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Michel Nana, élu ADF/RDA Boulkiemdé : « Rien de ce qui arrive à l’UNDD ne m’étonne »

Publié le vendredi 18 mai 2007 à 07h48min

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Michel Nana

Unique et presque miraculeux élu de l’ADF/RDA au Boulkiemdé, Michel Nana était l’un des grands rassembleurs de Maître Hermann Yaméogo, du temps où ce dernier dirigeait l’ADF/RDA et quand l’éléphant en imposait par sa taille et ses hommes.

Parti créer l’ADDP aux lendemains de la crise qu’a connue le pachyderme en 2003, Michel Nana n’en finit pas de s’avourer cette prouesse d’avoir arraché l’unique siège laissé libre par le CDP, au détriment de l’UNDD, à laquelle beaucoup accordaient le siège en question. Nous avons échangé avec ce fils de Kokologho, qui ne cesse de clamer être de la mouvance présidentielle, même s’il a conduit la liste d’un parti se réclamant de l’opposition.

Comment se sont déroulées pour vous les législatives du 6 mai 2007 ?

• D’entrée, je peux vous dire que ces élections de 6 mai ont été pour moi un peu particulières parce que, de par le passé, on a vécu des perturbations, des agitations, des insultes, mais cette fois-ci, c’était calme. C’est ce que j’ai pu remarquer. J’ai sillonné la circonscription électorale dans tous les sens, il n’y a pas eu de cas de mécontentement, il n’y a pas eu de gens qui se sont bagarrés.

C’est ce qui a le plus attiré mon attention. Certes, durant la campagne et même avant, on a cherché à me salir, à me calomnier à travers des mensonges et des écrits ; certains même parlant de ma vie privée. Mais j’ai préféré me taire pour ne pas envenimer les choses.

Concernant justement ces écrits et ces calomnies, on a dit, à un certain moment, que c’est Hubert Yaméogo, premier responsable du CDP au Centre-Ouest, qui vous aurait aidé à créer votre parti.

• Peu m’importe ce qui se dit ; ceux qui veulent en savoir plus, ceux qui veulent vérifier cela peuvent le demander à Hubert Yaméogo. Mais je crois que lui, il ne va pas débourser des fonds pour de telles actions. Pour ma part, j’ai créé mon parti, et il est de la mouvance présidentielle. Si Hubert Yaméogo, étant du CDP épouse mon initiative, il ne peut que m’encourager, mais pas sur le plan financier.

Mon parti est indépendant, et il a des amis et sympathisants. Mais dire que Hubert Yaméogo a financé la création de ce parti est un peu simple comme raisonnement, et lui-même peut vous infirmer de telles allégations aussi grotesques que mensongères.

A la surprise générale, vous avez pris un siège de député au Boulkiemdé alors que beaucoup le voyaient dans l’escarcelle de l’UNDD. Est-ce que cela vous a surpris vous-même ?

• Que nous ayons eu un siège au Boulkiemdé n’est pas surprenant. Ceux qui se laissent surprendre, c’est ceux qui ne savent pas analyser en politique. Parce que chaque jour amène un changement, surtout qu’un comportement politique doit être permanent, et si, par exemple, ce comportement vis-à-vis des militants est défaillant, vite fait, les militants basculent.

L’UNDD, c’était mon parti depuis 1978. Mais il y a des raisons, que je ne voudrais pas évoquer ici, qui m’ont conduit à créer mon parti, et rien ne m’étonne de ce qui arrive à l’UNDD actuellement. Si on avait écouté les uns et les autres et si les choses étaient correctement faites, on pouvait éviter cette situation.

Moi, personnellement, je pense que ce que l’UNDD a récolté sur le plan national est le reflet de ce qu’elle a eu au niveau du Boulkiemdé, même si on raconte n’importe quoi pour justifier ce revers.

A l’UNDD, on connait les raisons de cette défaite. Ce parti a perdu ses hommes valeureux. Je ne dis pas que j’étais incontournable à l’UNDD, mais j’étais quelque chose dans le parti. Ces élections m’ont donné l’occasion de prouver ma valeur, et je ne suis pas étonné d’avoir été élu.

Un siège pour l’ADF/RDA au niveau du Boulkiemdé. Est-ce satisfaisant pour vous, aviez-vous visé plus ?

• On a visé beaucoup plus, on pensait qu’on allait en avoir deux et le CDP aussi deux. Nous en avons pris un en définitive, et c’est bon, ce n’est pas grave. L’ADF/RDA n’est pas un petit parti, et moi je connais mes forces. Nous deux réunis, on devait être plus fort que l’UNDD.

Beaucoup de personnes que nous avons touchées on dit qu’il y a eu beaucoup de fraudes pendant les élections. Est-ce que vous l’avez constaté à votre niveau également ?

• Moi, je vais vous dire que depuis que j’ai commencé à faire la politique, il n’y a jamais eu de vote sans qu’on ne parle de fraudes, et surtout, ceux-là, qui vont échouer aiment toujours parler de la fraude pour justifier leur échec. De même, ceux qui voudraient gagner beaucoup vont évoquer des anomalies et estimer que s’il n’y avait pas eu ces anomalies, ils auraient gagné davantage.

C’est leur point de vue, mais moi je n’ai pas constaté quelque chose d’anormal à Kokologho. J’ai été impressionné de voir que les gens ont compris la politique. Ils sont sortis voter puis sont retournés calmement chez eux. En toute sincérité je n’ai pas constaté de cas de fraude.

Du temps de votre présence aux côtés d’Hermann Yaméogo, vous avez fait un grand travail de mobilisation reconnu par tous, mais sans avoir été élu. Maintenant que ces résultats 2007 vous font député, ressentez-vous cela comme une revanche ou bien comme une récompense de tous ces efforts que vous avez consentis ?

• Lors des élections passées, on a beaucoup travaillé et en principe on devait être élu. Si cela n’a pas été le cas, c’était dû au classement, à une certaine négligence et au fait que je n’ai pas voulu trop tirer. La place qui me revenait est allée ailleurs. Me Hermann Yaméogo sait bien que ç’a été une grave erreur que j’ai supportée jusqu’à n’en plus pouvoir.

C’est pourquoi j’ai claqué la porte, appuyé dans cette décision par mes militants, qui ne voulaient pas que je continue de subir. Cela dit, ce n’est pas une revanche pour moi, mais plutôt une récompense que mes militants ont voulu me faire afin de me prouver que mes actions et mes efforts en leur faveur sont perçus à leur juste et vraie valeur.

Que retenez-vous de positif et de négatif sur le déroulement de ces élections ?

• Je vais plutôt parler des aspects positifs. Je vous disais tantôt que pendant ces législatives, j’ai constaté une certaine maturité des militants. Cette maturité est essentiellement due au travail mené sur le terrain, et c’est plutôt satisfaisant. Cependant, il reste beaucoup à faire en ce sens qu’il y a un vrai travail d’éducation, d’information et de sensibilisation à l’action des responsables politiques et surtout au rôle du député.

Il y a une grande confusion sur ce point, car beaucoup pensent que le député, c’est celui qui doit venir construire les écoles, les dispensaires, les maternités, tracer les routes, remplir le grenier... Si un élu arrive à faire de telles actions, c’est seulement dû à ses relations et non avec son salaire ou ses indemnités.

Il faut qu’on enlève aussi des esprits que la politique est un secteur propice à l’enrichissement rapide, à l’accumulation des biens ; qu’on doit suivre ceux qui sont fortunés juste pour avoir à manger au détriment de ceux qui sont engagés, qui ont des idées et qui sont soucieux du développement de leur département, de leur localité.

Moi personnellement j’ai beaucoup perdu financièrement depuis mon engagement dans la politique. Mais je ne regrette pas, car je sais que j’ai œuvré et investi pour le développement de mon département et de ceux environnants, et même parfois d’au-delà. Et c’est en cela que je tire une satisfaction de mon engagement.

Quel est votre avenir en politique ? Allez-vous continuer avec l’ADDP ou bien allez-vous le saborder dans l’ADF/RDA, sous la bannière de laquelle vous avez été élu ?

• Nous aurons le temps de voir. Nous avons fait une alliance et confectionné des listes communes. Comme on le dit, "qui se ressemble s’assemble" ; l’union fait la force, et c’est ce que nous avons voulu en nous unissant. Maintenant, il ne faut pas que les gens fassent des confusions en ce sens que l’ADF/RDA est de l’opposition et l’ADDP de la mouvance.

Moi je suis mouvancier et je le reste jusqu’à demain. Pour ce qui est de l’ADF/RDA, on a souvenance qu’elle a battu campagne à nos côtés pour élire Blaise Compaoré comme président du Faso. Qui n’est pas contre nous est avec nous.

L’ADF/RDA est de l’opposition mais a, en partie, les mêmes objectifs que nous. Voilà pourquoi nous composons sans états d’âme avec elle. C’est nécessaire que j’insiste dessus afin que tout soit clair et qu’on évite les confusions.

Cyrille Zoma

L’Observateur Paalga

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