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Reconciliation nationale en Côte d’Ivoire : Premier test réussi pour Soro

Publié le mardi 10 avril 2007 à 08h00min

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Conformément à l’Accord politique de Ouagadougou signé le 4 mars dernier, le Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro a mis sur pied un gouvernement de transition qui doit œuvrer à la réunification de la Côte d’Ivoire, au désarmement et à l’organisation d’élections ouvertes, transparentes et démocratiques. L’homme qui prône « le désarmement des cœurs » pour sortir de la crise peut s’atteler maintenant à la tâche.

33 hommes pour une mission précise : travailler dans un esprit de concertation permanente, de complémentarité et d’ouverture pour parvenir dans moins de 10 mois, à la normalisation politique et institutionnelle de la Côte d’Ivoire. Le gouvernement de Guillaume Soro sait donc ce qu’il a à faire, et, pour le faire, on peut dire que le Premier ministre a mis toutes les chances de son côté. Toutes les sensibilités politiques, même les plus insignifiantes en apparence, ont été prises en compte dans la formation de ce gouvernement. On n’épiloguera pas sur la répartition des postes, l’essentiel et le plus urgent étant ailleurs.

C’est de l’éradication de l’ivoirité, « arme de destruction massive » selon les termes du « rebelle » Guillaume Soro qu’il s’agit à travers l’organisation d’élections prenant en compte tous les Ivoiriens sans exclusive et surtout « a sans priori ». Faut-il le rappeler, s’il y a eu rébellion c’est parce que toujours selon Guillaume Soro, « le pays était au bord du génocide », le parallèle avec le « Rwanda étant saisissant ».

Avec la montée en puissance du mécontentement au sein de l’armée, confrontée à une dérive tribale et à l’émergence de ce que l ‘on pourrait qualifier de conscience politique, les ingrédients d’une rébellion se trouvaient réunis en Côte d’Ivoire. C’est dire que la tâche fondamentale du « Che » consistera à identifier clairement et de façon cohérente les Ivoiriens d’un côté et les étrangers de l’autre.

Une absence d’identification claire et cohérente qui, conjuguée à l’absence de pièces administratives uniques attestant l’identité et la nationalité des individus, toujours constitué une source de conflits. La relance des audiences foraines prévue par l’Accord de Ouagadougou de même que la reconstitution des registres de naissance perdus ou détruits ainsi que l’organisation d’une opération d’établissement de nouveaux titres d’identité devront résoudre ce problème capital.

Cela, si les différentes parties jouent le jeu en maintenant en laisse, les habituels fauteurs de troubles. On peut le croire à l’écoute du tout nouveau ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, qui a déclaré que le gouvernement « sait » ce qu’il a à faire et « il s’attellera à le faire dans les délais requis ».

A nouveau l’eldorado ?

Dès lors, on ne doute plus que le processus électoral qui s’enclenchera par la suite aboutisse à des élections présidentielles ouvertes, démocratiques et transparentes ainsi que l’ont recommandé la quasi-totalité des accords signés jusque là. Dans cette marche vers la paix, les Ivoiriens devront être accompagnés par la communauté internationale à travers la prise de certaines mesures visant à consolider la réconciliation nationale. Au rang de celles-ci, la levée de l’embargo sur l’importation des armes (après la présidentielle), l’adoption d’une loi d’ammistie ainsi que la levée des sanctions individuelles frappant des acteurs de la crise ivoirienne.

Alors, la Côte d’Ivoire pourrait redevenir l’eldorado qu’il était, surtout que les nouveaux atouts ne manquent pas. Le cacao, principale source de revenus est en passe d’être détrôné par le pétrole. Les ventes de pétrole brut et de produits pétroliers ont rapporté en 2005, un peu plus de 1060 milliards de francs CFA soit 28% des recettes totales du commerce extérieur (café et cacao = 21,3%).

En 2006, ces revenus ont crû de 156% par rapport à 2005 en raison de la hausse du prix du baril mais aussi de celle des ventes (1,3 million de tonnes). Le pays produit de nos jours, 67 000 barils par jour et ses principaux clients sont les USA et l’Italie. Les produits de la Société ivoirienne de raffinage (100 000 barils raffinés par jour) sont réexportés vers le Nigeria et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. Avec des réserves prouvées de 300 millions de barils et un brut léger et de bonne qualité, le pays suscite bien des convoitises.

Chinois, Indiens, Russes et Américains se pressent aux portes d’Abidjan et le ministère des Mines et de l’Energie est devenu un secteur-clé sur lequel la présidence a la haute main. C’est donc un petit bijou que Soro est chargé de piloter en tandem avec Laurent Gbagbo. Il a réussi à démarrer avec brio, avec tous les passagers à bord. Plaise à Dieu qu’au premier virage, certains ne dégringolent ou ne se laissent sciemment tomber. L’ex-leader étudiant doit prouver qu’il est résolument rentré dans la cour des grands.

Boubacar Sy (magnansy@yahoo.fr)

Liste complète du nouveau gouvernement ivoirien de transition

Premier Ministre, chef du gouvernement : Kigbafori Guillaume Soro (secrétaire général des FN)
- Ministre d’Etat, ministre du Plan et du développement : Paul-Antoine Bohoun Bouabré (FPI, parti présidentiel)
- Ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité :
Désiré A. Tagro (FPI, parti présidentiel)
- Ministre de la Défense : Michel Amani N’guessan (FPI, parti présidentiel)
- Ministre des Affaires étrangères : Youssouf Bakayoko (PDCI/RDA, opposition)
- Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des droits de l’Homme : Mamadou Koné (FN)
- Ministre de l’Economie et des Finances : Charles Koffi Diby (Société civile)
- Ministre de l’Agriculture : Amadou Gon Coulibaly (RDR, opposition)
- Ministre de la Solidarité et des Victimes de guerre : Louis-André Dacoury-Tabley (FN)
- Ministre des Transports : Dr Albert Mabri Toikeuse (UDPCI, opposition)
- Ministre de la Fonction et de l’Emploi : Hubert Oulaye (FPI, parti présidentiel)
- Ministre des Mines et de l’énergie : Léon Emmanuel Monnet (FPI, parti présidentiel)
- Ministre de la Réconciliation nationale et des Relations avec les institutions : Dano Djédjé Sébastien (FPI, parti présidentiel)
- Ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques : Alphonse Douaty (FPI, parti présidentiel)
- Ministre de l’Education nationale : Gilbert Bleu-Lainé (Mouvance présidentielle)
- Ministre de la Construction et de l’habitat : Marcel Amon Tanoh (RDR, opposition)
- Ministre de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle : Dosso Moussa (FN)
- Ministre des Infrastructures économiques : Patrick Achi (PDCI/RDA, opposition)
- Ministre de la Ville et de la Salubrité urbaine : Mel Eg Théodore (UDCI, mouvance présidentielle)
- Ministre des Nouvelles technologies de l`information et de la communication : Hamed Bakayoko (RDR, opposition)
- Ministre du Commerce : Soumahoro Youssouf (FN)
- Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique : Bacongo Ibrahima Cissé (RDR, opposition)
- Ministre de la Santé et de l`Hygiène publique : Dr Allah Rémy Kouadio (PDCI/RDA, opposition)
- Ministre chargé de la Lutte contre le Sida : Mme Christine Adjobi (FPI, parti présidentiel)
- Ministre de l’Industrie et de la Promotion du secteur privé : Mme Tehua Amah (PDCI/RDA, opposition)
- Ministre de l’Environnement et des Eaux et forêts : Aka Ahizi (PIT, opposition)
- Ministre de la Jeunesse, du Sport et des Loisirs : Dagobert Banzio (PDCI/RDA, opposition)
- Ministre de la Famille, de la femme et des Affaires sociales : Mme Jeanne Adjoa Peuhmond Brou (RDR, opposition)
- Ministre de l’Intégration africaine, Porte-parole du gouvernement : Amadou Koné (FN)
- Ministre du Tourisme et de l`Artisanat : Sidiki Konaté (FN)
- Ministre de la Culture et de la Francophonie : Koumoin Augustin Kouadio (Mouvance présidentielle)
- Ministre de la Reconstruction et de la Réinsertion : Mme Fatoutama Bamba/Hamza (MFA, opposition)
- Ministre de la Communication : Ibrahim Sy Savané (FN)

ROH

Sidwaya

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