Dans cette course à la députation, stratégies, stratagèmes et roublardises sont les pratiques les plus usitées pour se donner les meilleures chances d’être à l’arrivée et en bonne position. L’occurrence donne droit à une recomposition du paysage politique. Les alliances se nouent et on en voit de drôles c’est à dire contre-nature pendant que des formations sont affectées par des démissions.

En ce qui concerne les listes, après cette affaire de listes CDP excluant, selon des langues méchantes, des « CNP Pistes », le PAI nous livre l’un des spectacles les plus mordants avec ses listes invalidées dans une dizaine de provinces. Ces invalidations sont entre autres liées au non-paiement de la caution et à la non-conformité de certaines pièces administratives. On apprend de l’entourage de Soumane TOURE, Secrétaire général du PAI, que les listes de quatre provinces de la boucle du Mouhoun ont été déposées sans la caution.

Et on impute la responsabilité à Alphonse BONOU, leader du parti dans la région et ressortissant des Balé. En effet, on laisse entendre qu’avec ses fonctions actuelles de conseiller technique du ministre d’Etat Salif DIALLO du CDP, il ne souhaiterait pas battre campagne contre le parti au pouvoir et il fallait trouver une solution, l’invalidation des autres listes serait due à la falsification des dossiers par Toudoun SESSOUMA, l’adjoint de Soumane TOURE.

Il aurait manifesté ainsi sa colère contre le rejet de sa candidature par la base au Kénédougou. Les militants de son parti lui reprocheraient de n’avoir rien fait pour eux durant sa présence au gouvernement comme ministre des Sports et des Loisirs. Le désamour entre lui et ses militants du Kénédougou se serait manifesté publiquement pour la première fois au congrès du parti en décembre 2006 où certains s’étaient opposés à sa reconduction dans le bureau national. Il ressort aussi que lorsque la base a rejeté sa candidature au Kénédougou, il aurait aussi refusé la proposition d’être positionné deuxième sur la liste nationale.

En attendant, ces invalidations constituent un coup dur pour le PAI qui était sorti aux législatives dernières avec cinq députés. Cette fois-ci le scénario catastrophe est tout fait d’autant qu’à l’exception de Soumane TOURE qui dirige la liste nationale, aucune candidature des autres députés n’a été retenue. Encore, ce sont les localités où le parti a plus d’assise qui seraient hors de course.

Passons le cap pour nous intéresser aux provinces où la bataille électorale risque d’être sans merci . C’est le cas du Houet par exemple où KOUSSOUBE de l’ADF/RDA tentera de laver l’affront que lui a fait subir le CDP aux municipales 2006. Le Passoré aussi attirera toutes les attentions. Il y a en effet trois candidats qui se livrent depuis belle lurette la guerre de leadership. Fatou DIENDERE du CDP, Ernest Nongma OUEDRAOGO de l’UPS, et Eugène DIENDERE de l’UPR tous têtes de liste batailleront dur pour se faire une place à l’Assemblée nationale. La rivalité entre les deux DIENDERE ne sera pas des moindres.

Ces législatives offrant une seconde chance après les municipales à Eugène, qui a dû quitter le navire CDP parce qu’opposé au leadership de Fatou pour faire mentir à ceux qui disent qu’il est moins coté que l’autre. A cette éventuelle guéguerre politique, il faut citer Ernest Nongma OUEDRAOGO qui ne s’en laissera pas sans doute conter. C’est dire donc que ça va chauffer au Passoré même si Me SANKARA de l’UNIR/MS ressortissant aussi de la localité, a lui, préféré la liste nationale.

La stratégie de l’éléphant du Yatenga

Non loin de Passoré, la province du Yatenga connaît aussi sa guéguerre politique qui opposera le CDP à l’ADF/RDA. Même si Salif DIALLO du CDP et Gilbert N. OUEDRAOGO de l’ADF/RDA se sont inscrits sur les listes nationales respectives de leur parti, cela ne va pas empêcher les démonstrations de force dans la province.

Salif DIALLO est d’ailleurs tenu de coordonner la campagne électorale au Yatenga afin de prouver davantage que son parti est le plus populaire dans la localité. Son charisme ou du moins son poids politique est tel que l’ADF/RDA a trouvé comme stratégie de combat de positionner son président d’honneur Gérard Kango OUEDRAOGO sur la liste provinciale. Le plaçant comme premier suppléant, le parti de l’éléphant compte ainsi mettre à son profit aussi le leadership de cet homme.

D’autres provinces connaîtront également des campagnes électorales assez serrées. Au Boulgou aussi la lutte sera bien âpre entre le ministre de la Santé, Alain B. YODA du CDP et l’ancien directeur général de la Police nationale, Sambaré PALGUIM, lui tête de liste de la CFD/B.

Par Drissa TRAORE

L’Opinion