Loi d’amnistie en Côte d’Ivoire : Le mauvais prix de la réconciliation
Où sont-ils allés chercher cela, Guillaume Soro et Laurent Gbagbo ? En s’accordant sur une loi d’amnistie couvrant les crimes commis pendant la guerre civile, une mesure qui vise à accélérer la réconciliation nationale, les deux têtes de l’exécutif ivoirien passent ainsi par pertes et profits tous les massacres commis sur le sol ivoirien. Que pensent les Ivoiriens d’une telle loi ? Ont-ils été préalablement consultés ?
Visiblement, c’est une réconciliation au sommet, qui ignore pour ainsi dire l’avis du citoyen lambda ivoirien et des parents des victimes.
Il y a fort à craindre que cette loi d’amnistie ne soit du goût de bien des Ivoiriens qui, sans être forcément contre le pardon, voudraient bien que le brouillard se dissipe enfin sur les ténébreuses circonstances de la disparition de leurs proches. Certes, personne ne peut être contre le pardon. Mais encore faut-il qu’on sache qui a fait quoi et contre qui !
Réconciliation d’accord, mais vérité et justice d’abord. En faisant aussi cavalièrement table rase du passé, la Côte d’Ivoire vient sans doute de s’ouvrir les portes d’une réconciliation à terme inopérante et, certainement, de la consécration de l’impunité.
Cette loi d’amnistie est sans aucun doute une parenthèse pour parvenir à la paix mais pas à une véritable réconciliation nationale. Il faut plutôt craindre qu’elle engendre plus tard des lendemains qui déchantent.
Cheick Beldh’or SIGUE
Le Pays