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IIe édition du Festival international de la liberté d’expression et de la presse

Publié le jeudi 12 avril 2007 à 07h54min

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Cherif Sy, président de la SEP

La IIe édition du Festival international de la liberté d’expression et de la presse (FILEP) a été lancée, mercredi 11 avril 2007, à Ouagadougou. Le président de l’Assemblée nationale, Roch Marc Christian Kaboré, en sa qualité de parrain, a présidé la cérémonie d’ouverture dudit Festival qui a pour thème : « Sauver la liberté d’expression et de la presse pour renforcer la démocratie ».

Les acteurs de la presse en Afrique, notamment des journalistes, des responsables de médias, des représentants d’associations de journalistes et des défenseurs de droits humains sont réunis à Ouagadougou, dans le cadre de la IIe édition du Festival international de la liberté d’expression (FILEP).

Ce Festival a pour thème : « Sauver la liberté d’expression et de la presse pour renforcer la démocratie » et se déroulera du 11 au 14 avril 2007. Ainsi pendant trois jours, les participants vont faire l’état des lieux de la liberté de la presse et les conditions d’exercice du métier de journaliste en Afrique.

Le président du comité d’organisation du FILEP, Chérif Sy a, avant tout, souhaité la bienvenue aux invités venus d’une quarantaine de pays africains. Il a rendu un vibrant hommage aux journalistes africains assassinés. Parmi ceux-ci, il a cité le Burkinabè Norbert Zongo et le Franco-ivoirien Guy André Keffer. M. Sy a expliqué que le FILEP a pour objectif entre autres, de mener une campagne pour défendre les droits des journalistes et de lutter contre l’impunité.

Le forum va sensibiliser l’opinion sur l’importance de la liberté de la presse et les droits de l’homme en vue de renforcer la démocratie. Pour M. Sy, les prédateurs de la presse sont légion dans beaucoup de pays africains. En outre, la presse libre dérange et les conditions d’exercice de la profession ne sont pas toujours des meilleures. Pour pallier ces difficultés, il suggère que les hommes des médias unissent leurs efforts et travaillent à l’émergence d’une opinion publique citoyenne. « La liberté d’expression est un principe fondamental de la démocratie », a t-il laissé entendre.

« Cette liberté ne doit toutefois pas être mal utilisée », a ajouté le président de l’Union des journalistes de l’Afrique de l’Ouest (UJAO), Ibrahim Famakan Coulibaly. De son avis, la liberté d’expression doit être au service du peuple qui a le droit d’être éclairé sur tout ce qui se passe sur son territoire.

Dans son allocution, le président des éditeurs de Côte d’Ivoire a exhorté les festivaliers à utiliser la liberté d’expression à bon escient car on ne saurait la confondre avec le « libertinage ». Et le vice-président de l’Union de la presse francophone (UPF), l’Ivoirien Alfred Dan Musa de renchérir : « La liberté de la presse n’est dirigée contre personne ».

De son avis, elle contribue à l’édification de la démocratie et partant, au développement de la société. M. Musa a précisé que l’UPF refuse un monde sans journalistes, c’est-à-dire un monde clos où les droits de l’homme sont bafoués.

Le FILEP, un espace d’échanges

Le parrain de la cérémonie, le président de l’Assemblée nationale, Roch Marc Christian Kaboré a salué les initiateurs du FILEP. Ceci constitue selon lui, un cadre d’échange entre hommes de médias. Il offre une opportunité aux participants de discuter des rapports existant entre démocratie et liberté de la presse. Pour M. Kaboré, le FILEP vise des objectifs ambitieux et nobles. Cependant, il a invité les journalistes à éviter de tomber dans les travers de leur métier. « Eviter de céder à la dérive en vous détournant de la manipulation » leur a-t-il lancé. Pour sa part, l’Assemblée nationale va s’ateler à consolider ses acquis dans le domaine des libertés d’expression. Il a donné le signal de départ du festival en présence de nombreuses personnalités du Burkina Faso.

Il y avait entre autres, le chancelier des Ordres nationaux, Mamadou Djerma, le Médiateur du Faso Amina Mousso Ouédraogo et le chef d’Etat major de la gendarmerie, Mamadou Traoré. A partir de ce jour, mercredi 11 avril, les journalistes pourront donc assister à une série d’activités organisées par le Centre national de presse Norbert Zongo. Parmi celles-ci, on relève un colloque international sur la liberté de la presse, un marché du commerce équitable, des émissions-débats et une procession à la tombe de Norbert Zongo.

Le clou du festival sera la remise du prix Norbert Zongo au meilleur journaliste d’investigation. Le FILEP qui est à sa deuxième édition a été initié par le Centre national de Presse Norbert Zongo, lequel a été créé par l’Association des journalistes du Burkina (AJB), la Société des éditeurs de la presse privée (SEP) et le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC).

Séraphine SOME


Des festivaliers s’expriment

Edouard Ouédraogo : directeur de publication de l’Observateur Paalga
Le FILEP est une très bonne initiative qui en est à sa deuxième édition. L’an passé, je n’ai pas pu assister à la première, l’occasion m’est donnée de participer à la seconde. Nous avons l’opportunité d’échanger avec certains de nos collègues sur un certain nombre de problèmes comme celui de la dépénalisation et le problème de l’aide publique à la presse indépendante. C’est ce sujet que j’entend aborder tout à l’heure avec les participants. Notamment le problème de la dépénalisation, parce que quand on en parle, certaines personnes ne savent pas ce que c’est.

Alors qu’il s’agit de faire en sorte qu’aucun journaliste ne puisse aller en prison dans l’exercice de son métier. Mais il ne s’agit pas de mettre le journaliste au-dessus de la loi. La liberté de la presse en Afrique comme cela a été dit, est garantie par les textes. Mais ce ne sont pas seulement les textes qui garantissent la liberté. Le texte ne la garantit que de façon formelle. Le reste n’est q’une question d’environnement et de volonté politique. C’est pourquoi, on assiste encore à des agressions diverses, des actes de vandalisme, des assassinats.

Mme Seck, conseillère régionale pour la communucation et l’information à l’UNESCO : « Je vois cette rencontre comme une variante du 3 mai. On célèbre à cette date, la Journée mondiale de la liberté de la presse à l’UNESCO. Initier une variante de cette Journée mondiale est très bien.
En ce qui concerne le délit de presse, c’est un sujet qui est en train d’être débattu dans plusieurs pays. C’est un thème autour duquel il doit avoir les accords entre les gens de médias et les gouvernants des différents pays. Il faudrait voir quels types de délit l’on doit dépénaliser. Il ne faudrait pas les dépénaliser tous.
En termes de liberté de la presse en Afrique, il faut avouer qu’il y a eu beaucoup de progrès. De nos jours, il y a une floraison de radios, de journaux, dans la plupart des pays. On peut donc avouer qu’un grand pas a été franchi en termes de liberté de la presse.

Grégoire Kaboré, membre du Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC) : « Le FILEP 2007 commence déjà bien, vu l’affluence et la beauté des discours. En ce qui concerne la dépénalisation, il faudrait qu’en tant qu’homme de médias, nous nous mobilisions pour combattre l’impunité. Cela nous permettra d’avoir un monde plus juste. Ainsi, les plus forts n’auront pas l’occasion d’écraser les plus faibles.

Quant à la liberté de la presse, il faut reconnaître qu’elle existe de façon embryonnaire. En Afrique, nous ne sommes pas encore au top. Un peu partout, dans certains pays, il y a eu des assassinats de journalistes où la lumière n’a pas été faite. Néanmoins, il y a un effort qu’il faut louer. Pour qu’on arrive à une liberté totale de la presse, il faut que tout le monde se lève pour réclamer la liberté d’expression d’abord et ensuite, celle de la presse.

* Ibrahim Famakan Couliba

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