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Autopsie de la liste CDP : Retour aux groupes originels et bataille de positionnement des clans.

Publié le lundi 26 mars 2007 à 08h43min

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Salif Diallo, François Compaoré et Ernest P. Yonli

On s’y attendait plus ou moins. La liste des candidats CDP pour les législatives prochaines allait être marquée du sceau de la lutte des clans et du repli sur les groupes originels. En regardant de près la liste des candidats à la députation du CDP, on en tire plusieurs enseignements.

Pour la désignation de ses candidats, le CDP a procédé à des primaires. Les prétendants à la candidature se sont, dans un premier temps, soumis à l’évaluation de la base et ensuite les instances suprêmes du parti ont fait les arbitrages finaux. La procédure ne manque pas d’intérêt. D’abord pour le CDP, ce fut une belle occasion de renflouer ses caisses. Il y a eu 650 candidatures à la candidature et chacun des postulants a déboursé au minimum 100 000 F cfa, pour l’achat du dossier et chacun a dû se mettre à jour de ses cotisations annuelles.

En prenant simplement en compte l’achat des dossiers, le CDP a engrangé la rondelette somme de 65 millions de francs. Si on y ajoute les cotisations obligatoires, on arrive à des sommes faramineuses. Qui avait dit que les militants ne mettent pas la main à la poche au Burkina Faso ? Le CDP vient d’administrer la preuve du contraire. Les contempteurs du parti diront que ces gens peuvent payer, parce qu’ils n’ont pas souffert pour gagner leur argent.

C’est vrai, pour une infime partie des prétendants seulement, pour le reste, les plus nombreux, leur diable, comme celui de nombre d’entre nous, n’a plus de queue. Le deuxième intérêt aurait dû être celui de l’ancrage de la démocratie interne dans le parti. Mais là, le résultat est plutôt mitigé, puisque certains candidats, classés derniers par la base, se sont vu ramenés comme premiers titulaires par les instances de Ouagadougou. A ce niveau donc, l’expérience est restée à mi-chemin.

Un autre aspect auquel les observateurs étaient assez attentifs, c’était de voir si les énoncés du dernier congrès du CDP allaient se traduire dans la désignation des candidats à la députation, notamment le retour au critère du militantisme originel. Il s’agissait par ailleurs de suivre l’impact de la lutte de clans dans la désignation des candidats.

L’observation de la liste définitive déposée à la CENI permet les interprétations suivantes, avec les marges d’erreurs que cela peut comporter dans un milieu très fluctuant.

En ce qui concerne le caractère du militantisme, on retrouve en position de force, les trois groupuscules communistes à l’origine de l’ODP/MT. Il s’agit de l’ULC, du GCB et de l’UCB1. Nombre de premiers titulaires ou de titulaires bien positionnés sont issus de ces groupuscules. Dans les rouages actuels du CDP, ces courants originels de l’ODP/MT sont portés par des pontes bien connus : L’ULC est encore fortement représenté, même s’il n’a plus de leader clairement désigné.

D’illustres personnalités du parti y ont fait leurs classes ; comme Roch Marc Christian Kaboré, l’actuel président de l’Assemblée nationale, Jean Léonard Compaoré, le monsieur élections du CDP, Mahama Sawadogo, le scribe du Parlement, Achille Tapsoba et Benoît Ouattara du ministère du Commerce...

L’UCB se trouve dans une situation semblable à celle de L’ULC, avec encore plus de flou dans son leadership. Les personnalités ci-après seraient issues de ses rangs : Naboho Kanidoua, Dim Salif Sawadogo, Kadiatou Korsaga, Jean Hubert Yaméogo (DG de la SONABHY)...

Le troisième groupe, le GCB serait, de l’avis général, toujours le mieux structuré, avec des leaders bien connus et surtout parmi les combatifs du parti. Ce groupe serait celui de Salif Diallo. Le GCB, au regard de la composition de la liste retenue, serait celui qui a su investir stratégiquement les bonnes positions.

Dans la future Assemblée nationale, où le CDP sera sans aucun doute hyper représenté, d’aucuns parlent du scénario de 1997 quand le CDP avait 101 députés sur 111, il n’est pas impossible de revivre la résurgence des querelles des groupuscules.

Ce réveil des groupuscules devrait donner une autre tournure à la lutte des clans qui ne manquera pas de s’exacerber. Depuis le dépôt des listes, chacun des clans fait son calcul et compte ses partisans. Nous nous sommes essayés à l’exercice. Ce n’est pas simple, dans une arène où les acteurs avancent très souvent masqués.

Dans ce théâtre des ombres, tout est aléatoire et les alliances sont comme la météo dans l’hémisphère nord. En considérant les limites de l’aventure, la configuration des forces en présence serait la suivante, nous schématisons tout cela dans un tableau en retenant de part et d’autre les proches les plus représentatifs n

1 ODP/MT, le premier parti présidentiel né à la veille du retour du pays à l’Etat de droit démocratique en 1990.
ULC : Union de lutte communiste, GCB : Groupe des communistes burkinabè, UCB : Union des communistes burkinabè.

Par Newton Ahmed Barry

L’Evénement (http://www.evenement-bf.net)

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