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Création des agences de l’eau : Pour une gestion durable des ressources hydrauliques

Publié le jeudi 22 mars 2007 à 07h58min

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Salif Diallo

A l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de l’eau, le 22 mars 2007, il sera procédé à Ziniaré à la signature d’une convention des agences de l’eau par le ministre en charge de l’hydraulique, Salif Diallo. En prélude à cet événement, le ministre donne dans cette interview, les raisons de la création de ces structures, leurs missions...

Question (Q.) : Qu’est-ce qu’un bassin hydrographique et pourquoi en créer un organisme de gestion ?

S.D. : Un bassin hydrographique est un espace géographique qui draine un fleuve, ses ramifications et l’ensemble de ses ouvrages ; en d’autres termes, toutes les eaux sur un bassin hydrographique sont en interaction directe au plan quantitatif, qualitatif et dynamique.

De façon schématique le bassin hydrographique est comme la parcelle de votre maison ; on ne peut pas gérer correctement sa cour en ne s’occupant que d’une portion de l’espace et laisser l’autre comme une poubelle ; vous voyez les conséquences à terme ! Le bassin est l’espace sur lequel l’eau vit, se réalimente et s’utilise.

Aussi, sa préservation, sa protection et sa valorisation rationnelle ne peuvent se faire correctement que sur cette étendue. C’est pourquoi partout dans le monde, le principe de gestion des ressources en eau par bassin hydrographique fait l’objet d’un consensus absolu ! L’organisme de gestion des ressources en eau sera la structure qui coordonnera les activités de protection de cette ressource à l’échelle du bassin.

Q. : Quelles seront donc les missions concrètes de cet organisme de bassin ?

S.D. : Les missions essentielles de l’organisme de bassin sont de mener toutes sortes d’actions en appui aux collectivités, aux structures déconcentrées, aux acteurs privés et de la société civile afin de promouvoir la satisfaction durable des populations et de l’économie en eau. Aider à préserver, protéger et valoriser durablement les ressources en eau, tel est le mandat principal de l’organisme de bassin !

Q. : Quel sera le statut juridique de l’organisme de bassin ?

S.D. : Les études approfondies menées ont conduit au choix du statut de Groupement d’intérêt public pour l’organisme de bassin qui se dénommera Agence de l’eau ! Le GIP est un type d’organisme prévu par le code général des collectivités territoriales.

Le choix du GIP est motivé par le fait qu’il est un type d’organisme qui peut associer l’Etat, les collectivités territoriales et les personnes physiques et morales privées ou publiques dans une œuvre commune. En effet, notre politique de gestion de l’eau préconise le partenariat de tous les acteurs comme principe de gouvernance ; la question de l’eau concerne tout le monde et il faut associer les représentants de toutes les catégories d’acteurs pour assurer sa réussite.

L’Agence de l’eau sera donc un organisme de droit public doté du statut de GIP , créé par l’Etat et les collectivités concernées, disposant d’une autonomie financière et ayant l’espace du bassin hydrographique comme espace de compétence ; il est ainsi prévu la création progressive de cinq Agences de l’eau sur les cinq espaces hydrographiques de notre pays à savoir le Nakambé, le Mouhoun, les Cascades, le Liptako et le Gourma.
Les Agences de l’eau seront placées sous la tutelle technique du ministère en charge de l’eau et la tutelle financière du ministère chargé des Finances.
Les différentes instances et leur composition sont précisées dans la convention constitutive de l’Agence.

Q. : Avec quels moyens l’Agence de l’eau va-t-elle remplir sa mission ?

S.D. : Les ressources financières des Agences de l’eau proviendront le l’application des principes préleveur-payeur et pollueur-payeur prescrits par la loi d’orientation relative à la gestion de l’eau. Il ne s’agit pas de taxer les ménages pour les prélèvements d’eau brute à des fins domestiques (la loi les exempte) mais de taxer les entreprises et sociétés qui prélèvent ou polluent à des fins de rentabilité. Ces taxes vont donc servir à protéger et à valoriser l’eau au profit des populations sur le bassin.

Q. : Quelles différences y a-t-il entre l’Agence et les services régionaux du ministère ou\avec l’ONEA ?

S.D. : L’ONEA est une société d’Etat destinée à produire de l’eau potable pour satisfaire la demande solvable dans les agglomérations urbaines. Elle est donc de la catégorie des usagers de l’eau.
Il n’existe pas de structures déconcentrées du ministère d’une part à l’échelle des bassins hydrographiques et d’autre part les missions des services déconcentrés de l’Etat sont diverses allant de l’administration à la réglementation en passant par l’appui-conseil, le suivi-évaluation etc.

L’Agence de l’eau est une toute nouvelle institution à une échelle nouvelle du bassin hydrographique (qui couvre tout ou partie de plusieurs régions) et ne s’occupera que d’appuyer tous les acteurs à commencer par les collectivités pour la préservation, la protection et la valorisation rationnelle et durable des ressources en eau.
Par ailleurs, l’Agence n’est pas maître d’ouvrage donc elle ne sera pas juge et partie et n’empiétera en rien sur les missions des collectivités et des services déconcentrés du ministère.

Interview réalisée par le DCPM/MAHRH

Sidwaya

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