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Filière céréalière : Face à un marché instable, les acteurs s’organisent

Publié le mercredi 11 avril 2007 à 08h12min

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Grenier du Burkina, la Boucle du Mouhoun a produit cette année, plus de 700 000 tonnes de céréales. Face aux incertitudes du marchés dues à l’excédent céréalier, les producteurs comptent s’organiser pour mieux faire valoir la filière.

"En 1973, la tine de céréales se négociait à 1500 F CFA, soit 9000 F CFA, le sac de 100 kg. Aujourd’hui, on tourne autour de ce prix, les producteurs travaillent dans la pauvreté pour nourrir la population du Burkina . Ce témoignage d’un producteur de Kosso à 40 km de Dédougou, Pascal Bicaba, rend parfaitement compte de la situation que traverse la filière céréales.

Comme en 2003, les prix des céréales ne sont pas intéressants pour les producteurs de la Boucle du Mouhoun. Le sac de 100 kg de sorgho ou de maïs se négocie respectivement à 7 500 - 9 000 FCFA et 6 000 - 7 500 F CFA. "Ces prix indignent que nos charges ne sont pas couvertes.

Cette année, ça ne va pas bien", explique Pascal Bicaba, président de l’UGCPA. L’offre et la demande expliquent ces bas prix, renchérit, pour sa part, le responsable du renforcement des capacités des acteurs au Plan d’action céréales, Anatole Nikiéma. Il estime que le Comité interprofessionnel des filières céréales et niébé (CIC-B) doit mettre l’accent sur l’organisation.

Regroupés au sein de l’Union des groupements pour la commercialisation des produits agricoles de la Boucle du Mouhoun (UGCPA), les producteurs pensent qu’il faut un mécanisme bien ficellé permettant à chacun des cinq maillons (producteurs, transporteurs, transformateurs, commerçants d’intrants et de céréales) de tirer profit de la filière.

Cette union qui occupe la vice-présidence du CIC-B aide les producteurs à commercialiser leurs productions à des prix intéressants. "Ceux qui sont membres de l’Union, cela les aide beaucoup. Mais, les producteurs non affiliés sont obligés de brader leurs céréales pour faire face aux besoins de santé, de scolarisation", reconnaît un producteur de Sokongo, Pascal Bicaba, président de l’UGCPA.

"Le CIC-B dote les groupements d’équipements (bascules, égreneurs, etc.) pour minimiser leurs charges. Les choses ont commencé à changer pour nous", souligne Tibi Sékou, producteur à Dédougou. En effet, l’Union préfinance l’achat des céréales de ses membres à 2000 F CFA par sac.

Ainsi pour 20 sacs, elle verse au producteur 40 000 F CFA permettant à celui-ci de supporter une partie des frais de production et de faire face aux besoins sociaux (santé, scolarisation). Un service de proximité gère un fonds dans les caisses populaires à cet effet. A la fin des récoltes, l’Union rachète les céréales des producteurs pour les revendre en soumissionnant aux marchés du PAM ou de la SONAGESS.

S’organiser pour faire valoir la filière

Face aux problèmes de la filière (baisse des prix, hausse du coût des intrants, les producteurs de la Boucle du Mouhoun s’organisent pour produire et mieux vendre. L’UGCPA, créée en 1993, compte 432 producteurs motorisés et attelés. C’est elle qui est chargée de collecter et de vendre les céréales pour ses membres à des prix intéressants.

En effet, à partir d’avril en mai, chaque producteur s’engage à produire un nombre donné de tonnes de céréales. C’est sur cette base et après enquête que l’Union préfinance leur campagne. A la fin des récoltes, elle collecte les céréales dans les différents groupements, puis procède à leur enlevement.

Ce type d’organisation permet aux producteurs d’améliorer leurs revenus. Pour la présente campagne, l’Union a fixé les prix à 6 250 F CFA mais il varie selon les fluctuations du marché. Un producteur qui livre 200 sacs à l’image de Bonzi Nonyega empochera 1 250 000 F CFA. Mais à côté, il y a des producteurs, collecteurs et commerçants de céréales. C’est le cas de Kani Bicaba, gros producteur à Fouankuy, dans le département de Ouarkoye.

Sa production est estimée cette année à près de 500 tonnes. Sa société "Kaworo" collecte les céréales dans le villages. "On cherche le marché, la plupart des producteurs ne savent pas comment écouler leurs productions. Je vends des céréales à la SONAGESS", dit-il ajoutant que si le marché céréalier était ouvert, les producteurs seraient plus à l’aise.

Toutefois, les producteurs s’accordent à dire qu’avec le CIC-B à travers l’UGCPA, les prix sont stables. Ils avouent que la filière est rentable, que la mise en commun des productions céréalières faite par l’UGCPA offre des avantages qu’individuellement, ils allaient être difficile d’obtenir. Mais, la filière vit des problèmes sur le plan organisationnel, disent-ils.

Dans un contexte de moyens limités, le plan d’action céréales essaie d’organiser les producteurs pour faire face aux difficultés, explique M. Nikiéma. Pour lui, il faut travailler à mieux faire connaître la filière auprès des institutions bancaires afin que les producteurs disposent de garanties pour accèder au crédit.

S. Nadoun COULIBALY

Sidwaya

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