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Nouveau gouvernement ivoirien : Dépasser les clivages politiques

Publié le mardi 10 avril 2007 à 08h00min

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Le gouvernement Soro

La Côte d’Ivoire s’ouvre de plus en plus aux vents de la concorde nationale. Des vents chargés d’espérance, dont on espère qu’ils feront oublier le mauvais climat qui avait prévalu depuis un certain jour de septembre de 2002. Mais, pour l’heure, tout, pratiquement, laisse croire que la crise appartient désormais au passé.

Il est vrai, la communauté internationale, tout comme le peuple ivoirien, avait fini par se lasser d’une guerre dont ils tardaient à voir la fin. Un peuple qui, à vrai dire, n’espérait plus rien d’autre que la fin du théâtre d’ombres qui se jouait à Abidjan, et qui priait pour qu’enfin les acteurs politiques ivoiriens acceptent de fumer le calumet de la paix et chantent le couplet d’une véritable réconciliation.

De toute évidence, du point d’honneur que le président ivoirien mettra à appliquer l’Accord de Ouagadougou résultant du Dialogue direct dont il a eu l’initiative, dépendront en grande partie les effets du nouvel air qui souffle sur ce pays.

Mais, fort heureusement et pour le bonheur du peuple ivoirien, on peut croire que la paix se signale enfin. Elle semble à portée de main. D’autant que, jusque-là, le chronogramme de l’Accord de Ouagadougou a été scrupuleusement respecté.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les bons signes et les signaux forts ne manquent pas. Il y a tout d’abord que le président ivoirien Laurent Gbagbo et son Premier ministre semblent avoir été guidés par le souci de constituer une équipe qui contente au mieux l’ensemble des acteurs politiques. Mais aussi de former un gouvernement qui ne manque pas de symboles. Non seulement la clé de répartition des portefeuilles a tenu compte de l’équilibre souhaité par les deux forces signataires de l’Accord de Ouagadougou, mais en plus elle a été telle que les autres partis ont été représentés, conformément à l’esprit de concorde nationale.

Le ministère de la Justice, ceux de la Solidarité et des Victimes de guerre sont tombés dans l’escarcelle des Forces nouvelles. Les portefeuilles de la Défense et de l’Intérieur, eux, ont été dévolus au parti présidentiel. Comme on le constate, les deux principaux signataires de l’Accord, Forces nouvelles et FPI, s’octroient deux ministères clés, la Justice et l’Intérieur. Deux départements hautement stratégiques, du point de vue notamment de la conduite des audiences foraines destinées à l’identification des électeurs pour la future présidentielle.

A ce propos, l’un n’excluant pas l’autre, le fait que ces deux ministères ne soient concentrés ni entre les mains du FPI ni entre celles des Forces nouvelles, devrait approfondir les sillons conduisant à une Côte d’Ivoire unifiée. On s’en souvient, la marche vers les élections avait plusieurs fois buté sur l’impossibilité de tenir ces fameuses audiences. Le travail de complémentarité auquel seront certainement soumis les deux ministères, devrait sans doute donner un coup d’accélérateur à ce délicat point de la feuille de route.

Quant au portefeuille de la Défense, qui échoit entre les mains du FPI, quoi penser d’autre sinon que tout cela renforce le sentiment d’un savant dosage destiné à conduire rapidement à l’identification des populations, au désarmement, à la réunification du pays et aux élections.

Reste maintenant que chacun, à son niveau, garde bien ses vaches tout en travaillant dans un esprit de franche collaboration. Pour aller véritablement à la paix, la nouvelle équipe, qui ne doit jamais perdre de vue sa mission qui est celle de la réunification du pays, doit toujours garder présente à l’esprit la réconciliation. C’est pourquoi chaque ministre ne doit voir ni l’intérêt personnel ni celui du parti qu’il représente. En aucun cas l’appartenance politique ne doit être un obstacle à la nouvelle dynamique entamée. Le Premier ministre ivoirien devra s’attacher à la cohésion et à la bonne marche de ce gouvernement dit de mission. Rien, absolument rien, ne devrait faire oublier l’esprit et la lettre de l’Accord politique de Ouagadougou.

L’obtention du maroquin de la Communication par les Forces nouvelles ne mérite pas moins d’être soulignée. Certes, le fait n’est pas nouveau. Mais, avec le nouvel esprit qui prévaut, on peut croire que la Côte d’Ivoire est désormais à l’abri de certaines scènes, dont la prise en otage de médias telle la télévision nationale, par des sbires zélés du parti au pouvoir, qui n’hésitaient pas à y faire des descentes musclées pour des appels à l’insurrection et à la haine.

Mais, l’on n’est jamais assez à l’abri de ces thuriféraires, même si l’Accord de Ouagadougou proscrit le langage immodéré et les comportements va-t-en-guerre. Toujours est-il qu’il est heureux de constater le mutisme observé depuis un certain temps par des faucons tels Mamadou Coulibaly et Pascal Affi N’Guessan, perçus à l’époque comme de véritables fossoyeurs de la paix en Côte d’Ivoire.

Le Pays

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