LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

L’Etat de droit, une quête permanente

Publié le mardi 3 avril 2007 à 09h04min

PARTAGER :                          

Les récentes “éruptions cutanées” observées au niveau du corps social et la poussée d’adrénaline de la soldatesque en décembre dernier, viennent nous rappeler que l’Etat de droit est une quête de tous les jours, ainsi que l’a souligné Paramanga Ernest Yonli dans son Discours sur la situation de la Nation (DSN).

Faisant référence à “l’affaire de la chaîne des bars Kundé” qui a amené certains burkinabè à exprimer leur propension naturelle et spontanée “à recourir à la justice privée et aux règlements de compte personnels, comme modes de solutions aux différends et aux conflits sociaux”, le Premier ministre a indiqué que ces événements, confortent son gouvernement dans sa volonté “d’édifier un Etat de droit démocratique fort, capable de garantir la liberté, la sécurité et la justice pour tous”. Et Yonli de marteler que dans cette optique, le principe de l’autorité de l’Etat “ne peut faire l’objet d’aucune contestation”.

On touche là l’immense difficulté de la tâche si tant est que cet Etat moderne, héritage du bonapartisme (par le biais de la colonisation) se heurte “aux principes et aux règles de la société traditionnelle” comme l’a rappelé le même Yonli. C’est dire que la citoyenneté dans l’acception du premier, n’est pas souvent la même au niveau de nombre de nos compatriotes. Avec la propagande savamment entretenue par ailleurs par certaines chapelles de pensée, le pli de la contestation est vite pris surtout qu’en face, la communication politique ne semble pas être le “fort” des gouvernants.

On comprend, en effet, difficilement qu’en ces temps tourmentés, le point de presse du gouvernement soit axé sur la loi d’orientation de l’éducation (une loi du reste salutaire pour tout le monde) alors que les Burkinabè clament urbi et orbi et avec fracas, leur mécontentement de la “Justice aux ordres” qui cultive l’impunité. Une vieille antienne pourrait-on dire, sauf que ce coup-ci elle nous replonge dans les périodes chaudes de fin 1998, début 1999, lorsque le Collectif en avait fait son credo.

Les citoyens veulent être rassurés sur la bonne santé de leur justice et ce n’est pas la mise en œuvre du plan d’action national pour la réforme de la justice qui étanchera leur soif. Une autre manière de communiquer s’impose donc, si l’on ne veut pas banaliser ces moments de dialogue direct entre gouvernants et gouvernés que constituent les points de presse.

Cela ne saurait excuser pour autant les comportements déviants de ce dernier trimestre où la justice, pierre d’angle de la démocratie, a été prise à partie à tort. Depuis l’affaire Norbert Zongo, cette propagande que nous évoquions, s’est mise en branle pour affirmer que l’on voulait “enterrer” le dossier.

Malgré les dénégations du parquet qui a dit attendre des “charges nouvelles”, le filon est surexploité, dans le but il ne faut pas l’oublier, de créer les conditions subjectives de l’avènement d’une “vraie” révolution. On retourne aux origines du collectif des organisations démocratiques de masse et des partis politiques, quand les crypto-communistes avaient la part belle dans ce conglomérat.

C’est dire qu’en face, la vigilance doit être de mise pour être à la hauteur du débat. Ce débat qui doit permettre à l’Etat de droit et à la démocratie de triompher contre les tenants de la pensée unique. Peu éclairés sur cette option stratégique, nombre de burkinabè en sont devenus des propagandistes inconscients. Une option stratégique que l’on veut atteindre par la tactique de la terre brûlée. Voilà la principale menace pour la démocratie burkinabè qui est dirigée par certains de ces communistes reconvertis qui ont en face leurs camarades d’hier.

Aux gouvernants de faire comprendre au peuple qu’il a bâti son identité autour des valeurs d’intégrité de discipline et de rigueur dans le travail. Lesquelles commandent que l’on n’accuse pas sans preuves et que l’on ne flétrisse pas en vertu du délit de “sale gueule”. Exalter donc le travail, magnifier la solidarité et la justice tout en restant vigilant face aux tartufes politiciens, voilà la conduite qui sied à l’heure actuelle. Aussi, la gestion parcimonieuse et rigoureuse du bien public devra être un leitmotiv commun.

Autrement, les élites que nous sommes auront failli dans leur devoir du moment à savoir l’ancrage de la démocratie et son corollaire, le développement.
Ce qui serait impardonnable après tous les combats perdus jusque-là.

Boubakar SY

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique