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Prestation de serment de Me Abdoulaye Wade : "Gorgui" se réinstalle pour cinq ans

Publié le vendredi 6 avril 2007 à 07h47min

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Abdoulaye Wade

Me Abdoulaye Wade entame officiellement son deuxième mandat à la tête du Sénégal après avoir prêté serment, mardi 3 avril 2007 devant le Conseil constitutionnel de son pays, plus de soixante mille de ses compatriotes et dix huit chefs d’Etat africains dont le président du Faso, Blaise Compaoré.

Ce n’est ni pour un combat de lutte entre Yekini et Tyson (les deux meilleurs du pays dans la discipline), ni pour un match de football des Lions de la Teranga. Mais le stade Léopold-Sedar-Senghor de Dakar a affiché cuvette comble, mardi 3 avril 2007 dès 16 heures. Ils sont venus des quatre coins du Sénégal : Ziguinchor, Tambacounda, Thiès, Rufisque, Saint Louis...

Plus de soixante mille personnes ont pris d’assaut gradins et pelouse pour chanter, danser, louer, ovationner et écouter un seul homme : "Me Abdoulaye Wade réélu dès le premier tour de l’élection présidentielle du 25 février 2007 avec 55,86% des suffrages". L’octogénaire a mis les petits plats dans les grands pour sa prestation de serment marquant l’entame de son nouveau quinquennat, son deuxième mandat à la tête du Sénégal. Celui que ses partisans n’hésitent pas à désigner par "Gorgui" (le vieux en langue locale wolof) ou par "troisième âge" a voulu une cérémonie féerique, enthousiaste, bruyante...Un vrai show à la Abdoulaye Wade comme lors de la passation de pouvoir le 19 mars 2000 entre Abdou Diouf et lui.

Concert géant, projection de clips réalisés pour la campagne du chantre du "Sopi" (changement en wolof) et de films relatant les réalisations du septennat écoulé. Des artistes de grosse pointure comme Akon le célèbre rappeur sénégalais vivant aux Etats-Unis ont apporté leur touche particulière. Dix-huit (18) chefs d’Etat africains dont le président du Faso, Blaise Compaoré, le Raïs égyptien Hosni Moubarak, le guide libyen Mouamar Kadhafi, le Gabonais Omar Bongo ont également marqué la cérémonie de leur présence.

Le président américain George Bush s’est fait représenter par sa secrétaire au Travail Hellen Chad et le chef d’Etat français Jacques Chirac par le président du sénat, Christian Poncelet. C’est un Abdoulaye Wade envahi par l’émotion et la conviction de son slogan de campagne "Ensemble continuons à bâtir le Sénégal" qui a pris place à 17 h 20 mn à la tribune officielle du stade Léopold-Sedar-Senghor sous un tonnerre d’applaudissements et de youyous d’un public entièrement acquis à sa cause. "Nous savons que notre avenir se construit", ont chanté Rosalie et Bea, porte-voix de la jeunesse.

Le Conseil constitutionnel, présidé par Mireille N’Diaye, ouvre son audience dans un tohu-bohu. A son ordre du jour, un seul dossier inscrit : "Prestation de serment et installation du président de la République". Le juge Mireille N’Diaye a rappelé l’organisation et le déroulement du scrutin du 25 février. Avant de signifier les devoirs d’un président de la République à Me Abdoulaye Wade, elle a salué ses efforts dans les secteurs de la santé, de l’éducation et demandé d’axer davantage ses actions à l’endroit des déshérités et de la jeunesse qui perd sans cesse l’espoir.

La présidente du Conseil constitutionnel a saisi l’occasion pour recommander aux chefs d’Etat d’œuvrer à inscrire les échéances électorales comme un processus normal dans la vie des nations africaines. "Aucune élection en Afrique ne doit plus susciter des craintes de probables troubles. Il est souhaitable que les observateurs ne viennent pas à percevoir le calme comme quelque chose de nouveau", a-t-elle plaidé.

A l’issue de cette leçon de démocratie, le Conseil constitutionnel a donné acte au serment de Me Abdoulaye Wade prononcé en ces termes : "Devant Dieu et devant la nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de président de la République, d’observer et de faire observer les dispositions de la constitution, de défendre avec toutes mes forces l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale".

Le scrutin du 25 février 2007 marque la sixième élection pluraliste depuis 1978. L’arrivée au pouvoir de Me Abdoulaye Wade en mars 2000 a mis fin à trente ans de règne sans partage du Parti socialiste. Après un septennat très mouvementé politiquement, juridiquement et socialement, le mythique leader du Parti démocratique sénégalais (PDS) promet de marcher toujours dans le même registre du "Sopi".

Un discours apaisé

Le message de Me Wade à son installation tranche avec ses discours d’après-élection. Le président n’a pas parlé de ses adversaires politiques de l’élection du 25 février ni de procès contre ses amis d’hier Idrissa Seck et Moustapha Niasse. Il a mis de l’eau dans son vin, embouchant la trompette du rassemblement pour un développement collectif de son pays.

Pour la réussite des chantiers de son quinquennat, Me Abdoulaye Wade a appelé toutes les sénégalaises et tous les sénégalais à apporter leur concours à son programme de développement. "Lors d’une élection, chaque bulletin dans l’urne constitue un message particulier. Je m’engage à gouverner en tenant compte de la volonté des électeurs qui m’ont accordé leurs voix et ceux qui ne m’ont pas voté", a-t-il indiqué. Bénéficiant déjà de la coalition de 21 partis politiques, regroupés sous la bannière de CAP21, Abdoulaye Wade place son deuxième mandat sous le signe de la continuité : "le sopi en marche". Le président sénégalais a promis d’œuvrer inlassablement à l’épanouissement économique et social de ses compatriotes.

Nouvel aéroport de Dakar, système éducatif renforcé et soutenu, promotion de la santé des populations, logement pour tous, renforcement des infrastructures socio économiques....font partie du chapelet des actions à venir. "Je vais peut-être surprendre de nombreuses personnes : le Sénégal sera bientôt une destination d’emplois pour des ressortissants d’autres pays", a déclaré Me Abdoulaye Wade. Le doyen des chefs d’Etat Ouest africains n’a pas manqué de signifier à ses compatriotes que "le développement demande le sacrifice de tous".

Il les a invités à tirer les leçons de la construction des nations européennes. "Au lieu de chercher coûte que coûte à rallier l’Europe au péril de votre vie, imaginons ensemble le développement dans notre pays", a-t-il suggéré. Le concepteur de plan Omega inscrit sa politique de développement dans un cadre sous régional, voire continental. Il a réaffirmé sa foi à une solidarité continentale pour sortir l’Afrique de sa léthargie. Pour mieux montrer son esprit panafricaniste à ses pairs, le drapeau de l’Union africaine (UA) a flotté à côté de celui du Sénégal au cours de la cérémonie.

C’est également l’hymne de "la Renaissance africaine" dont l’auteur n’est autre que Abdoulaye Wade qui a été chanté en français et en wolof en lieu et place de celui du Sénégal.

Tour à tour, le président nigérian Olesegun Obasandjo, le président en exercice de l’UA, John Kufuor et celui de la CEDEAO, Blaise Compaoré ont reconnu et salué l’engagement
personnel du chef de l’Etat sénégalais dans la défense des intérêts de l’Afrique et du panafricanisme. " En ce jour solennel marquant le maturité politique et l’ambition légitime du peuple sénégalais, je voudrais saluer la grandeur de votre action internationale pour l’émergence et l’unification de l’Afrique", a souligné le président en exercice de la CEDEAO, Blaise Compaoré.

Il est revenu sur les initiatives prises par son homologue Abdoulaye Wade pour favoriser les échanges sous régionaux en facilitant l’accès à la mer des pays de l’hinterland en général et du Burkina Faso en particulier. "La décision d’octroyer une zone aménagée dans le port autonome de Dakar pour l’entreposage de marchandises des opérateurs économiques burkinabè est un témoignage éloquent qui augure de meilleures perspectives commerciales.

La réhabilitation des réseaux routiers et ferroviaires entre le Sénégal et le Mali ainsi que la construction des entrepôts à Bamako sont des initiatives propices à l’épanouissement de la coopération sous régionale", a reconnu la président du Faso.

Jolivet Emmaüs,
envoyé spécial à Dakar


Echos de la Teranga

Point de répit pour les chefs d’Etat invités
Dix-huit chefs d’Etat ont effectué le déplacement de Dakar pour assister à la prestation de serment et à l’installation du président Abdoulaye Wade.

Présidents, Guide et Raïs sont venus du Burkina Faso, du Mali, du Nigéria, du Libéria, de la Sierra Leone, du Togo, du Gabon, de la Libye, de l’Egypte, du Cap vert, du Congo Brazza, de la Guinée équatoriale, du Ghana, du Tchad, de la Guinée-Bissau, de la Mauritanie, du Bénin, et de l’Ethiopie. La plupart d’entre eux ont été logés à l’hôtel "Meridien président". Dès leur arrivée dans la capitale sénégalaise, il fallait s’affairer pour le rendez-vous du stade Leopold-Sedar-Senghor.

Après quatre heures de cérémonie, Abdoulaye Wade convie ses hôtes à un dîner aux environs de 20 heures au Palais de la République. Ils rejoignent leur pied-à-terre vers 23 heures. Le temps d’un léger et rapide sommeil. Car le lendemain, 4 avril Abdoulaye Wade et le Sénégal célèbrent le 47e anniversaire de l’accession de leur pays à l’indépendance. Et beaucoup de chefs d’Etat y sont conviés.

Certains ont même participé juste après la parade militaire à la pose de la première pierre du nouvel aéroport de Dakar à 45 km de la capitale. Chaque président a eu sa dose de fatigue : longue attente lors des cérémonies, cortège aux pas de caméléon, programmes millimetrés...Les invités de Abdoulaye Wade ont été sans répit.

Wade défie en permanence la jeunesse

A quatre vingts (80) ans, le président sénégalais Me Abdoulaye Wade force l’admiration. A le voir marcher et à l’écouter, le chantre du "Sopi" semble avoir la force d’un jeune et fait mentir ses détracteurs qui perçoivent dans son âge un handicap pour présider un pays. Abdoulaye Wade aime les bains de foule même sur de longues distances. Il adore aussi les show à l’américaine. C’est également un harangueur de foule.

Son discours dure des dizaines de minutes. Et dans sa prestation, l’image de l’ancien professeur de droit et de sciences économiques ainsi que celle de l’avocat se retrouvent dans son langage actuel de chef d’Etat. Volontairement, Abdoulaye Wade a accepté que ses compatriotes l’appellent affectueusement "Gorgui" (le vieux) ou "troisième âge".

D’ailleurs, les deux chansons à lui dédiées pour soutenir sa campagne mentionnent sans cesse ces appellations. "La vieillesse n’a jamais été un critère d’appréciation des capacités et des facultés à diriger en Afrique", s’est défendu Me Abdoulaye Wade contre des adversaires politiques qui l’ont traité de vieillard.

Rassemblés par JE

Sidwaya

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