LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Somalie : Au nom de la lutte contre le terrorisme !

Publié le mercredi 4 avril 2007 à 08h07min

PARTAGER :                          

Stipendiée par l’administration Bush, l’armée éthiopienne est en train de se livrer depuis deux mois, à une véritable boucherie en Somalie sous prétexte de la lutte contre le terrorisme. Un « nième » holocauste à mettre au compte de la politique néoconservatrice de Bush qui aura échoué sur toute la ligne au plan international.

Si les somaliens sont aujourd’hui victimes de tueries aveugles et barbares, c’est en raison de leur passé mais aussi et surtout de l’échec de l’administration américaine dans sa tentative de remodelage du Proche et Moyen-Orient, avec l’étirement du front « anti impérialiste » qui s’étend désormais jusqu’à la corne de l’Afrique. La Somalie victime de son passé, cela s’explique par le fait que Ben Laden y a fait ses classes et y dispose d’un solide réseau relationnel en raison de la proximité de ce pays avec le Yemen, terre natale de l’ennemi public numéro un de l’administration Bush.

Au début de la décennie 90 et après avoir été un collaborateur de premier rang des américains, Ben Laden a décidé de donner une tournure plus patriotique à son combat avec la cause palestinienne et la « préservation » de la terre sainte d’Arabie comme porte-étendards. « Les infidèles envahissent l’Arabie Saoudite pour piller les ressources du pays ce qui est contraire ceux préceptes du Coran ». Voilà le premier alibi du nouveau croisé de l’Islam la « martyrisation » de ses frères palestiniens par les « sionistes » israéliens en étant le second.

Et comme il lui fallait trouver une « base » d’entraînement pour ses moujahidines, la Somalie qu’il connaissait bien et plus tard l’Afghanistan (avant la chute des Talibans) serviront de « tanières » pour le lion. Les attentats de 1993 qui avaient frappé des intérêts américains et israéliens au Kenya ont été perpétrés par la branche somalienne des « soldats de Dieu ».

En riposte, l’administration Clinton avait lancé l’opération « Restor Hope » (rétablir l’espoir) avec des marines débarquant à Mogadiscio, pour mater cette ville rebelle, fiefs de chefs de guerre indépendants et repaire de tous les malfrats en quête d’un havre de paix. Un cocktail explosif et détonnant qui brûlera les pieds de l’armée américaine qui se retirera sans gloire du pays.

Cette victoire aura le don de fortifier cette base-arrière du « général » Ben Laden, qui deviendra le principal camp d’entraînement, après la chute du régime taliban ou début de la décennie 2000. C’est qu’entre temps, le cow-boy du Texas, George Walker Bush était parvenu au pourvoir et avait opté pour des méthodes plus musclées pour vider ce vieux contentieux.

Après avoir, pensait-il, frappé la nébuleuse terroriste au coeur, avec la chute des Talibans en Afghanistan, il ne restait plus qu’à « nettoyer » cette base-arrière que constituait la Somalie. Mais, Al Qaïda n’était pas « mort » avec le régime taliban, en témoigne la résistance farouche opposée aux Américains en Afghanistan même et plus loin en Irak.

Une nouvelle option avec les démocrates ?

Pire, le front somalien s’était structuré, avec la naissance des tribunaux islamiques, nouvelle version des talibans, qui ne tarderont pas à contrôler le pays. C’est que contrairement aux « thèses » véhiculées par une certaine presse occidentale, ces tribunaux islamiques sont populaires, la plupart des somaliens se reconnaissant en eux. Il n’y a donc pas les civils d’un côté et les tribunaux islamiques de l’autre, les seconds puisant leur force des premiers.

On comprend pourquoi l’actuel président somalien a débarqué à Mogadiscio, entouré d’une escouade de soldats éthiopiens et pourquoi il se terre depuis dans son palais. On comprend aussi pourquoi les Américains se sont mis cette fois en réserve, préférant envoyer les éthiopiens en première ligne contre quelques prébendes et la garantie de l’impunité.

Pour autant, l’affaire n’est pas dans le sac, avec ces combats acharnés auxquels on assiste et dont le bilan est plus catastrophique qu’on ne le présente. Réfractaires à tout joug extérieur, farouches et fiers, les somaliens sont prêts à se battre « jusqu’au dernier » pour conserver leur liberté.

C’est dire que l’on s’achemine vers un drame humain, à moins que la nouvelle majorité démocrate ne mette le holà. On s’est aperçu que celle-ci parle de moins en moins le même discours que George Bush sur le dossier proche-oriental et ses effets collatéraux. Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants s’apprête à effectuer une tournée en Israël et en Palestine pour apporter une « nouvelle vision » dans la recherche de la paix. Une vision qui, on s’en doute, va demander d’importantes concessions aux israéliens en vue de sortir de l’impasse actuelle. Qu’on le veuille ou pas, le Hamas a été légitimé par les urnes et il a accepté de s’ouvrir au Fatah pour contenter les occidentaux.

Lesquels n’ont donc plus de prétextes pour ostraciser les palestiniens. On a vu que lors de sa dernière visite en Israël, Condoleezza Rice et Ehud Olmert se sont séparés en queue de poisson, les divergences de vues étant très marquées. L’héritage Bush devient de plus en plus lourd, d’autant que la plupart des croisades entreprises avaient un « soubassement » économique. Des guerres de rapine et de prédation savamment enrobées dans un attrayant emballage magnifiant la démocratie et la défense des droits humains.

Le mensonge a beau courir, la vérité le rattrape toujours. On est arrivé à ce point d’inflexion où l’Amérique devra lâcher du lest si elle veut continuer à diriger les affaires du monde. Le plus fort n’est jamais assez fort pour rester le maître, et les foyers de contestation sont de plus en plus nombreux. Rien à dire, la prochaine décennie va apporter de nombreux bouleversements à l’échelle internationale.

Boubacar SY

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 11 avril 2007 à 15:41 En réponse à : > Somalie : Au nom de la lutte contre le terrorisme !

    L’Afrique et la Ligue Arabe (dont est membre la somalie) restent comme d’habitude sans honneur en gardant le silence sur le bain de sang que perpetre l’Ethiopie en Somalie (et ce sans aucun mandat, une autre version de la guerre préventive). A quel moment la communauté internationale prendra-t-elle conscience qu’elle a laissé les Ethiopiens commettre des crimes de guerre chez son voisin ?

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique