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Débat Ségo-Sarko : La surprise Royal !

Publié le vendredi 4 mai 2007 à 08h19min

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Sarkozy et Royal

Très attendu par des millions de téléspectateurs à travers le monde, le débat qui vient d’opposer les deux finalistes de la présidentielle française, Nicolas Sarkozy de l’UMP et Ségolène Royal du parti socialiste, aura donc eu du punch et pratiquement tenu ses promesses !

Piques, réparties, aplomb, le tout dans un climat d’appréciation, de considération et de respect mutuels, avaient de quoi donner à cette épreuve exaltante de démocratie, du mordant et, à bien des égards, du charme.

Partie avec des préjugés plus ou moins défavorables, donnée pour laminée face au redoutable Sarkozy, Ségolène Royal aura donc prouvé qu’elle n’est pas femme à se laisser désarçonner. Mieux, dès l’entame du "match", elle prend les devants, pousse plus loin en faisant montre d’une pugnacité qu’on ne lui connaissait pas encore, ce qui ne manque pas d’agacer, par moments, son rival de l’UMP. Elle n’est visiblement pas venue les mains nues et, pour elle, la meilleure façon de se défendre, surtout dans sa position de challenger, c’est d’attaquer et toujours attaquer. Ségolène Royal a assurément surpris.

Quant au candidat de l’UMP, il est tenu de donner aux Français l’image d’un personnage qui a appris à dominer son agressivité, à maîtriser son impulsivité, à contrôler son tempérament fougueux. L’un des grands enjeux, c’est de montrer aux Français qu’il sait rester calme, serein, zen. Au point qu’il veuille même entraîner sa rivale sur le terrain de la courtoisie et de la tendresse. Peine perdue.

Elle se démarque de son jeu, griffe, mord et ne manque pas de jouer, le moment venu, sur le pathos quand, au sujet des handicapés, elle dénonce "l’immoralité politique" de son adversaire. La contradiction est si forte et la répartie si cinglante que le candidat de l’UMP n’a pas le temps de dérouler son art oratoire. Pour le candidat UMP, mais beaucoup plus pour la candidate socialiste, c’est un passage réussi.

Chacun a défendu ses convictions, a dit tout ce qu’il avait de profondément grand à donner à la France, en tant que candidat. Et c’est en cela que la réplique de Nicolas Sarkozy à Royal n’a pas souffert de clarté quand, tout en reconnaissant qu’il était comptable du bilan du gouvernement, il a pour autant fait valoir que ce n’était pas l’ancien ministre de l’Intérieur du gouvernement Villepin qui se présentait aux Français pour solliciter leurs suffrages, mais le candidat et rien que le candidat, qui a tant à donner à la France.

Pour tout dire, si Nicolas Sarkozy n’a pas gagné, il n’a pas non plus perdu. Et si Ségolène Royal n’a pas perdu, elle a gagné. D’autant que la candidate socialiste ne partait pas avec les faveurs des pronostics. Cela dit, si tous deux ont eu le sentiment du devoir accompli au terme de leur face-à-face, il faut tout de même regretter que la politique étrangère de la France et les rapports de l’Hexagone avec le reste du monde aient été quelque peu survolés au cours du débat. Bien des téléspectateurs sont certainement restés sur leur faim. Certes, la délicate question de l’immigration, le dossier du nucléaire iranien, le problème soudanais ont été des sujets pour lesquels les deux finalistes ont pu prendre position devant des millions de téléspectateurs.

Mais absolument rien sur les tragédies somalienne, irakienne, sur le conflit israélo-palestinien. Bref, toutes ces pulsions et convulsions du monde sur lesquelles le reste du monde, l’Afrique en particulier, aurait voulu entendre les deux prétendants à la magistrature suprême française. Quoi qu’on dise, dans l’ensemble, ç’aura été un débat palpitant.

Si, comme on le dit çà et là, ce débat n’est pas généralement de nature à faire basculer le scrutin dans un sens ou dans un autre, l’hypothèse qu’il ait un impact sur les indécis et sur les 5,8 millions d’électeurs qui ont voté au premier tour pour François Bayrou, n’est pas à écarter. Reste à savoir si ce débat pourrait combler le retard accusé par la candidate socialiste, si les voix des électeurs centristes se portaient plus sur Ségolène Royal.

Et puis, il y a l’appel à l’abstention de Jean-Marie Le Pen. Jouera-t-il, pour autant, pour l’un ou l’autre des candidats, et dans quelle proportion ? Voilà qui pourrait en rajouter à l’incertitude des deux candidats et particulièrement de Nicolas Sarkozy, qui s’est certainement encore mis à dos quelques électeurs centristes suite à ses derniers coups de griffe contre le candidat de l’UDF.

En tout état de cause, rien n’est gagné d’avance.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 4 mai 2007 à 14:16, par Nickzem En réponse à : > Débat Ségo-Sarko : La surprise Royal !

    Félicitations pour l’article !

    Une telle analyse, c’est bien ce qu’on attends de nos journalistes ! L’objectivité des propos, l’adresse des mots, font tout simplement qu’on voit schématiquement le débat du 02 mai.
    Sans voouloir vous voler la vedette, il faut dire que Royal a surpris plus d’un, même Sarkozy. Toutefois, il reste à voir tout le travail fait par ses agents de communications, ses conseillers, ses proches... Ils en ont fait tellement que l’observateur attentif, s’en est rendu compte. C’est du reste pourquoi l’impact du débat, malgré la brillance de Royal, n’est pas significatif sinon en faveur de Sarkozy.
    En outre, vous faites si bien, que la politique extérieure française a brillé par le silence des deux candidats. Rien d’étonnant, car la France connait ses limites nternationales et démeure même en ce qui concerne l’Afrique francophone, menacée. Ne soyez pas étonné si Sarkozy opte pour une immigration choisie, ce qui lui vaut un mérite comparé à son adversaire, qui est restée éloquente par son silence !Plus floue qu’elle, on en rencontre pas dans la politique d’aujourd’hui à cet effet.
    A m’en tenir à ces deux points, je vous félicite, une fois de plus pour un article digne d’un journalisme appelé à plus d’objectivité. Merci "Le Pays".

    • Le 4 mai 2007 à 18:27 En réponse à : > Débat Ségo-Sarko : La surprise Royal !

      Merci de nous faire vivre et revivre par des mots ce debat qui a retenu plus d’un dans les salons et cela au detriment du match de foot de la league des champions europeenne. Ce fut un debat de taille et chacun a eu sa part de verité.
      Loin d’etre sarkoziste, je deplore que Royal n’est trouvé aucune action positive du gouvernement présent.

  • Le 4 mai 2007 à 17:04, par alex En réponse à : > Débat Ségo-Sarko : La surprise Royal !

    Leçon de Democratie
    En tout ca ,j’espère que nos hommes politiques ont suivit avec interêt ce débat télévisé.Je pense pour ce qui ont bien suivit ce débat,il n’a été mensionné dans aucun cas des construction de route,de dispensaire...et que sais-je des promesses imaginaires.Ce qui m’a beaucoup impréssioné c’est la qualité de ces hommes ,que ca soit Sarkozy ou Royal à maitriser les difficultés et problèmes que rencontrent leur pays et cette dynamique politique à essayer de les solutionnés.Nous sommes en plein campagnes législatives et cette plaïdes de partis politiques qui ,ceratains ne savent même pas pouquoi ils vont en campagnes et espèrent pourtant conquerir des electeurs.Je pense que ces partis doivent encore réflechir et qu’ils sachent qu’on ne peut gouverner un pays sans un programme qui arrange vraiment la population.
    Quant au débat ,j’ai vraiment apprécier et je suis vraiment un admirateur de Royal et je pense que les français feront un bon choix car tout est possible.Et que Sarkozy retournera d’ou il est vennu.
    Merci

  • Le 4 mai 2007 à 17:45, par Le Gonze En réponse à : > Débat Ségo-Sarko : La surprise Royal !

    Pour battre Sarko, il aurait fallu que la "belle" Ségo l’attaque et le pousse dans ses derniers retranchements (ce qu’elle a effectivement tenté), et que dans le même temps Sarko accumule les fautes, ce qu’il ne semble pas avoir trop fait, sinon pas du tout. Pour Ségo, c’était bien tenté, mais la formidable machine de campagne de l’UMP a vite fait de plier le vote depuis bien avant le 1er tour, car Sarko est resté constant dans les sondages depuis la mi-janvier, et il n’y a pas eu que Le Pen qui ait souffert de la doctrine du vote utile (donc du bon taux de participation du corps électoral) ou du "hold-up" sur son programme politique comme il a dit le 1er mai dernier ! Vous imaginez la constance de Sarko dans l’électorat ?!! Et puis, le débat n’a fait que confirmer les positions du 1er tour (clivages droite - gauche), car la messe semble déjà dite, a en croire les sondages d’après. Si Sarko avait eu en face un DSK (Dominique Strass-Kahn) tout au long de la campagne et surtout lors de ce débat télévisuel, les choses auraient certainement été plus différentes, et l’espoir serait alors permis. Je crois que Sarko président de la France est maintenant plus qu’une simple hypothèse ; c’est même une réalité qui est plus que probable (cela n’engage bien sûr que moi).

    Et puis, si vous vous rappellez comment Sarko s’est imposé dans son propre camp, cela vous donne une idée de sa pugnacité, et du fait que son projet Elyséen était mûri depuis longtemps ! Maintenant, c’est vers les législatives de juin qu’il faut regarder, surtout pour Bayrou qui aura pendant ces cinq ans beaucoup de choses à "régler" avec Sarko et l’UMP, si ce n’est le contraire au vu des nombreuses amabilités qu’ils échangent en ce moment. Quant au PS, après avoir éffacé la tragédie d’avril 2002, il lui faudra se battre pour que la bourrasque de la présidentielle n’emporte pas son nombre actuel de députés, et travailler les cinq ans qui viennent, non seulement à répertorier les insuffisances du programme Sarko (comme lui l’a fait pour pour le PS, pour ensuite les égrenner avec tant de méthode et d’assurances. D’aucun diront d’arrogance), mais surtout à construire un programme plus crédible au triple plan de la dette, de la croissance (y compris avoir une position plus claire sur les 35 heures) , et du chômage. Si Ségo perd dimanche, se sera en partie parce que sur ces reponses, son programme n’aura peut-être pas été soit suffisamment clair, soit suffisamment expliqué et détaillé. Je suis même tenté de dire que c’est maintenant que commence la campagne présidentielle de 2012 pour le PS (et pour Bayrou aussi).

    Ahhh ! Si seulement Bayrou était au second tour... Je vous invite à lire (ou relire) le discours qu’il a prononcé avant de rencontrer Ségo ; un vrai chef-d’oeuvre de clairvoyance démocratique ! (je sais, cela n’engage là également que moi !)....

    Rendez-vous en 2012.

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