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Elections : Le peuple a raison

Publié le lundi 7 mai 2007 à 08h48min

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Journée de suspens hier 6 mai 2007. Le peuple burkinabè a été appelé à voter ses représentants à l’Assemblée nationale. En même temps, il avait une oreille tendue du côté de la France pour connaître le nom du nouveau locataire du palais de l’Elysée.

En votant Nicolas Sarkozy avec un taux de 53% contre 47% pour sa concurrente, les Français ont montré qu’ils n’étaient pas près de franchir le pas décisif de porter une femme, Mme Ségolène Royal, à la tête de la République.

Sarkozy est convainquant et pugnace certes, mais il reste un produit de la droite, au pouvoir depuis 1995, date de la première élection du président sortant Jacques Chirac. Ainsi, hormis la parenthèse de la cohabitation avec le Premier ministre socialiste Lionel Jospin de 1997 à 2002, la France est résolument vissée à droite pour cinq ans encore. Les socialistes trouveront-ils un jour un homme de la trempe de François Mitterrand, président de 1981 à 1995, pour reconquérir l’Elysée ?

Alors que Ségolène Royal comptait favoriser les plus démunis en utilisant les ressources publiques pour instaurer une société plus juste, Sarkozy, conformément à l’ idéologie libérale, s’engage à dynamiser la France en libérant les classes moyennes, en réduisant le poids de l’Etat, les impôts et les charges sociales, en prônant le travail, la méritocratie. Sans doute, les Français ont cru à la capacité de ce sémillant quinquagénaire, petit-fils d’un immigré hongrois à changer le cours de leur existence quotidienne.

Avec Nicolas Sarkozy, 6e président de la Ve République et 22e de la République française, c’est sans doute un tournant dans les relations franco-africaines qui va se redessiner. Même si les pouvoirs africains auraient voté Sarkozy et les oppositions, Ségolène Royal, le style et la manière subiront incontestablement des changements.

En promettant une politique de développement ambitieuse pour l’Afrique, les premiers mots de l’élu à l’adresse des Africains sont cependant rassurants, l’opinion publique africaine ayant jusque-là gardé en mémoire les termes effrayants « d’immigration choisie, de racaille et de nettoyage au kärcher », sortis de la bouche de l’ancien ministre de l’Intérieur, aujourd’hui élu président de la République française.

Des enjeux évidents

Après une campagne électorale de trois semaines, calme, voire morose pour certains, les Burkinabè ont pris d’assaut les bureaux de vote hier dès 6h pour élire les 111 députés de l’Assemblée nationale. En réalité, presque partout, ce n’est pas la foule des grands jours, mais c’est l’un après l’autre que les électeurs sont allés voter. Au total ce sont 3691 candidatures présentées par 47 partis politiques qui ont pris part à ces élections législatives, les quatrièmes consécutives depuis 1992.

Si le système électoral comporte encore des insuffisances, avec des dénonciations de fraudes et d’échauffourées à certains endroits, la classe politique burkinabè, au fil des élections, semble avoir acquis une maturité suffisante, permettant à notre pays de figurer sur la liste des pays démocratiques africains.

En tous les cas, ce sont quatre mille observateurs nationaux et internationaux qui ont été témoins des opérations qui, si elles ne sont pas exemptes de problèmes ne sont pas moins transparentes et régulières dans l’ensemble, à entendre nombre d’entre eux. En tout état de cause, la fraude électorale, les manipulations, les dénonciations sans preuves, les contestations injustifiées, sont une gangrène, préjudiciable au processus démocratique et à la paix sociale.

Les enjeux de ces quatrièmes législatives sont évidents. Après l’élection présidentielle du 13 novembre 2005 qui a vu l’élection du président du Faso Blaise Compaoré avec un taux de plus de 80%, le favori de ce scrutin, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) entend conserver la majorité des sièges à l’Assemblée nationale pour assurer la mise en oeuvre du programme présidentiel. `

Le CDP fera-t-il mieux ou moins qu’en 2002 ? A la législature finissante, le parti présidentiel avait totalisé 57 sièges contre 54 pour les autres partis concurrents. Dans le prolongement de l’affaire Norbert Zongo et à la faveur du scrutin proportionnel au plus fort reste, l’opposition, il faut le reconnaître, était à l’époque sur une pente favorable.

Pourra-t-elle rééditer l’exploit de 2002 ? C’est tout l’enjeu de ce scrutin que certains voudraient voir comme un vote d’adhésion, tandis que d’autres s’attendent à un vote de rejet de la politique en vigueur.
En démocratie, le peuple a raison. Puissent les urnes donner la vraie configuration des forces politiques en présence, afin que le citoyen électeur se retrouve dans les résultats du vote.

Par Jean-Paul KONSEIBO

Sidwaya

P.-S.

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Vos commentaires

  • Le 7 mai 2007 à 18:34 En réponse à : > Elections : Le peuple a raison

    Du calme à Sidwaya !! Nous ne sommes quand même pas le modèle démocratique de l’Afrique quand même ! C’est l’affluence d’un électorat conscient des enjeux aux scrutins qui est le véritable baromètre de la vitalité d’un processus. Or au Faso, nous n’avons ni l’un, ni l’autre ! Il y a encore du chemin...

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