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Cascades : Les partis invités à plus de responsabilité

Publié le mardi 17 avril 2007 à 08h23min

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A la veille de l’ouverture de la campagne électorale comptant pour les élections législatives du 6 mai prochain, c’est-à-dire le 13 avril 2007, le gouverneur de la région des Cascades, Youssouf Rouamba, en compagnie du haut-commissaire de la Comoé et des responsables de la sécurité, est allé échanger avec les leaders des partis politiques en lice dans sa région.

C’est Dakoro, théâtre des récents affrontements entre militants de certaines formations politiques, le CDP et le RDB notamment, qui a servi de cadre à cet important échange avec les hommes politiques et où les notables n’étaient pas en reste.

C’est après une pluie bienfaisante ce 13 avril 2007 que le cortège du gouverneur a pu enfin s’ébranler en direction de Dakoro, cette localité qui s’est tristement illustrée récemment avec des affrontements nés d’une crise politique. Bilan, 2 morts, une dizaine de blessés, des concessions et des greniers brûlés et d’autres dégâts matériels. Suite à cela, une vingtaine de personnes sont d’ailleurs détenues à la Maison d’arrêt et de correction de Banfora. Aux prises, les militants du CDP et du RDB qui ont ainsi franchi le Rubicon de la haine.

C’est un village calme que la délégation du gouverneur a trouvé samedi dernier après ce drame. Chacun vaquait à ses occupations, qui puisant de l’eau, qui cueillant des mangues tandis que de petits groupes de jeunes devisaient ici et là.

Avant de rejoindre ses invités qui l’attendaient dans la salle, le gouverneur et sa suite sont allés présenter leur condoléance aux familles endeuillées. Là, il a au nom des plus hautes autorités du pays témoigner sa compassion. En choisissant d’interpeller les animateurs de la scène politique des Cascades, le choix de Dakoro n’était donc pas un hasard. « C’est pour justement marteler un peu les consciences », a avoué le gouverneur. Un langage de vérité

Sur les 13 partis politiques en lice dans la région et invités à ces échanges, dix ont effectué le déplacement de Dakoro. Ce sont L’UNIR/MS, le RDB, le RDEB, le PAI, l’ADF-RDA, le CDP, le PDP/PS, le PDS, l’UPS, et l’UNDPS. Etaient donc absents à l’appel, le PRN, le PEDEB, et l’UNDD. Devant ces leaders politiques, l’administration a clairement indiqué son souci qui est que les élections se passent bien dans le calme et la sérénité. Pour ce faire, les rapports doivent être toujours cordiaux en vue de mettre en exergue toutes les potentialités qui font que la région est enviée.

Le gouverneur se dit fier de tout ce qu’il y a de beau dans sa région, mais précise-t-il : « Il y a une autre facette de cette région qui me préoccupe et dont je ne suis vraiment pas fier ». Il sera plus clair en précisant que dans les Cascades, à l’occasion des consultations électorales, ou même en dehors, le constat sur le plan politique, c’est une très grande passion. Les animateurs de la vie politique sont très passionnés et cela « nous conduit à des dérives », explique-t-il. Beaucoup d’exemples peuvent êtres cités dans la région, souligne M. Youssouf Rouamba, qui précise que « c’est ce seul côté qui me chagrine ».

Il va de soit donc, au regard de ces passions, qu’à l’approche des échéances électorales, les autorités administratives soient très inquiètes. Ne sachant pas sur quoi peuvent déboucher ces joutes, les populations sont également inquiètes. Tout le monde s’interroge donc. Alors, « nous avons dit qu’il faut que nous puissions nous parler », poursuit le gouverneur.

Le souhait du premier responsable de la région, c’est que tous les acteurs, les animateurs de la vie politique puissent prendre conscience, et faire en sorte que dans leurs actes et paroles, et dans toutes leurs manifestations, les choses se passent bien comme ailleurs.

C’est vrai, quand on est militant d’un parti, l’on veut qu’il gagne ; il peut arriver qu’on soit passionné, mais il faut savoir garder raison, "Il y a certaines limites qu’il ne faut pas franchir", a indiqué le gouverneur à ses invités. Il faut éviter de faire en sorte que le climat politique ne se détériore, parce que tous les partis qui sont en compétition, c’est en principe pour construire. « C’est vraiment dommage qu’on arrive à des destructions », regrette le M. Rouamba.

Pour lui donc, la politique doit contribuer au développement de la région, de la cité, mais « elle ne devrait pas être un motif pour détruire, pour casser, un motif de désunion, de fracture sociale dont les conséquences sont souvent irréparables ». Les acteurs ne sont pas des ennemis, et pour cette campagne électorale, le gouverneur a invité à la retenue de part et d’autre. « Ne soyez pas violents en politique, ça ne paie pas », a-t-il conclu.

Devant ce langage de vérité, les responsables des partis politiques présents n’ont pas trouvé à redire. Certains ont reconnu que c’est vraiment déplorable, c’est même honteux ce qui est arrivé à Dakoro et que la région commence à perdre la face.

Et certains d’invoquer l’analphabétisme dans les campagnes pour expliquer ces passions qui engendrent les dérives, et qui inquiètent tant. Un des intervenants, devant une telle situation, et comme pour paraphraser le président français, Jacques Chirac, parlant de l’Afrique, dira que la démocratie semble être parfois un luxe pour la campagne et révèle que la région est une zone à haute tension politique. C’est dire que les autorités administratives et politiques ne doivent pas s’arrêter en si bon chemin dans la sensibilisation.

A Dakoro, tous ont en tout cas déploré les évènements survenus dans cette localité, mais le gouverneur pense qu’il a été compris. En attendant, cette campagne se déroulera sans certains acteurs de la scène politique des Cascades écroués. Et leurs camarades de signifier qu’ils ne sont pas contents de faire la campagne sans eux.

Luc Ouattara

L’Observateur

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