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Me Antoinette Nongoba Ouédraogo, bâtonnier de l’Ordre des avocats : “On ne m’a pas appris à raser les murs”

Publié le lundi 7 mai 2007 à 08h28min

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Me Antoine Ouédraogo

Antoinette Nongoba Ouédraogo, première femme bâtonnier de l’histoire du bâtonnat dans notre pays et surtout première femme avocate du Burkina était le 14 mars dernier l’invité de la rédaction des Editions Sidwaya. Pour le commun des hommes, journalistes et avocats ont ceci en partage qu’ils parlent beaucoup.

Déformation professionnelle certainement oblige ! Et le constat a été fait que notre invité du jour parle. Mieux, elle affirme haut ce qu’elle ressent qui n’est pas forcément en harmonie avec les clichés ou autres idées reçues. Ainsi sur les questions de quotas, de genre, sur la journée du 8 mars, les points de vue de madame le bâtonnier sont aux antipodes de ce qu’on entend tous les jours sous formes de revendications devenues naturelles.

Si elle s’étale de long en large sans tabou sur des questions précises telles les différentes médiations réussies du président du Faso, l’immixtion du président guinéen Lassana Conté dans les affaires judiciaires de son pays etc., elle ne reste pas moins fermée sur d’autres pour lesquelles, c’est plus la femme que la juriste qui s’exprime. Au nombre de ces sujets, le viol des femmes. En trois heures d’horloge, les journalistes de Sidwaya ont ainsi fait le tour d’horizon de l’actualité brûlante avec leur invité du jour.

Sidwaya (S) : Maître, nous venons de célébrer, il y a quelques jours, le 8-Mars. Que vous inspire cette date ?

Antoinette Nongoba Ouédraogo (A.N.O) : Je vous remercie d’abord de m’avoir invitée. Je me sens extrêmement impressionnée devant un panel de si grands journalistes. Et j’espère que je serai à la hauteur.
Pour revenir à la question du 8-Mars, voyez-vous, chacun a son 8-Mars dans la tête et dans son comportement. Pour moi, c’est une date qui me permet de me décrocher de mes activités ordinaires pour me consacrer à une autre activité que j’aime bien : la réflexion et l’introspection.
Nonobstant les significations et les débats autour du 8-Mars, la Journée doit interpeller chaque femme, quant à la conquête de ses droits, surtout sur son devenir à elle en tant que personne physique. Je ne suis pas adepte des 8-Mars festifs. Je pense que depuis que le 8-Mars existe, je n’ai jamais participé à une fête ou une manifestation commémorant cette journée. Pour moi, la signification de cette date est le combat que les femmes doivent mener pour arracher des droits qui leur sont naturels : le droit à l’expression, le droit au repos hebdomadaire, le droit de vivre comme tout citoyen d’une cité. Ce n’est pas un droit que l’on vous confère. Je proportionnalise la date du 8-Mars pour dire que cette date aurait été plus utile si, lors de sa commémoration, chaque femme prenait le temps de réfléchir et de se poser au moins les trois questions suivantes : d’où je viens ? Où je suis ? Et où je vais ?
Dans cette réflexion-là, je pense qu’on oublierait les galas, les festivités qui entourent cette cérémonie. Pour moi, cette célébration n’est pas une occasion de faire des excentricités. Mais plutôt une occasion de cogitation dans la mesure où si l’on commémore, cela veut dire qu’il y a une valeur intellectuelle, morale, spirituelle qui est attachée à cette date.
Ce jour-là, j’ai passé toute la journée dans ma ferme. J’ai essayé d’aider nos ouvriers à travailler. J’ai reçu dans l’après-midi, des amis. Nous avons passé notre 8-Mars à discuter. Le 8-Mars n’est certainement pas la fête de la bière. C’est une date d’interpellation.

S. : Si on considère que la femme est à la tâche tous les jours, ne peut-on pas lui concéder qu’elle fasse son « djandjoba » le 8-Mars ?

A.N.O. : Si, on peut concéder qu’elle fasse son « djandjoba ». Mais personne ne peut faire un « djandjoba » quand il n’a pas le minimum. Si vous n’avez pas mangé le matin, je vous défie de faire un « djandjoba ». Au lieu d’aller faire un « djandjoba », cherchez à savoir comment demain, vous allez manger. Le « djandjoba » ne peut pas remplacer les rapports personnels directs et instructifs que quelqu’un peut avoir avec sa famille et ses amis.
Et moi, je suis de celles qui pensent que le développement de la femme ne dépend pas de la multiplicité des rencontres et toutes les autres choses qui les entourent.
Le développement de la femme part de chaque femme. Si on fait un petit constat, la population burkinabè est à plus de la moitié, rurale. Moi, j’aime à dire que j’ai eu la chance d’être née en brousse. D’y avoir grandi et d’en être sortie pour parvenir aux hautes sphères de l’Etat.
Figurez-vous, les femmes du village ne savent pas ce que c’est que le 8-Mars. Celles qui ont peut-être entendu parler en langues nationales. celles qui ont la chance d’avoir un poste téléviseur, ont certainement vu des images. Mais c’est extrêmement loin de leurs préoccupations. Alors, qui travaille à avoir le 8-Mars comme jour de repos ? C’est une minorité. La majorité est en train de travailler le 8-Mars, le dimanche, le samedi et les jours fériés. Je vous rappelle que le 8 mars 2007, lorsque je suis arrivée à ma ferme dans les environs de 8 heures, j’ai trouvé de braves femmes venues de Ouagadougou pour acheter des légumes.
Est-ce qu’elles n’ont pas droit au 8-Mars ces femmes-là ? Elles ont droit. Mais il leur est plus en urgent d’assurer leur survie que de fêter le 8-Mars. Donc si chacune doit s’occuper de son urgence et faire en sorte que le 8-Mars prochain, elle ne soit plus dans la même urgence, je ne dis pas que le 8-Mars tomberait en désuétude. 8-mars pour moi, est une date importante qui doit être accompagnée de choses concrètes.

S. : Est-ce qu’on peut savoir où se situe votre ferme et qu’est-ce que vous y faites ?

A.N.O. : Ma ferme se trouve à Basemmyam, à peu près à 13 km d’ici (Ouagadougou). Pendant l’hivernage, je fais du maïs, du riz, de l’arachide, de l’igname, du niébé, du bissap, un peu du tout. Je faisais également de l’élevage de poulets que j’ai du suspendre à cause de la grippe aviaire. J’ai un beau troupeau de bœufs (plus d’une centaine), des moutons aussi.

S. : Toujours à propos du 8-Mars, ne pensez-vous pas que les femmes comme vous, résidant à Ouagadougou, devraient faire un geste à l’endroit des autres femmes des campagnes qui ont des droits à défendre ?

A.N.O. : Il est exact, et c’est même un devoir pour celles qui ont pu émerger de tendre la main à celles qui sont encore en bas. Mais c’est une question de cadre. Je pourrai aller volontiers dans mon village sensibiliser les femmes. Je ne l’ai peut-être pas fait. Cependant, j’ai développé des initiatives personnelles à l’occasion de certaines manifestations de famille, coutumières ou religieuses.
J’essaie de converser avec les jeunes filles et les jeunes femmes. J’aime bien rendre visite aussi aux vieilles femmes. Mais c’est une question institutionnelle car quelle que soit ma bonne volonté, je ne peux pas agir seule.

Je ne veux pas non plus que l’on interprète mes propos comme étant un jugement peu favorable aux associations féminines ou féministes.
Il faut constater : vous faites partie d’une association. Vous pouvez ne pas bien militer. Mais vous demeurez une personne-ressource. Si on ne fait pas appel à vous, que faites-vous ? Vous restez certainement dans votre coin ou bien... Si on fait appel à vous, vous y allez et vous ne vous retrouvez ni dans la forme ni dans le fond, parce qu’on passe le temps à parler d’autres choses : chaussures, maquillage, et patati patata. Je vous assure que si vous êtes invitée la prochaine fois, vous risquez de ne pas y aller parce que c’est une perte de temps. Je voudrais bien que les organisations féminines qui s’investissent et même les femmes qui ont une certaine position sociale puissent avoir ce grain de compassion qui permette à chacune de façon matérielle et désintéressée, d’accorder une importance aux autres. Pour être franche, je vous affirme qu’il n’y a aucune association féminine dont je suis membre, dans la mesure où je ne m’y retrouve pas. J’ai horreur de perdre mon temps.

S. : Différentes médiations se déroulent actuellement à Ouagadougou, relatives aux crises togolaise et ivoirienne. Que pensez-vous du rôle du président du Faso, Blaise Compaoré, comme facilitateur ?

A.N.O. : N’est pas médiateur qui veut. La médiation est un art. Dans la médiation, il faut savoir donner le meilleur de soi-même. Dans le cas contraire, on ne transmet rien et on ne reçoit rien du tout. Si l’on écoute vos confrères de la presse audiovisuelle, je pense que le président Blaise Compaoré a montré qu’il est un homme, un bon Moaga. N’en déplaise aux Samo et autres. Dans nos sociétés traditionnelles, le chef, c’est le dépotoir. Je n’invente rien. Cela se dit dans des expressions très courantes. Le chef, c’est aussi le sacrifice. Le président Compaoré a accepté cette médiation et moi j’en suis fière dans le sens où toute médiation réussie est une victoire contre la haine, la violence. Tout médiateur a aussi le mérite de rechercher la paix.
Pour ce qui concerne la crise togolaise, je crois que le président a eu une position d’extrême prudence pour montrer que si la paix peut s’exporter, la guerre peut l’être davantage. Dans certains contextes, je pense que lorsque les gens ne s’entendent pas, il faut les amener sur un terrain où chacun n’est entouré de vélléites suicidaires et de haine gratuite. Quels que soient le confort, l’accueil qu’on vous donne dans un pays, vous êtes quand même dessourcé par rapport à votre pays. Les mauvais esprits qui vous talonnent sont absents, vous gagnez en lucidité et la paix est à côté.
J’étais habituée à faire au moins quinze (15) jours par an chez une amie au Togo et quand je vois Lomé d’il y a 15 ans et la même ville aujourd’hui, je suis choquée. Je crois que beaucoup de personnes sont d’accord avec moi pour avoir connu un pays faste, dans lequel aussi on peut se réveiller et voir un cadavre au bord de la lagune. Donc, il fallait inviter les Togolais sur un terrain neutre, leur faire voir que la paix est une valeur intrinsèque propre à chaque pays et que sans paix, ce que vous gagnez ne sert à rien. C’est une médiation réussie. J’ai eu l’occasion d’aller au Togo et beaucoup de Togolais m’ont déclaré que nous les Burkinabè, les avons aidés. Mais en réalité, c’est vraiment eux-mêmes qui se sont aidés. Parce que nous ne les avons pas forcés. C’est par une série d’explications logiques qu’on finit par atteindre le but.
Quant au conflit ivoirien, je reste « plantée » parce que moi, j’aurais pu croire à n’importe quelle manière de résoudre le conflit ivoirien, mais pas par un recours du Burkina Faso. Parce que nous avons été salis, vilipendés, accusés. En tant que personne physique, il y a des moments où je me révoltais toute seule. Je me demandais pourquoi nos autorités politiques se plaisent ainsi qu’on nous traite de tous les noms d’oiseau. En tant que Burkinabè, ma conscience se heurte lorsqu’on touche, ne serait-ce qu’à l’intégrité morale de mon pays. A plus forte raison quand on le suspecte d’être un bandit.
Je suis là et je ne vois pas l’effet de banditisme et si quelqu’un vient me dire que mon pays est bandit, si j’ai les moyens de le frapper, je le « cogne » , quitte à ce qu’on se retrouve au tribunal pour coups et blessures (rires). Mais j’ai admiré le sens de maîtrise de soi du président, car c’est difficile de chercher le meilleur qui soit pour quelqu’un qui vous accuse. Moi, en tous les cas, je n’en suis pas capable. Si vous m’insultez, je ne cherche pas à vous arranger.
Sauf si ce que vous dites est vrai. Mais si vous m’insultez parce que vous avez la liberté d’expression, je ne vous fait pas de cadeau. Je vous attends au tournant. Et si je n’ai pas assez de biceps pour vous dompter ma chose, je ferais autre chose pour vous prouver mon mécontentement. Que le président se soit sacrifié, qu’il ait pris son temps, du temps qu’il nous doit parce que c’est notre président, pour résoudre la crise ivoirienne, je crois que c’est un précédent inégalable. C’est ce qui me fait dire que le président Blaise Compaoré est un grand. Car seuls les grands sont capables de faire ce qu’il a fait. Maintenant, il reste aux Ivoiriens de savoir ce qu’ils vont faire. C’est à eux de penser, de réfléchir, de faire tout pour que la paix revienne.

S. : Etes-vous optimiste pour ce faire ?

A.N.O. : Je pense que c’est possible. Vous savez que la dernière cartouche est celle qui est décisive. Nous sommes petit (NDLR Burkina Faso). Mais Tabo M’Beki est grand, son pays aussi. L’ONU s’en est mêlée, la France et tous les autres s’en sont mêlés mais je pense que c’est la première fois que les deux (2) protagonistes signent quelque chose. Je suis confiante et je pense que la Côte d’Ivoire va sortir de l’ornière.

S. : Le patron du Millenium challenge corporation (MCC) a visité le week-end écoulé notre pays. Peut-on considérer cette nouvelle voie d’aide au continent comme une panacée ?

A.N.O. : Pour moi, rien n’est une panacée. Absolument rien.

S. : Mais est-ce que le MCC est mieux que les autres formes d’aide qu’on a eues jusque-là.

A.N.O. : Je ne crois pas. Je n’ai pas foi parce que si vous, en tant que journalistes, on vous disait qu’on allait vous amener du matériel pour faire de vous des journalistes indépendants, si dans votre tête vous n’aspirez pas à l’indépendance, vous n’irez nulle part. Le deuxième postulat, il faut que ce qu’on promet pour les groupes cibles, atteigne ces groupes en question, dans un cadre institutionnel public. J’ai confiance aux privés, mais je n’ai pas confiance en leur expérience, en leur esprit de combativité. Le Millenium challenge corporation nous aurait donné la moitié de la terre, même la moitié de la richesse des Etats-Unis, si nous, en tant que peuple, ne savons pas nos priorités, nous n’œuvrerons pas à atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés en toute transparence, ça ne servira à rien.

S. : Revenant à votre prise de position sur la question de la femme et votre développement sur le MCC, vous semblez être gauchiste. Quel est votre modèle de développement pour l’Afrique ?

A.N.O. : Je ne suis pas gauchiste, je n’ai jamais été membre d’un parti. Je suis Antoinette et c’est tout. J’ai mes positions et je les exprime sans arrière - pensée. Le modèle de développement de l’Afrique ne doit pas être un modèle exporté. Mon modèle de développement est que j’ai un métier, je suis avocate. J’ai une passion, c’est l’agriculture et l’élevage que je connais parce qu’étant fille de paysan. J’ai peut-être des vices mais c’est aux autres d’en juger.
Chaque fois que je me lève, je veux que mon étude marche bien, je veux que ma ferme tourne bien, je veux que mes ouvriers soient satisfaits. C’est cela mon modèle de développement. Il doit en être de même pour chaque nation. Aujourd’hui, avons-nous besoin de suffisamment d’eau pour travailler nos champs ou avons-nous besoin d’insecticides ou d’engrais pour cultiver du coton qui ne se vend pas bien ? C’est-à-dire qu’on ne doit pas imposer à l’Afrique des choses qui ne sont pas porteurs. Moi par exemple, j’ai des superficies qui me permettent de faire du coton mais je ne le ferai pas. Parce que je n’en le consomme pas. Je cultive mon maïs, j’élève mes bêtes parce qu’à n’importe quel moment, on aura besoin de cela. Je pense que l’Afrique a grand intérêt à choisir son développement si elle ne veut pas être surprise.

S. : Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) vient de fermer les portes de la XXe édition. Comment avez-vous vécu cette fête du 7e art ?

A.N.O. : Je crois que ce sera le bémol de notre entretien parce que j’ai suivi le FESPACO un peu de loin, dans la mesure où j’étais en voyage hors du pays. Mais quand je suis revenue, j’ai suivi sur le petit écran certains extraits de films. Au-delà de l’aspect visuel de la chose, j’ai rencontré beaucoup de gens qui venaient à Ouagadougou pour le FESPACO.
Pour moi, même si je n’ai pas pu participer pleinement au FESPACO, je crois que le peuple burkinabè peut être fier et Ouagadougou peut être qualifiée de ville tournante. Avec les petites rencontres qu’on a avec les uns et les autres, le FESPACO va grandissant. L’engouement pour l’événement est de plus en plus remarqué. Si on continuait à faire des efforts pour donner les infrastructures qu’il faut à Ouagadougou, je crois que le FESPACO monterait en flèche.

S. : Et le cinéma africain ?

A.N.O. : Le cinéma africain vu par un Africain n’est pas le même lorsqu’il est vu par quelqu’un d’autre. Par exemple, lorsque M’Ba Bouanga fait la bagarre avec sa femme sur les sachets plastiques, moi je m’y retrouve. Car je fais souvent la même bagarre chez moi. Ce n’est donc pas une innovation. Mais quand il s’agit de la traite des enfants, cela est une innovation parce que ma société ne connaissait pas cela. Cela interpelle. C’est sur ces thèmes que je me suis particulièrement focalisée. C’est-à-dire des sujets d’actualités souterraines mais qui exposent des réalités écrasantes, insupportables. Tant que le cinéma africain pourra intégrer des thèmes novateurs, je trouve que c’est nous tous qui y gagnerons.

S. : Le 7 mars dernier était considéré comme la date butoir pour le dépôt des candidatures aux législatives de mai prochain au Burkina. Quelle appréciation faites-vous d’une structure comme la CENI ?

A.N.O. : Vous savez, l’œil du juriste et celui du politique et du citoyen ordinaire ne sont pas forcément les mêmes. Ce sont trois yeux, trois conceptions distinctes.
De mon point de vue, la CENI dans sa composition actuelle ne pose aucun problème de transparence. C’est la méconnaissance des textes qui fait que les gens croient que la CENI est une émanation du parti majoritaire.
Il n’en est rien du tout. Il suffit d’observer le code électoral de 2000 et on se rend compte que la CENI est composée de cinq membres de la mouvance, de cinq autres membres de l’opposition et de cinq autres membres de la société civile (religieux, coutumiers, associations...).
Si quelqu’un suspecte la CENI de ne pas remplir sa mission pour telle ou telle raison, c’est parce que cette personne n’a rien compris. La démocratie, c’est la loi du nombre. Mais pour que le nombre joue, il faut que le jeu en vaille la chandelle.

Mais les gens veulent des raccourcis pour déverser leurs toxines. Il y a des gens qui ne cherchent pas à comprendre quels sont les mécanismes de contrôle et de contestation. Je pense que ce n’est pas honnête dans la mesure où c’est une loi que personne n’est censée ignorer. J’aurais même compris qu’à un moment donné, on demande à ce qu’on revoie tout le code électoral. Surtout les dispositions relatives à la CENI. Mais personne ne l’a demandé. Du moins, quand ils le demandent, ils le font mal. Ce n’est pas par la presse qu’on fait les lois, qu’on change une société. Une société est une volonté, une mentalité.

Et lorsque la loi vous fixe les cadres pour que vous puissiez observer un certain jeu, il faut les utiliser. Les flèches qu’on se jette dans la presse sont désagréables. C’est vrai, aucun texte n’est parfait, mais le texte portant organisation de la CENI suffit largement pour régler nos problèmes.

S. : Quel commentaire faites-vous de la procédure d’établissement des listes électorales pour les législatives prochaines ? Notamment les listes CDP.

A.N.O. : Il y a des associations féminines qui m’ont approchée lorsque j’ai pris fonction en octobre pour me dire qu’il y avait une question de parité à observer, qu’il y avait une lutte à mener. Je leur ai dit que c’est très bien. Mais que la politique n’est pas « ma tasse de thé ». C’est-à-dire que je ne m’y mêle pas. Je les ai rassurées toutefois que lorsqu’elles mèneront le combat, je pourrai les aider avec des idées.
J’étais étonnée de constater que sur la liste nationale du grand parti CDP, il n’y a que deux femmes. Alors que c’est 30% de femmes qui étaient demandées. A qui la faute ? Au CDP ? Aux femmes ? Je l’ignore. Néanmoins, je sais qu’il y a des responsabilités partagées parce que le Burkina Faso est ce qu’il est. Et ce n’est pas demain que le Burkina va cesser d’être machiste.

S. : Sur quel plan voulez-vous aider les femmes politiques qui viennent à vous ?

A.N.O. : Nous pouvons nous expliquer en essayant de se donner des idées pour faire comprendre aux hommes que laisser les femmes arriver au niveau de l’Assemblée nationale, ne peut pas desservir la Nation burkinabè mais bien au contraire.

S. : Si des femmes politiques viennent vous voir pour des conseils ou suggestions, alors que vous prétendez ne pas faire de la politique, quelle attitude adopteriez-vous ?

A.N.O. : Non, ce ne sont pas des femmes politiques qui viennent me voir. Ce sont plutôt des associations féminines, parce que consultées par des femmes politiques. Moi je n’ai pas à faire à une femme politique. Sauf si avant que vous ne soyez politique, nous étions de bonnes amies. Dans cette condition, je ne rompts pas les ponts mais je ne vous saute pas au cou à toutes les occasions (rires dans la salle). Je donne mes idées puisque ce n’est pas parce que moi je n’aime pas la politique que ce n’est pas bien.
Au vu donc des listes, je ne me suis pas empêchée de me demander en quoi a abouti toute cette verve, toute cette campagne avant l’élaboration des listes électorales. Je fais cette analyse en tant que femme, mais en tant que citoyenne aussi. Peut-être que cette situation est due au fait que les femmes ne se sont pas assez battues.
Moi, je me suis battue pour être bâtonnier. Je le suis aujourd’hui. Celles qui veulent devenir députés doivent se battre aussi. En tant que citoyenne, je m’interroge si la femme remplit tous les critères pour être élue. C’est cela aussi la réalité. Chacun a sa place dans la société. Un journaliste par exemple, n’est pas forcément un bon mécanicien. Il fait recours au mécanicien pour réparer son engin et écrit ensuite dans le journal que le mécanicien est bon. Il faut donc que chacun reste dans ses règles de compétences pour que les choses marchent.

S. : Parlant de parité, est-ce que cela ne constitue pas une sorte de discrimination positive ?

A.N.O. : Moi, je ne fais pas de distinction entre discrimination positive ou négative.
Le Burkina Faso a un contexte particulier en ce sens que si vous prenez les femmes, chacune a un parcours atypique. Et je peux dire sans aucun risque de me tromper que même si leurs parents étaient riches, même s’ils ont été à l’école, c’est la volonté personnelle de chacune des femmes de votre journal qui a fait d’elle une journaliste aujourd’hui. Ce ne sont pas les autres qui les y ont obligées.
De nos jours, je remarque que les femmes attendent qu’on lutte pour elles, qu’on vienne leur mettre les avantages aux pieds. Pour parler de discrimination positive, je ne suis pas de ce combat-là. Moi, je me sens discriminée lorsqu’on dit : « Ah, c’est encore une femme ». Là, ça m’énerve énormément car je ne suis pas moins citoyenne. Je ne me sens pas discriminée parce que j’étais à l’école avec des garçons qui sont restés au CP1 (rires).

Et moi, j’ai fait un parcours scolaire dans lequel il n’y a pas eu de discrimination. Mais il y a des attitudes sociales qui sont déplaisantes. Parce que quelqu’un de bien équilibré ne devrait pas tenir des propos du genre : « Ah c’est encore une femme ! ».
Pourquoi les hommes revendiquent-ils la paternité et ne veulent-ils pas la maternité ?

Parce que la maternité est douloureuse. De nos jours, lorsqu’une femme va à la maternité pour accoucher, son mari est souvent à ses côtés pour la soutenir. Nos mamans n’ont pas eu cette chance. Ce n’est donc pas une question de discrimination. C’est plutôt une question d’évolution des mentalités et de la société. On évolue, on apprend. Et lorsqu’on apprend, je crois qu’on peut pratiquer.

S. : Après deux (2) mandats législatifs, quelle impression vous laisse l’Assemblée nationale ?

A.N.O. : Elle se spécialise. Il y a beaucoup de choses qui ont changé. Par exemple, plusieurs personnes qui y étaient et qui avaient pour fonction d’être député, ne sont plus là. Cela témoigne du fait que les choses vont tant bien que mal.

S. : Est-ce que vous pensez que l’Assemblée nationale joue pleinement son rôle dans le changement de mentalité ?

A.N.O. : Je pense que oui. Mais n’oubliez pas que l’Assemblée nationale est à 99% constituée d’hommes. Et les hommes vont toujours voter les lois en leur faveur. Ce n’est pas qu’ils ont la loi du nombre en leur avantage, car nous sommes les plus nombreuses, mais ils ont la loi de l’instruction en leur faveur. Mais je pense que l’Assemblée joue son rôle.
Mais vous en tant que journalistes, que faites-vous pour aider l’Assemblée nationale ? Vous ne faites pas de proposition de loi.
Sachez que l’Assemblée nationale est à l’écoute de chacun de nous dans son domaine d’exercice. On peut donc demander de se faire parrainer par un certain nombre de députés pour déposer une proposition de loi.
Si la volonté de faire changer la mentalité des Burkinabè est un acquis pour nous tous, je pense que la nouvelle législature qui va s’installer, aura beaucoup à faire.

S. : Ne trouvez-vous pas qu’une institution comme le Conseil économique et social est de trop dans notre pays ?

A.N.O. : Moi, je ne connais pas très bien cette institution. Honnêtement, je ne sais pas en quoi elle contribue à résoudre les problèmes ou à prévenir les confits. En tous les cas, je n’ai jamais eu affaire à elle.

S. : Le Ghana a célébré le 6 mars dernier, le cinquantième anniversaire de son indépendance. Avez-vous l’impression que ce pays est un modèle ?

A.N.O. : Le Ghana est ce qu’il est et je le respecte. Le Ghana est un pays proche du Burkina Faso et compte une forte population de Burkinabè. En toute responsabilité, le Ghana a le mérite d’être un pays sûr. C’est un pays qu’on peut traverser de part en part sans être inquiété. C’est un pays d’économie qui va de l’avant et un pays de sécurité.

S. : Maître, comment voyez-vous la démocratie dans un contexte de pauvreté général des populations en Afrique ? Croyez-vous que cela peut vraiment marcher ?

A.N.O. : C’est relatif. Pour ceux qui ne font pas de la politique, leur profession à titre principal, il est possible que la démocratie dans un contexte de pauvreté des populations en Afrique devienne quelque chose d’inapplicable.
L’être humain a cet instinct : quand il a chaud, c’est qu’il a chaud, quand il a froid, c’est qu’il a froid aussi. Sa solution première c’est la solution de ce qui le préoccupe. Dans un contexte où les gens ont des besoins urgents et importants, la démocratie peut se jouer mais pas à 100%. La nature même s’y oppose. Même en ex-Union Soviétique, on prenait des gens qui semblaient être des caïds, des contestataires invétérés. Mais une fois qu’ils étaient bien fouettés par le froid de la Sibérie, ils revenaient à de meilleurs sentiments (rires dans la salle). Donc moi, je ne pense pas que l’éducation politique, la propagande politicienne suffira à asseoir une démocratie sans que la société n’est le minimum pour vivre.

S. : Quelqu’un a eu à dire que l’Afrique ne souffre pas d’instabilité politique mais d’instabilité juridique. Quelle est votre opinion ?

A.N.O. : C’est peut-être vrai, dans un contexte donné. Mais, il faut reconnaître que l’Afrique fait des efforts de légifération. En atteste l’OHADA, en témoignent tous les textes de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
L’Afrique doit dégager ses priorités avec les actes uniformes du Traité de l’OHADA. Nous avons une certaine harmonisation en ce qui concerne un certain nombre de droits, de normes législatives. Lesquelles normes sont applicables au Burkina Faso concomitamment avec certains pays.
Je crois que l’instabilité juridique telle que la personne l’a dit, peut ne pas être juridique en tant que carence de lois ou des lois contradictoires. J’aurais compris la personne si elle affirmait que l’Afrique souffre d’instabilité judiciaire. Parce que nous avons de très bonnes lois qui sont cependant très mal appliquées ou pas du tout appliquées. Cela, c’est le syndrome de l’instabilité judiciaire. Et quand il y a une instabilité judiciaire, l’instabilité juridique est la conséquence.

S. : Cela traduit peut-être la démocratie des pauvres ?

A.N.O. : Je ne sais pas. Je ne vais pas non plus commenter cet aspect. Parce que cela touche à la déontologie de certaines personnes. Mais je crois que si notre justice fonctionnait mieux, si tous les acteurs faisaient ce qu’il faut, personne ne pourrait reprocher à l’Afrique d’avoir une instabilité juridique ou judiciaire.

S. : Mais est-ce qu’on peut se fier à une démocratie où les lois sont toujours révisées au gré d’un individu ?

A.N.O. : Il s’agit là d’un problème réel de l’Afrique. Mais voyez-vous, une loi, fût-elle fondamentale, est l’expression du plus grand nombre à un moment. La loi n’est cependant pas figée. Elle est amenée à être révisée, complétée partiellement ou totalement abrogée.
Maintenant, il y a des secteurs où on ne touche pas à la loi lorsqu’on parle de forme républicaine de la loi. On ne touche pas à la loi lorsqu’on parle aussi de la liberté du concile, de la liberté de culte, des droits de l’Homme. Parce que là, au-delà de la loi fondamentale qui nous sert de constitution, nous avons signé beaucoup de conventions internationales qui priment sur la loi nationale. Toutefois, il y a des dispositions légales que l’on peut changer. C’est la durée des mandats, c’est le nombre de sièges de ceci ou de cela. Personnellement, je ne suis pas pour les lois figées. Je crois que s’il y a un changement, il faudrait l’assumer. Quelle que soit la matière à laquelle ce changement se rapporte. Parce que l’immobilisme dans les textes crée le dépassement. Cela crée un syndrome de balbutiement qui ne convient pas toujours à l’histoire d’une nation. Cependant, je dois reconnaître qu’à certains égards, il y a des abus. Par exemple, lorsqu’un président a quatre vingt (80) ans et qu’il veut modifier la constitution pour se faire encore élire, je trouve cela scandaleux. Dans la mesure où ce n’est plus un homme qui gouverne mais plutôt une apparence. A 80 ans, on n’a plus toute la sagesse qui sied à la direction d’un pays.

S. : Que retenir de l’ère Chirac, vu qu’il ne se représente plus à la magistrature suprême ? Et que pensez-vous de sa succession ?

A.N.O. : C’est une véritable question pour moi. J’aime tellement le Burkina Faso que je prends le risque de dire que ce qui se passe ailleurs m’importe peu. Parce que je ne suis pas le genre à aller en France quatre ou six fois dans l’année. J’y vais lorsque c’est pour un motif personnel. J’ai mes amis en France mais ce n’est pas « ma tasse de thé ». En ce qui concerne Chirac, il a fait de telle sorte que les dirigeants africains se décomplexent. Il a au moins essayé. A-t-il réussi ou pas ? Là, je ne peux me prononcer. Ne serait-ce que pour la notion Sommet France-Afrique, ça va.

Cela a changé quelque chose par rapport à la dénomination initiale. Il est aussi à noter que lors de certaines manifestations, il a mis les moyens. Ce qui n’était pas le cas pour aider les pays qui recevaient les sommets. Le Burkina en a bénéficié, le Mali et le Niger aussi. Au niveau de la Francophonie également, il a ouvert des portes.

Maintenant, quant à sa succession, chacun a ses amours et ses haines. Moi, je n’aime pas Sarkozy. Mai cela n’a rien à voir avec le sexe. Je ne l’aime pas parce qu’il a un regard hautain, un peu autoritaire, il est dédaigneux.
Quand je le regarde, il n’a pas l’air d’une personne sociable. Mais qu’est-ce que mon opinion peut faire à Sarkozy ? Rien du tout. Mais, même s’il était devant moi, je lui dirai que je ne l’aime pas.

S. : Mais est-ce qu’il n’y a pas eu un hiatus entre le discours de Chirac et la réalité ? Ne peut-on pas considérer le discours comme étant un cadeau avec un bel emballage alors qu’à l’intérieur, il n’y a rien ?

A.N.O. : Il y a des moments où, quelle que soit votre personnalité, vous avez envie d’être flatté. C’est humain. N’oubliez pas que la France actuellement n’a plus tout son aplomb. Quand l’Union européenne n’était pas gigantesque, elle pesait de tout son poids. Maintenant, il faut compter avec les susceptibilités du voisinage. Chirac a fait ce qu’il a pu.

S. : Le président vénézuélien Hugo Chavez mène-t-il le bon combat en décidant de concentrer toute son énergie contre George Bush ?

A.N.O. : Je pense que oui. Des Hugo Chavez, il faut qu’on en ait. Il faut en avoir parce que je suis contre la monopolisation de quoi que ce soit. Cela devient une confiscation de la liberté des autres. C’est vrai, un Américain de façon intrinsèque est égal à un Vénézuélien.
Hugo Chavez essaie de prôner une idéologie d’indépendance. Ce qui est bon. Et même chacun de nous prône cette indépendance en son for intérieur.

C’est parce que nous n’avons pas les tribunes d’expression de cette indépendance. Je crois que Hugo fait œuvre utile. Dans un système où tout est monotone, on s’ennuie.
On a besoin de temps en temps de gens qui sortent pour manifester leur désaccord. Des gens qui parlent en respectant l’autre. Ce n’est pas lorsque la personne le fait dans un langage dilatoire, peu courtois. Il faut affirmer sa différence, en restant courtois et poli. Aujourd’hui, ce n’est pas Hugo Chavez seul qui dit que Bush n’est pas bon. Même les Américains commencent à le contester un peu maintenant. En tous les cas, il n’a plus l’aura qu’il avait il y a quelques années.

S. : Quand le président guinéen a quitté la présidence pour parler de la prison civile en Guinée, comment avez-vous senti cela ?

A.N.O. : Tout simplement comme une injure. La Guinée est une République. Elle a des instances qui sont républicaines. Le président en tant qu’exécutif n’a pas à se mener des affaires judiciaires. Comment voulez-vous qu’on accepte qu’un président dise que c’est lui la loi ? C’est de l’injure pure et simple au peuple guinéen. C’est inconcevable.

S. : Mais pensez-vous que le Premier ministre qui vient d’être nommé pourra sortir la Guinée de cette crise ?

A.N.O. : Cela dépendra de la force de caractère qu’il aura et des moyens d’action qu’on lui attribuera .Je suis de ceux qui pensent que lorsque vous aimez quelqu’un et que vous voulez que cette personne arrive à faire quelque chose dans sa vie, on ne le conseille pas par compromission. On lui dit ce qu’on pense. Si le Premier ministre a la force de tenir tête au président en lui disant : « Ça, je ne suis pas d’accord », et de se référer à des personnes plus avisées que lui pour conduire sa politique, il y a de fortes chances qu’il puisse amener, petit à petit le président à se retirer. Peut-être pas institutionnellement mais dans la pratique de tous les jours. Au besoin, avec l’aide des institutions amies et qu’il puisse conduire la Guinée vers des élections. C’est la position de tous les barreaux de l’espace UEMOA.

S. : Première femme avocate, première femme bâtonnier du Burkina, est-ce un juste retour des choses ?

A.N.O. : Non, ce n’est pas un juste retour des choses. Tout se mérite. Peut-être mon rang de première femme avocate, je ne sais pas si je l’ai mérité, mais en tous les cas, j’ai eu le toupet de l’être. C’est moi qui ai choisi, personne n’a choisi pour moi. Première femme batonnier, ce sont mes confrères qui ont fait confiance en moi mais il a fallu que je me batte pour montrer que je peux faire quelque chose. Pour moi, rien n’est définitivement scellé, cacheté : il faut se battre. Il n’y a pas de logique dans la vie.

S. : En choisissant de vous battre pour être bâtonnier, quelles étaient vos priorités et est-ce qu’aujourd’hui, vous avez commencé à mettre en pratique ces priorités ?

A.N.O. : J’avais des soucis parce que je voyais que la profession que j’ai connue en 1982, n’est plus la même. Je ne retrouve pas dans les yeux de mes jeunes confrères, la flamme qui guide l’avocat lorsqu’il défend un dossier, lorsqu’il plaide. Je ne retrouve pas l’avocat qui s’en sort financièrement, socialement, je ne les retrouve plus. Il m’a paru qu’il y avait un laisser-aller qui s’agrandissait, qui prenait beaucoup d’ampleur.

J’ai pu, en tous les cas, toucher du doigt les problèmes réels de l’exercice de la profession. Je me suis dit : peut-être de façon prétentieuse, je vais essayer d’apporter des solutions. En tous les cas, j’ai fait un programme qui, je pense, a été apprécié et c’est sur la base de cela que j’ai été élue. Pour le moment, je n’ai pas été très aidée parce que quand je suis arrivée, j’ai trouvé beaucoup d’instances, énormément d’instances et qui relèvent des attributions propres de bâtonnier. Quand je suis arrivée, c’était la ruée, tout le monde est revenu. Par jour, je pouvais recevoir treize courriers.

C’était extrêmement difficile et il a fallu que je m’organise pour évacuer, que je sois courte et que je réponde aux obligations quotidiennes de l’Ordre, que je fasse les visites de courtoisie dans tout l’espace UEMOA auprès des barreaux amis. Je pense avoir fini de faire ces choses-là et je vais m’attaquer à résoudre un certain nombre de préoccupations qui sont urgentes.

Par exemple, les préoccupations de santé des avocats, j’ai consulté des assureurs qui m’ont fait des offres que je vais soumettre bientôt en synthèse à une assemblée générale pour adoption. Il me paraît impératif de reprendre et d’accélérer la formation des avocats parce qu’avec la nouvelle directive de l’UEMOA, tous les avocats de l’UEMOA peuvent s’installer dans tous les autres pays de l’UEMOA, donc il faut que nous nous armions contre la concurrence si l’on veut que nous soyions meilleurs, même face à la concurrence.

A ce sujet, nous devons pouvoir commencer théoriquement les formations au mois d’avril. Au sujet de l’accompagnement des jeunes, j’ai sur la liste des stagiaires, 14 personnes qui vont être titulaires à partir du 14 avril prochain, qui pourront s’installer à leur propre compte. Il faut que nous trouvions un système pour les accompagner. On avait discuté même avec le chef de l’Etat qui nous a promis de nous aider sur ce volet. Nous voulons au mieux ne pas nous agglutiner au quotidien comme des mouches dans la salle d’audience, parce que la promiscuité quelquefois ne permet pas l’émulation et si vous n’avez pas une bonne émulation pendant que vous êtes devant une juridiction, vous ne pouvez pas bien plaider.

Ce sont là des projets, je ne dirais pas à moyen terme mais vraiment des urgences. Dans le long terme, il va falloir que nous puissions nous attaquer à la retraite des avocats. Parce que pour le moment, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) ne veut pas de nous, non plus, nous ne sommes pas éligibles à la Caisse autonome de retraite des fonctionnaires (CARFO). Comme dans tout corps de métier, il y a ceux qui sont conscients, ceux qui sont moyennement conscients et ceux qui ne sont pas du tout conscients. Il va falloir organiser quand même une retraite obligatoire pour les avocats.

S. : Vous dites qu’il y a des avocats qui sont dans des difficultés financières, pourtant, on dit couramment que les avocats sont riches. Est-ce qu’il y avait plus d’argent à votre temps ?

A.N.O. : A notre temps, il y avait beaucoup plus d’argent, beaucoup plus d’affaires. Il y avait aussi moins d’avocats et tous les avocats étaient excellents. Donc, la conquête du client relevait du parcours du combattant et lorsque vous en avez un, vous faites tout pour qu’il ne parte pas. Mais actuellement, ce n’est plus la même chose. Il y a un préjugé défavorable, il y a des gens qui croient que les avocats sont riches. C’est faux. Vous ne pouvez pas savoir comment le fisc nous fait tourner.

Imaginez-vous que lorsque vous avez un cabinet qui est porteur, vous pouvez payer des impôts équivalant à 35 ou 40% de votre bénéfice même si vous n’avez rien. Même si vous avez fait un déficit chronique, vous payez quand même un demi - million. Ce n’est pas facile et ce cliché d’avocat riche, à l’aise, éloquent, n’est plus de mise. En tous les cas, pour beaucoup, pour la majorité.

S. : Pourquoi payer des impôts même en cas de déficit ?

A.N.O. : Demandez aux impôts ! Ils appellent cela l’IMF : impôt minimum forfaitaire.

S. : Et tous les immeubles qu’on voit et qui appartiennent à des avocats ?

A.N.O. : Vous savez, notre profession se déroule en dents de scie. C’est très facile pour un avocat d’avoir beaucoup de millions en une seule fois. Cela dépend du dossier, cela dépend du débiteur et cela dépend du créancier. Vous pouvez sur un seul dossier, vous faire des recettes d’une année, mais vous pouvez faire six mois sans encaisser cinq francs. Alors, quand vous voyez des gens qui construisent des immeubles, c’est parce qu’ils ont su gérer ce qu’ils ont eu. Si vous prenez votre argent, vous achetez un terrain, demain vous pourrez acheter du sable, du ciment et ainsi de suite.

C’est une question de gestion. Sinon ce n’est pas parce qu’il y a de l’argent dans la profession. Mais les avocats peuvent être des associés dans toutes les formes de société. Il y en a qui ont mis leur argent dans l’actionnariat et qui prennent leurs dividendes. Ce sont des mini-rentiers ; y en a qui ont construit et perçoivent des loyers, c’est des rentiers immobiliers ainsi de suite... Je vous assure que sans aucune complaisance, vous avez au moins 50% des avocats qui n’ont pas un chez eux. Ils sont en location. Cela peut choquer mais au moins 50% des avocats sont soit en location pour l’étude, soit en location pour le domicile.

S. : Mais ils ne vivent pas dans des célibatériums.

A.N.O. : Là je ne sais pas. Je n’en ai pas vu dans des célibatériums mais je ne sais pas.

S. : De plus en plus, il y a certains de vos confrères qui sont trempés dans des histoires de détournement. La dernière en date, c’est Maître Fahiri Somda qui a été condamné à payer plus de 4 millions de F CFA. En dehors de la création de la CARPA, est-ce que le bâtonnier a mené une réflexion pour que cesse ce genre d’attitude qui porte atteinte à la crédibilité de la profession ?

A.N.O. : C’est vrai, le cas Fahiri est un cas patent, je m’excuse, je ne dévoile aucun secret puisque vous le savez autant que moi. Personnellement, dès que j’ai été saisie de son cas, je l’ai convoqué et je me rappelle que c’est un des plaignants qui a pu le retrouver je ne sais plus où, pour lui remettre la lettre par laquelle je le convoquais. Depuis que j’ai pris fonction le 2 octobre 2006, je n’ai pas encore vu Fahiri. Je l’appelle, il ne prend pas, je ne le vois pas au palais, j’apprends qu’il est condamné. De toutes les façons, qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? Je suis là pour tout le monde, pas pour un particulier.

Le cas Fahiri est un cas malheureux parce qu’il était d’abord magistrat. Il connaît donc la sévérité de la loi pénale quand vous détournez de l’argent qui ne vous appartient pas. Il est suffisamment ancien sur le tableau de l’Ordre pour comprendre les dispositions de la loi portant organisation de la profession d’avocat et autre règlement intérieur. Et je pense qu’il est assez avisé pour savoir que depuis avril 2006, la CARPA est fonctionnelle. Je n’aime pas jugé les gens mais ce que je peux vous dire, c’est que l’indélicatesse ne concerne pas que les avocats. Il y a des indélicats partout. C’est que les avocats sont plus exposés que d’autres.

Dans tous les corps de métiers où les gens sont amenés à manipuler l’argent, il y a des détournements. Maintenant, notre corporation a tout fait pour que la CARPA voit le jour afin de minimiser les détournements. Mais c’est à la condition que l’avocat lui-même fasse appel à la CARPA. S’il ne fait pas appel à la CARPA, je ne peux pas savoir qu’il a encaissé de l’argent. Souvent c’est quand les gens portent plainte ou saisissent le bâtonnier à titre préventif que je sais qu’un tel a dû mettre dans son compte tant de millions qui ne sont pas passés par la CARPA. En général, je vous appelle et vous intime, dans les 48 heures de mettre l’argent à la CARPA.

Vous m’amenez l’autorisation de prélèvement de vos honoraires, afin que je puisse établir deux chèques séparés, un chèque pour votre client et un chèque pour vous-même. C’est difficile. J’essaye, je pense que la sensibilisation est mieux que la cravache. J’essaye, je ne peux pas dire que j’ai réussi mais a priori, depuis que je suis là, je règle plus à l’amiable que de façon contentieuse.

S. : Comment s’est passé votre début dans cette profession ?

A.N.O. : J’ai peut-être cette caractéristique d’être un peu têtue. C’est-à-dire lorsque je veux quelque chose, c’est rare qu’on puisse me détourner de ce que j’ai arrêté. Seuls mon père et ma mère avaient vraiment la possibilité de m’enlever une idée de la tête. Malheureusement, ils ne sont plus de ce monde. J’ai fini mes études et je suis rentrée en juin 1981. A cette époque-là, lorsque vous finissiez vos études de droit, de facto on vous envoyait à l’Ecole nationale d’enseignement de la magistrature (ENEM) à Paris. Je suis arrivée, je n’avais pas envie. Au cours du troisième trimestre de l’année universitaire 1980-1981, nous avions eu des cas pratiques, pas en TD mais en classe.

Des simulations de procès que la Faculté de Dakar avait bien voulu organiser pour nous en salle. J’ai trouvé que c’était intéressant. J’ai grandi avec une idée dans la tête : combattre l’injustice. Je ne sais pas mais c’est épidermique. Même si je ne vous connais pas, si je trouve quelqu’un qui est en train de vous faire du tort, je me mêle à la bagarre. Je n’aime pas du tout voir quelqu’un faire la force à quelqu’un d’autre. C’est vraiment épidermique. Je ne peux pas vous en expliquer l’origine. C’est vrai, il y a des faits précis dans ma vie qui ont renforcé cette position-là mais j’ai toujours été comme cela.

Donc je suis rentrée et je suis allée voir mon père et je lui ai dit que je voulais être juge pour juger les bandits, mais qu’être avocat était mieux. C’était tout bête comme ça, je suis revenue et mon époux m’a accompagnée voir Maître Pacéré, qui m’a dit qu’il n’y avait pas de problème. « Je la prends en tant que préstagiaire », parce qu’il fallait composer un dossier et déposer. A l’époque, c’était la Cour d’appel qui validait les dossiers de candidature et qui faisait prêter serment. Je sais que quand j’étais préstagiaire, l’ancienne présidente du Tribunal, Mme Oui était aussi préstagiaire chez Maître Dabiré. J’ai déposé mon dossier comme cela et j’ai pu prêter serment. Le temps que l’on mette les dossiers de mes promotionnaires à jour pour qu’ils aillent à l’ENAM, moi j’étais déjà dans le circuit, j’allais regarder au palais, écouter, je faisais des courses, j’apprenais à faire des assignations, des injonctions de payer, tant et si bien qu’en 1982 quand on voulait les envoyer à Paris, moi j’avais déjà prêté serment. Je me rappelle que le procureur de l’époque, M. Soré m’a recherchée. Il m’a dit :»Il n’est pas possible, il n’est pas question, il faut que tu partes ». Entre - temps, on m’appelle au ministère de l’Enseignement supérieur pour me dire d’aller, que j’étais jeune à 23 ans, avec la mention Bien, d’aller faire un troisième cycle. Tout cela m’importait peu. Ce que je voulais, c’était faire rendre gorge à ceux qui ne sont pas justes. C’est cela qui a été vraiment l’élément catalysateur, l’élément déterminant dans ma carrière.

S. : Quelle est votre opinion sur le non-lieu dans l’affaire Nobert Zongo et est-ce qu’il a été facile de défendre Marcel Kafando ?

A.N.O. : Pour défendre un dossier, il faut posséder le dossier, c’est-à-dire connaître chaque pièce du dossier, chaque déclaration de votre client et de la partie qui pourchasse votre client ou contre laquelle vous vous disputez. Le dossier de Marcel dans cette procédure était d’une limpidité d’eau de roche. Je ne sais pas pourquoi les gens ont ce tic de vouloir dire que ce qui est clair peut être compliqué. Le dossier de Marcel était bon, rien ne l’accusait. Une seule personne avait commencé à l’accuser et même s’il avait persisté, je ne pense pas que Marcel aurait perdu son procès parce que comme les gens disent : « accuser ce n’est pas prouver » et le droit pénal est extrêmement clair et strict : pas d’interprétation. Vous lisez ce qu’on vous donne à lire, vous constatez ce que vous avez à constater et en fonction, vous prenez la décision. Pour moi, c’était un dossier extrêmement clair, j’ai lu tous les procès verbaux de la Commission d’enquête indépendante (CEI), j’ai lu même les tracts. J’ai lu toutes les dépositions en enquête préliminaire. Rien, absolument rien ne pouvait dire que c’est Marcel. Je pense avoir donné une interview très rapide en la matière, en disant que c’est franchement burkinabè de vouloir coûte que coûte que ce soit l’autre le coupable. L’autre c’est aujourd’hui, c’est vous demain. Ce que vous désignez par le mot autre, c’est vous, votre nom, prénom, date et lieu de naissance demain. A partir de ce moment, nous, qu’est-ce que nous devons avoir comme comportement. C’est l’application de la loi. Et notre loi est claire, là-dessus que ce soit la Constitution ou les conventions internationales. Toute personne poursuivie est présumée innocente jusqu’à ce qu’on établisse qu’il est coupable. C’est ce qu’on appelle la présomption d’innocence. Mais je ne sais pas si pour les uns et les autres, Norbert Zongo, c’est un super citoyen pour lequel il faut faire table rase de tout cela ! Tout le monde est mortel mais je ne souhaite à personne de mourir comme il est mort. Mais ce n’est pas parce qu’il est mort de cette façon que la loi va changer. La loi ne va pas changer. Il y a plus grand que lui, il y aura égal à lui et moins que lui et puis quoi alors ? La vie continue !

S. : Est-ce que cette médiatisation ne vous porte pas préjudice. Votre voix semble être noyée par l’opinion, je ne dirais pas générale, mais par une supermédiatisation du dossier ?

A.N.O. : Ça ne me porte pas préjudice et ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas le genre à parler de façon inutile. Je n’aime pas parler pour qu’on me voit et qu’on m’écoute. Si je n’ai rien à dire, je me tais, pourvu que ce à quoi je me suis engagé, je l’accomplisse dans ma foi et dans l’éducation qu’on m’a donnée. Vous savez, le dossier Norbert Zongo est un fonds de commerce. Il y en a qui ne vivent que de cela. Il y a certains de vos confrères qui ne vivent que de cela. Il y a tout un tas de gens qui ne veulent pas que cette affaire-là finisse un jour parce que cela leur permet d’être vus, de pouvoir comme je le disais, déverser leur toxine, de dire un certain nombre de choses qu’ils ne peuvent pas vérifier et qu’ils ne vérifient même pas et de s’attaquer à ceux qu’ils n’aiment pas. Donc vous voyez, personne ne choisit ni le jour de sa naissance, ni le pays dans lequel il vient, ni ses parents, ni sa fonction et sa position sociale. Chacun vient et Dieu fait de vous ce qu’il veut faire. Mais c’est vraiment burkinabè de vouloir coûte que coûte spécifier ce qui n’a rien de spécifique. La loi est de portée générale, elle s’applique pour tous et à tous. Et tant que les gens ne comprendront pas cela, certaines personnes font exprès, ce n’est pas parce qu’ils ne comprennent pas, parce que c’est des praticiens.

S. : Il y a des gens qui disent que le dossier de la CEI était carrément étagé, que le juge d’instruction n’est pas allé au bout du dossier, qu’il y avait des indices graves et concordants.

A.N.O. : Moi, j’ai lu le dossier en entier et plusieurs fois. Je défie qui que ce soit de venir donner la preuve contraire de ce que je vous dis. Il faut que les gens cessent de s’ériger en juge à la place du juge, de devenir l’institution judiciaire à la place de l’institution judiciaire. Il y a des règles de fonctionnement, il y a des choses que l’on fait dans un certain normalisme et le défaut de respect de ce normalisme-là crée des nullités et des vices. Je ne peux pas comprendre qu’un journaliste veuille coûte que coûte me donner son interprétation irréfutable d’une décision de justice. Qu’est-ce qu’ils y connaissent ? Qu’est-ce qu’ils en savent ? Il peut demander à un spécialiste de l’éclairer, il n’y a pas de problème, ça marche. Mais quand il commence à faire comme s’il a vu, comme s’il a touché du doigt, cela c’est de la démagogie.

S. : Et toutes ces charges nouvelles ?

A.N.O. : Les charges nouvelles, ce n’est pas spécifique au dossier Nobert Zongo. Certes, il y a des gens qui ont dit : oui, il y a des charges nouvelles, ouvrons le dossier. Ouvrons ! Comment voulez-vous qu’un Burkinabè, habitant le Burkina Faso et surtout Ouagadougou ait connaissance depuis 1998 de l’existence de faits qualifiés de criminels, qui s’asseye la-dessus pour attendre 2006 pour parler. Mais ce type-là, on devait l’envoyer à la MACO, parce qu’il a fait de l’obstruction à la justice si ce qu’il dit est vrai. Parce que quelqu’un qui a connaissance de la commission d’un crime ou d’un délit est obligé par la loi de dénoncer sans délai. Qu’est-ce qu’il faisait ? Il était amnésique ou qu’est-ce qu’il avait ? Ce sont des pauvres bougres qui, malheureusement, se font utiliser par une opinion exécrable, qui disent n’importe quoi, même pas. Il y a des gens qui veulent sentir la puanteur tous les matins. Quand c’est net, quand c’est parfumé, quand c’est nickel, ils ne sont pas à l’aise. Il faut que ça bouillonne, que ça cogne, que ça soit de la putréfaction pour qu’ils trouvent leur compte. Je ne sais pas s’ils sont dérangés, mais enfin !

S. : Mais vous pensez sincèrement qu’un jour on peut trouver le coupable ?

A.N.O. : Mais bien sûr, on peut trouver le coupable.

S. : Comment ?

A.N.O. : Quand il y aura des charges nouvelles.

S. : Et les informations qui viennent d’être données ?

A.N.O. : On n’appelle pas cela des charges nouvelles, ce sont des ragots de quartier, du colportage, de la médisance. Moi on m’aurait fait ça que je me battrai jusqu’à la fin de ma vie. Quelqu’un ne peut pas raconter ces insanités sur moi et aller dormir tranquillement. Donc, il n’y a pas de justice dans le pays.

S. : De 1982 à nos jours, il ne vous est jamais arrivé d’avoir un cas de conscience, d’avoir défendu quelqu’un qui n’est pas innocent ?

A.N.O. : Dans le domaine de l’innocence, je ne pense pas que j’ai défendu quelqu’un, que j’ai gagné mon procès et qu’ensuite, il me soit révélé qu’il n’était pas aussi innocent que cela. Non ! Par contre, il y a des dossiers que je n’ai jamais acceptés. Si j’accepte le dossier, c’est toujours pour plaider contre le coupable, jamais pour aider le coupable : ce sont les dossiers de viol. Je n’ai jamais été violée mais vous ne pouvez pas savoir comment je déteste les violeurs. Je refuse, depuis que je suis avocate, j’ai toujours évoqué la clause de conscience pour ne pas soustraire à la punition, quelqu’un qui viole l’enfant de quelqu’un. Parce que je crois que c’est le crime le plus abominable qu’on puisse faire à quelqu’un.

S. : C’est peut-être parce que vous êtes femme ?

A.N.O. : Je ne sais pas.

S. : Donc, vous n’avez jamais défendu un dossier de viol !

A.N.O. : Jamais. Si vous me trouvez dans un dossier de viol, je suis avec la victime et là, le violeur...

S. : Mais, Maître, il peut arriver que ça soit la femme qui a provoqué le viol ?

A.N.O. : Donc, il n’y a pas de viol. Si la femme est consentante, il n’y a pas de viol. Il y a un certain nombre de choses qu’on vérifie avant d’accepter un dossier. Et puis, il faut quand même des examens techniques. Tout cela compte. Franchement, il y a des dossiers de viol, quand vous les regardez, la nuit, vous sursautez toute seule dans votre lit parce que vous vous demandez comment cette personne peut encore vivre après avoir fait cela. C’est dégoûtant.

S. : Vous avez dit que la politique n’est pas votre tasse de thé mais il y a certains de vos collègues qui portent en même temps la tunique politique. Qu’est-ce que vous pensez de cette attitude ?

A.N.O. : Heureusement, le Burkina est démocratique, tout le monde peut faire ce qu’il veut mais il faut simplement que leur position politique soit en harmonie avec leur serment et les règles portant organisation de la profession. C’est des choix. Il semble que pour certaines personnes, c’est presqu’un virus.
Ils ne peuvent pas ne pas faire de la politique. Moi en tous les cas, ce n’est pas mon affaire. Je les regarde mais si quelqu’un s’avisait parce qu’il est dans la politique ou il fait de la politique, à manquer à ses règles déontologiques, moi bâtonnier, je le lui ferai savoir par une belle ordonnance. Je ne peux pas laisser passer cela parce que s’il est vrai que chacun peut aller là où il veut et faire ce qu’il veut, nul n’a le droit de desservir ma corporation même pour ses propres intérêts. Je n’accepte pas.

S. : Est-ce qu’il y a déjà des avocats qui sont sur le point d’être mis à la touche ?

A.N.O. : Pour le moment, je n’en ai pas trouvé. Cependant, j’ai eu quelques lettres de certaines institutions qui ont exprimé leurs inquiétudes quant à la normalité de certaines déclarations de certains confrères. J’ai fait une analyse, je leur ai donné les éléments de compréhension.

S. : Le ministre Badini a parlé de « magistrats acquis ». Est-ce que cette terminologie ne décrédibilise pas le corps judiciaire burkinabé ?

A.N.O. : J’ai entendu comme tout le monde dire qu’il l’a dit, mais je ne l’ai pas entendu, je ne l’ai pas lu. Je ne sais pas dans quel contexte il l’a dit. Acquis politiquement, je n’en sais rien. Les « magistrats acquis », cela me paraît quand même un peu dommageable. Ils sont acquis à quoi ?

S. : Aux hommes politiques !

A.N.O. : Les hommes politiques ne sont pas forcément les hommes à contentieux. Et ce qu’on cherche d’un magistrat, c’est une application de la loi en cas de contentieux. Les hommes politiques même lorsqu’ils ont des contentieux et que des magistrats sont dits acquis, peut-être que ces magistrats ne jugent qu’en premier ressort. Il y a quand même trois degrés de juridiction et on peut se faire entendre et même maintenant, après les trois degrés de juridiction, on peut saisir le Conseil aux droits de l’Homme des Nations unies.

S. : Quelle est votre compréhension de l’indépendance de la justice de façon générale ?

A.N.O. : Si je dis que notre justice est indépendante, je peux peut-être dire qu’elle est indépendante des deux pouvoirs : de l’exécutif et du législatif. Je peux au moins affirmer cela. Mais pour moi, l’indépendance de la justice ne se mesure pas seulement à l’indépendance que la justice a envers les deux autres institutions. L ‘indépendance de la justice se mesure aussi à l’indépendance des hommes qui animent la scène judiciaire. Est-ce qu’ils sont indépendants, je me pose la question à certaines circonstances. Mais à certaines circonstances, il n’y a pas de doute, la justice est assez indépendante. A certaines circonstances, je me pose la question mais ça c’est une question d’hommes, ce n’est pas une question du système. Parce qu’il y a des gens, même si on ne leur demande rien, ils se croient obligés de faire ce qu’on ne leur demande pas pour plaire. Et ça, c’est dommage, ils ne sont pas indépendants dans la tête. On ne leur demande rien. Soit ils en font trop, soit ils en font et courent pour montrer ce qu’ils ont fait.

S. : En général, ce sont les magistrats qui se muent en avocats mais il nous revient que, de plus en plus, ce sont les avocats qui se muent en magistrats. Est-ce la précarité qui conduit à cela ?

A.N.O. : Non, c’est le contraire. Ce sont des magistrats qui sont en train de se muer en avocats. C’est dramatique mais c’est réel. Vous avez des magistrats qui font des consultations comme nous, à leur bureau ou à leur domicile. Vous avez des magistrats qui disent haut et fort :»Ce n’est pas la peine de prendre un avocat, c’est moi qui décide ». Oui, je prends le risque de le dire. Ce qui revenait normalement à l’avocat reviendra à celui qui décide. Vous avez des magistrats qui dans le panel des avocats ont des avocats précis avec lesquels ils travaillent. Quand ils ont un avantage particulier, c’est toujours aux mêmes avocats qu’ils donnent toujours. Il y a des magistrats qui font des conclusions pour que les justiciables viennent déposer. Il y a des justiciables même qui viennent à l’audience pour dire que le juge untel a dit d’aller voir l’avocat untel. Tout ça, nous le vivons. Mais même dans cette crasse-là, il y a des magistrats qui sont dignes. Vous les voyez à l’audience traîner mais ils restent dignes. Mon souhait actuellement c’est que les indignes ne dépassent pas les dignes. Parce qu’il y en a qui ne le sont pas du tout. Quand vous dites qu’un magistrat a acheté une voiture américaine dans ce Faso-là, il a eu l’argent où ? Où il peut avoir l’argent pour acheter une américaine ? C’est quand même difficile. Mais on essaye de voir.

S. : Comment avez-vous accueilli l’arrivée de Halidou Ouédraogo dans votre barreau ?

A.N.O. : Halidou, quand il était magistrat, nous étions proches mais je vous le disais tantôt, moi les méli mélos politiques ou les excitations dans les collectifs ou quoi, ce n’est pas du tout mon problème. Donc quand il était magistrat, on s’entendait très bien parce que nous venons quand même tous de Ouahigouya. Mais depuis ces histoires de Collectif...

S. : Il est avocat maintenant.

A.N.O. : Ça ne change rien parce que c’est l’homme que moi je regarde avec ce qu’il a dit. C’est pas parce que vous changez de profession que vous changez de personnalité ou de mentalité. Pour moi, vous êtes celui qui a dit ou a fait. Il est là, je le regarde, il me signifie ses voyages et ses retours et puis c’est tout.

S. : Vous passez pour être une dame de fer, à quoi vous devez cette impression ?

A. N. D. : C’est les gens qui apprécient, ce n’est pas moi. Je ne sais pas sur quoi ils se basent, ce qui est sûr, je ne suis pas quelqu’un qui se laisse faire et je n’ai pas envie que quelqu’un aille interpréter ce que je ne lui pas dit. Mais quand j’ai quelque chose à vous dire, quels que soient votre taille et votre rang, je vous le dis, même si ça ne vous plaît pas. Ça m’importe peu.

S. : Est-ce qu’il y a des déterminants qui ont forgé ce caractère ? Est-ce que vos origines n’ont pas fondé ce caractère ?

A. N. D. : Je suis Yadéga de père et de mère et princesse de surcroît. Donc, vous comprenez qu’on ne m’a pas appris à raser les murs.

S. : Donc, tout cela détermine peut-être votre caractère ?

A. N. D. : Peut-être, c’est aux autres de juger. Pourtant, je suis très gentille (rires). Les gens disent que je suis une dame de fer, pourtant je suis très gentille, j’aime bien les gens. Quand je n’aime pas quelqu’un aussi, je le lui dis. Je m’en fous. Même si ça ne lui plaît pas.

S. : Comment Maître passe-t-elle ses hobbys ?

A. N. D. : Moi mes hobbys c’est mon champ, ce sont mes animaux, c’est tout. J’aime bien ça. Je n’ai pas autre chose. Je ne fréquente pas le cinéma. J’aimais bien danser mais maintenant non. Depuis près de douze à quinze ans, je sors très peu. Je lis les journaux le week-end. Là, je suis en train de lire le dernier livre de Jacques Attali que j’ai ramené de Paris depuis, mais que je n’ai pas le temps de lire. J’aime lire les grands classiques : Zola, Montesquieu. J’aime bien parce qu’il y a du relief dans ces lectures. A part ça, je suis quelqu’un qui cadre sa vie : matin bureau jusqu’à 14 heures, 15 heures, quelquefois 16 heures quand j’ai beaucoup à faire. Le soir à partir de 17 heures je suis à la ferme, je reviens chez moi vers 19 heures et je ne sors pas si ce n’est le lendemain, à moins que quelqu’un soit malade ou qu’une femme soit en travail. Vraiment, c’est cadré.

S. : Vous partez souvent au village ?

A. N. D. : Ah oui. Moi je suis très souvent au village. C’est vrai que mon père et ma mère ne sont plus de ce monde. Beaucoup de personnes étaient tellement accrochées à ma mère qu’à cause de ces gens, je rentre de temps en temps, j’apporte des vivres, des médicaments entre autres, pour les soulager, pour ne pas aussi donner l’impression que depuis que ma maman n’est plus là, elles sont délaissées.

S. : Quelle appréciation faites-vous de la chefferie traditionnelle actuelle ?

A. N. D. : J’aimerais bien que les chefs ne soient pas politiques. Si j’avais la possibilité, j’aurais dit à tous les chefs traditionnels : « ne soyez pas politiques ».

S. : Pourquoi ?

A. N. D. : Parce que, voyez-vous, la politique a ce don de permettre des attitudes qui n’auraient pas droit de cité si vous n’étiez pas en politique. Parce qu’en politique, c’est la loi du parti, la hiérarchie du parti, c’est le poids du parti, tout est parti. Alors que dans la société traditionnelle, en tous les cas moaga, c’est le chef qui incarne l’autorité, la morale ; mais c’est sur lui aussi que pèse le devoir d’entretien, d’assistance de ses sujets. Et lorsqu’on se met en politique et que vos sujets ne sont pas du même bord politique que vous, vous perdez de votre prestance et de votre poids.

S. : Quelles sont les vertus auxquelles vous êtes attachée ?

A.N.O. : J’aime bien la hiérarchie. Je respecte l’autorité. J’aime bien le climat traditionnel dans lequel lorsque mon père a été l’ami de votre père, la morale m’impose d’être votre ami et impose à nos enfants d’être des amis. C’est des chaînes d’amitié et de solidarité qui se perpétuent. Ce n’est pas l’indifférence générale dans laquelle on baigne, où chacun est individualiste, n’arrête pas de courir et se moque de la charité. Dans la société traditionnelle, ce qui me plaît, ce sont ces valeurs de partage et d’amitié.

S. : En femme libérée, est-ce que vous avez une devise ?

A.N.O. : Moi ? Croyez en Dieu !

S. : A quels soucis répond l’entretien d’une ferme. Est-ce pour gagner de l’argent ou par amour ?

A.N.O. : Il y a deux choses. Il y a d’abord une affirmation : la ferme, ce n’est pas de l’argent, pas dans la ferme que j’ai initiée. Il y a deux choses qui m’ont conduite à mettre une ferme sur pied. Un : je suis née dans un milieu traditionnel. J’ai toujours aimé la terre et tout ce qui entoure la terre. Quelquefois, c’est à mon corps défendant. S’il a plu, il faut que je sache s’il a plu à la ferme. C’est plus fort que moi-même. Il y a cet amour viscéral pour la terre que j’aime travailler de mes propres mains. Mais il y a aussi qu’autour de moi, surtout dans la famille de ma maman qui est de tradition agricole.

Jusqu’à maintenant, il y avait beaucoup de jeunes qui allaient sur les sites aurifères, qui devenaient délinquants. Il y avait beaucoup de problèmes. Je me suis dit que, comme ce sont des gens qui connaissent déjà cette filière-là, qui savent travailler, je vais créer l’activité, je vais les mettre tous là-bas, je vais les installer et si un jour Dieu me rappelle, au moins ils n’iront pas mendier à la porte de quelqu’un. Donc ce sont ces deux raisons. Sur les treize ouvriers que j’ai à la ferme, qui sont des permanents, il y a un seul qui n’est pas de ma famille. Ils sont la-bàs, soit du côté de mon père soit du côté de ma mère. C’est comme si j’avais recréé un autre Ouahigouya dans ma ferme.

Quand j’arrive, chacun a son rôle. Par exemple, les enfants des serviteurs de mon père, quand j’arrive et qu’ils sont sur un banc, ils s’asseyent par terre. Ce n’est pas moi qui le leur demande. Je ne suis pas contente, j’ai fait la remarque mais rien n’y fait. Ils se mettent par terre parce que la fille du roi est là. On ne peut pas être en haut pendant qu’elle est là.
C’est des histoires de bons villageois et ça marche comme ça. Mais, ils me détendent quand même. Il y a des week-ends où on peut rester ensemble. On fait de longs contes, de contes courts, on raconte des anecdotes. On peut rester comme cela jusqu’à minuit certains week-ends.

S. : Vous avez insisté pour qu’on mette votre nom Nongoba. Peut-on savoir pourquoi ?

A. N. D. : Parce que c’est symbolique. C’est le prénom que ma tante m’a donné. C’était un prénom circonstanciel parce qu’il semble que lorsque maman m’a mise au monde, j’avais ma tante, la petite sœur de mon papa qui était là.
Elle est de la même mère que Naaba Kiiba, actuel roi du Yatenga mais c’est curieux, elle ne ressemble pas à Naaba Kiiba. Elle était la demi-sœur de mon papa mais elle ressemblait à mon papa comme deux gouttes d’eau. Donc on a cherché ma tante pour lui dire d’aller dire à mon père que ma maman a été délivrée. Ma tante a porté la nouvelle à mon papa Et mon papa a demandé : qu’est-ce qu’elle a eu ? Et ma tante dit, une fille. Il dit que lui a marre de filles. Moi, je les aime tous. donc elle m’a collé ce nom. Donc Nongoba en traduction littérale c’est : je les aime tous. Donc elle m’a collé ce nom. Elle même s’appelle Nongodo c’est comme si moi j’étais sa réplique. Ça fait que je ne peux pas donner l’occasion à quelqu’un d’enlever mon Nongoba. C’est très significatif. Et j’ai fait le reproche à mon papa après. Il m’a dit non comme vous pouvez l’entendre dans tous les villages.

S. : Quelle est votre opinion sur la presse au Burkina Faso ?

A. N. D. : Je trouve que certaines presses restent dignes même dans l’adversité. Parce que je n’oublie pas que vous qui êtes les animateurs de la presse, vous êtes des opinions plurielles qui doivent s’exprimer sur un même support. Vous le faites avec doigté, avec beaucoup de brio mais de façon générale, je crois que la presse burkinabè est extrêmement audacieuse, quelquefois même elle est téméraire. C’est une très bonne chose parce que ça pousse certaines personnes à l’expression. Sinon il y aura beaucoup de silence dans le pays. Les gens ne veulent pas s’exprimer tant qu’on les égratigne pas. Pas gratuitement, n’égratignez pas gratuitement mais quand il faut le faire, il faut le faire avec décence et prestance. Sinon, la plupart du temps, ll y a des journaux qu’on n’aime, d’autres qu’on n’aime pas. C’est comme ça.

Il y a une certaine presse qu’on déteste, il y a une qui vous fait plaisir, chacun va de son choix. Mais dans l’ensemble, ce n’est pas une presse de griots. On ne sent pas les gens en train d’encenser à tout vent comme dans certains pays. Dans certains pays quand vous lisez la presse, vous vous demandez pourquoi il ne prend pas un tambour ou un tam-tam pour aller à la présidence ou au Premier ministère parce que ça devient terrible. Je ne vais pas nommer le pays mais je l’ai vécu cette année. Je suis allée dans un pays pour une manifestation, lors des allocutions, il y avait le Premier ministre qui était là

Tout le monde disait :
Son Excellence monsieur le Premier ministre, représentant personnel du chef de l’Etat. Représentant personnel, il représente à titre collectif, puisque lui il est un individu. Quand j’ai vu cela, relayé par la presse le lendemain, je me suis dit, bon sang, au Burkina il fait bon vivre parce que vous au moins vous restez dans la syntaxe. J’ai en tous les cas une bonne opinion de la presse. Mais, je vous avoue, je ne lis pas n’importe quoi. Il y a des journaux que je n’achète pas, si vous achetez, si vous venez poser ça chez moi, je ne les ouvre pas.

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 7 mai 2007 à 16:59 En réponse à : > Me Antoinette Nongoba Ouédraogo, bâtonnier de l’Ordre des avocats : “On ne m’a pas appris à raser les murs”

    Très bonne analyse, Mme La Bâtonnière,
    Un seul bémol : "...Les affaires politiques sont les affaires de tout le monde et les affaires de tout le monde sont des affaires politiques...". Et vous le savez, vous qui avez lu Montesquieu, Zola... alors, que répondez-vous à cette interrogation que les journalistes ont omis de vous la poser ?. Je me reconais, personnellement, dans le reste de l’intégralité de votre interview, Ange, France.

    • Le 12 mai 2007 à 10:25, par Burkinabé En réponse à : > Me Antoinette Nongoba Ouédraogo, bâtonnier de l’Ordre des avocats : “On ne m’a pas appris à raser les murs”

      Attention Madame à votre langage !!!!! ’’On ne m’a pas appris à raser les murs’’. Je vous admire, mais le Burkina reste le Burkina et attention de ne pas raser les murs après, car même si on ne vous l’a pas appris, on peut tout de même vous forcer à le faire. A bon entendeur, Maîtrise de la langue !!!

      • Le 8 juillet 2007 à 03:42 En réponse à : > Me Antoinette Nongoba Ouédraogo, bâtonnier de l’Ordre des avocats : “On ne m’a pas appris à raser les murs”

        Respectez au moins la memoire de ceux qui ont ete des victimes en viollence politique. ca n’arrive pas qu’ aux autres. Et puis, moi je croyais que vs etiuez le batonnier de nous tous. evitez de vouloir paraitre sous le titre de la dure car c’est bien artificiel. Ca sent le force. Vs insultez tout le monde et les femmes avec. Laissez au moins a ces femmes la liberte de s’associer et de parler de leur toilette. C’est mieux que rien. Que voulez vous finalement ? Tout le monde n’a pas les moyens de s’ ouvrir une ferme. Donc, elles contribuent a leur facon au developpement de leur pays meme s’ il y a des limites objectives a l’action des femmes. Je n’ai pas trouve bcp de sagesse dans votre sortie.

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