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Législatives 2007 : Le fric, nerf de la guerre politique ?

Publié le samedi 21 avril 2007 à 09h45min

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Le Burkina est gagné par la ferveur politique depuis samedi dernier, date de l’ouverture officielle de la campagne pour les élections législatives du 6 mai prochain. Cette ambiance s’accompagne aussi de celle de la grande circulation des ‘’feuilles’’. Certains estiment que l’un va forcément avec l’autre.

Sans peut-être avoir toujours raison sur toute la ligne, les tenants de cette thèse soulèvent une question qui se vit au quotidien. En tout cas, pour les élections à venir, le contribuable a de gré - ou plutôt de force - participé à ‘’l’enfeuillement’’ des candidats à la députation. La loi permet, en effet, de financer les activités des partis ou formations politiques.

C’est pourquoi, par communiqué conjoint, le ministre des Finances et du Budget et celui de l’Administration territoriale et de la Décentralisation ont apporté la bonne nouvelle aux hommes politiques. Les Burkinabè, amateurs de politique ou non, voient ainsi leurs impôts être distribués à tour de bras à des hommes et des femmes qui promettent de leur faire rêver, ne serait-ce que l’espace d’une campagne électorale.

Le Trésor public consacre toute son attention au paiement de la cagnotte aux formations politiques. Les leaders politiques, qui n’en demandaient pas mieux, se bousculent pour être servis au plus vite. Il semble que, pour la majorité des candidats, la campagne ne commencera véritablement que lorsqu’ils auront encaissé le financement public.

47 formations politiques attendent de se partager 400 millions pour la présente campagne électorale. Les principaux partis, ceux qui ont des listes de candidats dans la totalité des circonscriptions électorales, renfloueront leurs caisses avec 23 249 938 francs CFA. Il s’agit du CDP, de l’ADF/RDA et de l’UNDD.

Les autres formations ne sont pas mal loties non plus. Le montant alloué à certaines a fait croire que des hommes politiques ont trouvé dans le financement de la campagne électorale un sésame ouvre-toi, un PMU à moindre frais où les chevaux rentrent dans l’ordre. À regarder les choses de près, ce n’est pas une accusation gratuite.

On remarque, en effet, que certains partis ont multiplié les listes, juste pour avoir le maximum au Trésor public. Le montant alloué aux partis étant conditionné par le nombre de listes présentées, des partis, qui savent pourtant qu’ils ne battront pas campagne dans certaines provinces, y ont quand même présenté des candidats. Dans bien des cas, cet argent prendra d’autres directions que celles pour lesquelles il a été sorti du budget de l’État.

Il y a comme un attachement maladif des hommes politiques à l’argent, car les financements actuels visent à leur donner le maximum de chance d’être davantage en contact avec l’argent. L’accession à la fonction de députés offre effectivement des opportunités de concasser tranquillement les “feuilles”. Comme le chantait le musicien Pamelo, « L’argent appelle l’argent ». C’est assurément avec les politiques que l’argent n’a pas d’odeur. Avec eux, peu importe la manière, l’essentiel reste d’encaisser et toujours d’encaisser.

La guerre larvée à laquelle se livrent Hyacinthe Sanwidi - député PDP/PS - et Salfo Théodore Sawadogo - son président de groupe parlementaire - est alimentée en sourdine par la question de l’argent. Aussi respectables qu’ils sont (le premier est enseignant d’université et le second un puissant chef traditionnel), ils n’ont pas pu s’empêcher d’étaler au grand jour leurs désaccords.

L’argent est donc le nerf de la guerre dans le milieu politique, mieux qu’ailleurs. Du reste, il n’est pas exclu que la répartition du financement public ne conduise à des crises au sein de certains partis, comme ce fut le cas lors des précédentes élections.

Adam Igor

Journal du jeudi

P.-S.

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Vos commentaires

  • Le 21 avril 2007 à 13:26, par Sanou En réponse à : > Législatives 2007 : Le fric, nerf de la guerre politique ?

    Je n’ai rien contre le financement public des partis politiques ; il obéit souvent à la volonté de corriger dans les faits un déséquilibre préjudiciable au "jeu" de la conquête de l’électorat. Mais au Faso, le niveau de la plupart de nos politiciens étant ce qu’il est, (je me garde de qualifier) je ne pense pas qu’il faille continuer de distribuer ainsi nos deniers publics, sans compter le fait que le suivi de la dépense de ces sommes restent à désirer. Poursuit-on ceux qui se montrent incapables de bien gérer ces sommes ? Publie-t-on la liste de ces mauvais gestionnaires ainsi que le relevé des fautes commises ? Exclue-t-on du prochain financement ces partis politiques ?.... Tant et tant de questions que soulève cette véritable aventure "d’enfeuillement" de nos politiciens !

  • Le 23 avril 2007 à 12:49 En réponse à : > Législatives 2007 : Le fric, nerf de la guerre politique ?

    Le jour JJ va renoncer au financement public, il pourra enfin nous convaincre. 400 millions ? des broutilles. JJ peut-il nous dire combien coute a chaque campagne l’utilisation Impunie des moyens de l’Etat par le CDP ? C’est de ca qu’il faut parler, puisque c’est ca qui est ILLEGAL. Si on n’est pas d’accord avec la loi sur le financement des partis politiques, il faut s’attaquer a ceux qui l’ont votee et non a tous ceux qui en beneficient LEGALLEMENT (ils auraient aussi pu en souffrir).

    • Le 24 avril 2007 à 10:52, par Sanou En réponse à : > Législatives 2007 : Le fric, nerf de la guerre politique ?

      Ceux qui profitent "tranquilement" (sans rien dire et faire) des effets de cette loi décriée sont complices de ceux qui l’ont concue. C’est comme ca qu’on a "piégé" le député Bado Laurent avec les trois millions pour fêter en fin d’année...

      • Le 25 avril 2007 à 06:52, par KGB En réponse à : > Législatives 2007 : Le fric, nerf de la guerre politique ?

        Personne n’a piege Bado. D’ailleurs qui peut pieger l’homme le plus intelligent du Burkina comme il nous l’a toujours enseigne.

        He got what he needed. C’est humain, souvent on peut regretter son integrite d’antan. Heureusement il n’est jamais trop tard de se rattraper en matiere de feuilles.

        • Le 25 avril 2007 à 12:04, par Sanou En réponse à : > Législatives 2007 : Le fric, nerf de la guerre politique ?

          J’avais pris soin d’écrire piégé entre des guillemets pour bien signifier toute la relativité du mot ! J’ai dit píégé du fait qu’il a été mis devant cette "réalité" de la députation et de ses besoins quotidiens, je suppose ! Pour son acte avec Paré le chat noir, c’est la suite de ce qui précède ; comme quoi, qui a bu boira à nouveau. Bref ! Il parait qu’il ne se représentera plus...

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