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Discours sur la situation de la Nation : Ambiance de “fin de règne” sur l’hémicycle

Publié le mardi 3 avril 2007 à 09h26min

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Jeudi 29 mars 2007, 15 heures 30mn à l’Assemblée nationale du Burkina Faso. Quelques députés sont intallés à leur place et on apperçoit les ministres de la Santé et de l’Agriculture, Alain yoda et Salif Diallo échangeant avec certains députés de la majorité et de l’opposition.

Plus loin, au fond de l’hémicycle, des députés se concertent, discutent , rient aux éclats à l’image des députés Oubkiri Marc Yao et Bognessan Yé assis côte à côte. Au fur et à mesure que l’heure attendue (16 heures) approche, l’Assemblée nationale s’emplit, aussi bien de députés que des membres du gouvernement et des diplomates accredités auprès du pays des Hommes intègres.

Enfin, 16 heures, le président de l’Assemblée nationale, Roch Marc Christian Kaboré fait son entrée à l’hémicycle. Comme des élèves, le premier jour de la rentrée, il a été immmédiatement procédé à l’appel des honorables députés. Résultat de cet appel, 22 députés sont absents, mais excusés, 7 sont totalement absents , 5 ont des procurations, 82 sont effectivement présents ; ce qui donne un total de votants de 87 députés.

“L’Assemblée est toujours en nombre pour délibérer et vider son ordre du jour” , a déclaré Roch Marc Christian Kaoré avant d’inviter le Premier ministre Parmanga Ernest Yonli à prononcer son discours sur la situation de la Nation. Un silence radio remplit alors l’hémicycle avant cet instant solennel. Pendant environ une heure trente minutes, le Premier ministre a dressé le bilan d’une année de progrès, mais aussi d’echec du Burkina Faso.

Si certaines de ses affirmations ont suscité des rires cagoulés, des mines de surprise et de doute chez des députés qui ne semblent pas partager les dires de Paramanga Ernest Yonli , l’annonce de l’augmentation des salaires à 5% à partir du 1er avril 2007 et celle de l’augmentation des subventions aux partis politiques ont rencontré l’assentiment des députés de tous les bords qui ont instinctivement applaudi. Tout compte fait, le Premier ministre a tenté de rassurer les uns et les autres que le Faso se porte bien.

“5% sur les salaires, un poisson d’avril ?”

Suite au discours du Premier ministre sur la situation de la Nation, 32 députés ont posé des questions d’éclaircissement, de compréhension, des suggestions et commentaires, tout en ayant toujours en tête qu’il se pourrait qu’ils ne se rencontrent plus à l’hémicycle pour cet exercice.

Fait marquant, nombre de députés du CDP, non partant pour les législatives du 6 mai prochain, n’ont pas donné de la voix. Entre autres, les députés Oubkiri Marc Yao, Pierre Tapsoba, Moussa Boly, Véronique Kando... sont passés inapperçus lors des débats.

Qu’à cela ne tienne, 32 députés ont interrogé le Premier ministre, entre autres sur la question de la recherche, sur la réalité de ses promesses. “Les 5 % d’aumentation de salaire ne sont-ils pas un poisson d’avril ?”, a lancé un député. L’affaire des “Kundé”, les événements des 20 et 21 décembre 2006, les assassinats de Boulporé et de Pièla, la miningite ont aussi inspiré les députés qui ont interpellé Paramanga Ernest Yonli.

Dans ses réponses, il a avant tout attiré l’attenttion des députés sur le fait que l’annexe de son discours contient les réponses aux questions des députés. Paramanga Ernest Yonli a tout de même souligné que la promesse d’augmenter les salaires de 5 % n’est pas un poisson d’avril.

Au député Djejouma Sanou, le Premier ministre a dit : “Vous faites des affirmations gratuites. Nous faisons beaucoup dans le domaine de la recherche et nos chercheurs cherchent et trouvent.” Mais, a-t-il ajouté, “un minimum est fait, mais des efforts restent à faire”. Pour ce qui est des assassinats de Pièla, le Premier ministre rassure que les enquêts sont en cours.

Après avoir tenté de répondre et de rassurer les honorables députés, dont certains somnolaient aux environs de 24 heures, les uns et les autres se sont dit au revoir, espérant se renconter l’année prochaine, si les législatives du 6 mai 2007 ne “trahissent” pas aussi bien les députés que Paramanga Ernest Yonli.

Ali TRAORE

Sidwaya

P.-S.

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Vos commentaires

  • Le 3 avril 2007 à 18:51, par Sirima Ouattara En réponse à : > Discours sur la situation de la Nation : Ambiance de “fin de règne” sur l’hémicycle

    Bonsoir,
    Le Discours du premier ministre sur l’état de la nation devant nos illustres députés m’amène à faire une remarque sur un point où j’estime qu’il est passé complètement à côté de son sujet. Il s’agit de sa réponse à l’honorable député Djejouma Sanou où il a maladroitement affirmé : “Vous faites des affirmations gratuites. Nous faisons beaucoup dans le domaine de la recherche et nos chercheurs cherchent et trouvent.” j’estime que sa réponse est très subjective et très circonstancié parce qu’il s’agit d’un député de l’opposition. Sinon, les commentaires du députés Djejouma sur la recherche ne méritaient tant de mépris et de subjectivisme de la part du premier ministre. Ce qu’il faut souligner et ce que le premier ministre (lui qui plutôt ignore tout de la recherche, même s’il prétend être chercheur lui-aussi. En tout cas, on ne le connait pas à la recherche) ne sait pas, c’est que l’honorable député s’est imprégné des réalités de la recherche en faisant une visite dans les structures de recherche avant de poser sa question au premier ministre et cela nous avons pu le constater et c’est tout à son honneur. Son appréciation reflète pour l’essentiel les realités de la recherche, en tout cas pour ceux qui y sont et non pour ceux qui ne sont préoccupés que par les OGM. Le député a bien raison car sans un appui sérieux et déterminant à la recherche, il ne peut pas avoir de développement. le premier ministre lui-même reconnaît que l’aide accordée à la recherche est insuffisante et il compte sur l’apport des américains (à travers ce fameux millenium challenge) pour faire sortir la recherche de ses problèmes. C’est un leurre et c’est même stupide car, selon tous les spécialistes, un pays qui ne consacre pas au moins 1% de son PNB à la recherche ne peut pas se développer. C’est ce que le sieur Yonli devrait comprendre. Il est vrai, que l’on ne peut pas dire que la recherche au Burkina ne fournit pas des efforts pour aller de l’avant (ce que l’honorable député n’a d’ailleurs pas nié, il a plutôt insisté sur le fait que le recherche ne bénéficie pas suffisamment du soutien de l’état burkinabé, toute chose constituant un frein à son épanouissement, et cela est tout à fait vrai et vérifiable) mais là c’est aussi grâce à l’énorme sacrifice fournit par l’ensemble des travailleurs de la recherche. Quant à l’état burkinabé et particulièrement le gouvernement Yonli, on ne peut pas dire que la recherche constitue une de ses priorités malgré les directives du président du faso et le grand intérêt du ministre de l’agriculture sur cette question. Pour plus de précisions je vous invite à lire cet article sur la problématique de la recherche en Afrique et au Burkina que le journal "le pays" m’avait fait l’honneur de publier dans le passé.
    Bonne lecture

    RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET DEVELOPPEMENT EN AFRIQUE

    Dans un article intitulé : « Francophonie : le Burkina Faso face au développement durable » publié dans le journal le « Pays », N° 3247 du lundi 08 novembre, Ariane Poissonnier tente de montrer comment, malgré des difficultés structurelles sérieuses, le Burkina connaît une croissance économique dans différents domaines. Concernant la recherche scientifique et l’enseignement supérieur, elle se base sur la visite et les réalisations du centre d’excellence en biotechnologies et son école doctorale de l’Université de Ouagadougou dirigé par le Professeur Alfred Traoré et financé par l’Agence universitaire de la francophonie, pour illustrer l’apport de la recherche dans le développement durable. Cependant, sans négliger le rôle et l’importance de ce pôle d’excellence de l’Université de Ouagadougou, il convient de reconnaître que cet exemple ne reflète pas, et loin s’en faut, les réalités et les conditions dans lesquelles évolue la recherche scientifique dans notre pays. Cet article vise à recentrer le débat sur sa véritable place en Afrique et, plus particulièrement, au Burkina Faso, tout en insistant sur l’urgence de l’importance à lui accorder afin qu’il puisse contribuer efficacement au développement économique et social de nos pays car des réussites comme celles du laboratoire et de l’école du Professeur Traoré ne sont que la partie visible de l’iceberg.
    « Si vous pensez que le savoir coûte cher alors achetez l’ignorance »
    En effet, ne pas considérer la recherche scientifique et technologique comme le levier incontournable du développement en Afrique et plus singulièrement au Burkina Faso relève de l’ignorance et de l’inconscience. Le problème c’est que la plupart des décideurs et dirigeants politiques africains ainsi que la plupart de tous ceux qui ont, pourtant, un intérêt quelconque dans la recherche continuent de ne pas lui accorder toute l’attention et la confiance nécessaires. C’est une grave erreur et c’est mortel. L’importance de la recherche scientifique pour le développement de notre pays est d’une brûlante actualité et aucun secteur de l’économie et de la société ne saurait évoluer en dehors de lui. La prospérité et la force des pays du Nord sont bâties, en premier, sur les multiples liens qu’entretient la recherche avec les autres secteurs d’activités. Cela coûte cher, mais constitue une donnée vitale car comme le souligne si bien un dicton américain : « si vous pensez que le savoir coûte cher, alors achetez l’ignorance ». Certes, le Burkina est un pays pauvre mais, c’est petit à petit, effort après effort, sans discontinuer qu’il doit renforcer sa recherche scientifique pour faire face aux différents défis qui l’interpellent.
    Malheureusement, cela ne semble pas être la tendance dans l’évolution de la recherche scientifique dans les pays sous-développés comme le nôtre car il n’existe pas une véritable prise de conscience au niveau des décideurs politiques pour entraîner une mobilisation suffisante de moyens matériels et financiers afin de procéder aux investissements, de plus en plus lourds, que requiert le développement d’une puissante base autonome de recherche, de production et de diffusion d’informations, de savoirs et de technologies de pointe, condition nécessaire pour, non seulement, nous libérer de notre actuelle dépendance scientifique et technologique, mais aussi, pour espérer tenir raisonnablement un rôle actif dans le monde de demain. Il en découle donc une nette option pour la coopération scientifique internationale qui est devenue très importante et déterminante pour l’Afrique, au détriment d’un effort conséquent et interne pour renforcer son propre système de recherche. Mais, beaucoup de spécialistes pensent qu’en la matière l’Afrique doit faire preuve davantage de volonté politique. En effet, limitée par la faiblesse des ressources nationales, la recherche dans les pays africains est tributaire pour l’essentiel de la coopération internationale. Sans cette coopération, de plus en plus de chercheurs originaires de ces pays, confrontés à l’insuffisance des ressources nationales et à des conditions de travail difficiles, s’exilent en Occident. Cette fuite des cerveaux constitue une menace pour la communauté académique et la recherche fondamentale dans beaucoup de pays africains et freine sérieusement leur développement.
    Fuite des cerveaux et financement endogène
    Déjà, en 1999, selon les estimations de l’UNESCO, 30 000 africains titulaires d’un doctorat d’état travaillaient hors du continent, notamment aux USA, en Angleterre et en France où ils ont obtenu des postes de responsabilité dans des instituts de recherches et dans les universités. Ainsi, les différents laboratoires, universités et grandes écoles d’Afrique, en raison de l’exode des cerveaux vers l’occident, souffrent, de plus en plus, du manque d’enseignants et de chercheurs. Ils quittent généralement leur pays à cause de la médiocrité des salaires, du statut précaire des chercheurs et des problèmes politiques. Malheureusement, il est difficile d’envisager une solution à court terme à cette question et il est illusoire aujourd’hui de vouloir les faire revenir surtout qu’il n’existe pas de potentiel scientifique suffisamment attractif pour leur permettre de travailler correctement ; sans compter les motivations matérielles. La seule alternative actuelle pour les Etats africains est de créer les conditions d’une meilleure prise en charge afin que les scientifiques africains expatriés participent à des programmes de recherche initiés dans leurs pays ou sur le continent avec un appui de la communauté internationale.
    Cependant, malgré la création de nombreuses structures publiques et privées au plan national comme international (cf. Centre Muraz, Cirdes, CODESRIA, etc.) pour favoriser cette coopération scientifique internationale avec, il faut le reconnaître, quelques résultats probants, le problème fondamental du financement endogène de la recherche demeure une très grande question en Afrique. A titre de comparaison, on peut noter que dans la plupart des pays développés, l’investissement dans la science et la technologie est d’environ 2% du PIB (la Suède arrive en tête avec 3%). En Afrique sub-saharienne, seules l’Afrique du Sud et les Seychelles consacrent 1% ou davantage de leur PIB à la recherche-développement alors que de nombreux experts estiment qu’il faut un investissement de plus de 1% du PIB dans la science et la technologie pour que cela ait un impact significatif sur le niveau de développement. La situation ne dispose donc pas à l’optimisme et, de plus en plus, cette question figure parmi les préoccupations de nombreux chercheurs et structures de recherche africains.
    Ainsi, pour Cheick Modibo Diarra, le célèbre scientifique de la NASA d’origine malienne, la voie de salut pour la recherche scientifique en Afrique se pose en terme de « volonté politique et programmation ». Pour lui, les programmes de recherche scientifique doivent s’appuyer sur des systèmes de regroupement régionaux avant de songer au partenariat avec le Nord car la coopération Sud-Sud est plus importante que la coopération Nord-Sud. A la question de savoir ce que le continent africain peut proposer à la communauté scientifique internationale ? Il répond ainsi : « Vous voulez parler sans doute de ce fameux retard du continent dont on parle tant. Je vois les choses autrement. Les pays riches ont investi de grosses sommes dans des infrastructures qu’ils sont obligés d’amortir car avec les innovations technologiques, ces mêmes infrastructures vont être dépassées en un temps record. Le seul budget du programme Magellan était supérieur à 740 millions de dollars. Nous africains par contre, nous ne pouvons certainement pas avoir ces ambitions, mais il y a lieu de s`adapter. En définitive, il faut noter que la connaissance scientifique est universelle. Cela veut dire que dès qu’une découverte scientifique a lieu, elle appartient à la communauté mondiale. Le problème en Afrique n’est pas la détention d’un savoir mais plutôt l’acquisition de savoir-faire. Et puis, l’Afrique est un continent de 740 millions d’habitants dont la moitié a moins de 20 ans. C’est une chance inestimable. A nous de développer ces ressources humaines... ».
    Limites et perspectives de la recherche en Afrique
    En fin de compte, l’avenir des pays pauvres, notamment de ceux d’Afrique subsaharienne, dépendra, pour l’essentiel, de la prise de conscience et de la prise en compte par leurs responsables du fait que les questions de leur développement sont intimement liées à la qualité et à la force de la recherche scientifique dans leurs pays. Pour s’en convaincre, on peut se référer à ce diagnostic précis et actuel de la recherche africaine par le Professeur Bonaventure Mvé-Ondo, de l’Université Omar Bongo de Libreville. Son analyse porte sur les limites et les perspectives de la recherche en Afrique. Partant du constat que le contexte scientifique international d’aujourd’hui est marqué par la mondialisation des échanges à travers une grande mobilité des enseignants, des chercheurs et des étudiants et par un affaiblissement continu du rôle des Etats du Sud dans ce large mouvement, il note trois grandes tendances dans l’évolution de la recherche :
    - La première tendance indique que l’avenir appartient aux seules « sociétés de savoir ». Cela veut dire que la maîtrise de la science et des techniques, contrairement à ce qui était soutenu jusqu’ici, est devenue la condition première du développement. Ainsi toute société qui ne s’investirait pas dans la science, est appelée à disparaître. Autrement dit, science égale développement.
    - La deuxième est la conséquence de la première : la recherche se privatise de plus en plus. Du coup, la connaissance scientifique n’est plus un bien public disponible pour tous, mais un bien privé qu’il faut protéger et garder jalousement. On comprend alors que la capacité de création scientifique soit devenue une arme commerciale pour le seul profit des firmes privées et non plus des Etats.
    - La troisième tendance est la consécration des deux premières : aujourd’hui, la recherche se fait de plus en plus au Nord. C’est la conséquence de la raréfaction des financements. Cette concentration des centres de recherche au Nord entraîne inéluctablement pour les pays africains une situation d’apartheid scientifique ou de « primairisation » de la science.
    Trois faits viennent confirmer ces tendances d’évolution de la recherche dans les pays du Sud. Le premier porte sur le volume de la production scientifique en Afrique. En effet, si l’on observe la production scientifique mondiale publiée, on s’aperçoit que l’ensemble des pays dits en voie de développement ne « produit » que 8% de cette littérature contre 78% pour les pays développés, à savoir les Etats-Unis (36%), le Japon et l’Europe occidentale. En ce qui concerne l’Afrique, la production scientifique publiée était en 2000 de 0,3%. Il convient de rappeler qu’en 1960, cette part représentait 0,3% et qu’elle était montée dans les années 1980 jusqu’à 1%.
    Le second fait porte sur le cadre même de cette dégradation. Depuis 1980, avec la réduction des budgets des Etats, avec les politiques d’ajustement structurel et les nombreux conflits, les systèmes d’enseignement supérieur et de recherche africains se sont fortement dégradés. Cela s’est traduit par des tutelles politiques amoindries, par des recrutements rares ou inexistants, par la « clochardisation » des chercheurs et des enseignants, par des institutions désertées ou purement fermées. De nombreux enseignants et chercheurs, pour compléter leurs revenus, s’engagent de plus en plus dans la politique, dans des travaux d’expertise ou de consultation, dans des cours privés, et dans toutes sortes d’activités secondaires comme l’agriculture, l’élevage, la gestion de « maquis » et de biens d’autres activités rémunératrices.
    Le troisième fait est lié aux transformations en cours. Les structures de recherche en Afrique sont devenues essentiellement dépendantes des programmes d’aide à la recherche ou de coopération financés par le Nord. A tel point que, pour commencer la moindre action, il faut désormais attendre les financements du Nord (tout au moins pour les laboratoires qui en obtiennent comme celui du professeur Alfred Traoré). Or, dans un monde où la maîtrise des nouveaux savoirs et la culture technologique sont devenues les seuls garants du développement, l’Afrique, en ne prenant pas en compte son avenir scientifique, en se désengageant comme elle le fait, de plus en plus, de la recherche, s’enfonce en fait dans un ghetto. Continent marginalisé, l’Afrique subsaharienne, malgré quatre décennies d’efforts et de coopération internationale pour le développement et malgré quelques Centres de haut niveau comme le Codesria, n’arrive pas à engager une véritable politique de recherche qui débouche sur son développement.
    Ces constats du professeur Mvé-Ondo nous démontrent, on ne peut mieux, qu’il n’y a pas d’autre alternative au développement du continent africain et notamment au sud du Sahara sans une véritable prise de conscience par les décideurs politiques de la nécessité de fournir un sacrifice financier et matériel autonome et soutenu afin de mettre en place un système national de recherche performant. Il en va du sort de tous, même de ceux qui sont au sommet de la hiérarchie sociale. En définitive, il est clair, aujourd’hui, que pour sortir des situations de ghetto scientifique, la recherche en Afrique et en particulier au Burkina Faso, si elle veut contribuer au développement et au bien-être des populations, doit d’abord être considérée comme un domaine stratégique. Ensuite, elle doit être orientée par les politiques nationales tout en s’insérant dans des réseaux internationaux. Les difficultés de la recherche scientifique burkinabé interpellent vivement nos autorités quant à leurs solutionnements. Au delà de la coopération scientifique son avenir est entre nos mains car comme l’a précisé le Professeur Shem. O. Wandiga, président de l’académie nationale des sciences du Kenya « c’est par la science et la technologie que l’on va mettre en place des Etats plus sains et plus sûrs » et cela d’autant plus que « dans l’histoire des hommes, aucune nation n’a réalisé son destin en la confiant aux autres ».

    Sirima Ouattara

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