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Présidentielle française : Sarkozy au bout de son rêve

Publié le lundi 7 mai 2007 à 08h02min

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Nicolas Sarkozy l’avait rêvé, les français ont fait de son rêve une réalité... Par un peu plus de 53 % des voix contre 47 % à sa rivale du second tour, Ségolène Royal, les français ont porté leur choix sur le candidat de l’Union pour une majorité présidentielle (UMP) pour conduire leur destinée au cours des cinq prochaines années. A charge maintenant pour lui de redonner espoir et prospérité à une Nation au creux de la vague depuis une décennie.

Tout comme au premier tour (84 % des votants) les français sont sortis massivement le 6 mai 2007 pour porter Nicolas Sarkozy à l’Elysée. La vie du candidat de l’UMP a ainsi basculé en cette journée historique et, même si la victoire est belle, il aura peu de temps pour la savourer au regard de l’agenda politique et économique chargé et urgent qui l’attend.

Un agenda dont les premières dates significatives sont les 10 et 17 juin 2007 avec des législatives cruciales pour bénéficier d’une majorité de gouvernement. Au plan économique et social, il s’agira de voter un collectif budgétaire au cours d’une session extraordinaire du parlement en juillet dans lequel seront inscrites les priorités notamment fiscales du nouveau pouvoir.

Le projet de budget 2008 sera aussi ficelé dans la foulée mais surtout la loi de financement de la sécurité sociale 2008. Le budget 2007 de la "secu" (295,5 milliards d’euros) était en effet supérieur à celui de l’Etat (267 milliards), ce qui commande de faire part d’inventivité à travers cette loi. Autre chantier, le chômage dont les chiffres seront publiés le 30 mai et qui "paralyse" la France ainsi que les "feuilletons" industriels de la fusion Suez- GDF en panne et la restructuration d’Airbus, avec 10 000 suppressions d’emplois prévues.

Au plan international, l’otage français en Afghanistan, les prochains sommets du G8 et de l’UE et plus loin la définition de la nouvelle politique africaine de la France capitale malgré la rhétorique développée lors de la campagne constitueront les points d’orgue.
Pour que le rêve ne tourne pas au cauchemar, Nicolas Sarkozy a déjà parlé de "rupture", de la mise en avant de la "valeur du travail" et de la "lutte contre l’immigration clandestine".

Calme et constructif lors du débat télévisé qui l’a opposé à sa rivale socialiste, il a parlé de sa "volonté d’action", pour "résoudre" la crise morale française qui porte un nom : "la crise du travail".
Pour ce faire, il ne croit pas à "l’assistanat", au nivellement à l’égalitarisme, mais, "au mérite, à l’effort, à la récompense, à la promotion sociale et plus que tout au travail".

L’argent, cette denrée rare

Et de jurer la main sur le cœur qu’il ne trahira pas les français, dans le plus pur style "blairiste" (Tony Blair, Premier ministre britannique et adepte du "parler vrai") même si à l’analyse il risque d’y avoir loin de la coupe aux lèvres. En effet, où trouver les 50 milliards d’euros nécessaires au financement de cet ambitieux programme au moment où la dette française dépasse 60 % du PIB ?

Un endettement catastrophique qui a paralysé les secteurs capitaux de la recherche et de l’innovation, sinistré l’industrie française et fait faire un bond prodigieux au chômage et au mal-être qui va avec. "Bravo l’illusionniste", serait-on tenté de dire avec une opposante française, Nicolas Sarkozy ayant réussi à se présenter en homme de la rupture et du changement, tout en étant comptable de ce bilan.

"L’homme du passé et du passif", comme l’a qualifié Ségolène Royal lors du débat, aura donc fort à faire pour "écrire une nouvelle page de l’histoire de la France" avec les questions pendantes de sécurité et d’immigration et la série de réformes économiques libérales qu’il veut entreprendre alors que le nerf de la guerre fait cruellement défaut. Il apparaît évident qu’il ne pourra pas réformer sans brutaliser, tous les secteurs porteurs étant précarisés.

Et l’Afrique ?

Une révolution bourgeoise qui se profile, en somme, avec une hyper-protection des classes aisées (moins d’impôts a promis "Sarko") pour leur permettre de "tirer" l’économie. On saura très vite si les français ont fait le bon choix, même si de l’autre côté de la Méditerranée, on est sceptique. Même si Sarkozy a invoqué une "union méditerranéenne", trait d’union entre l’Europe et l’Afrique, promettant "d’aider" le continent à "vaincre la maladie et la pauvreté", on attend, là aussi, de juger sur pièces.

Sur les questions monétaires, notamment avec cette parité euro-franc CFA qui commence à nous coûter cher avec la flambée de cette monnaie face au dollar. La "fin" programmée des "réseaux", (?) signifiera-t-elle enfin la décolonisation monétaire et financière du continent ? Les africains, en tout les cas, devront saisir cette opportunité pour ouvrir ce débat salvateur.

Tout comme la délicate question des APE (Accords de partenariats économiques) devra être tranchée positivement (il faut les renvoyer aux calendes grecques) si "Sarko" veut faire de sa "politique de développement ambitieux" en direction de l’Afrique, une réalité. L’aide qui assassine l’aide et un partenariat débarrassé des arrières-pensées colonialistes, voilà la panacée.

L’euphorie passée, le nouvel homme fort de la France aura donc du pain sur la planche, pour moderniser son pays, le rendre compétitif et incontournable et rassurer ses traditionnels partenaires africains sur la fin de "l’Afrique à papa". Dans l’hypothèse où il gagnerait les législatives de juin avec François Fillon, Jean-Louis Borloo ou un autre à la barre comme Premier ministre. On le voit, la politique est un combat permanent.

Boubacar SY

Sidwaya

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