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Législatives 2007 : Les députés de la province du Houet se prononcent

Publié le vendredi 18 mai 2007 à 07h37min

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Issa Sanogo (UPR)

Les élections législatives du 06 mai dernier ont donné leur verdict. Sur les 24 partis qui ont compéti dans le Houet, seuls 4 ont pu avoir des sièges. Il s’agit du CDP qui gagne 3 députés, de l’ADF/RDA, de l’UPR et de l’UPS qui s’en tirent avec un député chacun.

Ce résultat était diversement apprécié au niveau des militants du CDP où on a vite fait de crier à la traîtrise de certains ténors du parti. Le dimanche 13 mai dernier, lorsque le CDP Houet a convoqué une rencontre de ses militants, on a pensé à un véritable procès.

Mais contre toute attente, le commissaire politique régional du CDP dans les Hauts-Bassins est venu surprendre tout le monde en minimisant ces idées divisionnistes. Pour lui, les militants doivent plutôt être fiers de ce résultat de 3 sur 6. Il les a encouragés à garder ainsi le cap pour les batailles futures. Nous-nous sommes entretenu avec Paul Thomas SANOU, puisque c’est de lui qu’il s’agit, tout juste après cette rencontre.

Après lui, nous avons étendu notre entretien aux autres futurs députés du Houet. Ils se prononcent sur leur état d’âme après leur brillante élection, les cas de fraudes dont on parle tant et ce que les populations peuvent attendre d’eux en tant que leurs représentants...

Paul Thomas SANOU (CDP-Houet)

L’objet de cette rencontre, c’est de rassurer les camarades par rapport au travail qui a été effectué et leur faire comprendre l’enjeu du scrutin.
La signification du résultat, par rapport au mode de calcul, n’est toujours pas comprise par les militants qui ne comprennent pas que malgré le travail remarquable qu’ils ont abattu, en écrasant presque tout le monde, ils se retrouvent avec un résultat qui semble être en déçà de ce qu’ils espéraient. C’est toute une pédagogie qu’il faut déployer pour expliquer aux militants le pourquoi de la proportionnelle au plus fort reste.

C’est ce que nous avons fait en rencontrant nos militants. Le message est parfaitement passé. Les camarades sont repartis ragaillardis, confiants et convaincus d’avoir fait un travail et que le résultat est ce que le parti devrait mériter dans une situation de loi électorale comme la nôtre actuellement.

Il y a des mécontents qui mettent ce score sur le compte de la trahison au sein du CDP-Houet, croyez-vous à une telle éventualité ?

C’est très difficile de faire une liste électorale. Vous ne pouvez pas imaginer une liste de candidatures qui comporterait toutes les sensibilités, toutes les ethnies ou tous les départements.
Les rancœurs,les récriminations, les tentatives de faire obstruction ... sont des phénomènes qui existent un peu partout en politique.

Le phénomène, somme toute, peut être minimisé en ce qui nous concerne au CDP-Houet. C’est d’ailleurs ce que j’ai dit aux militants : « Aucune communauté ne peut à elle seule se faire élire un député au niveau de la province. Aucun homme politique raisonnable ne peut prétendre à lui seul mobiliser toute sa communauté. Ce n’est pas possible ».

S’il y a des tentatives de déstabilisation de la liste du CDP-Houet, nous pensons qu’il s’agit d’actions isolées, qui ont montré leurs limites compte tenu du score qui a été réalisé par le parti. Il faut plutôt chercher d’abord à banaliser le problème et ensuite le résoudre en interne, si toutefois problème il y a . Cette liste du CDP-Houet était la seule qui pouvait réaliser le score qui est le nôtre aujourd’hui. Nous ne pouvons qu’en être fiers.

D’autres part, on accuse le CDP d’avoir fraudé pour obtenir ses trois sièges. Quelle est votre appréciation ?
Le secrétaire général de la section provinciale du Houet (Salia SANOU) vient d’exhiber des preuves de tentatives de fraude d’un autre parti devant les militants.
Les tentatives, il pourrait y en avoir eu de part et d’autre. Mais la suprématie du CDP est telle qu’il considère comme une insulte de croire que son succès actuel est lié à une quelconque fraude. Remarquez que par rapport aux municipales passées, notre parti est passé de 41% de suffrages exprimés à près de 48%. Nous sommes en progression pendant que les autres régressent. N’eût été le mode de calcul, nous aurions fait encore mieux que ça. Vous savez en politique, c’est le voleur qui crie au voleur en général.

Vous êtes le président du CES, vous venez d’être élu député. C’est donc votre suppléante Madame Adja Naba DIANE qui aura la chance d’aller à l’Assemblée ?
Je suis militant d’un parti qui a une direction. C’est au CDP de décider qui doit siéger à l’hémicycle et qui doit être en mission ailleurs. C’est tout ce que je peux dire pour le moment...

Alfred SANOU (CDP-Houet)

« Le CDP a eu trois sièges sur six . Dans le contexte actuel que l’on connaît avec le mode de scrutin du système du plus fort reste, c’est bon comme résultat mais au niveau du CDP, on espérait avoir mieux que ça. On pensait avoir au moins 4 députés,voire 5.
Malheureusement, on se retrouve avec 3 seulement. Mais quand on voit les résultats de près, le CDP a eu 58 275 voix, l’ADF/RDA qui vient en 2e position a eu environ 13 000 voix, suit l’UPR avec 9 000 voix et l’UPS avec 6 000 voix environ.

Quand on met ensemble les voix de ces trois partis, ça ne vaut pas la moitié des voix du CDP. C’est donc dire que le système les avantage vraiment.
D’autre part aussi, le premier député du CDP est élu avec 20 mille voix, idem pour le second. C’est le 3e qui récolte 18 275 voix, beaucoup plus que ceux de l’ADF/RDA. La représentativité n’est pas la même. Mais on se réjouit du fait que le scrutin s’est déroulé dans le calme. Les électeurs sont sortis assez tôt. Il n’ y a pas eu une forte participation selon les statistiques.

On parle de près de 50% de participation. Tout s’est bien passé dans le calme, mais il y avait des défaillances parce que bien avant les élections, nous avons signalé à la représentation de la CENI au niveau de la province du Houet qu’il y avait des militants qui ont voté aux présidentielles et aux municipales mais qui n’avaient pas leurs noms sur la nouvelle liste alors qu’ils détenaient bel et bien leurs cartes d’électeurs.

Malgré ces plaintes, la CENI n’a pas pu trouver de solutions. Le jour du scrutin, on nous a signalé des cas de fraudes. Au niveau du CDP, il y a un groupe qui a fait arrêter une bâchée avec des gens à son bord qui avaient plein de cartes d’électeurs et des actes de naissance qu’ils utilisaient pour voter d’un point à un autre...Bref, il y a eu quelques défaillances mais dans l’ensemble, on peut dire que tout s’est bien passé ».

Michel OUEDRAOGO (CDP)

« Les sentiments qui m’animent sont entremêlés de joie et d’amertume . Joie parce que c’est toujours bien d’être élu ça veut dire que vous avez une certaine considération au milieu de vos camarades militants. C’est une certaine considération vis-à-vis du parti et de ceux qui vous ont fait confiance.

Amertume parce qu’on s’attendait à mieux vu le travail énorme que nous avons abattu. Nous nous attendions à mieux que ça. Mais ce sont les mécanismes des législatives et les calculs sont les calculs, nous ne pouvons que prendre acte et essayer de travailler un peu plus la prochaine fois. D’une manière générale, les législatives du 06 mai 2007 ont marqué une certaine maturité de la classe politique. Les acteurs eux-mêmes se sont bien comportés. S’agissant de la fraude, on crie, mais vous savez, c’est un peu le jeu de tout le monde.

A mon avis au stade actuel des choses, très peu de possibilitées sont laissées à la fraude. Ce n’est pas possible. C’est vrai qu’il peut y avoir certaines manipulations mais vraiment c’est très très limité. Cela est dû au fait que les acteurs politiques eux mêmes sont mûrs d’esprit. Même en campagne les gens comprennent. Vous allez vous rendre compte que là où vous croyez que les gens ne comprennent pas, la chose politique est très bien maîtrisée, ce qui laisse très peu de place à la fraude. Il faut relativiser la chose et surtout ne pas croire que ceux qui n’ont pas eu ce qu’ils voulaient ont moins travaillé, moins misé ou se sont moins investis...

L’Assemblée nationale est un appareil important dans le dispositif organisationnel de l’Etat de droit. Il y a des règles qui y sont établies. J’ai eu la chance d’avoir déjà été initié à ces règles-là ; je vais seulement essayé de m’investir pour mieux travailler, être plus positif et certainement lutter beaucoup plus pour les militants qui ont fait l’honneur de m’élire et aussi pour le parti qui a placé sa confiance en moi »

Celestin Boyo KOUSSOUBE (ADF/RDA)

« C’est un sentiment de satisfaction qui m’anime après cette élection. Notre parti, l’ADF/RDA a été apprécié par les populations de la province du Houet. Je remercie tous ceux qui nous ont fait confiance, même ceux qui ne nous ont pas fait confiance parce qu’ils nous feront confiance la prochaine fois. Nous sommes satisfait pour l’ensemble des voix que nous avons eu mais je suis persuadé que nous aurions pu faire mieux si les choses s’étaient passées normalement. Nous savons que d’autres partis ont eu plus de voix que nous pour des raisons de fraude. Si les choses avaient été plus transparentes, peut-être que nous serions à égalité quelque part.

Un député ce n’est pas un maire, la ville spécifiquement ou la province spécifiquement ne peut pas attendre une action directe du député sauf que par ses relations personnelles, il contribue à améliorer les conditions de vie des populations qui lui sont proches. En réalité, les députés sont là pour que les lois soient votées correctement. Ils sont là aussi pour défendre les populations par rapport au problème de gouvernance et faire en sorte qu’on ne les oublie pas dans leur région. De ce côté, je m’emploierai à les satisfaire.

Les gens peuvent compter sur moi, je suis armé pour ça.
Par rapport aux militants de l’ADF/RDA qui ont fait défection pendant la campagne, je réponds que la politique a ses raisons que la raison elle-même ignore. Ils sont maîtres de leur acte. Mais aujourd’hui après mon élection, mon objectif est de rassembler toutes les forces et non de les disperser. Je leur ouvre les bras. Nous sommes prêts à les accueillir à bras ouverts pour continuer le combat ensemble ».

Issa SANOGO (UPR-Houet)

« Mes sentiments sont ceux d’un homme comblé certes , mais aussi de celui qui sait combien il doit à l’ensemble des populations de notre province.
De façon générale, on peut dire que le scrutin législatif s’est bien déroulé dans la mesure où la campagne a été apaisée et les résultats ont consacré les principales sensibilités politiques de notre région. Le seul couac qui nous interpelle tous, c’est le faible taux de participation et les velléités de fraudes de tous bords qui ont caractérisé ce scrutin.

Mon mandat de député sera véritablement celui des populations du Houet. Je m’efforcerais d’être le plus possible à l’écoute de leurs préoccupations que je me chargerai du reste de faire valoir, avec toute la conviction qui est la mienne, à l’Assemblée nationale certes,mais aussi partout où l’occasion m’en sera donnée.
Je voudrais adresser mes vifs remerciements à l’ensemble des acteurs de ma victoire, aux laborieuses populations de la province du Houet à qui je souhaite une excellente campagne agricole. Je n’oublie pas aussi la presse qui chaque jour a toujours été à nos côtés pour plus de visibilité pour nos actions ».

Nestor Batio BASSIERE (UPS- Houet)

« C’est une grande joie pour moi de voir l’UPS enfin à l’arrivée . Permettez-moi de dédier cette victoire à la jeunesse bobolaise. Elle a finalement compris que personne ne fera son destin à sa place. Nous avons fait passer notre message. Ils nous ont soutenus. Cela fait plus de 10 ans qu’on lutte ensemble.

Le résultat est là aujourd’hui. Je pense que cette victoire est avant tout la victoire de cette jeunesse bobolaise consciente et consciencieuse. Notre souhait était que le scrutin se passe dans la transparence. Nous nous sommes battus afin que ceux qui gagnent, gagnent honorablement et que d’autres ne profitent pas de certains avantages pour avoir un bon résultat au détriment des autres partis.

Nous devons accepter le choix de nos électeurs. Nous avons constaté des cas malheureux où des extraits d’acte de naissance ont été utilisés pour frauder. Cela est déplorable. Il faut que nos autorités comprennent que lorsqu’on donne le choix au peuple, qu’on le laisse s’exprimer librement. Dans l’ensemble, on peut dire que ça va un peu.

Maintenant que je suis élu député, j’ai ma partition à jouer. Nous n’allons pas à l’Assemblée nationale pour miroiter les autres. Nous avons notre mot à dire et nous allons faire de notre mieux pour contribuer à améliorer les conditions de vie des populations à travers le vote des différentes lois. Nous ne devons pas décevoir ceux qui nous ont amenés à l’hémicycle.

Nous devons par conséquent assumer nos responsabilités. Si nous sommes députés ce n’est pas pour aller dormir à l’Assemblée, loin s’en faut. C’est plutôt pour aller participer à l’élaboration de certaines lois. Même si nos visions ne passent pas, nous allons quand même critiquer et donner notre point de vue afin que ceux qui sont en face de nous comprennent qu’il faut améliorer la situation pour le plus grand nombre.

Ce n’est pas tout ce que nous proposons au niveau des opposants qui est mauvais . Nous allons critiquer mais aussi faire des propositions. Si nos idées sont meilleures, il faut qu’on les accepte, c’est ça aussi qui pourra faire avancer notre démocratie ».

Drissa KONE à Bobo

L’Opinion

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