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Journée nationale de pardon : Qu’avons-nous fait de l’esprit de cette journée ?

Publié le vendredi 30 mars 2007 à 07h52min

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La commémoration du VIe anniversaire de la Journée nationale de pardon (JNP) intervient à un moment où les Burkinabè se posent des questions existentielles avec la répétition des découvertes macabres et des actes de défiance de l’autorité de l’Etat.

Un climat psychologique délétère qui n’aurait pas dû être si dans notre grande majorité, nous n’avions pas oublié les vertus thérapeutiques voire cathartiques de la JNP.

"La morale n’agonise plus, elle est morte" , clame urbi et orbi nombre de Burkinabè stupéfaits par les crimes odieux que l’on découvre de nos jours et tétanisés par ces actes de défiance de l’autorité de l’Etat qui ont amené certains à dire que celui-ci "n’existe plus" .

Une assertion maximaliste sur fond de récupération politicienne, dans la mesure où l’Etat burkinabè n’a autant marqué sa présence que ces dernières années, avec ce combat de tous les jours contre la pauvreté et cet "activisme" porteur au plan international. L’Etat n’est donc pas "mort" avec ces multiples chantiers de construction de routes et de barrages, cette lutte de tous les instants contre la pauvreté rurale et la maladie, ces indicateurs économiques pour la plupart au vert, ce rayonnement international qui vient de lui valoir les félicitations du Conseil de sécurité des Nations unies, etc.

La Nation "tourne" ainsi que l’a rappelé hier devant la représentation nationale, le Premier ministre, ce qui est d’autant plus méritoire qu’une "main invisible" tente de saper tous ces efforts pour faire du Burkina Faso un pays émergent dans un proche avenir.

Quant à la morale, on ne sait pas si elle est morte ou vivante, mais, le fait est que nous avons tous contribué à la pervertir, aveuglés que nous sommes par des schémas culturels autres que les nôtres et oublieux de notre histoire politique récente qui devait nous amener à protéger la démocratie comme la prunelle de nos yeux. Sur le premier point, on n’a pas besoin d’être le professeur Laurent Bado, pour affirmer que nombre de Burkinabè ont désormais tout ramené à "leur ventre et bas-ventre" .

L’avoir prime désormais sur l’être, ce qui a le don de dénaturer profondément notre substrat culturel. Avec l’imposition de la pensée unique qui magnifie l’ultralibéralisme, l’égoïsme s’est renforcé au point que les parents du village eux-mêmes, n’accueillent plus à bras ouverts que les enfants "feuillus" qui roulent carrosse et font montre d’une prodigalité souvent intéressée.

On a oublié le spirituel au profit du matériel, ce qui constitue selon l’artiste, une "erreur fatale pour l’humanité, devenue un navire sans capitaine" . Et ce libéralisme "déstabilisateur" , est rendu plus "meurtrier" par la trop forte propension des Burkinabè à oublier que le pays vient de loin et que les envies et les libertés longtemps comprimées, s’expriment enfin, de façon "désordonnée" . La démocratie se bâtit en effet sur fond de "déficit éducationnel" et son corollaire, l’absence de conscience citoyenne.

C’est cette absence qui a fait oublier les actes forts et les paroles rédemptrices prononcées le 30 mars 2001 lors de la JNP. Faut-il le rappeler, Blaise Compaoré a demandé pardon au peuple burkinabè pour tous les crimes commis depuis l’indépendance, ce qui en soi, est un acte de courage et d’amour pour son peuple, si tant est qu’il ne saurait être seul comptable de ces crimes. Et puis, l’archevêque Anselme Sanon qui présidait cette journée nous a appelé à cultiver la tolérance, le respect de l’autre et du bien public, mais surtout au pardon "qui élève celui qui le donne" .

Le bon père nous invitait à un nouveau départ où le respect de la vie humaine serait désormais sacrée. Hélas, il ne semble pas avoir été entendu, avec les vieux démons qui reprennent le dessus. "Ce sont les gens d’en haut qui sont responsables de la chienlit", entend-on dire. Ce n’est pas vrai dans la mesure où nul ne peut prouver qu’ils sont acteurs même au second degré des événements malheureux que le Burkina vient de vivre. C’est plutôt la cupidité des uns et la jalousie ainsi que la méchanceté des autres qui nous amènent à vivre ces jours de tourmente. L’impunité a donc bon dos, la justice burkinabè n’ayant jusque-là, pas failli chaque fois que des éléments matériels lui permettaient de trancher une affaire.

Bien sûr, elle compte en son sein des "coquins" , mais, dans chaque corps de métier, "la proportion des imbéciles est constante" .

Alors, arrêtons de nous "amuser" avec la démocratie, car si nous la perdons, nous risquons de le regretter amèrement. Bâtissons donc notre maison commune, en corrigeant progressivement nos tares et nos travers, car la démocratie est une quête permanente.

Boubakar SY

Sidwaya

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