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Aline Koala : “Le CDP attire...”

Publié le vendredi 4 mai 2007 à 08h43min

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Aline KOALA

Mme Aline KOALA est 2e titulaire sur la liste des candidats CDP dans la province du Boulkiemdé. Après 19 meetings dans la province nous l’avons rencontrée à Koudougou le samedi 28 avril pour un bilan à mi-parcours de la campagne alors que l’équipe s’apprêtait à se rendre à Nandiala, Kindi et Siglé.

C’est en tous cas une candidate confiante qui a accepté s’exprimer. « Ce qui est sûr, c’est le CDP qui est plus visible dans notre région. Nous sommes donc bien partis... », foi de Mme KOALA

Comment sentez-vous la campagne électorale ; d’abord en tant que citoyenne et en tant que candidate du parti au pouvoir, le CDP ?

Aline KOALA (AK) : Merci de vous intéresser à cette actualité majeure de notre pays en ce moment. Je le ressens beaucoup plus en tant que candidate. Un peu partout on remarque l’effervescence électorale. En tant que citoyenne, je suis personnellement contente que le pari de ces rencontres si importantes pour la démocratie et pour la stabilité de notre pays, soit cette fois encore tenu. Et nous espérons que ce soit une tradition installée pour de bon, parce que c’est très important pour un pays en voie de développement d’avoir des institutions stables.

Comme candidate, j’ai des sentiments beaucoup prononcés, parce que c’est ma première expérience... Une vie que je découvre, une expérience que je trouve très enrichissante. Pourquoi ? Parce que du point de vue humain d’abord, je me suis ressourcée au niveau de ma région ; je me suis davantage rapprochée des populations ; c’est vrai que j’y ai une maison et je vais régulièrement chez moi, mais l’expérience électorale et différente.

On va dans les profondeurs des campagnes pour s’adresser aux gens et cela nous permet d’avoir une certaine chaleur humaine. Cette expérience qui consiste à aller partout, dans le plus petit hameau, échanger avec les parents... Je découvre que la campagne électorale est une école, c’est un autre moyen de gestion. Parce que ce n’est pas seulement des discours électoralistes que nous faisons, ce n’est pas seulement les meetings classiques que nous faisons...

Nous saisissons ces occasions pour expliquer au monde rural surtout, ce que c’est que l’Etat, son fonctionnement ... Il faut expliquer aux populations l’importance du vote, l’importance de l’Assemblée nationale dans le mécanisme de la gestion de notre pays pour la résolution des problèmes de développement qui sont entre autres, l’éducation, la santé, l’eau... Bref, je vis la campagne comme une école participative avec les populations. Une école de "mûrissement" politique pour moi-même et de meilleure connaissance des populations.

Vous êtes candidate au Boulkiemdé, une province qu’on dit difficile, qui alterne de temps à autre le CDP et l’Opposition, notamment avec l’UNDD de Hermann YAMEOGO qui en a fait son fief... Comment se présente la situation pour cette élection ?

A.K : Je peux dire d’emblée que pour cette élection, le "coup", c’est pour le CDP. Pourquoi ? Parce qu’on sent le CDP très présent dans la province. Personnellement j’ai fais 19 meetings à ce jour et partout où on est passé, le CDP attire... Il y a quelques manifestations de partis d’opposition où nous sommes passés mais quand on voit le degré de mobilisation, nous pensons que ce n’est pas seulement de foule... nous observons certains meetings d’autres partis mais ce n’est pas le même degré de mobilisation.

C’est ce qui me fait dire que ce coup-ci, c’est pour le CDP au Boulkiemdé. On constate aussi qu’au niveau de l’Opposition, ils ont des difficultés au niveau de leurs listes et cela joue probablement sur la compréhension des militants... Ce qui est sûr, c’est le CDP qui est plus visible dans notre région. Nous sommes donc bien partis.

Chaque parti parle de campagne de proximité, comment cela se vit au niveau de votre province ?

A.K : Au niveau du Boulkiemdé, nous avons 15 départements, avec 4 candidats. C’est donc la campagne de proximité comme vous le dites. Nous ne nous sommes pas contentés d’organiser de grands meetings aux chefs-lieux de départements, mais nous avons divisé les 15 départements en axes. Chaque candidat a en charge 1 axe constitué de 3 ou 4 départements. Chacun travaille en coordination avec les directeurs départementaux de campagne. La stratégie, c’est aller dans les villages, dans les quartiers pour rencontrer les gens et les inviter au retrait des cartes d’électeurs et à sortir le 6 mai pour le vote.

Les échanges sont conviviales et permettent de parler directement aux populations. j’ai même opté pour la mise en scène pour expliquer aux gens comment bien voter. J’ai une petite troupe de théâtre qui m’accompagne et on fait la démonstration du vote avec le spécimen. On simile tous les cas de figure et on donne la parole à la population. En fait le théâtre-forum pour le bon vote...

Et il y a aussi le cas de l’encre qu’on ferme et certains ne savent pas comment faire... Je pense que la campagne de proximité est plus instructive pour les populations que les grands meetings. Mais, nous optons pour les deux. Chaque candidat fait d’abord la campagne de proximité. Si je prends mon cas, ma zone est constituée de plus de 30 villages. J’ai fait plus de la moitié et il reste encore quelques rencontres au niveau de Sourgou, Sabou... après ces rencontres, il y a les meetings départementaux...

Tous les 15 chefs-lieux de départements vont être couverts par ces meetings... Les grands meetings sont donc aussi importants à la fin pour rassembler tous les villages du département. Ce qui fait que tout le monde se sent concerné. C’est aussi un moyen de galvanisation.
Je pense que ces deux méthodes qui sont importantes se complètent.

En tant que femme, est-ce que vous avez des difficultés particulières par rapport à la campagne ?

A.K : Je trouve qu’en tant que femme c’est un avantage. Partout où je passe, il y a une sorte de synergie entre les femmes et moi... Elles se sentent plus proches parce que je suis une femme au point que celles de Sourgou m’ont demandé de venir les rencontrer... Certains chefs les invitent à sortir en disant que c’est votre coépouse, vous devez la soutenir pour qu’elle réussisse.

Un disait que les femmes sont plus aptes à donner et à partager, donc il faut la soutenir... Je pense que être femme ce n’est pas du tout un handicap. Nous avons constaté que les meetings, c’est la mobilisation féminine et je pense que c’est positif.

Quels sont vos espoirs et vos craintes pour la campagne électorale et pour le 6 mai ?

A.K : Je commence par le moins bon pour terminer par le meilleur... Mes craintes, c’est qu’à ce jour, il y a des petites poches de résistances par rapport au retrait des cartes surtout dans les zones urbaines. Je sais qu’en zone rurale le taux de retrait des cartes est satisfaisant. J’ai été dans des villages. Sur 581 inscrits par exemple, il restait seulement 54 cartes... Dans certains villages le taux avait atteint plus de 80%. Mais dans les zones urbaines, le taux est sensiblement bas. Au niveau des grandes villes, le taux est faible. Au niveau de Ouaga, j’entendais parler de 30% dans certains secteurs...

Comme espoirs, je souhaite que mon parti sorte majoritaire. En tout cas une majorité confortable à l’Assemblée pour accompagner la mise en œuvre du programme quinquennal du chef de l’Etat. Parce que si après toutes ces batailles, on se retrouve avec une faible majorité, ce serait très compliqué... Donc ma crainte, c’est le faible taux de retrait des cartes dans les grandes villes qui concentrent malheureusement le maximum d’électeurs et que cela ne joue pas sur le taux de participation.

Je souhaite donc le retrait des cartes et que les gens votent massivement le 6 mai et qu’ils votent bien, parce que si je prends notre province, on a 15 partis et sur le bulletin, cela complique un peu avec les logos, les couleurs... ce n’est pas facile. Nous on brandit la daba, l’épi et l’eau. Ce qui veut dire qu’avec ces instruments, le paysan a l’espoir de récolter... C’est autant de petites choses qui peuvent jouer en faveur des bulletins nuls.

Drissa KONE à Bobo-Dsso

L’Opinion

P.-S.

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Vos commentaires

  • Le 4 mai 2007 à 10:20, par Léon OUEDRAOGO En réponse à : > Aline Koala : “Le CDP attire...”

    Avec tout le respect due à cette dame, je voudrais quand même attirer l’attention sur des phrases de cette interview qui me paraissent réveler certaines choses :

    1. "...certains chefs les invitent (les femmes) à sortir en disant que c’est votre épouse, vous devez la soutenir...". Ici, ce n’est pas l’implication de nos chefs coutumiers dans le CDP qui est nouvelle et inquiétante, mais la conscience acquise par nos candidats que ceux-ci demeureront pour notre démocratie d’importants relais pour la mobilisation, surtout de celles dont l’éducation confine à une obéissance quasi religieuse, je veux parler de nos femmes en campagne.

    2. "...Un (des chefs coutumiers) disait que les femmes sont plus aptes à donner et à partager, donc il faut la (elle-même) soutenir...Je pense que être une femme ce n’est pas du tout un handicap.." Là, c’est beaucoup plus inquiétant, et ce, à plusieurs titres. Cette aptitude à donner et à partager montre que l’on ne semble pas voter pour les idées et les programmes, mais pour le plus offrant en gadgets, et en somme d’argent ; et puis, d’où tire-t-elle ces "choses" pour lesquelles du fait qu’elle soit FEMME, elle serait plus apte à donner et à partager ? Les hommes sont-ils vraiment si pingres que cela au vu des autres meetings "géants" de certains leaders (hommes) du CDP ?

    3. "...Nous (au CDP) on brandit la daba, l’épi et l’eau. Ce qui veut dire qu’avec ces instruments, le paysan a l’espoir de récolter..." Doit-on traduire par : Nous au CDP, on vous (les paysans) donne les semences, de quoi entretenir vos champs (la daba), et on fait venir la pluie ? Je peur de ne pas bien comprendre...

    Sans autres commentaires !!!

    • Le 4 mai 2007 à 20:19 En réponse à : > Aline Koala : “Le CDP attire...”

      Cela est peut-être dû au fait qu’elle est "novice" dans le domaine (elle l’a dit elle-même). Ailleurs, un tel cumul de bavures conduirait à rendre purement et simplement le tablier ministériel. Mais comme elle a insisté sur le fait qu’elle n’est pas arrivée au Gouvernement par son propre fait (elle l’a dit également), on peut peut-être tolérer ce "début difficile". Je me demande franchement à quoi servent au sein des Cabinets Ministériels les Conseillers Techniques et les Directeurs de presse ministériels...

  • Le 4 mai 2007 à 18:11, par José En réponse à : > Aline Koala : “Le CDP attire...”

    Les ministres qui font campagne doivent être mis en congés du Gouvernement. On ne peut pas affronter des adversaires politiques sur le terrain et venir le merceredi qui suit prendre "sereinement" des décisions en Conseil des Ministres qui engagent la collectivité, y compris les adversaires. Il y a un problème de cumuls incompatibles ici...

  • Le 7 mai 2007 à 18:35 En réponse à : > Aline Koala : “Le CDP attire...”

    ..Vous aussi !

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