maudit.

  • Le 21 mai 2007 à 14:16, par Yamyélé En réponse à : > Campagne cotonnière 2007-2008 : Baisse du prix du kg, augmentation du prix des intrants

    Il faut diminuer les gros salaires à la SOFITEX pour répartir les risques avec les paysans !!! En plus pour tous les paysans qui ont plus de 5 hectares de coton, il faut leur faire une imposition (taxe) sur l’environnement !! Les communes rurales devront lutter pour ces types de taxes au lieu de retirer les petites monnaies des vieilles femmes le jour du marché.

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