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Carnet de route : Une matinée avec Condoleezza Rice

Publié le jeudi 3 mai 2007 à 08h09min

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Condoleezza Rice

Du 7 au 28 avril 2007, 182 journalistes venus des quatre coins du monde ont été les hôtes du Département d’Etat américain, dans le cadre d’un projet dénommé « Programme Edward R. Murrow pour les journalistes ». Parmi ces visiteurs internationaux figuraient 16 hommes et femmes de médias originaires de 15 pays d’Afrique francophone subsaharienne.

Et dans l’emploi du temps des plus chargés concocté par les organisateurs, l’une des rencontres les plus attendues a eu lieu le mardi 10 avril 2007 : celle avec la patronne de la politique extérieure des Etats-Unis, l’icône du gouvernement Bush, la Secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice.

Depuis leurs aéroports respectifs, une question taraudait les journalistes africains en partance pour les Etats Unis : quel temps il fait dans la ville de Washington, leur premier point de chute ? Ils avaient bien raison. Cette inquiétude était fondée, car, à leur arrivée, voilà que Dame météo, dont les Américains ne sont pas arrivés jusqu’à présent à dompter les phénomènes, affichait deux degrés sur les écrans de l’aéroport international Dulles de la capitale politique.

Donc un temps à ne pas mettre un chien dehors, sachant surtout que Dieu seul sait combien les animaux de compagnie sont chéris dans cette ville. A ce propos, notre confrère venu du Niger voisin et qui avait déjà visité le pays de l’oncle Sam en 1985 nous a relaté une anecdote bien savoureuse. En promenade dans les artères d’une ville, il avait assisté à l’arrivée, toutes sirènes hurlantes, de sept véhicules de pompiers qui investi l’avenue.

Il se demandait ce qui pouvait bien expliquer cette impressionnante présence des soldats du feu. Et un riverain de lui donner la réponse : il s’agit du chat d’une bonne dame qui est entré dans une cabine électrique et il fallait coûte que coûte le sortir de là.

D’ailleurs, pour ces étrangers venus d’Afrique, qui avaient abandonné leurs 20, 30 ou 40 degrés à l’ombre, il fallait faire avec le froid. Ils ne sont pas dans la capitale politique pour rester emmitouflés dans les draps du Marriott Hôtel, leur premier site d’hébergement.

Un programme typiquement américain les attendait : celui des Visiteurs internationaux. A lire le document de travail distribué, il a été lancé depuis 1940 et tente de forger une entente mutuelle entre les Etats Unis et les autres nations, grâce à des visites professionnelles aux Etats-Unis, soigneusement conçues pour les leaders actuels et émergents.

Ces « invités VIP » du Département d’Etat peuvent être issus de gouvernements, des médias, de l’éducation, des organisations non gouvernementales, des arts, de la santé publique, de la sécurité internationale, du commerce ou d’autres secteurs. Plus de 225 chefs de gouvernement et d’Etat, actuels ou anciens, et autres leaders éminents des secteurs privés et publics ont déjà voyagé vers les USA sous ce label.

Pour photographier Condi, il faut rester assis Cette année, le projet destiné aux journalistes portait le nom d’un reporter américain talentueux et bien courageux de la chaîne de télévision CBS. Il s’agit d’Edward R. Murrow, qui, pendant la guerre froide, avait décidé d’utiliser son émission pour lutter contre la chasse aux communistes décrétée par le sénateur Joseph McCarthy.

D’où la présence en Amérique de cette fournée de journalistes africains du Sud du Sahara ayant en commun l’usage de la langue française. Mais avant d’entrer dans le vif du programme, ils ont, avec la centaine d’autres confrères venus d’ailleurs, été reçus par une personnalité, et non des moindres, de l’équipe Bush. Il s’agissait de la patronne du Département d’Etat, Condoleezza Rice.

En ce matin froid du 10 avril donc, dès 7 heures, s’est formée devant l’entrée ouest du siège du Département d’Etat sis à la 23e avenue, une longue file de curieux, qui voulaient « voir de leurs propres yeux » celle qui est considérée par les amateurs de clichés comme la femme la plus puissante de la planète.

Le froid était également au rendez-vous et beaucoup grelottaient. Surtout qu’il fallait venir tôt pour espérer passer à travers les mailles d’une sécurité impressionnante avec de multiples scanners à l’appui. Et ce n’est pas tout ! Pendant la rencontre avec la « dame de fer », il est possible de prendre des photos, avec cependant ce détail qui paraîtrait superflu sous nos tropiques : il faut le faire avec de petits appareils et il est interdit de se lever pour cela. D’ailleurs, partout ailleurs, la phobie sécuritaire est omniprésente.

En effet, dans toutes les villes américaines, l’on a comme l’impression que les attentats du 11 septembre ont eu lieu la veille. L’excès de précautions pour filtrer les visiteurs frise l’obsession ; et la moindre entreprise a son scanner et ses vigiles aux mines patibulaires postés devant les principales entrées. Il en va jusqu’aux sièges des journaux.

A 10h30 très précises, l’ancienne professeure en sciences politiques, qui fut doyenne de l’université de Stanford pendant six ans et avait par conséquent un budget annuel de, excusez du peu, 900 milliards de francs CFA, fait son entrée. D’un pas alerte, Condoleezza Rice se dirigea vers la tribune et les flashs des multiples appareils photos se mirent à crépiter. Elle entama aussitôt la rencontre sur le rôle important que joue la presse et les risques encourus par les journalistes pour un monde de liberté et de démocratie.

Bref, un bla-bla-bla habituel, qui passe naturellement sous silence le nombre de scribouillards morts en Irak dans une guerre tant décriée, même dans les foyers américains les plus républicains. Après cette déclaration liminaire, chaque région, par l’intermédiaire de son représentant, devait poser une question en rapport avec sa zone d’origine.

Pour cette tâche et en ce qui concernait les journalistes ressortissants de l’Afrique francophone subsaharienne, le hasard du tirage au sort est tombé sur Norbert Tchana Nganté, président du Syndicat des journalistes du Cameroun. Honneur ou redoutable honneur ? C’est selon. La question, qui avait été rédigée par le groupe, était libellée ainsi qu’il suit : Quelle est la nouvelle stratégie des Etats-Unis pour lutter contre les différentes crises en Afrique subsaharienne, comme la mal gouvernance, la pauvreté, le Sida, la guerre au Darfour et autres conflits armées ? Une interrogation qui peut paraître un peu bateau, mais qui avait l’avantage d’embrasser plusieurs sujets.

Rencontre avec des journalistes hors normes Toujours est-il que cela permettra au Dr « Condi » de parler de ces « millions de dollars » injectés dans la bonne gouvernance en Afrique, sans oublier ces « billions » de dollars américains pour la lutte contre le Sida et la malaria. Sur le Darfour, elle a assuré la volonté du gouvernement américain de voir la paix y revenir et a même juré, la main sur le cœur, y avoir visité un camp de réfugiés il n’y a pas longtemps de cela.

Malgré tout, les auditeurs ne semblaient pas en demander plus et n’en voulaient pas à la première diplomate du pays de l’Oncle Sam d’user de la langue de bois. Le contraire aurait d’ailleurs étonné. En réalité, l’essentiel pour ces journalistes visiteurs, c’était de voir de près cette gracile dame visiblement dotée d’une belle assurance quand elle s’exprime. Elle qu’on connaît surtout à travers les écrans de télévisions et qui semble être comme faisant parti des plus grands supporters de Georges Bush devant l’Eternel.

Pendant la vingtaine de jours passés aux Etats-Unis, les seize journalistes de l’Afrique subsaharienne parlant le français ont séjourné dans des villes comme Washington, Annapolis, Baltimore et Houston. Pour se familiariser avec les pratiques journalistiques américaines. Ils ont visité plusieurs agences et organes de presse, rencontré des personnalités et journalistes de renom : on peut citer, entre autres, Bob Woodward, journaliste et auteur de l’affaire dite du « Watergate », qui avait provoqué la démission du président Nixon à l’époque.

Il y a aussi Richard C. Hottelet, cet octogénaire toujours dynamique, qui a couvert le débarquement de Normandie, pendant la 2e Guerre mondiale. Sans oublier cet autre homme de médias qui a été le dernier à interviewer Ben Laden avant le 11 septembre 2001. Côté personnalités politiques, il serait injuste de passer sous silence ce maire de la petite ville de Richemond au Texas, qui est une espèce rare. Pourquoi ? Parce qu’il est maire depuis 57 ans. Oui, vous avez bien lu. Nous reviendrons sur toutes ces visites et rencontres dans nos prochaines éditions.

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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