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Elections législatives : Le Burkina pour la quatrième fois

Publié le lundi 16 avril 2007 à 08h25min

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2007 est une année électorale particulière qui marquera durablement le visage politique de nombreux pays africains et influencera incontestablement l’évolution des relations internationales.

L’élection présidentielle française du 22 avril prochain, avec la perspective de l’arrivée au palais de l’Elysée d’une nouvelle génération de président de la République, donnera certainement aux rapports franco-africains une orientation inédite, différente des pratiques post-indépendances jusque-là de rigueur.

Sur le continent africain, plusieurs pays ont organisé ou s’apprêtent à organiser des élections, présidentielles, législatives ou locales, mécanismes désormais admis comme mode de dévolution du pouvoir, contrairement à une certaine époque où l’alternance se faisait dans la violence et le sang.

Cette tendance à la civilisation des mœurs politiques africaines devrait s’accompagner d’un perfectionnement des technologies électorales, à même de sécuriser les scrutins afin de les rendre plus réguliers et plus crédibles pour tous les acteurs. C’est là justement où le bât blesse, car les contestations, les récriminations et les accusations de toute nature entendues généralement au lendemain des consultations électorales ne sont pas de nature à rassurer.

Contrairement à la Mauritanie où les élections législatives de novembre-décembre 2006 et présidentielle des 11 et 25 mars 2007 ont été saluées et considérées comme transparentes par les observateurs présents sur le terrain, les élections présidentielle du 25 février et législatives prévues le 3 juin 2007 sont l’objet de contestation par l’opposition au Sénégal, un pays de longue tradition démocratique. Les leaders politiques sauront-ils s’accorder pour éviter le boycottage des législatives par l’opposition, au risque de faire faire au Sénégal un recul démocratique dans ce pays jusque-là considéré comme un modèle ?

Me Abdoulaye Wade dont la réputation de démocrate ne peut être mise en doute, élu une première fois en 2000 après 25 ans d’opposition, a été réélu le 25 février 2007 pour un second mandat. Ce recul démocratique que risque de connaître le Sénégal serait-il la résultante d’une manipulation de scrutin avérée ou serait-ce simplement des manœuvres politiciennes d’opposants qui refusent de reconnaître leur défaite ?

L’autre parangon de la démocratie africaine, c’est le Bénin qui a failli trébucher le 15 mars dernier. Alors que le cortège présidentiel, en tournée dans le Nord du pays regagnait la ville de Parakou en fin de journée, le président Boni Yayi a été attaqué par des assaillants armés. La présidence a aussitôt dénoncé une tentative d’assassinat politique.

Même si le Bénin est confronté aux phénomènes persistants de la corruption et de l’incivisme qui mine une partie de son corps social, il est classé, avec l’Afrique du Sud, par Reporters sans frontières, dans le palmarès annuel de la liberté de la presse dans le monde, en tête de tous les pays africains, avant les Etats-Unis, le Japon et l’Italie, pour ceux qui considèrent la liberté d’expression comme le meilleur test de santé démocratique d’un Etat.

L’expérience démocratique du Nigéria, puissance démocratique et économique en Afrique de l’Ouest qui organise son scrutin présidentiel le 21 avril prochain, va également focaliser l’attention des observateurs politiques. Le premier tour de l’élection présidentielle le 29 avril prochain au Mali est tout aussi déterminant. Le président sortant Amadou Toumani Touré qui brigue un deuxième mandat, passera-t-il au premier tour ou devra-t-il affronter un second tour ?

Enfin le Togo, probablement en juin, organisera ses élections législatives. La Côte-d’Ivoire, quant à elle, restera longtemps encore au centre de l’actualité. On attend en effet du nouveau gouvernement mis en place à l’issue de l’Accord politique de Ouagadougou, à la fois, une perspective de sortie définitive de crise et des élections présidentielle et législatives au bout du compte.
Au Burkina Faso, pour la quatrième fois consécutive, les Burkinabè sont appelés à élire leurs représentants à l’Assemblée nationale le 6 mai 2007.

La campagne électorale, qui s’est ouverte le 14 avril dernier, ne semble pas avoir pris un départ en fanfare. En effet, seuls quelques partis ont organisé des meetings publics, certains semblent avoir opté pour des campagnes de proximité modestes, d’autres n’ont même pas encore de plan de campagne, ce qui ne permet pas toujours à la presse de rendre compte de l’événement de façon équitable tel que l’exige l’instance de régulation.

Concernant le processus démocratique burkinabè dans son ensemble, si la modestie et l’humilité légendaires des Burkinabè les empêchent de l’apprécier à sa juste valeur, il faut reconnaître qu’il comporte de nombreux acquis qui devraient le situer en bonne place dans le paysage démocratique africain : la Commission électorale nationale indépendante consensuelle, le bulletin unique, l’informatisation du fichier électoral, l’augmentation de la subvention de l’Etat aux partis politiques,...sont autant d’acquis à prendre, en attendant le jour où les conditions seront réunies pour les candidatures indépendantes, les cartes électorales sécurisées, le vote des Burkinabè de l’étranger,...comme l’exigent certains acteurs.

En tout état de cause, si les élections se gagnent avec une technologie électorale régulière et sécurisée, elles s’obtiennent aussi et surtout sur la base d’un immense travail de mobilisation et d’efforts politiques réels sur le terrain.

A ce propos, le Premier ministre britannique M. Tony Blair a dévoilé les secrets de ses succès électoraux en citant trois impératifs que nos hommes politiques pourraient prendre en compte dans une certaine mesure : occuper la totalité de son terrain politique, faire des contre-propositions aux principaux thèmes de ses adversaires, se montrer séduisant.

Les accusations gratuites, les incantations, la stigmatisation, la diabolisation... ne semblent pas faire partie des critères déterminants de mobilisation des électeurs et de succès. Les acteurs politiques sont avertis.

Les Burkinabè en effet méritent une campagne électorale civilisée au cours de laquelle seuls le respect, la courtoisie et la sincérité doivent avoir droit de cité.

Par Jean-Paul KONSEIBO

Sidwaya

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