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Boucle du coton : La Libye donne le ton

Publié le mardi 15 mai 2007 à 06h53min

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Atunsi Fathi Ahmed de la Libye

La Boucle du coton, IIIe édition, a débuté hier avec l’étape Ziniaré-Manga distante de 136 km. Surprise, ce sont les inattendus Libyens qui impriment leur rythme à la course. Atunsi Fathi Ahmed endosse le maillot du leader de l’or blanc. Pour une première participation la Libye a donc frappé fort.

Prévu pour 8h 02, le coup de pédale de la IIIe édition de la Boucle du coton a été donné à 9h 45. Pour des raisons organisationnelles, notamment des problèmes avec le car balai, la caravane a quitté tardivement son QG du stade du 4-Août pour rejoindre Ziniaré. C’est le ministre délégué à l’Agriculture, Bonoudaba Dabiré, avec à ses côtés Mme le gouverneur du Plateau central, Ruth Yaméogo, qui a donné le top de départ.

61 coureurs étaient sur la ligne de départ, l’équipe du Maroc annoncée a finalement fait défection. Les Marocains absents, d’aucuns croyaient que les Burkinabè, qui alignent 3 équipes n’auront pas à faire à forte partie. C’est un peloton qui démarre groupé et roule jusqu’au kilomètre 4 avant que Hritin Emmanuel de l’équipe française de Sarthe et Pierre Kiba de l’équipe B du Burkina ne tentent de taquiner un peu le peloton. Ils seront vite rejoints par les Libyens qui, curieusement, se mettent à tirer le peloton.

L’allure n’est pas tout à fait rapide car la caravane traverse une zone d’agglomération avant de rallier le premier point chaud à 43 km au niveau du SIAO. Les Burkinabè qui sont restés collés aux roues des Libyens enlèvent le premier point chaud par l’entremise de Saïdou Sanfo. A la sortie de Ouagadougou, route de Pô, direction Manga, la course prend un peu d’allure, les Français de Sarthe viennent parfois se mêler aux Libyens et Burkinabè, mais le peloton ne se fragmente pas trop, il y a quelquefois 2 à 4 rouleurs un peu détachés.

Le 2e point chaud, gendarmerie de Kombissiri, comme on le pressentait, vu la velléité des Libyens, sera arraché par Ali Seghewir. Les Libyens ne lèvent plus le pied du plancher et vont s’emparer du 3e point chaud par Atunsi Fathi Ahmed. Après ces prouesses des Libyens, on se demandait qui allait remporter l’arrivée finale qui n’était plus qu’à 22,8 km.

Les derniers kilomètres furent âprement disputés entre Libyens et Burkinabè mais la Libye s’impose avec Atunsi Fathi Ahmed, Ali Seghewir, Alganduz Wail s’emparant du podium. Les 4e et 5e places sont occupées par les Burkinabè Saïdou Rouamba et Abdoul Wahab Sawadogo. Le temps mis de la course est de 3h 34’14 » soit une moyenne horaire de 38,08 km.

Les Burkinabè ont donc intérêt à se secouer pour la suite de la compétition en commençant par la 2e étape qui se court ce matin entre Tenkodogo et Fada N’Gourma sur une distance de 124 km. Le 1er Burkinabè, Saïdou Rouamba, est à 1’02 du leader.

Barthélemy KABORE et Léopold YE
sur la Boucle du coton


Les athlètes se prononcent

Abdoul Wahab Sawadogo : J’ai décroché, à un moment, du groupe des cinq coureurs de tête mais cela est normal. Je n’étais pas sûr de mon vélo. J’ai pris un autre vélo après ma chute, juste pour me dépanner. Quand le vélo n’est pas à ta taille, tu es obligé de fournir plus d’efforts. On a soit un manque d’appui, soit l’appui est plus grand que soi. Dans mon cas, j’avais un manque d’appui parce que le vélo était trop haut pour moi.

Aujourd’hui, j’avais pour ambition d’arriver dans le peloton de tête, malgré ma chute. Je ne m’inquiète pas que les Libyens aient enlevé cette étape.

La suite, vous la verrez quand je vais reprendre mon vélo demain. On verra si les Libyens sont vraiment costaux. Ils ont peut-être une minute d’avance sur moi, mais nous sommes en compétition.

Saïdou Rouamba : Je peux dire que l’étape de ce matin a été dur pour les Burkinabè. Nous manquons d’entraînement. Nous n’avons pas eu une bonne préparation. C’est à la dernière minute que nous, les coureurs nous nous sommes regroupés pour nous entraîner. C’est ce qui explique que les Libyens aient remporté cette étape. Ils étaient en forme.

En sus, ils avaient l’avantage d’être trois contre Abdoul Wahab et moi. C’est toujours les premières étapes qui sont dures pour les burkinabè. Je pense que tout rentrera dans l’ordre demain sur l’étape Tenkodogo-Fada N’Gourma.

Propos receuillis par B.K B.L.Y


Les coulisses du Tour : Déficit de sécurité à Ouagadougou

Le peloton a eu du mal à circuler librement dans la ville de Ouagadougou. Le dispositif sécuritaire mis en place par les organisateurs de la Boucle du coton n’a pas été à la hauteur pour canaliser les passants. On pouvait donc voir des motocyclistes roulant à côté des cyclistes. Il y a lieu de reconsidérer cette situation afin d’éviter des mésaventures dans la traversée des grandes villes

Sidwaya


"L’heure n’est pas à la course cycliste !"

"Je demande aux organisateurs de la course cycliste la Boucle du coton d’arrêter." C’est en ces termes que le président de l’Union nationale des producteurs du Burkina (UNPCB), Dr François Traoré, s’exprime à travers la déclaration ci-dessous. Pour l’UNPCB, il est aberrant d’organiser une telle course au moment où les producteurs de coton sont confrontés à de multiples difficultés.

Le jeudi 11 mai 2007, nous avons fixé le prix du coton au Burkina Faso en tenant compte des cours du marché mondial et de la parité euro - dollar. Ce prix a été fixé à 145 F CFA le kilogramme de coton graine au producteur, contre 165 F CFA en 2006 - 2007, 175 F CFA en 2005 - 2006 et 210 F CFA en 2004 - 2005 ; avec une augmentation considérable du prix des intrants.

Pendant ces jours d’importantes discussions pour parvenir à ce prix, j’ai écouté sur RFI une publicité sur la Boucle du coton au Burkina Faso.

Je trouve qu’il est aberrant, par ces temps qui courent, d’organiser une course cycliste destinée à encourager les producteurs de coton.

Cette fois, en tant que président des producteurs de coton du Burkina, je dis non !

Pour signifier notre refus, nous aurions pu, par exemple, décidé de manifester en barrant la route à ces cyclistes pour leur montrer que nous ne sommes pas contents.

Mais comme je suis partisan de la non-violence et que je n’ignore pas qu’avec des mécontents, comme c’est le cas des producteurs de coton en ce moment, ce genre de manifestation pourrait dégénérer, surtout que les manifestations, c’est quand il y a eu des morts qu’on en parle le plus, nous ne le ferons pas.

Nous, membres du bureau de l’UNPCB, sommes, depuis 2004, comme une galette qui brûle de part et d’autre.

Quand nous participons à la réunion pour la fixation du prix, avec les autres partenaires de la filière coton du Burkina (réunion que je préside et qui répond aux normes démocratiques), nous faisons tout pour obtenir le prix au producteur le meilleur.

En dépit de cela, les producteurs ont toujours critiqué ce prix car ils pensent que les efforts mis dans le coton ne sont pas bien rétribués. Ce mécontentement a toujours fait des gorges chaudes au niveau des médias et même de certains de la société civile qui ne s’y connaissent pas toujours en coton et pensent soutenir les producteurs de coton. Ils se plaisent à dire que ceux-ci peuvent obtenir beaucoup plus.

Ce qui est moins connu, c’est que depuis 2004 jusqu’à maintenant, après chaque fixation de prix, en ma qualité de président des producteurs de coton et de l’interprofession, j’ai toujours eu à m’expliquer devant les partenaires au développement (FMI, BM, AFD, UE). Ceux-ci ont toujours trouvé que les prix fixés étaient trop élevés par rapport au marché mondial.

Cette pression pour nous conformer à la réalité des prix nous a amenés à adopter une méthode qui tient compte du marché mondial.

Comme les subventions au coton et la parité euro-dollar continuent à polluer le commerce du coton, le prix cette année est de 145 F CFA le kilogramme de coton graine chez le producteur. Avec le prix de l’engrais qui a augmenté, il y a un effet ciseaux.

Les producteurs qui tiennent à leur coton parce qu’ils en ont vu les bienfaits sont dans l’embarras :

- grâce au coton, ils ont des céréales ;

- avec le coton, ils réalisent le développement dans leur famille et donnent de l’emploi aux jeunes. Après avoir analysé la situation, cette réalité les oblige tout de même à demeurer dans la culture du coton. Cela, même si après notre appel à soutenir les filières africaines ces dernières n’ont constaté aucune amélioration dans leur assiette.

Au Burkina Faso, les gens qui achètent les céréales (produites à 80% par les producteurs de coton) ne savent pas que c’est grâce au coton que l’on arrive à produire ces denrées alimentaires car c’est un système lié.

Nous, membres du bureau, subissons les reproches de toutes ces personnes et particulièrement des producteurs qui disent que le prix n’a jamais été au maximum pour eux (ils ont le droit de revendiquer) alors que nous, membres du bureau, avons toujours été fermes avec les sociétés cotonnières pour arracher ce prix.

Sans oublier que je suis obligé de répondre devant les partenaires au développement qui, les années passées, trouvaient chaque fois le prix exagérément élevé.

Comme nous sommes toujours les défenseurs des producteurs, nous sommes obligés d’être cette galette qui brûle.

Mais je demande aux organisateurs de cette course du coton d’arrêter.

En cette période où nous nous expliquons avec difficulté, nous ne sommes guère dans la joie !

Et si cette manifestation a pour but de nous encourager, le courage nous en avons déjà, c’est de quoi vivre que nous cherchons et ce, de toute notre force."

Docteur François B. Traoré

Chevalier de l’Ordre national du mérite

Président de l’UNPCB

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Vos commentaires

  • Le 15 mai 2007 à 11:18 En réponse à : > Boucle du coton : La Libye donne le ton

    boucle du coton, ca fait pitie`, lorsque qu`on sait le budjet de cette manifestation , tout en connaissant les problemes que vie la filiere coton , et la sofitex elle meme , presque sur bequille.

    • Le 15 mai 2007 à 17:47 En réponse à : > Boucle du coton : La Libye donne le ton

      Le pouvoir l’a tellement pompée et sucée qu’elle ne tiendra plus avec sa forme actuelle plus de dix ans avec ses inamovibles agents devenus à force de "deals" (et je suis encore dans la décence) des multi millionnaires en...CFA ?

  • Le 15 mai 2007 à 19:24, par Tianfolakankélén En réponse à : > Boucle du coton : La Libye donne le ton

    Je soutien fermement le Dr Francois TRAORE, et je suis sûr que le PF et le MAHRH sont aussi de mon avis, même si eux ne peuvent pas l’exprimer ainsi. Cette course est UNE COURSE DE LA HONTE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! ET POURQUOI LE DR DE LA SOFITEX S’EN MÊLE ???????????????????????

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