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Hydrocarbures : Bientôt des privés à la SONABHY

Publié le mardi 27 avril 2004 à 07h01min

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Le conseil des ministres du 21 avril 2004 a examiné et adopté un rapport concernant la Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (SONABHY). Ce rapport est relatif à une proposition de réforme du sous-secteur des hydrocarbures. Ainsi, il sera procédé à une ouverture minoritaire du capital de la nationale d’hydrocarbures au privé. Dans cette interview, le secrétaire général de la SONABHY, Benoît Sampo apporte des éclairages. Il se prononce également sur le contrôle de la fraude des hydrocarbures à la SONABHY.

Sidwaya (S.) : Expliquez-nous la décision du conseil des ministres du 21 avril 2004 en rapport avec la situation des hydrocarbures au Burkina Faso ?

Benoît Sampo (B.S.) : Depuis 1991 le Burkina est en train de procéder à des réformes économiques. A la suite de cela, en juin 2000, dans le cadre de la lute contre la pauvreté, il a été adopté une stratégie. C’est dans cette lancée qu’on a constaté que certains secteurs, dont celui de l’énergie, connaissent des faiblesses et des insuffisances qu’il faille pallier pour atteindre des performances. En cela, il a été adopté dans un premier temps en décembre 2000 ce qu’on appelle la lettre de politique de développement.

Par la suite en juillet 2001 une loi a été adoptée par l’Assemblée nationale. Elle porte autorisation de privatisation de l’entreprise à participation publique dont la SONABHY fait partie. C’est dans le cadre de ces réformes que des dispositions ont été prises pour le secteur de l’énergie en général et des hydrocarbures en particulier. Pour le secteur des hydrocarbures, il y a eu des préalables. Pour pouvoir mener à bien cette mesure, il a fallu arrêter un chronogramme et des études ont été menées en conséquence. Il y a eu dans un premier temps une étude portant sur l’impact environnemental.

Ensuite, l’étude diagnostique du secteur de l’énergie, des audits sur les comptes de la SONABHY. Egalement, une étude qui consiste à adopter la stratégie de sensibilisation et communication dans le cadre de ce processus. C’est à l’issue de l’étude diagnostique du sous-secteur des hydrocarbures que le projet de rapport a été introduit en conseil des ministres sous l’égide du ministère de tutelle technique à savoir le ministère du Commerce.

S. : Qu’entendez-vous par le maintien du monopole des segments achat et stockage ?

B. S. : L’activité pétrolière au Burkina Faso connaît un certain nombre de segments. N’étant malheureusement pas producteur, il nous faut d’abord procéder à l’achat à l’extérieur. Donc l’importation consiste à acheter le pétrole à l’extérieur, à le stocker dans les dépôts côtiers, ensuite le transporter soit par la route, soit par le chemin de fer, à le stocker une fois encore à l’intérieur de notre pays pour procéder à sa distribution. Voilà les différents segments de l’activité pétrolière.

Maintenant, parlant des deux (2) activités (achat et stockage) elles constituaient depuis la création de la SONABHY, des monopoles. Il a été concédé le monopole de droit à la SONABHY pour l’importation et le stockage. Sinon pour la distribution, elle n’est pas directement impliquée bien que cela fasse partie de son objet et de ses missions. Il y a ce qu’on appelle dans notre jargon les marketeurs (Total, Shell, Mobil) et tout récemment les indépendants. Ce volet distribution est comme libéralisé. Il y a le transport. SONABHY n’exerce pas directement cette activité parce que ne disposant pas de camions-citernes ou wagons-citernes à son propre compte. C’est son frêt, mais elle le confie à des privés qui procèdent à l’acheminement du produit. Il reste en fait l’achat et le stockage qui constituent des activités de monopole que le gouvernement vient de confirmer.

S. : La suppression des prix administrés dans le segment des transports. Qu’est-ce que cela veut dire ?

B. S. : Dans la mesure où le transport est sous-traité, il y a une politique de fixation des prix au Burkina. Ces prix sont administrés par le ministère en charge du commerce. Chaque intervenant (SONABHY, transporteurs, marketeurs, gérants de station etc) dispose de ce qu’on appelle une marge qui lui permet de prendre en compte ses charges propres mais aussi sa marge bénéficiaire. Comme cette marge était administrée, on envisage sa libéralisation.

S. : Comment se fixe le prix du carburant à la pompe puisqu’on parle d’un régime de plafonnement des prix ?

B. S. : Les prix actuellement sont administrés en prenant en compte les différentes composantes de la structure des prix. Le premier élément est le prix CAF (Coût-assurance-frêt rendus dépôts côtiers). Il y a les frais d’approche au niveau des ports, les frais de passage, de transit jusqu’à ce que le produit arrive à la frontière, de transport pour que le produit parvienne dans nos dépôts. Il y a les frais de stockage intérieur. Le produit est vendu aux marketeurs pour être ensuite cédé aux détaillants qui le mettent finalement à la disposition du consommateur. Les différents maillons de cette activité engendrent des charges.

Maintenant on envisage déterminer un prix plafond qui permettrait aux gérants de station, aux marketeurs de faire peut-être des remises aux consommateurs. Il faut signaler que jusque-là, ils n’avaient pas la possibilité de le faire compte tenu que les prix sont impératifs. Présentement, il y aurait une possibilité de ne pas atteindre forcément le prix à la pompe qu’on lui aurait fixé.

Ça sera un prix indicatif-plafond donnant la possibilité de jouer en dessous. C’est une flexibilité qu’on veut offrir aux marketeurs et aux gérants de station. Par exemple, le prix du litre de l’essence-mélange fixé mensuellement suivant la fluctuation du marché international et du coût du dollar, la possibilité sera laissée à chaque marketeur ou gérant de station de pouvoir offrir des prix plus compétitifs mais en n’allant pas au-delà du prix mensuellement fixé.

S. : Il est prévu l’ouverture minoritaire du capital de la SONABHY aux privés. Qu’est-ce à dire ?

B. S. : La SONABHY est une société d’Etat. Ce qui veut dire qu’elle est une société à actions toutes détenues par l’Etat. Cette décision consiste à céder une partie de ces actions à d’autres partenaires, notamment les privés. Le capital actuel de la SONABHY est de 3 milliards de F CFA. A sa création, elle avait un capital de 1 milliard de F CFA qui a atteint les 3 milliards en 1996 conformément à l’évolution de l’institution. Il s’agit de voir dans quel cadre l’Etat peut partager ce capital avec d’autres partenaires privés.

Parmi les partenaires privés, figurent en bonne place les partenaires naturels de la SONABHY qui sont les transporteurs, marketeurs, les distributeurs, les gérants de station, le personnel de la SONABHY. Au-delà de tout ce beau monde, il peut être envisagé dans quel cadre intégrer des opérateurs économiques qui ne sont pas forcément des spécialistes dans le domaine, mais qui peuvent venir acquérir de l’expertise. En ce qui concerne le terme minoritaire, cela veut dire que le capital ne peut être cédé à un niveau qui donne la possibilité aux privés d’être majoritaires.
Il reste à compléter l’étude pour déterminer le niveau exact du capital à cédé. Mais d’ores et déjà, il sera minoritaire, c’est-à-dire compris entre 1 et 49%.

S. : Arrivez-vous à contrôler la fraude des hydrocarbures à la SONABHY ?

Notre souhait aurait été qu’il n’y ait pas la fraude au sein de la SONABHY. Mais comme il est impossible de l’éradiquer, nous la combattrons en collaboration avec les structures habilitées. SONABHY en tant que telle n’a pas les prérogatives de mener ce combat. Mais dans la mesure où elle est concernée, elle participe à la lutte contre la fraude dans ce secteur en collaboration, soit avec l’Inspection générale des affaires économiques, soit avec la douane etc.

Du reste, il nous revient ces derniers temps qu’il y a une recrudescence de ce phénomène parce qu’on le ressent dans notre activité. Il y a aussi le fait que la fraude peut se percevoir à plusieurs niveaux : il y a la fraude sur les quantités où les gens peuvent importer les produits par la voie non officielle, il y a aussi la fraude sur la qualité où les gens procèdent à des mélanges. Ce que nous appelons le frelatage. Ce qui cause des préjudices tant à l’Etat qu’aux honnêtes citoyens. Notre préoccupation est d’arriver à minimiser ce phénomène.

Entretien réalisé par Charles OUEDRAOGO
Sidwaya

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