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Situation politique nationale : Le plus dur commence maintenant

Publié le mercredi 16 mai 2007 à 07h38min

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Finie la période hautement politique pour les formations qui étaient en lice pour le scrutin du 6 mai passé. L’heure est au bilan dans les états-majors des partis politiques. Et c’est le plus dur qui commence maintenant.

Le scrutin législatif de dimanche passé a redessiné la géopolitique burkinabè. D’un côté, il y a la majorité toujours conservée par le parti au pouvoir, puis, il y a les opposants qui de plus en plus renforcent leur notoriété dans le sérail politique burkinabè et de l’autre côté il y a ceux qui n’ont pas pu gagner un siège à l’Assemblée nationale pour apporter le changement qu’ils ont tant souhaité. À ce dernier lot, s’ajoutent les partis qui ne sont pas allés aux élections et les tout nouvellement créés. Voici comment se présente le nouveau paysage politique au Burkina à la suite des législatives du 6 mai passé.

Tirer les leçons des élections passées

En attendant la publication des résultats provisoires par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le 12 mai prochain, les états-majors des formations politiques qui s’étaient engagées aux élections législatives passent en revue le déroulement de la campagne et du scrutin. Ce, dans le but de tirer les enseignements qui s’imposent.

Pour le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), ces élections ont permis de garder la majorité parlementaire pour la quatrième fois de suite depuis 1992. Une victoire qui lui donne plein pouvoir de renforcer ces actions dans le cadre de la mise en œuvre du programme quinquennal du président du Faso. Cette victoire témoigne de la vitalité et d’une organisation structurelle du parti présidentiel qui du reste doit faire mieux que les législatures passées, au vu des critiques qui sont souvent revenues dans les discours politiques des différents candidats de l’opposition. Ces critiques ne doivent pas êtres mal vues par les leaders du CDP, mais ils doivent savoir tirer les enseignements qui s’imposent pour, à l’avenir, corriger toutes les insuffisances dans leur gestion de la chose publique.

Par ailleurs, il ne reste que quelque trois années pour que le mandat du président du Faso dont le CDP a fortement participé à sa victoire à la présidentielle du 13 novembre 2005 prenne fin. Ainsi, le parti majoritaire doit savoir mettre en avant les compétences de ses cadres pour non seulement permettre au président Blaise Compaoré d’accomplir plus de 70 % de ses promesses électorales, mais aussi de préparer, dans la sérénité, les futures élections présidentielle et municipales qui pointent à l’horizon 2010 et 2011.

À la suite du CDP, il y a les jeunes partis politiques comme l’ADF/RDA, l’UNIR/MS et le RDB qui d’échéances électorales en échéances électorales renforcent leur pouvoir politique dans le landernau politique au Burkina. Ces partenaires auront certainement un nombre important de sièges à l’hémicycle. Par leur façon de s’organiser structurellement et leur façon de contrôler l’action gouvernementale, ils arrivent petit à petit à se donner de l’importance dans le jeu politique. Ce qui contribue à bipolariser dans une moindre mesure le paysage politique au Burkina.

Cependant, ces élections législatives ont révélé qu’en matière de discours politique, il reste du travail à faire au niveau des leaders de l’opposition politique.
Et comme l’a bien titré notre éditorialiste dans son éditorial de L’Hebdo n°418 du 20 au 26 avril 2007, « Campagne législative : Les messages tardent à prendre de la hauteur », le discours politique pendant toute la période électorale a laissé les électeurs et l’ensemble des observateurs de la scène politique au Burkina sur leur soif.

En effet, peu de partis sont arrivés à présenter un programme politique qui puisse convaincre les électeurs. C’est du reste ce discours politique qui est demeuré très plat pendant tout le long de la campagne électorale passée qui explique, en partie, la faiblesse du taux de participation au scrutin du 6 mai passé. Le besoin de renforcement des capacités des leaders des partis politiques se pose de nos jours avec acuité.

Tout comme à l’Assemblée nationale où un projet a été initié dans le but de renforcer la participation du député au travail législatif, un projet similaire doit aussi voir le jour pour mieux former les leaders politiques. Ce qui va également participer au renforcement de l’animation de la vie politique et, partant, participer au renforcement de la démocratie au Burkina.

Enfin, il y a les partis politiques qui n’ont pas pu prendre part aux élections du 6 mai passé. Leur absence aux élections législatives de 2007 s’explique par une absence d’organisation à savoir leur non-représentativité sur le territoire national et le manque de ressources matérielles et humaines pour cela.

Un état de fait qui interpelle le législateur à se pencher sur la pluralité des partis politiques qui peut aussi être un frein à l’ancrage de la démocratie. Certes, l’émiettement des partis politiques est également un frein, mais de là à créer un parti politique pour uniquement un intérêt particulier et sans savoir à quelle obédience appartenir, il y a de quoi revenir sur la loi pour lui donner un autre contenu beaucoup basé sur la participation au jeu démocratique.

Car comme l’a déclaré le président du Faso après avoir accompli le 6 mai dernier, son devoir de citoyen, il faut plus d’investissement des députés et des leaders politiques pour renforcer l’ancrage de la démocratie au Burkina.

Abou OUATTARA

L’Hebdo

P.-S.

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