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Hommage à Blaise en France : Un bon joueur d’échecs mais attention...

Publié le mercredi 4 avril 2007 à 08h54min

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Blaise Compaoré

A l’occasion de la visite que le président de l’Assemblée nationale, Roch Marc Christian Kaboré, a rendue à l’Association France/Burkina Faso (AFBF) le 27 mars dernier, Blaise Compaoré, encore lui, a eu droit à un "vibrant hommage" selon le titre de l’article du chargé de communication de l’ambassade du Burkina à Paris, Cyriaque Paré, paru dans L’Observateur paalga n°6858 des lundi 2 et mardi 3 avril 2007. Une occasion de revenir sur les forces et les faiblesses de son système.

Voilà bientôt vingt ans que Blaise Compaoré préside aux destinées du Burkina. L’épisode du 15 octobre 1987, les sorts de B. Jean-Baptiste Lengani et de Henri Zongo et les survivances des atteintes aux droits humains héritées de l’Etat d’exception révolutionnaire mis de côté, l’exercice du pouvoir d’Etat par Blaise Compaoré au Burkina Faso a d’abord révélé un pays dont les habitants se sont toujours battus pour tirer de la nature ingrate leur pitance quotidienne.

Mais la marque particulière de l’enfant de Ziniaré aura été dès le début des années 90, un développement (certes pas toujours équilibré des régions et des différentes catégories sociales mais) assez réel et palpable.

Pendant les mêmes années 90, le Burkina comme puissance diplomatique a commencé à poindre et ce ne sont pas des pays tels le Mali, le Niger et le Togo qui diront le contraire puisque le chef de l’Etat burkinabè a aidé leurs populations à se reconcilier.

En effet, en ce temps-là, le Mali et le Niger connaissaient des rebellions touaregs tandis que le pouvoir togolais avait maille à partir avec l’opposition et la population. Qu’aujourd’hui, il se revit confier le dossier togolais sous Eyadéma fils et le dossier ivoirien est une demi-surprise. Certes, ils n’ont pas encore connu leur épilogue et il serait imprundent et même dangereux de se ruer dans des conclusions hâtives et exagérement optimistes.

Mais pour autant, faut-il faire la fine bouche dans des succès diplomatiques qui honorent d’abord le Burkina avant de célébrer Blaise Compaoré ? "C’est la termitière qui rend la perdrix visible", enseigne la sagesse africaine. Autrement dit, c’est grâce au Burkina que l’on voit et connaît Blaise Compaoré.

Au-delà donc de nos obédiences politiques et de nos penchants philosophiques, il faut saluer à sa juste valeur ce rayonnement diplomatique du Faso, car, de même que les crimes économiques et de sang dont on parle sont imputables au régime de Blaise Compaoré (de même les succès diplomatiques sont ceux du président du Faso et surtout de la nation dont le chef de l’Etat est une des résultantes du processus historique.

Cela signifie-t-il que tout est rose au Faso ?

Loin s’en faut. Même selon les documents cadres officiels qui traitent du développement, la pauvreté ne recule pas, les écarts entre les plus riches et les plus pauvres augmentent de jour en jour. Les médias, comme ils le font déjà du reste, doivent dénoncer une telle situation même s’il faut vite ajouter que cette dénonciation aurait eu plus d’impact si parallèlement à cela, les aspects positifs de la direction du pays par Blaise Compaoré étaient reconnus. Mais cela est fonction de l’orientation de chaque média et on ne saurait faire grief à X ou à Y.

Seulement un peu plus d’objectivité ne fait du mal à personne. Il est vrai qu’en journalisme, l’objectivité est un idéal dont on peut s’approcher mais qu’on ne peut pas atteindre.

En effet, elle dépend non seulement de la manière dont les informations traitées, mais aussi du choix des informations traitées et de l’importance relative qui leur est accordée. Il est en outre difficile pour le journaliste, comme pour tout rédacteur, de s’abstraire d’un certain nombre d’influence liées à son milieu, à son éducation, sa région d’origine, etc. Elle suppose également une connaissance particulière et complète du sujet et de tous ses paramètres explicatifs, condition qui est la plupart du temps, impossible à satisfaire.

C’est pourquoi, en journalisme, l’objectivité s’observe à partir des efforts déployés par le reporter, l’éditorialiste, le chroniqueur ou le présentateur afin de s’affranchir des déterminismes énumérés plus haut.

Pour en revenir au président du Faso, ces succès que même ses adversaires les plus farouches et les plus irréductibles ne peuvent lui contester doivent le convaincre de garder les pieds sur terre. Son entourage doit l’y aider car l’humain qu’il est n’est pas à l’abri des erreurs qui peuvent se retourner contre lui et son pays.

On se souvient que pour avoir tapé vraiment dans l’œil de Jacques Chirac dans les années 90, il a été fait seul invité d’honneur à un des anniversaires du 14-Juillet. Mais pour n’avoir pas bien goupillé son affaire, il s’est attiré les foudres de Omar Bongo Ondimba, jaloux du fait que le chef de l’Etat d’un pays pauvre comme le Burkina a été fait invité d’honneur et pas lui. Conséquence : à la faveur de l’affaire Norbert Zongo lui et Gnassingbé Eyadéma s’étaient ligués et ont travaillé à l’isoler et à isoler le Faso.

Ce qui nous fait dire encore une fois que Blaise Compaoré est un bon joueur d’échecs mais qui a tout de même intérêt (et le Burkina avec) à se méfier de son propre palmarès car il peut engendrer trop d’assurance qui, au bout du compte, peuvt être fatale pour nous tous.

Z. K.

L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 4 avril 2007 à 23:28, par EBA En réponse à : Tout joueur d’échecs doit tenir compte du temps...

    C’est bien vu comme discussion mais c’est trop exagéré. Ce n’est pas tout le monde qui célèbre les interventions du président Compaoré. Pour les dossiers du Togo, il vous souviendra peut-être que le président Blaise n’avait pas le choix à ce que la situation ne se calme. Lors de "la conférence nationale" avortée du Togo, il est ressorti que la tête du président Sankara était un cadeau de Blaise à Eyadéma père. Pensez un peu à la suite qui pouvait arriver si la situation au Togo se fusse décomposée. Cette affaire serait encore revenue sur le tapis. Pour ce qui est de la Côte d’Ivoire, c’est vraiement le voleur qui rend les biens en gentleman. Toutes ces choses vont revenir, c’est seulement le temps qui demande qu’on lui laisse du temps. Alors quand viendra l’heure de parler du Libéria, on aura à savoir qui est heureux des causes défendues par Blaise.
    Personnellement, j’attends de voir. Je suis content qu’il repare le tord qu’il a fait avant de laisser la place ; tard il partira aussi. J’ai plus d’espoir pour la situation en Côte d’Ivoire que pour celle du Togo, le peuple togolais regarde encore. Ca doit changer et ca va changer, la victoir volée à l’opposition togolais va encore se manifester.

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