LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Législatives 2007 : La liste du CDP et ses pesanteurs

Publié le samedi 17 mars 2007 à 07h46min

PARTAGER :                          

Simon Compaoré et Roch MC Kaboré

Les députés de la troisième législature respirent les derniers instants de leur mandat. Et ce, d’autant plus que les élections législatives de mai prochain se profilent à l’horizon. Désormais dans chaque parti politique désirant postuler à la députation, l’on connaît les « élus » depuis que le délai des dépôts des listes a expiré le 7 mars 2007.

Reste maintenant la validation que doit effectuer la CENI. On verra si cette fois-ci, cette dernière, qui aussi entame un nouveau mandat avec en son sein de grands juristes, respectera scrupuleusement la loi ou -comme pour les élections précédentes- s’assouplira face aux partis politiques dont la quasi-totalité ont déposé des listes qui, pour la plupart, sont loin d’être conformes aux dispositions du code électoral.

En effet ce dernier stipule en son article 175 que « Les dossiers de déclaration de candidature pour chaque candidat doivent comporter les pièces suivantes : 1) un extrait d’acte de naissance ou de jugement supplétif en tenant lieu ;
2) un certificat de nationalité burkinabè ;
3) un bulletin n° 3 du casier judiciaire datant de moins de trois mois ;
4) une déclaration par laquelle l’intéressé certifie qu’il pose sa candidature, qu’il n’est candidat que sur cette liste et qu’il ne se trouve dans aucun des cas d’inéligibilité prévus part le présent code ;
5) une attestation par laquelle le parti ou la formation politique investit les intéressés en qualité de candidats. »

Non seulement certaines listes ont des pièces manquantes, mais ce que l’on constate à profusion ce sont les photocopies légalisées des pièces précitées alors que dans l’article nulle part on ne parle de copies. Mais enfin... !

Revenons en aux candidats. Parce qu’il est le parti du pouvoir, parce que la confection des listes a été un bras de fer à cause du poids des postulants, on était curieux de savoir l’identité des chevaux que le CDP lance dans la course. Les chevaux sont connus, les grands absents aussi. Ministres et gouverneurs présents, Kaf candidat, femmes désillusionnées...La liste du CDP en est riche.

Le CDP et le courage des autres

On l’attendait avec impatience, elle est tombée et comme il fallait s’y attendre, la liste CDP aux prochaines législatives porte en elle-même les germes de la désunion et surtout prépare le terrain pour les autres. Comme aux municipales reprises à Pô, le CDP mauvais gestionnaire de son envergure travaille pratiquement pour les autres. On peut brandir le fait que c’est la base qui a décidé ceci, ou cela, mais personne n’est dupe ; la base peut être conditionnée et elle l’a été en plusieurs endroits au vu des écrits venant de-ci, de-là pour dénoncer les appréciations trop positives attribuées à certains ténors qui ne le méritent pas. Les passes d’armes entre pro et anti Alain Yoda, les sorties sur la notation de Marc Yao, les envolées pour dénoncer les bons points donnés au ministre Tiémoko Konaté sont suffisamment indicatives du mal -être au sein du parti majoritaire.

Voici un parti où l’on peut être plus méchant avec ses partisans qu’avec ceux d’en face. C’est là que se trouvent les explications des défaites aux municipales à Banfora, Diébougou et tout dernièrement à Pô. Un coup d’œil même rapide sur la liste du CDP démontre clairement que les bonzes ne se sont pas faits de cadeaux dans l’établissement et dans le positionnement des uns et des autres pour la députation. On y sent à très longue distance l’odeur des coups fourrés, des coups en dessous de la ceinture, des tacles par derrière.

A force de surveiller comme du lait sur le feu, la liste comporte beaucoup de faiblesses. Par exemple le classement des ministres qui se trouve toujours dans le tiercé alors que l’on a jamais soupçonné Monsieur le ministre ou Madame le ministre d’avoir une âme de politicien encore moins d’être grand militant du CDP. On vient technocrate au gouvernement et on en repart grand homme politique. Il faudra donc compter sur le courage des autres pour arracher le poste. Heureusement que cela ne marche pas tout le temps, l’exemple de Pô et très instructif.

Marc Oubkiri Yao et camarades dehors

Le 1er vice président de l’Assemblée nationale, Marc Oubkiri Yao, le 1er questeur Moussa Boly et leur compagnon député, Pierre Tapsoba ne séjourneront pas à l’hémicycle après les élections législatives de mai prochain. Leur nom ne figure pas sur la liste du CDP. Ceux-ci ont ce point commun, d’être issus de la Convention nationale des Patriotes Progressistes, Parti Social-démocrate (CNPP/PSD). Cette formation politique a fusionné avec d’autres partis, l’ODP/MT notamment, pour donner naissance au CDP, le 5 février 1996. Les trois camarades se seraient retirés de la liste pour protester leur mauvais positionnement.

La grande désillusion des femmes

En parcourant la liste du CDP, on se rend compte que seules trois femmes sont des têtes de liste. Il s’agit de Fatoumata Dienderé dans le Passoré, de Gisèle Guigma dans la Sissili et Pascaline Tamini dans le Tuy. Sur la liste nationale, les femmes qui y siègent, occupent les 12e et 14e positions. Une situation qui est en déphasage avec leur nombre ou leur poids électoral. Ne dit-on pas qu’elles constituent, la force de frappe du parti au pouvoir ?

L’offensive du gouvernement Yonli

Les ministres du gouvernement actuel sont dans la course pour l’hémicycle :

Ernest Paramanga Yonli, Tapoa, tête de liste,

Salif Diallo, 2e sur la liste nationale,

Youssouf Ouédraogo, Bam, tête de liste,

Alain Yoda, Boulgou, tête de liste,

Seydou Bouda, Boulkièmdé, 2e,

Aline Koala, Boulkièmdé, 3e,

Benoît Ouattara, Comoé, tête de liste,

Soungalo Ouattara Appolinaire, Houet, 4e,

Clément Sawadogo, Kadiogo, 2e,

Tiémoko Konaté, Kossi, tête de liste,

Gisèle Guigma, Sissili, tête de liste,

Pascaline Tamini, Tuy, tête de liste,

Lassané Sawadogo, Zondoma, tête de liste.

Et la parenté dans tout ça !

- Ouédraogo Bonaventure, chef coutumier de Sao se présente dans le Kourwéogo. Sa sœur Séraphine Ouédraogo, elle, occupe le 5e rang parmi les titulaires dans la province du Kadiogo.
- Laya Sawadogo, est la tête de liste au niveau de la province du Soum ; sa femme Blandine Marie Sawadogo, se classe 4e dans le Kadiogo.
- Palm Domba Jean Marc, grand frère direct du ministre des Sports et Loisirs Jean Pierre Palm
- Dans la Tapoa, Ouoba Larba Cécile, 1re suppléante, est la cousine de Ernerst Paramanga Yonli, tête de liste.

Il tronquera son passé contre l’écharpe du député

Hyacinthe Kafando, dit Kaf, est candidat dans le Namentenga, en deuxième position après Sawadogo Zambendé Théodore. Cet adjudant dont "l’amitié" avec un Thomas Sankara, un Guillaume Sessouma, un Dabo Boukary, un Clément Oumarou et bien d’autres anonymes, est un secret de polichinelle, rappelle des souvenirs de « joie » et de « bonheur » dans l’esprit de nombre de Burkinabé ; l’homme était le chef de la sécurité rapprochée de Blaise Compaoré et était connu pour ses « frasques » dans les milieux militaires et civils. L’homme accusé de tentative de coup d’Etat sera contraint à un exil forcé alors qu’il était en fin de stage au Maroc en 1996. Pendant cinq années, il sera donné pour mort. Mais le Kaf fera sa réapparition un jour du mois d’avril 2001, après une certaine Journée nationale de pardon. Après avoir légiférer par les « doumdoum », Kaf va légiférer maintenant par la voix des urnes.

Même blâmé, il peut concourir pour l’Assemblée

Il s’appelle Tahéré Ouédraogo, député et deuxième suppléant pour la législature prochaine sur la liste nationale. En novembre 2006, le CDP, se disant soucieux de la discipline en son sein, avait blâmé ce député sur la base de l’article 74 de son Statut qui stipule que :
« Des sanctions sont infligées aux militants, aux structures et aux organes qui violent les Statuts et le Règlement intérieur du parti, qui n’exécutent pas ses décisions, qui abusent de leur influence dans le parti, ou qui porte préjudice de quelque manière que ce soit à l’image du parti », et de l’article 12 du Règlement Intérieur qui précise " le trafic d’influence, l’abus de pouvoir, l’indiscrétion, le non-respect des décisions, sont des manquements graves à la discipline et sont sanctionnés comme tels".

Le plus bizarre, le blâmé, malgré sa collaboration avérée avec une partie adverse, réussit la prouesse d’être à nouveau candidat avec l’assurance même qu’il siègera. C’est aussi cela le CDP. Encore que tout le monde n’est pas beau père de qui de droit.

Par Pabeba Sawadogo

Bendré

PARTAGER :                              
 LeFaso TV