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Dialogue direct interivoiriens : Gbagbo et Soro font bloc pour la paix

Publié le lundi 5 mars 2007 à 09h26min

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Gbagbo, Compaoré et Soro

Le président Laurent Koudou Gbagbo de la Côte d’Ivoire et le leader des Forces nouvelles (FN) ont signé dimanche 4 mars 2007 à Ouagadougou un Accord politique pour une sortie de crise définitive dans leur pays.

Ils se sont enfin compris. Ils ont tous les deux promis de ramener la paix en Côte d’Ivoire. Le dimanche 4 mars 2007, le chef de l’Etat ivoirien Laurent Koudou Gbagbo et le chef de son opposition armée, Guillaume Soro Kigbafori ont conclu un Accord politique à Ouagadougou sous la médiation du président du Faso Blaise Compaoré, président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Samedi déjà, on savait que les protagonistes de la crise ivoirienne sont enfin parvenus à un consensus pour le retour de la paix dans leur pays. Après un mois de discussions ( du 5 février au 2 mars), les délégués du camp présidentiel et de l’ex-rébellion ont paraphé le samedi 3 mars le document de l’Accord en présence du président Compaoré. Il fallait attendre le lendemain dimanche pour le rendre officiel avec la signature des deux "belligérants".

Et ils sont tous arrivés à Ouagadougou dimanche matin. C’est d’abord Guillaume Soro qui fut le premier venu à Ouagadougou à 10 heures (GMT et locales), en compagnie du représentant intérimaire de l’ONUCI en Côte d’Ivoire, Abou Moussa.

Une heure après, l’avion du président Gbagbo atterrit à l’aéroport international de Ouagadougou. Accueilli par son homologue burkinabè, Blaise Compaoré, le président Gbagbo n’a fait aucune déclaration. Normal, puisque quelques instants après, il rappellera dans la salle de conférences de Ouaga 2000 qu’il connaît bien le Burkina et qu’il dirait même à certaines personnes aujourd’hui députés à l’Assemblée nationale du Burkina qu’il les battrait, tellement il est connu des Burkinabè.

Alassane et Bédié faits présidents d’institution

C’est peu avant 13 heures que les deux chefs d’Etat et le secrétaire général des FN ont commencé à signer le document faisant office "d’Accord politique de Ouagadougou".
Subdivisé en huit points, l’Accord politique de Ouagadougou qui est entré en vigueur immédiatement après sa signature doit être entièrement mis en œuvre en dix mois. Il prévoit la formation d’un nouveau gouvernement dans un délai de cinq mois.

Pour bien appliquer cet Accord et éviter qu’il ne subisse le même sort que les précédents, le président du Faso, Blaise Compaoré a prévu de mettre en place un mécanisme de suivi.

Ainsi, il a été créé deux structures. D’abord, il y a le Cadre permanent de concertation (CPC), ensuite le Comité d’évaluation et d’accompagnement (CEA).
Le CPC, selon l’Accord, est un organe de veille et de dialogue permanent dans le but de renforcer le dialogue et la confiance entre les acteurs politiques ivoiriens.

Il est composé du président ivoirien Laurent Gbagbo, du secrétaire général des FN, Guillaume Soro, du président du Rassemblement des républicains (RDR), Alassane Dramane Ouattara et de l’ancien président de la Côte d’Ivoire, Henri Konan Bédié, leader du PDCI/RDA (Parti démocratique de Côte d’Ivoire/Rassemblement démocratique africain). Le président du Faso, facilitateur du dialogue direct inter ivoiriens est membre à part entière du CPC.
Messieurs Soro, Bédié et Ouattara ont été faits présidents d’institution.

Quant au CEA, son rôle est d’évaluer périodiquement la mise en œuvre de l’Accord politique de Ouagadougou. C’est lui qui suggère les dispositions pratiques nécessaires à la bonne application de l’Accord. Il est composé de trois représentants de chacun des deux ex-belligérants, c’est-à-dire de la présidence ivoirienne et des FN. Le facilitateur y désignera son représentant.

Le CEA, indique l’Accord, peut être élargi soit par la volonté des signataires ou à la demande du facilitateur. C’est lui ou son représentant qui assure la présidence du CEA qui se réunit une fois par mois en session ordinaire et en cas de besoin en séance extraordinaire. Le CEA informe le CPC de l’évolution de la mise en œuvre de l’Accord.

L’Accord politique qui signe ainsi la fin du mandat du Premier ministre Charles Konan Banny dans un délai de cinq semaines a également décidé de la suppression de la zone de confiance et de la remplacer par une "ligne verte" avec seulement des postes d’observations tenus par les forces impartiales.

Identification et désarment, clé de voûte pour la paix

L’identification des populations ivoiriennes, avec à la clé l’organisation d’élections démocratiques constitue la colonne vertébrale de l’Accord. Celui-ci fait une mention importante au désarmement pour lequel un Programme national de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (PN/DDR) a été mis en place. Un chronogramme a été établi d’ailleurs pour le désarmement des milices, le regroupement des forces armées dans dix sept (17) sites déjà identifiés par des précédents accords.

Par ailleurs, les deux parties signataires de l’Accord ont demandé au facilitateur d’engager des discussions avec le Conseil de sécurité de l’ONU en vue de la levée de l’embargo sur l’importation des armes, trois mois après les élections et une autorisation spéciale pour permettre à l’Etat ivoirien de s’acheter des armes légères devant servir au maintien de l’ordre et de la sécurité publique.

En vue de consolider la paix et faciliter la réconciliation nationale, les signataires estiment qu’il faut élargir la loi d’amnistie votée en 2003 à toutes personnes soupçonnées d’avoir commis des exactions à l’exception de celles ayant commis des crimes économiques, de guerre et des crimes contre l’humanité. Les parties ont également demandé au facilitateur de saisir l’Union africaine afin qu’elle intercède auprès de l’ONU pour la levée des sanctions qui frappent certains acteurs de la crise ivoirienne.

Les signataires de l’Accord ont également convenu de ne pas instrumentaliser les médias, les associations de la société civile et les syndicats pour faciliter le retour à une paix définitive. Le président Laurent Gbabgo et le secrétaire général des Forces nouvelles Guillaume Soro ont tous dit leur satisfaction devant l’implication personnelle du président du Faso qui leur a permis de parvenir à un accord consensuel.

Tous les deux ont fait bloc pour la paix, chacun estimant le moment venu pour les Ivoiriens de voir enfin le bout du tunnel. Pour le président Compaoré, il appartient aux Ivoiriens de s’approprier l’Accord. "Je souhaite que le peuple ivoirien dans toutes ses composantes, s’approprie cet Accord. Cela veut dire qu’il doit agir avec nous pour que cet Accord, ce nouveau départ, soit le dernier pour une résolution définitive de cette crise", a insisté le facilitateur.

Romaric Ollo HIEN

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 6 mars 2007 à 23:32 En réponse à : > Dialogue direct interivoiriens : Gbagbo et Soro étaient dans l’impasse politique et Blaise les sort de leur bourbier ivoirien

    Chers Frères, ivoiriens et burkinabé,

    J’avais dit, dès les débuts de la crise ivoirienne, à propos du Président ivoirien, M. Laurent GBAGBO, à travers ce forum, qu’au lieu d’accuser, à tort, le Président burkinabé, et les burkinabé, de "destabilisation de son pays" celui-ci aurait mieux fait, de solliciter l’aide et la médiation du Président Blaise COMPAORE qui a réussi à la fois au Togo, dans les instances internationales et au Burkina Faso, tout simplement. Ma prophétie vient de se réaliser et voici notre Président, Son Excellence, M. Blaise COMPAORE, devenu, par la force des choses, artisan de la paix en Côte d’Ivoire, contrairement à toutes les supputations inimaginables et autres fausses allégations mensongères en tous genres. M. SORO et M. GBAGBO étaient, en tout état de cause, dans l’impasse politique et il faut se réjouir de cette nouvelle donnée politique qui devra, nécessairement, inéluctablement, instaurer une paix durable en R.C.I. pour le bonheur de nos frères ivoiriens pour peu que chacun des responsables politiques envisagés mette du sien, le leur. Houphouët BOIGNY, le père de la nation ivoirienne, va, enfin, pouvoir, mieux se reposer dans sa tombe. Me Paul Kéré, Avocat au Barreau de Nancy

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