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André Sarfati (Directeur de la Communication de RFI) : "RFI n’est pas la voix du gouvernement français dans sa politique"

Publié le vendredi 2 mars 2007 à 08h32min

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A chaque édition du FESPACO, RFI (Radio France Internationale) fait vivre à ses millions d’auditeurs à travers le monde la biennale du cinéma africain. A ce propos, son directeur de la communication, André Sarfati, a bien voulu nous accorder, le lundi 27 février 2007, un entretien en marge de la présente édition.

Le pays : Que représente aujourd’hui RFI dans le paysage audiovisuel mondial ?

André Sarfati : RFI est une radio qui totalise quarante-cinq millions d’auditeurs dans le monde, dont vingt-quatre millions en Afrique. C’est dire que l’Afrique est un continent pour lesquel nous avons une attention toute particulière. RFI est une radio qui se porte bien et qui s’est adaptée aux évolutions dans le monde. Nous avons ressenti il y a quelques années une demande des auditeurs pour une information plus forte. C’est au regard de cela que depuis des années RFI est devenue une radio d’information en continu vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Toutes les demi-heures nous avons un journal complet, et entre deux journaux les auditeurs peuvent écouter des magazines qui traitent de l’actualité avec un peu plus de recul et sous différents angles.

Quelle place occupe le cinéma en général, et le cinéma africain en particulier sur RFI ?

Le cinéma fait partie de la culture mondiale. RFI a un pôle culture qui est un grand service qui suit tous les événements en France et dans le monde. Le cinéma qui est un art populaire occupe une place importante sur notre radio. Etant donné notre lien particulier avec l’Afrique, notre vocation est d’apporter notre soutien à la promotion, au développement du cinéma africain. RFI a en son sein des journalistes extrêmement compétents comme Catherine Ruel qui a une connaissance encyclopédique du cinéma africain et a réalisé un ouvrage sur les cinquante ans du cinéma africain pour RFI et pour tous ceux qui ne le connaissent pas.

A Paris nous avons créé un ciné-club Afrique qui présente chaque mois une série de films africains. Actuellement nous sommes en train de passer une série de films gabonais. Une équipe RFI de plus de vingt personnes est présente pour suivre le FESPACO. Aux côtés du ministre des Affaires étrangères français, RFI a pu obtenir cette année au festival de Cannes une journée Afrique en hommage au cinéma africain. Nous nouons des pactes avec des réalisateurs, cinéastes africains.

Pouvez-vous nous résumer le contenu de vos émissions lors de cette 20e édition du FESPACO ?

Nous avons eu un nombre important d’émissions. Pendant les huit jours les auditeurs pourront écouter des interviews et reportages sur le FESPACO avec toute l’équipe de journalistes mobilisés pour ce faire. Au cours du journal Afrique midi, le présentateur, Laurent Sadou, dialogue avec des invités ici à Ouagadougou grâce à notre studio qui est installé à l’hôtel Indépendance. Tous les soirs Alain Mévégué reçoit des cinéastes pour parler, comme il le dit lui-même, d’une Afrique dynamique, qui bouge. Tout ceci contribue au rayonnement du cinéma africain dans le monde entier. RFI a souhaité que le FESPACO ne soit pas seulement un événement pour des initiés, mais ouvrir le cinéma à toute les populations. C’est pourquoi nous avons initié à l’ex-camp fonctionnaire de Oauagdougou une série de productions, des projections de films, des animations musicales. Le cinéma africain qui contient beaucoup d’humour est plutôt présenté comme un cinéma trop intellectuel. Il s’agit pour nous de présenter pendant six jours des films contenant beaucoup d’humour au public.

Que gagne RFI à travers son partenariat avec le FESPACO ?

On peut dire que RFI gagne à être connue davantage même si elle est déjà très connue. Il n’existe pas d’esprit de contrepartie au vrai sens du terme entre le FESPACO et RFI. RFI gagne en sympathie avec ses auditeurs en tant que radio de service public et qui n’entend pas faire des bénéfices. Nous attendons plus de sympathie et d’intérêt de la part des auditeurs. A l’intérieur du FESPACO, nous recueillons le vote des spectateurs sur les films en compétition. Dans ce sens, nous avons créé le prix RFI du cinéma du public à travers les votes après chaque film. A la cérémonie de clôture du FESPACO, nous présenterons le film lauréat et le cinéaste récompensé aura droit à des passages sur nos antennes pour la promotion de son oeuvre qui sera produite en DVD. Le ministère des Affaires étrangères français présentera ensuite le film lauréat dans tous les centres culturels français à travers le monde.

Quels rapports entretient RFI avec le gouvernement français ?

Nos rapports sont clairs. RFI appartient entièrement à l’Etat français mais n’est pas la voix du gouvernement français dans sa politique. Sa mission consiste à informer le monde de la vision française de l’actualité internationale par opposition au regard anglo-saxon de l’actualité internationale. Tout cela se fait en toute indépendance et selon la déontologie des journalistes de RFI.

Entretenez-vous des partenariats avec des radios nationales en Afrique ?

Nous avons des accords de diffusion ou de mise à disposition de moyens avec des radios en Afrique. Ces accords concernent aussi bien les programmes que la formation en liaison avec les organismes de radios et télévisions publiques en Afrique.

Que vous inspire le présent thème qui porte sur le cinéma africain et la diversité culturelle ?

Le thème de la diversité culturelle fait partie de la signature de RFI. Nous avons mené une grande campagne de publicité à Paris sur la diversité culturelle dans le monde entier. Nous contribuons, pour ce faire, en France, à une prise de conscience sur le rapprochement des peuples par cette notion. Le cinéma est beaucoup plus important pour véhiculer ces valeurs de fraternité qu’un colloque, par exemple, qui rassemble des gens acquis et ayant des connaissances avérées sur les questions abordées. L’avantage du cinéma est qu’il traite de sujets légers ou graves auprès de millions de personnes. A RFI nous croyons qu’un festival de film sur l’esclavage par exemple permet d’en parler sous tous les angles dans des conditions de partage. Notre mission n’est pas que d’informer le monde mais aussi et surtout de montrer toutes les facettes de l’humanité. Le cinéma, c’est beaucoup mieux qu’un séminaire ou un concert.

Comment RFI gère-t-elle les différends avec les Etats qui décident, par exemple, de suspendre ses émissions pendant les crises ou troubles politiques ?

RFI dispose du plus grand réseau FM du monde avec plus de cent émetteurs. Il peut arriver que des gouvernements ne soient pas contents des informations que nous donnons. RFI compte 450 journalistes, et on ne peut pas dire que tous ceux-là soient délibérément pour ou contre quelqu’un. Dans tous les pays, démocratiques ou non, il arrive des problèmes, mais un émetteur coupé ne nous empêche pas de faire notre travail.

Face à pareilles situations, nous discutons avec les autorités politiques de ces pays afin de répondre favorablement à la demande d’information des populations. Autrement, ce serait faire du tort à ses populations.

Comment devient-on journaliste à RFI et combien d’Africains avez-vous dans votre équipe de rédaction ?

Je ne répondrai jamais à votre question sur le nombre d’Africains à RFI parce que compter les gens, connaître leur origine n’est pas important pour nous. Je sais qu’il y a 42 nationalités à RFI, c’est tout.

A RFI la compétence est la seule chose qui vaille. On devient journaliste à RFI comme dans toutes les radios et télévisions en France. C’est-à-dire qu’on a suivi une formation en journalisme, et le recrutement se fait par voie de candidature ou de stages. C’est très banal comme mode de recrutement.

Entretien réalisé par Philippe BAMA

Le Pays

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