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Dialogue direct interivoirien : Les FN en plein conclave pour la paix

Publié le mardi 27 février 2007 à 08h35min

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Le secrétaire général des Forces nouvelles (FN), Guillaume Soro a eu une réunion avec son staff le lundi 26 février 2007 à Ouagadougou.

Aucune fumée du conclave interivoiriens n’est pas encore apparue à Ouaga 2000, trois semaines après l’arrivée à Ouagadougou des deux principaux belligérants de la crise militaro-politique qui secoue la Côte d’Ivoire depuis septembre 2002. Mais les principaux concernés se mobilisent autour du chef de l’Etat burkinabè, Blaise Compaoré désigné comme médiateur du « dialogue direct » par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Le secrétaire général des Forces nouvelles (FN), Guillaume Soro Kigbafori, est arrivé ce week-end dans notre capitale pour conduire personnellement les discussions. Après son tête-à-tête avec le président du Rassemblement des républicains (RDR), le Dr Dramane Alassane Ouattara dans une villa du quartier luxueux de Ouaga 2000, le leader des FN était en conclave avec tout son staff à Ouagadougou, le lundi 26 février 2007.

Sidiki Konaté, son directeur de cabinet et porte-parole des FN, l’avocat Chakhy Konaté, le secrétaire à la communication, Alain Lobognon et le ministre de la Justice, Mamadou Koné ont participé à ce tête-à-tête qui a duré trois heures d’horloge. Rien n’a filtré de ces discussions, tous se refusant à faire un commentaire à leur sortie de l’hôtel Sofitel où sont logées les différentes délégations. Cette loi de l’omerta est d’autant moins étonnant que le dialogue interivoiriens est entouré d’un grand secret depuis son début le 5 février dernier. Comme l’élection d’un nouveau pape, les journalistes n’attendent plus que de voir la fumée, disons plutôt, une conférence de presse du médiateur qui mettrait fin aux spéculations.

En attendant ce moment fatidique, la délégation du président Laurent Gbagbo s’est donnée quartier libre la journée du lundi. En effet, l’ambassadeur Alcide Djédjé, le porte-parole, Désiré Tagro et le président des jeunes du Front populaire ivoirien (FPI), Navigué Konaté, ont fait des va-et-vient entre le centre ville et leur lieu d’hébergement.

De son côté, le représentant de l’ONU chargé des élections en Côte d’Ivoire est arrivé pour des discussions avec les différentes parties. Gérard Stoudmann séjourne pour la troisième fois à Ouagadougou. La question des élections fait des gorges chaudes. Mercredi dernier, des membres du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (et non le progrès, RHDP, un regroupement du PDCI/RDA, du RDR, du MFA et de l’UDPCI) ont rencontré le médiateur à qui ils auraient exprimé leurs craintes sur des concessions importantes qu’auraient fait les FN à ce sujet.

D’autres leaders politiques, notamment du parti présidentiel attendent eux-aussi d’être reçus par Blaise Compaoré.
Le dialogue interivoiriens voulu inclusif par le médiateur joue donc les prolongations à Ouagadougou, pourvu qu’à la fin de toutes ces consultations, les Ivoiriens s’accordent pour l’essentiel : la réconciliation et le retour définitif de la paix.

Romaric Ollo HIEN


Bientôt le bout du tunnel ?

Voilà un mois que les protagonistes de la crise ivoirienne sont en concertation à Ouagadougou en vue de trouver un remède au mal qui ronge leur pays depuis un lustre. Un mois de concertation, c’est peu et trop à la fois en raison de la complexité de cette crise et du fait que connaissant les tenants et les aboutissants de celle-ci, on ne devrait plus traîner autant en longueur. Et si on le fait c’est que c’est la refondation politique et sociale de la Côte d’Ivoire qui est en débat, ce qui commande de la rigueur et de la méthode pour éviter de retomber dans les pièges du passé.

Parti sur des chapeaux de roues à l’orée des indépendances formelles avec son sous-sol riche et son agriculture florissante (avec le café et le cacao comme joyaux de la couronne) la Côte d’Ivoire à l’instar des autres pays de l’Ouest africain n’a pas pu ou su négocier le virage de la decenie 80 avec la baisse du cours des matières premières et le choc pétrolier de 1973 qui ont baissé considérablement les recettes budgétaires de ces Etats. Surfant jusque là sur une vague de succès avec des recettes hors-budget évaluées à 1000 milliards de francs CFA « l’éléphant d’Afrique » était parvenu à intégrer harmonieusement toutes les nationalités accourues pour profiter des fruits de l’eldorado.

Pas de contestation sociale donc au pays d’Houphouët - Boigny, encore moins de relents de nationalisme déplacé, le « gâteau » étant suffisant pour nourrir toutes les bouches. Avec les causes sus indiquées conjuguées à une gestion patrimoniale du pouvoir, la donne va considérablement changer avec la mise à l’index des étrangers « voleurs de pain ». L’ivoirité concept inapproprié dans cette mosaïque de peuples, naîtra et prospèrera avec des politiciens depassés par les contingences sociales et qui y trouvent un refuge commode pour calmer les ardeurs du peuple.

Le problème ne pouvant être résolu de la sorte, le pays devint une « poudrière identitaire » dont la mèche fut allumée le 19 septembre 2002. Les « sans-papiers » n’entendaient pas se laisser faire, d’autant plus que leurs intérêts se trouvaient en Côte d’Ivoire et nulle autre part ailleurs. Voilà le nœud gordien d’une crise dont toute l’acuité a été perçue lors des audiences foraines. Les deux parties qui discutent à Ouagadougou ne se sont pas entendu sur le nombre d’Ivoiriens à recenser (200 000 ou 2 millions ? ), ce qui a bloqué tout le reste du processus de sortie de crise tel qu’arrêté par la résolution 1721.

Si le médiateur parvenait à rapprocher les vues sur cette question fondamentale de l’identification, il aura fait un grand pas dans la résolution de cette crise. Les échos qui nous parviennent le laissent espérer, tout comme la venue de Guillaume Soro à Ouagadougou hier lundi 26 février 2007 et celle de Gérard Studman représentant de l’ONU en Côte d’Ivoire chargé des élections. Si le leader des Forces nouvelles qui a pris ses quartiers dans un grand hôtel de la place, est à Ouagadougou en compagnie du ministre de la Justice c’est qu’un pas décisif est en passe d’être franchi.

Il se murmure qu’on lui aurait proposé la primature pour être le maître d’œuvre de cette refondation sociale et politique. Une hypothèse à vérifier, Soro ayant déjà indiqué son désintérêt pour le poste. Cependant, la présence de Studmann à Ouagadougou est aussi un signal positif. Soro, Studmann après Alphonse Djédjé Mady et Alassane Dramane Ouattara, le puzzle se met progressivement en place. Il ne manque plus que la « pièce » Gbagbo pour rassurer définitivement sur les chances de réussite de la médiation Compaoré. Dans cette attente, Blaise Compaoré doit gérer ce matin même « ses » Togolais qui doivent organiser bientôt (juin 2007) leurs élections législatives. Entre sa dernière rencontre avec lesdits et aujourd’hui, Gilchrist Olympio est rentré à Lomé. C’est dire que le « blocage psychologique » n’existe plus entre frères togolais, le plus dur restant l’organisation des législatives. Avec une CENI consensuelle et un code électoral « relooké », les Togolais ont fait un grand pas vers la normalisation politique et institutionnelle. Nos frères ivoiriens devraient s’en inspirer.

Boubacar Sy
Sidwwaya

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