LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Législatives de mai 2007 : Dans le chaudron de la classe politique

Publié le jeudi 29 mars 2007 à 08h27min

PARTAGER :                          

Les sankaristes partent en rangs dispersés

Les candidats au siège de représentant du peuple pour le quinquennat 2007-2012 sont maintenant connus. En attendant de rentrer dans le vif du sujet avec la campagne officielle, l’heure est au pansement des plaies ouvertes par l’établissement des listes électorales et à la pré-campagne.

A y voir de près, ces législatives vont occasionner une recomposition significative de la classe politique burkinabè. En attendant, voyons quel bouillon se prépare dans le chaudron de la classe politique.

Pour les législatives qui arrivent, la classe politique nous a encore reversé des surprises. Des alliances de circonstance sont nées, aussi contre-nature les unes que les autres. Mais comme en politique, la logique a une autre signification que celle du dictionnaire, il n’y a qu’à croiser les bras et observer les choses. Toutefois pour l’instant avec les prochaines échéances législatives, on note l’existence de quatre grandes familles politiques.

Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti majoritaire, au vu de sa présence sur le terrain et de la force de sa machine électorale est le grand favori de ce scrutin. Avec le retour de la province comme circonscription électorale, le CDP part avec une longueur d’avance. Dans les provinces où il y a une place à prendre, il sera difficile pour les autres de la ravir au candidat du parti majoritaire. Dans ces cas il y a une dizaine de députés à élire.

Là où il y a deux places, le CDP, à moins d’une catastrophe, en prendra une sinon les deux. Le parti de Roch Marc Christian KABORE, même dans les projections les plus pessimistes, ne doit pas avoir beaucoup de soucis quant à sa représentativité à l’hémicycle.

L’UPS et l’UNIR/MS

Les héritiers politiques de Thomas SANKARA vont aux élections dans un ordre quelconque. Ce sont en fait deux regroupements qui vont solliciter le suffrage de ceux qui croient encore en l’idéal sankariste : l’Union des partis Sankaristes (UPS) avec à sa tête Nongma Ernest OUEDRAOGO et l’UNIR/MS de Me Bénéwendé SANKARA qui l’on sait a phagocyté lors de son dernier congrès le FDR de Fidèle KIENTGA.

Le pôle Sankariste de la politique burkinabè risque de ne faire peur qu’à lui-même lors de ce scrutin. Me SANKARA est sur la liste nationale, mais on sait que son fief électoral est le Passoré qui se trouve être la mangeoire de Nongma Ernest OUEDRAOGO et de Fidèle KIENTGA. Là-bas ils auront en face la tigresse du CDP, Fatou DIENDERE, et Eugène DIENDERE du RDM qui s’est allié à l’UPR.

Cette concentration dans cette province peut provoquer un « rush » des voix en leur défaveur surtout que les adversaires les plus coriaces, à savoir les deux DIENDERE, auront les attentions rivées l’un sur l’autre, leur ménageant ainsi une aisance d’action. Dans le reste du pays, les Sankaristes ne semblent pas disposer d’une force de frappe à même de leur assurer le succès. Comme l’ADF/RDA, les Sankaristes sont sur une pente glissante. La rhétorique verbale ne suffit plus à attirer les électeurs, il faut du concret et surtout le bon exemple. Or en la matière Thomas SANKARA ne reconnaîtra pas beaucoup des « siens ».

Le cas atypique UNDD avec son Hermann

L’Union Nationale pour la Démocratie et le Développement (UNDD) se singularise encore, à l’image de son mentor Hermann YAMEOGO. Le fils de Maurice YAMEOGO va aux élections malgré lui. C’était la seule solution pour éviter la mort du parti. Après son refus d’aller aux présidentielles qui a occasionné le départ de son bras droit Fidèle HIEN, Hermann YAMEOGO a été mis en minorité dans son désir de boycott des législatives.

Comme, il n’est pas homme à renoncer à ses convictions, il a inventé le concept de « campagne de protestation » et pour mieux l’exprimer, Me YAMEOGO s’inscrit 15e/15 sur la liste nationale. Un rang où il n’a aucune chance de se faire élire. Est-ce d’ailleurs pour cela que l’homme du Tékré aurait choisi son cuisinier comme suppléant ?

Certes un spécialiste des assiettes et des cuillères peut valablement représenter le peuple à l’Assemblée, mais le choix spécifique de Hermann YAMEOGO s’apparente à une volonté de prendre en dérision l’hémicycle si ce n’est la fonction de député. D’ailleurs, il l’aura assez montré la législature finissante, abonné absent qu’il a toujours été. Les errements et autres inconséquences du patron de l’UNDD s’il n’y prend garde sonneront pour lui et le parti un réveil douloureux. Cela d’autant que dans son fief électoral du Boulkiemdé, les choses seront corsées.

Comme dans la plupart des partis, la confection des listes électorales a provoqué des frictions. Or en face le CDP a choisi des poids lourds pour le combat, Tandaogo Hubert YAMEOGO, le patron de la SONABHY et deux membres du gouvernement en les personnes de Seydou BOUDA et Aline KOALA, si on ajoute Salvador YAMEOGO dont le parti RDF se présente sous la bannière UPR, il faut dire que l’UNDD n’aura pas un sommeil de panthère repu.

Les mouvanciers et les autres

Les autres prétendants au siège de député sont dispersés. Pris individuellement, telles que les choses se présentent ils n’ont pas beaucoup de chance. Si on excepte l’alliance UPR avec le RDM, le RDF et l’UPD qui peut revendiquer une certaine force, ceux qui ne sont présents que dans quelques circonscriptions seront à la peine. Parmi eux, il y a des « grandes gueules » comme le MPS/PF de Emile PARE et le PAREN de Laurent BADO. Le PAI de Soumane TOURE risque aussi de broyer du noir.

Nombre de ses listes sont invalidées et ses poids lourds que sont Alphonse BONOU, actuel conseiller technique du Ministre d’Etat Salif DIALLO et qui est le patron du PAI dans les Balé et Toundoum SESSOUMA, dans le Kénédougou, sont non partants pour le scrutin du 6 mai prochain. C’est dire que la présence du PAI à l’hémicycle pour la prochaine législature est plus que hypothétique.

Le PDP de Ali LANKOANDE, lui, ne semble pas avoir surmonté l’épreuve de la disparition de son géniteur le professeur Joseph KI-ZERBO. Le « boulanger de Fada » après son fiasco des présidentielles pourrait connaître une autre désillusion. Mais il est condamné à aller au charbon sinon « Na Lara an sara ».

Le slogan est là qui lui revient de façon lancinante comme pour l’empêcher de baisser la garde au risque de voir sombrer le parti dans un sommeil profond dont il sortira difficilement. Les voix de la politique sont insondables même pour les plus avertis.
Les élections législatives vont sans doute occasionner une décantation dans la classe politique.

Les alliances de circonstance produiront leurs effets positifs ou négatifs. On saura si les électeurs burkinabè vont suivre ceux qui se présentent comme de fortes têtes même dans leurs pérégrinations. Ce qui est sûr, au soir du scrutin, les conclusions seront tirées.

Par Ahmed NAZE

L’Opinion

P.-S.

PARTAGER :                              
 LeFaso TV