LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Législatives du 6 mai : Une victoire, deux grandes leçons

Publié le mercredi 16 mai 2007 à 07h33min

PARTAGER :                          

Il n’y aura pas eu véritablement de suspens dans ce scrutin législatif. Ils étaient très peu nombreux ceux qui ne pariaient pas sur une victoire du Congrès pour la démocratie et le progrès. L’ancien parti majoritaire se succède donc à lui-même avec un meilleur score que celui des législatives de 2002.

En effet, si le décompte provisoire des états-majors des partis politiques et des correspondants de presse se confirme, le CDP pourrait se retrouver avec 64 à 75 députés sur un total de 111. Une majorité très confortable qui confirme qu’il demeure le premier parti politique au Burkina 11 ans après sa création. Comment et pourquoi ?

COMMENT ? L’arme secrète du CDP est archi connue. C’est Blaise Compaoré. De fait, tous les partis qui, au cours de cette élection, se sont réclamés de la philosophie politique du président du Faso ou tout au moins de son programme d’action quinquennal ont fait un meilleur score que tous les autres qui se sont enfermés dans la logique du tout opposition. Dans cette course des partis à tirer la couverture Compaoré sur eux, à tout seigneur tout honneur, le CDP s’est montré le plus constant, le plus incisif, voire le plus exclusiviste, appelant les électeurs à donner une franche majorité au seul vrai parti présidentiel. Le Larlé Naaba a su bien résumer ce message du CDP dans son laïus à la presse à la fin du dernier meeting du parti majoritaire dans le Kadiogo. Le CDP c’est le parti de Blaise Compaoré.

Avec Blaise Compaoré le Burkina avance dans la paix, la stabilité et le travail, a-t-il dit en substance. Message reçu 5/5 par les électeurs d’autant plus qu’il a été répété maintes fois par d’autres leaders d’opinion dans toutes les régions du pays. On en déduit que la large victoire du CDP, les assez bons résultats de l’ADF/RDA ou les intéressants scores de l’UPR ici et là sont une confirmation du leadership national de rassembleur du président COMPAORE.

A une majorité écrasante, les électeurs ont sanctionné l’opposition brutale et haineuse dans le discours, incohérente et peu convaincante dans ses propositions alternatives. L’UNDD de Hermann Yaméogo, le PDP/PS d’Ali Lankoandé et dans une moindre mesure, le PAREN de Laurent Bado sont les partis qui auront laissé le plus de plumes dans cette logique du radicalisme improductif.

POURQUOI ? L’opposition reste trop multiple au Burkina. Pire, la majeure partie de ses composantes s’est enfermée dans la voie très étroite de l’invective non constructive. Les discours du genre : « Blaise Compaoré est un dictateur, qui couvre la corruption et l’impunité » sont en déphasage total avec la personnalité de l’homme et ses ambitions pour le Burkina.

Alors rien d’étonnant que ceux de l’opposition qui continuent de confondre le sens de l’histoire aux détails de son cours en payent le prix fort en termes de crédibilité et de compétence politique auprès de l’électorat. Et l’on se pose légitimement la question de savoir pendant combien de temps encore ces politiques garderont-ils les yeux rivés sur les dates du 15 octobre 1987 et du 13 octobre 1998 quand dans nos villes et campagnes, les attentes des populations s’expriment en termes de besoins d’infrastructures de production ou de soutien à la production pour améliorer leurs conditions de vie quotidienne ?

Tant que subsistera ce grand décalage entre le discours politique de l’opposition et les vraies préoccupations de nos populations, on ne s’étonnera pas de ses déconvenues répétées aux élections. Les quelques prétendues fraudes, les quelques gadgets donnés ici et là par le CDP ne constituent pas les vraies raisons de ces cuisants échecs.
Mais, y’a-t-il pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ?

Djibril TOURE

L’hebdo

PARTAGER :                              
 LeFaso TV