LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Papa Kouyaté, artiste plasticien et scénographe : « Pour un art futile, utile et instructif »

Publié le lundi 9 avril 2007 à 08h30min

PARTAGER :                          

Papa Kouyaté

Avec ses envoûtantes créations, décors de théâtre ou toiles, Papa Kouyaté s’est fait une renommée incontestable en Afrique et dans le monde. Sa passion pour la scénographie et les arts plastiques n’a d’égal que son engagement et celui de sa famille pour les arts. Chez les Kouyaté, être artiste relève de l’héritage.

Au commencement est Sotigui Kouyaté, griot conteur et comédien. Suivent Dani, le fils aîné, metteur en scène et cinéaste, Hassane, metteur en scène, comédien et conteur, Soussaba, maquilleuse de plateau, Maghan, comédien, Mabo, acteur et Papa, scénographe et plasticien. Une muse est certainement passée par là...

Rien au départ ne destinait le jeune Papa à la scénographie. Il fait en France des études d’architecte d’intérieur. Mais, de retour au Burkina Faso, il va très vite comprendre combien c’est difficile : « J’ai fait très peu de réalisations en architecture. On ne peut pas vivre de çà chez nous... »

Il entreprend alors des formations complémentaires en théâtre notamment. Papa travaille sur des décors, au théâtre comme au cinéma, pour ses frères aînés Hassane et Dani, mais aussi pour de nombreux metteurs en scène et réalisateurs (Chef décorateur sur « La Cour », d’Abderamane Sissako, création de la toile de fond pour la pièce « Le siècle des fous » de Salia ni Seydou).

Papa évolue dans des domaines méconnus en Afrique. « Sur le continent africain, confie-t-il, on a du mal à comprendre l’art moderne. Quand on parle de l’art africain, on ne voit que l’artisanat, on oublie trop la création contemporaine. ».

Papa Kouyaté est directeur du centre socio-culturel Djélia basé à Bobo Dioulasso. Il est aussi l’initiateur d’un ambitieux projet d’un village artistique, à 50 km de Bobo Dioulasso, pour les plasticiens du pays. « Il serait temps de trouver un endroit pour que les artistes se retrouvent et échangent leurs idées ; un lieu de réflexion sur notre travail, sur l’art en général. Ce sera aussi un lieu d’exposition, témoignage du passage des artistes résidents. Ce sera la preuve qu’il existe bien, un art contemporain en Afrique. »

Une exposition de toiles « Iborami, d’où viens-tu ? » tourne en France depuis 4 ans. Papa Kouyaté y aborde des thèmes liés à la colonisation et à l’esclavage. Mais quand il parle de Thomas Sankara, par exemple, il n’est pas révolté : « Je suis une graine de Sankara, j’attends d’être germé... », Confesse -t- il avec son éternel sourire. Avant d’ajouter : « Je travaille sur Sankara pour qu’il ne tombe pas dans l’oubli. Tout comme d’autres personnes le font déjà. »
Son combat dans ce sens est celui de la vie. « On vient dans ce monde en pleurant, c’est le plus grand des combats ».

Papa Kouyaté a des engagements qu’il assume avec courage. Il en fait une affaire personnelle. « L’art doit avoir un projet porteur, celui de participer au développement des pays du Sud ».

Fousséni Kindo

Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique