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Troupes étrangères au Darfour : L’option de Karthoum qui crée le répit

Publié le mercredi 18 avril 2007 à 06h56min

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La région du Darfour, dans le nord-ouest du Soudan, est en proie à un conflit économico-politique qui a provoqué la mort de plusieurs milliers de personnes et un exode massif de réfugiés vers le Tchad voisin.

Le président soudanais, Omar Al-Bachir, aux commandes depuis juin 1989, dans le n° 2411 de Jeune Afrique, affirme que les racines de la crise au Darfour sont plutôt socio-économiques. Pour lui, il est question, à l’origine, de rivalités pour la répartition des ressources vitales, dans un contexte de croissance démographique et de détérioration de l’environnement.

En 2006, le Darfour avait été, pour la troisième fois consécutive, l’un des points à l’ordre du jour de la rencontre du G8, où il était question, pour les dirigeants du Groupe des 8, de faire comprendre à Karthoum qu’il n’a pas d’autre issue que d’accepter le déploiement des forces de l’ONU au Darfour.

Le président Al-Bachir avait, de tout temps, refusé la présence des forces onusiennes dans la région, malgré les demandes maintes fois renouvelées du Conseil de sécurité, de l’Union africaine et de la Ligue arabe. Il avait, pour cela, eu le soutien de la Chine, principale acheteuse du pétrole soudanais, qui a même eu à menacer d’opposer son veto à une résolution du Conseil au sujet du Darfour.

Le Soudan a finalement accepté l’accord sur la deuxième phase du soutien de l’ONU à la force africaine, comprenant des hélicoptères d’assaut, point sur lequel Karthoum était réservé. Le 16 avril en effet, il a fait une ouverture, et 6 hélicoptères avec un renfort de quelque 3 000 hommes seront donc envoyés au Darfour. Le Soudan donne aussi son accord pour que la chaîne de commandement de la phase II soit celle pratiquée par l’ONU, une exigence formulée par Negroponte à la fin d’une visite au Soudan.

Cette annonce, qui a été faite par le ministre des Affaires étrangères soudanais, Lam Akol, à la presse, découle de la déclaration du n° 2 de la diplomatie américaine, John Negroponte, qui plaçait le Soudan devant l’alternative d’aider à améliorer la situation du Darfour ou de s’exposer à l’isolement sur la scène internationale. A Addis Abeba en Ethiopie, le 9 avril dernier, le Soudan, l’ONU et l’UA s’étaient mis d’accord sur l’accord.

Karthoum, pour la résolution de la crise du Darfour, avait exigé l’application, en priorité, de l’accord d’Abuja. Il y a aussi que les donateurs devaient s’engager à soutenir le processus de développement et de reconstruction. Le « oui » soudanais, a indiqué le ministre Akol, ouvre la voie à de nouvelles étapes, et la balle est maintenant dans le camp de l’Organisation mondiale. En acceptant l’envoi des casques bleus au Darfour, le maître de Karthoum et les siens attendent que l’ONU décide du financement de la phase II pour que soient demandées aux pays africains des contributions en hommes.

La guerre au Darfour a fait 200 000 morts et 2 millions de déplacés, selon l’ONU. Ces chiffres sont contestés par le Soudan qui parle seulement de 9 000 morts. Avec la phase II, la force africaine est appelée à atteindre facilement les 10 000 hommes, et l’ONU espère parvenir à un contingent de 20 000 soldats au Darfour, prévus par la troisième phase, qui n’a pas encore été négociée. En attendant, pour Negroponte, il y a un besoin urgent d’une importante force hybride ONU - UA au Darfour, d’un meilleur accès des humanitaires aux populations affectées et d’une relance du processus de solution politique.

Un accord de paix sur le Darfour, signé le 5 mai entre Karthoum et la plus grande fraction rebelle de la région, n’avait pas donné grand-chose, les parties n’ayant pas respecté leurs engagements et le soutien international nécessaire à sa mise en œuvre ayant cruellement fait défaut. Pourtant, le gouvernement soudanais avait promis en son temps que dès qu’un accord de paix serait signé, il accepterait la présence onusienne au Darfour. Il n’a pas tenu parole.

Aujourd’hui, Omar Al-Bachir a lâché du lest. Un nouvel accord est signé, qui aura l’avantage d’arrêter le cycle de la violence. La paix, c’est toujours bon à prendre et c’est pour cela qu’il faut saluer l’acceptation par le premier des Soudanais des troupes onusiennes sur son territoire. Espérons toutefois que cette concession est hautement sincère et sera suivie d’actes concrets.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur

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