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Côte d’Ivoire : Pourquoi Gbagbo va aider Soro à réussir

Publié le vendredi 6 avril 2007 à 08h01min

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Gbagbo et Soro

Depuis la signature de l’Accord de Ouagadougou le 4 mars 2007, ceux qui désespéraient de la Côte d’ivoire et de ses dirigeants ont repris confiance. Le timing de mise en œuvre de la feuille de route est respecté. Une confiance mesurée certes et on peut le comprendre, vu la versatilité des acteurs de la scène politique ivoirienne dans la conduite de la résolution de la crise.

Conformément au calendrier de mise en œuvre, le nouveau Premier ministre, Guillaume Soro, a été nommé et installé. Il s’attelle à former un nouveau gouvernement dont la composition fait l’objet de tirs croisés entre les protagonistes de la crise.

C’est une étape décisive dans le processus de sortie de crise et déjà, des voix discordantes s’élèvent. Va-t-on assister au retour des vieux démons ? L’opposition politique, regroupée dans le G7, revendique sa place au sein du gouvernement. Tel ne semble pas être l’avis d’un faucon comme Laurent Dona Fologo, président du Conseil économique et social. Il estime que les deux signataires de l’Accord de Ouagadougou(FPI et FN) ont arrêté une clé de répartition, et libre à eux d’associer les autres. Laurent Gbagbo aurait, lui aussi, la tentation d’exclure les membres du G7.

Manifestement, c’est le premier piège auquel Soro devra faire face pour éviter une maladie congénitale à son gouvernement. Cependant, Laurent Gbagbo, qui s’est construit une solide réputation de "boulanger", a intérêt à aider le Premier ministre Soro. Il a tout à y gagner.

Pour deux raisons essentielles :

Premièrement : Guillaume Soro ne représente pas un danger pour le chef de l’Etat à l’échéance 2008.

Deuxièmement : en excluant le RDR, le PDCI, l’UDPCI , le PIT , le MFA et l’UDCY, Gbagbo les affaiblit politiquement dans la perspective des élections. Ce calcul a toutefois l’inconvénient de braquer une partie non négligeable de l’establishment politique. Toute chose qui pourrait troubler la sérénité du prochain gouvernement qui, il faut le rappeler, est un gouvernement de mission avec des objectifs clairs : la mise en œuvre des audiences foraines, l’identification, le désarmement et la réinsertion des ex-combattants, la suppression de la zone de confiance, le redéploiement de l’Administration et l’organisation d’élections libres et transparentes.

C’est pour cette raison que les postes ministériels ne doivent pas faire l’objet de tant de polémique. C’est un gouvernement devant fonctionner durant une année maximum, même si on comprend parfaitement que le G7, qui a toujours eu des représentants au sein des gouvernements précédents, veuille être à la table des décideurs pour se faire entendre.

Mais, l’esprit de Ouagadougou devrait en tous les cas être préservé, c’est-à-dire, impliquer tous les acteurs afin qu’ils s’approprient le processus de réconciliation nationale.

Et, il ne serait donc pas du tout fair-play de la part des Forces nouvelles, d’ignorer les autres partis politiques qui ont eu à donner leur quitus pour les négociations de l’Accord de Ouagadougou.

On voit bien que le seul gagnant dans cette guéguerre pour les postes est bien Laurent Gbagbo, virtuel candidat aux prochaines élections, rassuré du fait que Guillaume Soro ne peut se présenter au prochain scrutin. Le président ivoirien sait bien que l’absence de l’opposition politique dans l’appareil de l’Etat contribuera à l’affaiblir davantage, embourbée dans ses incohérences stratégiques qui ont toujours permis au pouvoir de Gbagbo de garder la main. Son éventuelle exclusion du nouveau gouvernement n’est, en réalité, qu’un épouvantail, histoire de compliquer davantage les relations entre les Forces nouvelles et le G7 qui pourrait crier à la trahison.

Les leaders de l’opposition se sont suffisamment discrédités pour faire peur à Laurent Gbagbo en cas d’élections. C’est pour cette raison que l’homme de Mama a intérêt à ne pas mettre les bâtons dans les roues du gouvernement Soro. Son succès rejaillira forcement sur le président Gbagbo, initiateur du dialogue direct.

Et, connaissant le tempérament du secrétaire général des Forces nouvelles, il n’est pas exclu que la cohabitation soit houleuse. Gbagbo le sait. Mais, pourvu que cette cohabitation soit pragmatique. Toute chose qui a d’ailleurs manqué à Konan Banny, qui avait plus la tête à son avenir politique qu’aux chantiers à lui confiés.

Guillaume Soro n’est peut- être encore pas dans cet état d’esprit. Mais rien ne dit qu’en menant à terme le processus électoral, il ne se positionnera pas comme l’homme de demain dans la perspective de l’après- Gbagbo. En attendant l’homme nouveau qui va cristalliser les espérances d’une Côte d’ivoire réunifiée, les premiers pas du gouvernement Soro devraient être sérieusement encadrés par la communauté internationale qui devra surtout veiller au respect du calendrier de mise en œuvre de l’Accord de Ouagadougou. Tout le monde est d’accord que c’est le processus de la dernière chance. Alors, au boulot et pas de perte de temps !

Le Pays

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