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Crise à l’UFOA : Un règlement de comptes avant l’heure

Publié le mardi 8 mai 2007 à 08h00min

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Jacques Anouma

Dans la région, on a désormais deux UFOA. Le groupe de Lagos qui a abouti à la naissance de l’UFOA “bis” à Accra avec comme président le Nigérian Amos Adamu a prétexté le manque d’activité pour aller vers une dissidence. Hélas, au mépris des textes de l’organisation. Mais le président de l’UFOA, Jacques Anouma est déterminé à se battre pour que la légalité revienne.

L’Union des fédérations ouest-africaines de football (UFOA), ce n’est un secret pour personne est l’une des zones les moins actives. Sur plus trois décennies, l’UFOA n’a pu offrir qu’une petite poignée de compétitions, et depuis son arrivée aux affaires, l’Ivoirien Jacques Anouma, malgré de multiples efforts cherche toujours les solutions.

Partant de là, les présidents de fédérations de football du Bénin, du Cap-Vert, de la Gambie, du Ghana, de la Guinée-Bissau, du Libéria, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Nigeria, du Sénégal, et la Sierra-Léone, soit 12 sur les 16, adressent un courrier le 27 février 2007 pour demander la tenue d’une AG extraordinaire élective à Accra le 14 avril 2007. Si le nombre des signataires permet d’engager la démarche, la procédure est hors-la-loi.

Dans un courrier retour adressé aux signataires, le président Anouma fait remarquer “ l’article 4.1.4 des statuts de l’UFOA réserve l’intiative de la convocation d’une AG aux seules prérogatives du bureau exécutif. ” Et l’ordre du jour de ladite assemblée est établi par ce seul organe. En outre, 60 jours sont nécessaires entre la convocation de l’AG et sa tenue effective. Le groupe de Lagos a foulé au pied ses principes. Pour contourner les textes de l’UFOA, les signataires de la motion disent se référer aux textes de la CAF et de la FIFA mais ne citent aucun article.

En fait, les statuts de l’UFOA ne sont qu’une copie conforme des textes régissant la CAF et la FIFA pour ce point-ci. C’est le président de la Fédération bénénoise de football, Anjorin Moucharafou, “un vieil ami” de Anouma, coopté à ce titre pour faire partie de bureau exécutif de l’UFOA qui a signé les lettres de convocation pour l’AG du 14 avril à Accra. A cette rencontre, le Togo, le Sénégal, le Libéria, la Guinée, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Mali, et le Ghana ont répondu présent.

En lieu et place de la motion du groupe d’Abuja, le président de l’UFOA, avait convoqué, à la date demandée, une rencontre à Abidjan pour discuter de la motion. Là, huit pays aussi ont également répondu présent. Il s’agit du Burkina Faso, de la Gambie, de la Guinée, du Niger, du Cap-Vert, du Togo, de la Sierra-Léone et la Côte d’Ivoire. C’est dire qu’entre la signature de la motion et la tenue de l’AG d’Accra, des pays comme la Sierra Léone, Le Cap-Vert et la Gambie ont fait machine arrière.

Une élection illégale

La réunion d’Accra n’a pas été convoquée dans les règles mais elle s’est déroulée tout de même. Mieux, des délégués de la CAF de la trame du général Séyi Mémène, vice-président de la CAF, Amadou Diakité et Almany Kabélé Camara, membres exécutifs de la CAF ont fait le déplacement d’Accra. Et dans son discours d’inauguration, le vice-président de la CAF s’est mis à justifier la rencontre en mettant en avance que pour des motifs similaires, “la même action avait été menée les années antérieures, pour écourter les mandats du Général Aminou du Nigeria et de Malik Sy du Sénégal”. Le représentant de la CAF, à ce sujet, a sans doute mal relu l’histoire. Le procès verbal des élections qui ont permis de déposer le Sénégalais Malik Sy disent autre chose.

En fait, ce président de l’UFOA a vu son mandat écourté sur demande de son pays. En effet, il venait de perdre son poste de président de la fédération et la nouvelle équipe ne lui a pas renouvelé sa confiance pour continuer à la tête de l’UFOA. Pour le cas du général Aminou, sa destitution s’est faite dans les règles de l’art. Il a même pu se présenter ce jour-là avant d’être battu.

Lors d’un point de presse donné à Abidjan par le président Jacques Anouma, le jeudi 3 mai, l’Ivoirien a réaffirmé qu’il était prêt à aller aux élections si tel avait été décidé dans le respect de la règle. “Je suis un enfant des élections. Je n’ai pas peur des votes." a dit Anouma. Mais les dissidents ne le lui ont pas permis. A Accra, un bureau placé sous les ordres du Nigérian Amos Adamu est né.

Le seul problème est que les dissidents n’avaient pas prévu les défections de dernière heure dans leurs rangs. Avec une bonne majorité, c’est-à-dire à 9, ils auraient pu délibérer avec force. Mais finalement, Accra n’aura pas la majorité voulue. Mieux, des huit, seul le Sénégal est à jour de ses cotisations et pouvait, de ce fait, faire partie du corps électoral aux yeux de la loi. Pour contourner cette disposition, Accra a pris d’entrée une motion inhabituelle qui efface toutes les dettes des pays présents afin qu’ils retrouvent tous leur droit de vote !
“Manifestement, on a décidé de torde le cou à la loi.

J’étais prêt à partir et le président de la République de la Côte d’Ivoire était même pour cette décision. Mais les pays qui ont opté de défendre la légalité m’ont convaincu du contraire. Nous avons un combat à mener pour la légalité. Et croyez-moi, j’irai jusqu’au bout” , a déclaré Jacques Anouma. Ainsi, sur recommandation de son groupe, il a saisi la CAF et la FIFA. Dans son accusé de réception, la CAF souligne qu’une enquête a été “immédiatement diligentée ” pour faire la lumière sur cette affaire.

Anouma, “l’adversaire soupçonné” de Hayatou

Après deux années de combat, de lutte pour redonner vie à la zone UFOA, le président Anouma avait presque réussi. Il avait pu obtenir le financement d’un tournoi de football avec tous les 16 pays de l’UFOA à Abidjan de la part de l’Etat ivoirien. La bonne nouvelle devait être portée à la connaissance des pays membres lors de la réunion du 14 avril d’Abidjan. En outre, le président Anouma en visite à Ouagadougou avait obtenu l’engagement de notre pays à accueillir la finale du tournoi à 8 initialement prévu pour se tenir au Nigeria, justement au pays du nouveau président mais mise en attente jusque-là pour aucun motif.

En fait, on peut même dire que l’UFOA avait même pu démarrer ses activités. On se souvient de cette compétition qui a réuni les 4 meilleures équipes de la zone à Bamako. Malgré la mention de ce calendrier dans la lettre d’invitation adressée aux pays membres pour la rencontre d’Abidjan, la dissidence a maintenu son calendrier. C’est donc dire que les raisons sont ailleurs.

En fait, ils sont de plus en plus nombreux à penser que les futures élections de la CAF sont à l’origine de la crise à la CAF. Effectivement la présence à Accra “des fidèles lieutenants de Issa Hayatou”, le général Mémène, Anjorin, Amadou Diakité ...interroge. “Depuis un certain temps, le cercle fermé des amis de Hayatou prête à Anouma l’intention de vouloir briquer le poste du Camerounais en 2009. A Khartoum, j’ai émis des réserves sur la nécessité de signer une motion de soutien à la candidature de Hayatou. Voilà mon pêché”, a indiqué le président Anouma.

Et l’Ivoirien de préciser qu’il n’était pas contre la fameuse motion mais pour lui, elle devait être signée par chaque association et non pas dans le cadre de l’UFOA. Le président Anouma a parallèlement fait le tour de l’Afrique pour rendre visite aux autres zones, à la zone CECAFA, par exemple où il a fait des dons de matériel. Il a également rendu visite à un pays comme Madagascar, l’Ile Maurice où il a laissé parler son cœur.

Pour l’entourage à Hayatou, ces actes annoncent des ambitions de l’Ivoirien pour la CAF. La crise provoquée au sein de l’UFOA n’est donc qu’une déstabilisation de celui qu’on pense qu’il osera affronter le Camerounais.

Seulement, “le manitou” de la CAF est-il au courant de la guerre que ces hommes ont déclaré à Anouma ? Le délibéré de la CAF nous situera davantage sur la question. En tous les cas, Anouma a averti, “je ne serai pas le président de la moitié de l’UFOA” Et il a l’appui de la Fédération burkinabè de football qui a fait l’option de la légalité.

Jérémie NION,
Envoyé spécial à Abidjan

Sidwaya

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