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Discours sur la situation de la Nation : L’autosatisfaction bien méritée de Paramanga Ernest Yonli

Publié le jeudi 12 avril 2007 à 08h31min

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Ernest P. Yonli

Le jeudi 29 mars dernier, le Premier ministre Paramanga Ernest Yonli a prononcé devant les députés, son septième discours sur la situation de la Nation. Le moins que l’on puisse dire est que non seulement il était à l’aise mais en plus, le contenu de son discours était des plus consistants pour les Burkinabé.

Certes, il est de notoriété publique que tout détenteur d’une parcelle du pouvoir est plus enclin à s’appesantir sur ses succès qu’à minimiser ses insuffisances : que ce soit dans le secteur public ou que ce soit dans le secteur privé ou enfin que ce soit au sein des organisations de la société civile, c’est la même tendance. Paramanga Ernest Yonli n’échappe donc pas à cette règle.

La seule différence est qu’en procédant à un survol (même à très haute altitude) de son discours sur la situation de la Nation, le bon sens nous commande de nous rendre à l’évidence : l’intervention de P.E. Yonli a, et un contenant, et (surtout) un contenu.

Naturellement, on peut trouver à redire sur la manière dont le chef du gouvernement gouverne le Burkina. Mais depuis quand ne trouve-t-on pas à dire sur la gestion d’une autorité (particulièrement de ce rang).
C’est-à-dire donc que les critiques relatives à la manière dont fonctionnent certains pans de l’édifice Yonli sont bonnes dans leur principe et parfois justifiées dans leur fond et le Premier ministre aurait tort de s’en offusquer au lieu d’en tirer les leçons pour de bien meilleures actions.

Les Burkinabè, de l’esprit critique a l’esprit de critique

S’il est quelque chose d’appréciable dans le comportement des Burkinabè, c’est le côté aiguisé de leur esprit critique ; c’est également leur prédisposition à réagir de façon spontanée. A bien des égards, ont-ils vraiment tort ? A la réflexion non ! En effet, dans un environnement marqué par la pénurie (pas toujours naturelle d’ailleurs), les citoyens ont plus de responsabilités que dans les pays nantis ou réputés tels. En plus des mécanismes institutionnels mis en œuvre par l’Etat de droit pour s’assurer de l’orthodoxie en matière de gouvernance politique et économique, les citoyens, dans les médias, dans la rue ou dans leurs foyers ont l’obligation d’être des espèces de sentinelles vigilantes vis-à-vis des autorités.

Cependant, s’il est un fait qui est exécrable dans l’attitude des Burkinabè, c’est la facilité avec laquelle ils sombrent dans l’esprit de critique. Ils finissent par noyer leur intellect en devenant les véhicules des rumeurs les plus saugrenues, ne cherchant même pas à vérifier ce qu’ils apprennent. Aptes à croire à n’importe quoi, pourvu que cela nuise à autrui et surtout, à une autorité, ils finissent par laisser s’exfiltrer de leur corps leur propre sens. Pire, ils deviennent incapables de reconnaître les efforts méritoires de ceux qui les gouvernent ou de leur entourage social ou professionnel.

Des preuves, vous en voulez ? Eh bien les voilà !

L’année 2006 a été marquée, à travers ses trois premiers trimestres, par la cherté jamais égalée de la vie. Le principal indicateur de cette situation était les prix des produits pétroliers.
L’essence dite super avait franchi allègrement la barre des 700 F CFA le litre.
Face à cela, c’était avec raison que la population a commencé à murmurer, à ronronner, à grommeler. Elle a fini par vociférer et les syndicats lui ont servi de porte-parole.
Conscient que les plaintes et les complaintes de ses concitoyens étaient fondées, Blaise Compaoré a instruit le gouvernement de trouver des solutions idoines et urgentes à cette situation. Ce qui fut fait par le biais d’une baisse notable des prix des hydrocarbures. Moins 100 F CFA pour le litre de super par exemple.

A l’époque, nous étions navré de constater que les médias et l’opinion n’ont pas accordé toute l’importance qu’il fallait à cet effort de l’exécutif. Or, la logique aurait voulu qu’à la suite du ras-le-bol général exprimé quelques jours avant la baisse des prix, il y ait, peut-être pas une liesse populaire, mais au moins une reconnaissance retentissante de l’acte du gouvernement qui a prêté une oreille attentive aux difficultés de la vie quotidienne des gouvernés. Rien de tout ça !

Aujourd’hui, même chose pareille

Jeudi passé, l’exécutif par la voix du Premier ministre a encore prouvé qu’il n’est pas insensible à nos tourments. Quelques exemples pour illustrer nos propos :
Il s’est montré compatissant à l’endroit de la chaîne des maquis Kundé. Bien souvent, ce n’est pas tant l’assistance matérielle et/ou financière que le soutien moral que les gens attendent de nos autorités. Pour le cas des Kundé, cette compassion vient comme une manière de dire que ces maquis et leurs propriétaires ont été les victimes innocentes d’une foule déchaînée. C’est donc bon pour le moral.

- L’achèvement prochain du bitumage des axes Bobo-Dioulasso et Kaya-Dori ; la poursuite des travaux du bitumage de la route Ouagadougou-Kongoussi ; le démarrage courant 2007 du bitumage des axes Yéguéresso-Diébougou et Dori-Seytenga-frontière du Niger. Quand on connaît le rôle que jouent les routes en matière de développement, on apprécie à sa juste valeur les efforts des gouvernants.

- Divers acquis pour les travailleurs du public et du privé parmi lesquels « le relèvement de l’âge de la retraite, l’institution de l’indemnité de départ à la retraite ; le relèvement de la part patronale au niveau de la CARFO ; ... la régularisation des avancements des agents publics de l’Etat avec les effets financiers y afférents ; le relèvement du montant de l’allocation familiale ; la baisse des prix des hydrocarbures ».
Sans nul doute, la pression des organisations syndicales y a été pour quelque chose mais on ne peut pas perdre de vue que le gouvernement en était conscient, car sa stabilité en dépendait également.

Malgré ces efforts indiscutables, il n’est pas certain que les médias et le bouche-à-oreille leur réservent le traitement qui sied pour deux raisons : d’abord c’est l’insolite, l’inattendu, l’extraordinaire, le dramatique... qui intéressent plus les médias et les chroniqueurs des gargotes.
Ensuite, nous sommes au Burkina, un pays où on se réjouit quand l’âne du voisin rend l’âme et où on est triste quand cet âne met bas.

Dans ce contexte, qu’on ne vienne pas nous dire que P.E. Yonli s’autosatisfait des résultats du gouvernement et que, pour ce faire il a tort. Après tout, sept ans à la tête du gouvernement et avec, en prime ces résultats pour 2006-2007 sans parler des années précédentes, il y a de quoi s’autosatisfaire et de façon méritée. « Que mes covillageois ne reconnaissent pas en moi un laboureur industrieux, alors que je compte une bonne dizaine de greniers débordant de mil, ne m’empêche pas d’être fier de moi-même et de manière tout à fait justifiée », enseigne l’adage.

Mahamoudou OUEDRAOGO

Sidwaya

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