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Hamadou Kaffa, administrateur général du Projet AFRICARAIL : « Nous avons 2000 km de rails à réaliser »

Publié le jeudi 1er mars 2007 à 07h58min

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Hamadou Kaffa

Le projet d’interconnexion ferroviaire dénommé AFRICARAIL dont le siège est basé à Niamey au Niger a pour but de relier le Burkina Faso, le Niger,
le Bénin et le Togo par le rail. De passage à Ouagadougou, son administrateur général, Hamadou Kaffa explique dans ce entretien l’état d’avancement du projet.

Sidwaya (S) : Qu’est-ce que le projet AFRICARAIL ?

Hamadou Kaffa (HK) : IL s’agit d’un projet inter-étatique qui doit assurer à terme, l’interconnexion ferroviaire entre le Bénin, le Burkina Faso, le Niger et le Togo. Il est né de la volonté commune des plus hautes autorités du Bénin, du Burkina Faso, du Niger et du Togo. Le Programme AFRICARAIL comporte deux grandes phases dont la première Togo-Bénin-Niger-Burkina Faso se développe sur une longueur de 1300 km et la 2ème phase Burkina Faso-Togo sur quelques 700 km. Nous avons 2000 km de rail à réaliser.

Ce tracé permettra ainsi de former une boucle économique entre les ports autonomes de Cotonou et de Lomé de manière à ce que les Etats enclavés ne soient pas tributaires d’un seul port. Le projet AFRICARAIL a pour objectif la réduction de la pauvreté et de la fracture énergétique entre les pays, d’assurer la survie et la viabilité des réseaux existants, d’adapter la capacité globale des transports aux besoins, de désenclaver les régions et de favoriser la mise en valeur des potentialités agropastorales, touristiques, industrielles et minières.

S : Quels pourraient être les avantages de l’interconnexion ferroviaire pour les populations ?

H.K : Il faut qu’auparavant l’ensemble des réseaux de la sous-région date de la période coloniale avec des lignes inachevées servant aux colons de moyens de ponction des ressources naturelles ; d’autre part, le chemin de fer symbolisait le travail forcé pour ces populations. De nos jours, il ne s’agit plus de cela mais d’autres réalités beaucoup plus bénéfiques pour elles. Nous y voyons des avantages énormes et multiples, notamment en matière d’échanges, de communication, de création d’emplois (plus de 2000 emplois pendant et après les travaux) mais aussi d’activités collatérales génératrices de revenus.

S : Comment est organisé le projet ?

H.K : AFRICARAIL est organisé en un comité de pilotage constitué d’un conseil des ministres des Transports des Etats membres, d’un comité d’experts et d’un secrétariat permanent basé à Niamey au Niger. La présidence du comité de pilotage est actuellement assurée par le Bénin. Ce sera au tour du Burkina Faso après le prochain conseil des ministres des transporteurs qui se tiendra à Ouagadougou.

S. : Quelles sont les sources de financement du projet ?

H.K : Ce type de projet au financement lourd, semble difficile à supporter par des Etats aussi économiquement faibles que les nôtres. Le projet AFRICARAIL, du fait de son caractère intégrateur, est soutenu par plusieurs institutions internationales dont l’UEMOA, la CEDEAO, la CEN-SAD, l’UAC, la CEA, le NEPAD, l’UIC sans oublier les banques de développement telles que la BAD, la BOAD, la BIDC etc. Après la reconnaissance du projet et l’assurance du soutien de ces organismes, en collaboration avec l’UAC, nous avons introduit en 2000 une requête de financement des études auprès de la BAD sur la base du plan directeur des interconnexions ferroviaires de la CEDEAO.

Dans l’attente de la mise à disposition de ces fonds pour mener les études, nous nous sommes servis des anciennes études dont les données physiques sont encore valables pour estimer le coût de la réalisation du projet à 2 milliards de dollars US. Pour nous conformer aux dispositions générales contenues dans le Traité de l’OHADA, nous avons également créé une société dénommée AFRICARAIL S.A qui ne sera opérationnelle qu’une fois la voie ferrée posée. Cette disposition juridique permet de rassurer les investisseurs mais surtout de sécuriser le retour sur investissement.

S : AFRICARAIL a-t-il d’autres bailleurs de fonds ?

H.K : Même si au départ nous avons eu des contacts avec plusieurs investisseurs, nous avons retenu seulement ceux dont on s’est assuré de leur capacité à financer le projet. Notre approche a consisté à nous tourner vers les pays émergents tels que la Chine avec le Groupe Transtech, la Société slovaque Retra de la Slovénie, le Groupe Geneva Foundation, basée à Dubaï (Emirats Arabes Unis) et les Fonds indiens, dont une partie a été déjà libérée et domiciliée à la BIDC, réservées en priorité pour le tracé Cotonou-Niamey... »

S : Quelle est la contribution des Etats membres au projet ?

H K : L’engagement des Etats membres est total depuis la signature du protocole d’accord dans lequel ils se sont engagés à mettre les terrains à disposition du projet pour construire le réseau et les infrastructures annexes.
Par ailleurs, le caractère public-privé est le critère principal d’éligibilité au NEPAD. Le projet AFRICARAIL fait partie des 21 projets prioritaires du NEPAD justement car les Etats participent financièrement aussi au fonctionnement du comité de pilotage du projet. Ces subventions des Etats membres seront reconverties en actions dans le capital de la future société de gestion pour représenter les 10 % qui leur sont retenus.
D’ailleurs, nous nous réjouissons que le président du Faso aie pris la présidence en exercice de la CEDEAO. Nous sommes convaincus de l’impulsion qu’il va insuffler aux projets de développement tels que AFRICARAIL.

S : Le Cabinet CIMA International a été chargé de la réalisation d’une étude d’interconnexion ferroviaire. Est-ce une grande évolution pour AFRICARAIL ?

H.K : « ... en effet, c’est un grand pas qui vient d’être franchi. Il est en effet, la résultante du plan directeur d’interconnexion ferroviaire de la CEDEAO adopté le 5/09/1994 et dont je venais de vous faire cas.
Pour l’histoire, en août 2001, sous la conduite du ministre de l’Equipement et des Transports à l’époque président du comité de pilotage du projet, une mission comprenant les ministres des Transports des Etats membres du projet a décidé de se rendre à la BAD pour appuyer les démarches menées par AFRICARAIL et l’UAC. La BAD a donné son accord pour le financement des études d’un montant de 2 500 000 d’Unités de Compte, soit environ 3,3 millions de dollars US (Décembre 2002).

La banque a également demandé l’élaboration des termes de référence des études par les experts d’AFRICARAIL, de l’UAC et de la CEDEAO.
En 2003, une cellule devant superviser a été mise sur place à la CEDEAO et c’est elle qui a lancé l’appel d’offres pour les études de faisabilité des 17 liaisons de l’espace CEDEAO que le groupement composé de CIMA International (Cabinet d’études canadien) et de UMA-AECOM (Groupe américain spécialisé en chemin de fer) a remporté avec une offre de 3 145 657 de dollars US.

La cellule chargée de la mise en œuvre de l’étude a donc convié les responsables des réseaux ferroviaires au lancement des études les 23, 24 Janvier 2007 à Lomé (Togo).
Il s’agit de donner des orientations au consultant CIMA/UMA-AECOM, notamment en indiquant les lignes qui pourraient intéresser les opérateurs du secteur privé et faire l’objet d’un partenariat public-privé sur la base de la viabilité économique et financière, de la faisabilité technique, de l’impact environnemental et social, de la réduction de la pauvreté etc.

Les résultats de ces études sont attendus dans 15 mois.
Au cours de la rencontre, le coordonnateur de la cellule CEDEAO a présenté AFRICARAIL comme étant le projet le plus avancé, le mieux structuré, le plus intégrateur, étant composé de quatre pays.

Ces études constituent, sans nul doute, un outil efficace pour décider les investisseurs. Cependant, le comité de pilotage du Projet AFRICARAIL continuera ses démarches durant ces quinze mois, conformément à son programme initial de mise en place du financement sur la base des anciennes études pour faire jouer le facteur temps... »

S : Quels sont vos rapports avec la Sitarail ?

H.K : A ce stade du projet, nous travaillons plutôt avec la Société du patrimoine ferroviaire du Burkina Faso (SOPAFER-B) qui constitue notre point focal ici.

S : A quand la concrétisation définitive du projet ?

H.K : Cela dépend en grande partie, du temps de réaction des Etats membres à mettre les moyens à la disposition du comité de pilotage pour mener le programme dans les délais fixés. De ce fait, les décisions ne doivent pas être l’objet de passivité car elles sont déterminantes dans cette mise en place du financement. C’est un défi majeur à relever. Pour revenir à votre question, les fonds une fois disponibles, nous procèderons à l’ouverture simultanée de plusieurs chantiers afin de réaliser la première phase en 40 mois.

Entretien réalisé par Bachirou NANA

Sidwaya

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