LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

"Sankara, l’homme intègre" : La mort a-t-elle mis fin à son mythe ?

Publié le vendredi 16 mars 2007 à 08h48min

PARTAGER :                          

"Sankara, l’homme intègre"

"Sankara, l’homme intègre" est le titre du film moyen métrage (non retenu en compétition au Fespaco dernier) du réalisateur français Robin Shuffiel ; il a été projeté le 27 février et le 1er mars 2007, respectivement au Centre de presse Norbert Zongo (CPNZ) et à l’Atelier théâtre burkinabè (ATB) au grand bonheur de tous ceux qui s’y étaient rendus.

"Les morts ne sont pas morts, ils sont dans l’eau qui coule, ils sont dans l’eau qui dort", disait Birago Diop. Ainsi, dès l’annonce de ce film, ils étaient nombreux les curieux à prendre d’assaut les lieux, suspendus çà et là aux murs, aux toits et aux arbres pour être témoins oculaires du parcours de ce "héros" des années révolutionnaires de notre pays ; pour les uns c’était pour se souvenir de lui, de son franc-parler ; pour les autres, surtout la jeunesse, une quête de savoir, de vérité et de justice.

Sankara est-il vraiment mort ? C’est la question que bien de gens se posent après la projection de ce film qui suscite plein de commentaires et de jérémiades au regard de ses nombreuses réalisations, ses projets, ses ambitions, etc. de son vivant, à la tête du Conseil national de la Révolution (CNR).

Ce film, d’une durée de plus d’une heure, s’ouvre sur le sommet de l’ONU à Washington où, le 4 octobre 1984, Sankara a plaidé, devant ses pairs, pour l’annulation de la dette africaine, pour la souveraineté des Etats africains, la dignité de l’homme noir, la non-ingérence de la politique étrangère, etc. Autant de déclarations qui ont dérangé plus d’un. Au cours de ce sommet il dira "Si cette dette n’est pas annulée, je ne serai plus parmi vous au sommet prochain".

Effectivement Sankara n’y sera pas. De ses ambitions, la formation politique et civique lui tenait à cœur, si bien qu’il aimait à dire "Un militaire sans formation politique et civique est un criminel en puissance". En ce qui concerne l’importation des armes, l’homme y était farouchement opposé "Chaque fois qu’un Africain achète une arme, c’est contre son frère"...

Des chantiers et la femme au centre

Tout au long de son parcours, la femme occupait une place importante ; et c’est pourquoi il a œuvré à son épanouissement, conseillant d’en revoir le statut. "L’humanité ne peut progresser sans prendre en compte cette moitié du ciel", disait-il. Il fut l’un des chefs d’Etat à s’élever contre la violence et la discrimination physique, morale, faites à la femme (mariage forcé, excision, etc.), d’où l’officialisation du 8-Mars dans notre pays, ce qui propulsera celles-ci sur tous les fronts (armée, musique, politique, etc.).

Autre combat, freiner l’avancée du désert, à travers la proclamation des trois (03) luttes : contre la coupe abusive du bois, la divagation des animaux, les feux de brousse. Des milliers d’arbres furent plantés à travers tout le territoire en un an. Dans le cadre du désenclavement, il instaura "La bataille du rail"... La politique de l’habitat a été aussi au centre de ses préoccupations ; d’où la construction des cités avec le projet "Un Burkinabè, un logement" et le décret instaurant la gratuité du logement.

Son slogan le plus mobilisateur était "Consommons ce que nous produisons, et produisons ce que nous consommons", pour sortir du sous-développement cela s’entend. A cet effet, le "Faso Dan Fani" a été valorisé. "Souvenez-vous qu’à chaque fois que vous consommez du riz importé dans votre assiette, c’est l’impérialisme que vous consommez", prévenait-il. La santé et l’éducation étaient aussi le plat central de son régime.

A ce propos, à côté des "vaccinations commandés" des populations, il décrétait la gratuité de l’éducation , de la santé, "Santé et éducation pour tous", si bien que le taux de scolarisation a connu un bond en 3 ans. Dans le domaine du sport, il instaura la pratique de celui-ci le jeudi soir pour tous les travailleurs. Des succès, certes il y en a eu, mais aussi des échecs : lui-même en était conscient qui reconnaissait que "seul l’homme qui ne pose pas des actes ne se trompe pas".

Au soir de sa vie, à travers les dérives de certains CDR, (les comités de défense de la révolution), les licenciements abusifs, les condamnations arbitraires des T.P.R (Tribunaux populaires de la révolution), il ne cessait de le répéter mais, pour lui, il n’était pas question de reculer mais d’avancer car "le contrat avec son peuple était loin d’être achevé. Il voulait sortir son peuple du sous-développement, de la misère, de l’oppression, du joug impérialiste", briser les barrières entre les riches et les pauvres.

Dans un esprit de discernement et de sagesse, lui-même l’a reconnnu et confirmé "J’ai été mal aimé et mal compris".

Marie Grégoire Sirima

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 16 mars 2007 à 12:00 En réponse à : > "Sankara, l’homme intègre" : La mort a-t-elle mis fin à son mythe ?

    Que dire de plus !? Sinon que l’objectivité de l’Observateur paalga. Pour le reste je repeterai ce proverbe bambara : Aussi hautes que soient les herbes, elles ne peuvent pas etouffer les cris de la poule en train d’etre mangée par la hyene des poules (c’est a dire le renard)...
    SOMé

    • Le 16 mars 2007 à 15:03 En réponse à : > "Sankara, l’homme intègre" : La mort a-t-elle mis fin à son mythe ?

      Oui, malgre ses erreurs, il a su donner ou redonner de la dignite et de la legitime fierte aux Voltaiques desormais Burkinabe. Et quand on a donne sa vie pour les autres, on ne meurt pas, on s’en va mais on continue a feconder la vie de ceux qu’on a quittes. Puissions-nous savoir prendre de lui ce qu’il a voulu partager avec nous en toute sincerite : entre autres choses, toute femme, tout homme a une dignite...et nous devons oser inventer l’avenir pour une monde ou regnent plus de justice et plus de paix. PF.K

  • Le 16 mars 2007 à 19:15, par Peace and Love En réponse à : > "Sankara, l’homme intègre" : La mort a-t-elle mis fin à son mythe ?

    Helas a quand a cette Afrique dont Thomas Sankara a tant revee ?Pas etonnant de voir que ce court metrage n’a pu etre retenu pour le Fespaco !!Cependant les organisateurs pourrait se demander qui fut reellement a l’origine de cette manifestation panafricaine ?J’aimerais souligner que le premier probleme de l’Afrique ce sont les africains eux memes certes il y a la main des occidentaux mais les africains ne sont point innocents du sous developpement de l’Afrique a commencer par les chefs d’etats africains et accompagnes de leur entourage qui soutiennent vivement les occidentaux a piller les ressources africaines.De quoi normal de voir des milliardaires de chefs d’etas tant en franc CFA ou meme en Dollars tandis que la majorite de leur population croupissent dans la misere.Cette meme population de maniere consciente ou inconsciente encourage cet imperialisme.Helas a quand l’Afrique cessera t elle d’etre une societe de consommation absolue qui ne produit pratiquement rien ;nos richesses enfouies dans nos sous sol sont un don de Dieu nous ne les produisons point.Observez le riz ,le ble,le mais,....sans oublier les habits et meme l’education de nos enfants a l’ecole sont produits et controlles par l’occident.Certains diront mes nos femmes s’habillent en Africaine helas j’aimerais bien y croire mais ce n’est pas le cas le "real wax" n’est pas produit en afrique le "hollandais"nullement comme son nom indique est produit en hollande le "basin et les dentelles " ne sont pas produit au Mali mais en Allemagne et Doubai ....LA LISTE EST LONGUE helas Prenons conscience de nos atouts et faiblesses et batissont un monde meilleur et une Afrique digne et influente pour nos enfants.
    "Un Sankara est mort des Sankaras sont nes la Patrie ou la Mort nous VAINCRONS"

  • Le 17 mars 2007 à 02:51, par KGB, Wshgtn En réponse à : > "Sankara, l’homme intègre" : La mort a-t-elle mis fin à son mythe ?

    Juste pour informer tous ceux qui aiment ou qui aimeraient connaitre davantage Sankara d’aller sur Google et de faire Recherche Video Thomas sankara. Ils pourront y trouver le discous sur la dette ou d’autres films sur l’homme.

    • Le 31 mars 2007 à 01:24, par Adeline En réponse à : > "Sankara, l’homme intègre" : La mort a-t-elle mis fin à son mythe ?

      Sankara n est pas mort ce que dit biragop diop est vrai.les morts ne sont pas morts.
      a travers sankara ont n est fier de notre negritude.
      il nous a laissé un grand heritage:l integrité
      je voudrais demander à chacun de faire un effort pour etre integre, juste en sa memoire. son plus grand reve se realisera.voir une Afrique unie.meme mort il est avec nous et on ne l oubliera jamais.que justice soit faite.merci au realisateur francais qui a pensé à la grande figure de la politique burkinabè et africaine.MERCI

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique