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Burkina-Côte d’Ivoire : Changement de cap

Publié le vendredi 6 avril 2007 à 08h08min

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Gbagbo et Compaoré

L’image a fait le tour du monde : le président burkinabè, Blaise Compaoré, scellant la réconciliation à Ouagadougou, le 4 mars dernier, entre le président ivoirien, Laurent Gbagbo, et le secrétaire général des Forces nouvelles (ex-rébellion), Guillaume Soro, dans le cadre du dialogue direct.

En acceptant d’endosser le manteau d’arbitre entre les belligérants ivoiriens, l’homme fort de Ouaga savait pertinemment qu’il jouait gros, qu’il mettait sur la balance du leadership continental, tout son prestige, son image personnelle mais aussi le positionnement et les perspectives économiques de son pays, uni par l’histoire et par le destin avec la Côte d’Ivoire.

Allait-il réussir à jouer les pompiers dans une crise dont on l’accusait d’être le pyromane ? Serait-il en mesure de faire entendre raison aux acteurs ivoiriens là où plusieurs de ses pairs avaient échoué ? Réussirait-il à convaincre les dinosaures politiques ivoiriens, Alassane Dramane Ouattara et Henri Konan Bédié notamment, de laisser, seul à la manœuvre, le jeune Guillaume Soro, face au rusé président ivoirien ?

Autant de questions qui en disaient long sur l’immensité du défi. Mais, transcendant le scepticisme de certains éditorialistes qui craignaient, à juste titre, de le voir, lui aussi, roulé dans la farine par le « boulanger » ivoirien, le chef de l’Etat burkinabè n’a pas hésité à aller au charbon, appliquant au dossier ivoirien, la « méthode Compaoré », celle qui a forgé la réussite de sa médiation dans la crise togolaise : patience, sens de l’écoute et fermeté.

Cependant, la vraie réussite de cet énième canevas de règlement de la crise ivoirienne se mesurera à l’aune de son application intégrale. Psychologiquement, l’accord de Ouaga est sans doute celui qui a suscité la plus grande vague d’espoir en Côte d’Ivoire et ailleurs dans le monde, et l’on reconnaît quasi-unanimement qu’il constitue un pas décisif dans la résolution de la crise.

En réussissant ainsi, coup sur coup, ses médiations dans les crises togolaise et ivoirienne, le président burkinabè enfile un nouveau costume de sage et affirme, par la même occasion, le changement de cap de la diplomatie burkinabè.

Il reste maintenant au nouveau « peacemaker » de la sous région, à calmer un front intérieur qui donne toutes les apparences d’un fleuve tranquille, mais dont les vagues peuvent être dévastatrices à la prochaine tempête. L’illustration en a été donnée par l’affrontement de décembre 2006 entre militaires et policiers, qui n’a pas encore livré tous ses secrets.

Et la récente vindicte populaire qui a ciblé les infrastructures d’un citoyen burkinabè constitue un dérapage social grave qui, à défaut d’être maîtrisé à temps, risque de déboucher sur des conséquences incontrôlables et autrement plus dramatiques.
Le président Compaoré devrait donc avoir à cœur de donner, dans un avenir très proche, des raisons d’espérer à tous les Burkinabè.

En cela, le gouvernement qui sera formé après les élections législatives de mai prochain constituera un bon indicateur de la volonté du président de faire bouger les choses sur toutes les lignes, en renouvelant, par exemple, un personnel politique quelque peu empêtré dans des querelles politiciennes. Certes, dénicher un oiseau rare pour diriger ce nouveau gouvernement de bosseurs, ne sera pas une sinécure. Mais le Burkina regorge de nombreux cadres compétents, ici et ailleurs.

Et j’ai la faiblesse de croire que ce serait bien le diable si l’on ne trouve pas, dans l’extraordinaire potentiel humain de ce pays si épatant, des hommes de dossiers, débarrassés de toutes connivences politiques, pour faire avancer les chantiers en cours, relever le pouvoir d’achat des Burkinabè et, de fait, assurer la survie politique du président et de son régime...

Par Samori Ngandè

Fasozine

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