Sécurité démocratique et républicaine : Attention au mélange des genres !
De plus en plus, de "thèses" fleurissent dans les médias et dans les gargotes, voire dans des milieux policés (?) sur le fait qu’au-delà de ses missions régaliennes, l’armée doit se "préoccuper" aussi "d’assurer en dernier recours, l’ordre public au sens large du terme" (sic) lorsque la constitution et les lois de la République sont "bafouées".
On n’en arrive pas à perdre son latin devant cette mutation souhaitée de l’armée surtout de la part de "démocrates" (?) mais on ne peut manquer de souligner son côté restrictif et dangereux pour nos jeunes démocraties.
Bien sûr, celles-ci sont sujettes à des dérives souvent très graves, mais au-delà, se posent d’autres problèmes autrement plus complexes dont le schéma de développement de nos Etats et l’absence de culture citoyenne ne sont pas les moindres.
Si les démocraties africaines sont le théâtre de "déviances", c’est bien parce que l’infrastructure qui soutient ces superstructures démocratiques est embryonnaire et extravertie. On ne bâtit des Etats forts et démocratiques que lorsque la "question" économique est maîtrisée, ce qui est loin d’être le cas dans la quasi-totalité des Etats du continent.
Si le Zimbabwe par exemple se délite, c’est bien parce que l’ancien "maître" britannique n’a pas tenu parole sur la réforme agraire et foncière, amenant Mugabe à parer au plus pressé avec les conséquences que l’on sait. Pire, le diktat des institutions financières internationales a amené nos Etats à surseoir à leur rôle de "développeurs" alors que celui-ci n’était pas épuisé.
Conséquence, il y a des déficits difficiles à combler et avec le niveau éducationnel de nos populations, les amalgames prennent facilement au niveau de l’imaginaire collectif. Ce, d’autant que les élites dans leur course au pouvoir ont oublié qu’ils sont les premiers "bâtisseurs" de cette conscience citoyenne. S’il y a donc un débat à mener sur le rôle de l’armée, celui-ci ne peut se poser que dans le cadre plus large de la voie de développement africaine à emprunter pour sortir des maladies infantiles qui minent nos Etats thèses.
C’est cela le combat des élites africaines plutôt que ces "thèmes" qui cachent mal les envies de leurs auteurs. L’armée républicaine est bien en effet celle qui protège l’intégrité territoriale du pays et concourt à son développement. En lui faisant croire autre chose, on s’inscrit dans les rangs des fossoyeurs du développement de l’Afrique.
Boubakar SY
Sidwaya
Vos commentaires
1. Le 12 avril 2007 à 13:10 En réponse à : > Sécurité démocratique et républicaine : Attention au mélange des genres !
Il n’y a rien de scandaleux à ce que l’armée assure la sécurité. Elle peut valablement assurée cette mission comme dans les grandes démocraties de ce monde à condition d’être encadrée par des officiers de police judiciaire (comme en France avec le plan vigipirate). Si c’est la présence physique des militaires qui gène (comme dans d’autres pays), ce qu’on demande c’est une synergie entre les moyens logistiques des deux institutions afin d’assurer la sécurité des personnes. Qui peut se déployer en peu de temps sur le territoire burkinabé ? Qui est à même d’aller traquer les "terroristes", coupeurs de route dans les tréfonds du Burkina ? Il faut par moment s’ajuster par rapport à l’adversaire car ce sont des armes de guerre qui sont employées dans certaines opérations des coupeurs de route. A moins que nous ne vivons pas dans le même pays... Il faut reprendre l’analyse sur le concept de sécurité car la ménace n’est pas qu’extérieure ; l’intégrité territoriale est aussi ménacée dans le cas d’une guerre civile ; il n’y a qu’à lever la tête. Pour le reste, à chacun d’apprécier...