LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Blaise Compaoré, le coton et le désert...

Publié le jeudi 29 mars 2007 à 07h27min

PARTAGER :                          

C’est moi qui vous le dis ; si nous n’y prenons garde, le Burkina Faso risque de passer de 1er producteur de coton d’Afrique à un rang nettement moins enviable. Et cela plus vite qu’on ne peut le penser. La raison est toute simple et rappelle ce slogan fort prisé à une certaine époque de l’histoire de notre pays : on ne mobilise personne en dehors de ses intérêts.

Ainsi, si dans les meilleurs délais et dans l’urgence absolue rien n’est fait en direction des cotonculteurs, c’est avec des torches en plein jour qu’il faudra les chercher pour les mobiliser afin que, dans 1 ou 2 mois tout au plus, ils fassent encore du coton. Tout naturellement sans producteurs pas de production.

C’est mon oncle qui m’a mis la puce à l’oreille la semaine dernière au village en pleine réunion de préparation des funérailles de l’année. Il avait dans la voix ce ton persifleur qui le submerge lorsqu’il est hors de lui. La raison de l’ire de mon oncle c’est que jusqu’au moment où je trace ces mots, il n’a reçu aucun kopeck de sa production de la saison dernière.

Pire, il ne sait même pas s’il pourra faire encore du coton cette année. En effet de la paire de bœufs et de l’âne qu’il possédait, il ne reste plus qu’un bœuf, les deux autres animaux ayant été vendus pour faire face à la scolarité de trois de mes cousins encore sur les bancs et supporter une partie des frais de soins de ma brave tante, qui, au mois de janvier était tombée gravement malade.

Pour sa contribution aux frais des funérailles, il devra envoyer des poulets au marché, lui qui s’est toujours vanté de ne faire du petit élevage que pour la consommation de sa famille ! Comme si cela ne suffisait pas et comme si on voulait le décourager définitivement de faire encore du coton, les intrants qu’il recevait dès décembre ne sont pas encore au village !

Quand on connaît toute l’armada de camions qu’une société comme la SOFITEX utilise chaque année pour la mise en place de ces intrants, quand on pense à l’état des routes pour ne pas dire des pistes, surtout avec les premières pluies qui s’installent déjà du côté du Sud-Ouest, on imagine que se ne sera pas du gâteau de réussir l’opération dans les délais qui restent. Pourtant, que de discours et de promesses sur le coton !

Il faut dire que mon oncle est vraiment très amer ! Le connaissant CDP ou plutôt ABC jusqu’au bout des ongles et fier parmi les fiers, il doit être sérieusement atteint pour extérioriser ainsi son mal-être.

Mon oncle est un guerrier. Il restera certainement droit dans ses bottes ; mais combien d’infortunés du coton feront comme lui ?

Je lui ai promis de me renseigner un peu sur le sujet et de le tenir informé de ce qui se passe. Parce que, pour l’instant, j’y perd totalement mon latin..., mon mooré devrais-je dire, car c’est tout comme dans une bouteille d’encre. Avec Blaise COMPAORE, champion reconnu de la lutte en faveur du coton africain, son clin d’œil aux cotonculteurs félicités dans son message à la nation de la fin de l’année, la promesse faite à la Journée Nationale du Paysan d’allonger 50 milliards de FCFA à la filière cotonnière..., c’est à n’y rien comprendre !

Blaise COMPAORE prêcherait-il dans le désert dans son propre pays ? Le président du Faso n’est-il pas suivi dans ses engagements ou faut-il croire que tout cela n’est que le fait d’une lourdeur administrative qui va être corrigée très vite ? Quelque soit le bout par lequel on le prend on ne peut pas ne pas être perplexe.

Car si nous-mêmes sommes inconséquents et sans cœur devant les sacrifices et les souffrances de nos cotonculteurs, avons-nous seulement le droit moral d’exiger des autres plus d’humanisme et de justice en leur faveur ?

En tout cas les producteurs de coton sont enfoncés dans des problèmes jusqu’au cou et se demandent de quoi l’avenir sera fait !

Par Faèz

L’Opinion

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 29 mars 2007 à 19:51, par NINO En réponse à : > Blaise Compaoré, le coton et le désert...

    Merçi pour votre préoccupation pour le sort de la filière coton.
    Vous rendriez plus service a cette filière en évitant de jeter l’huile sur le feu.
    Essayez d’expliquer encore une fois plus( car cela a été fait lors des forums) a votre oncle que dans toute activité humaine il ya des hauts et des bas.
    Les causes de ce qui arrive sont connues et avaient été expliquées aux cotonculteurs qui ont accepté de consentir certains efforts pour permettre une "relance" de la filière coton.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)