Et pourtant, voilà que, dans la perspective de son éventuelle pour ne pas dire évidente candidature à un second mandat présidentiel, Amani Toumani Touré, le légendaire ATT, se voit déjà assuré de ne pas avoir son sommeil troublé par quelque souci au sujet de sa caution.

En effet, nous revient-il, une association ponctuelle d’assistance à président en difficulté financière dénommée "Un million de femmes pour ATT" a vu le jour au bord du Djoliba, qui se propose de casquer les dix briques indispensables à la présence de tout Malien sur la liste des candidats à la présidentielle, dont le bal s’ouvre, si tout est bien huilé, le 29 avril prochain.

Si donc l’actuel locataire du palais de Koulouba peut se réjouir de cette manne féminine, tel n’est pas le cas pour ses adversaires, dont les plus illustres, croyons-nous savoir, ont pour noms : Ibrahim Boubacar Keita du RPM (Rassemblement pour le Mali), par ailleurs président de l’Assemblée nationale ; Mamadou Bakary de "Blaise" Sangaré (pas bien heureux celui-là par manque de tanties) de la Convention démocratique et sociale (CDS) ; l’ex-ministre Tiébilé Dramé, cet exclu de l’ADEMA (Alliance pour la démocratie au Mali) dont il était, il y a quelques mois, le premier vice-président ; Soumeylou Boubèye Maïga, qui préside désormais aux destinées de la Convergence 2007. Mais, disons-le tout net, ces derniers ne devraient pas en rougir, du moins se faire la bile, pour faire plus malien.

Car, à y réfléchir, ces femmes-là, qui consentent dix francs chacune sur le nassongo pour régler la caution d’ATT, sont loin de le faire de façon désintéressée. Des exemples sont là pour convaincre plus d’un sceptique que cette main qui s’ouvre pour laisser tomber la pièce attendra le temps qu’il faut pour se refermer sur des liasses, et cela, de manière durable.

A croire qu’en Afrique, on prend le peuple pour une bande d’hurluberlus qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Car, qui, mieux que Toumani Touré lui-même, peut opter de se représenter ou de ne pas le faire, lui qui, on s’en souvient comme Moussa Traoré, avait décidé, en dépit de certaines supplications morveuses, de remettre le pouvoir aux civils après quelque toilettage ? lui qui, en toute indépendance, avait aussi opté de revenir aux affaires en se soumettant au verdict des urnes en 2002 ? Assurément, il y a comme une insulte à l’intelligence des Maliens quand on leur fait croire que cette offre de services faite à leur président n’est que le seul fruit du génie libéré de quelques femmes.

Qu’on se remémore seulement, paix à son âme, un certain Papa Eyadéma, auprès de qui on faisait des coudes et des genoux pour le supplier de se représenter à la magistrature après seulement, excusez du peu, trente-six ans de règne.

L’Observateur Paalga